Tous les livres - mars 2025 (2)



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La Pommeraie


Peter Heller


Frith a six ans quand sa mère Hayley, professeure et traductrice de poésie chinoise, décide de plaquer sa carrière universitaire pour venir s’installer dans une cabane rustique au pied des montagnes du Vermont et s’inventer une vie libre et belle. Ce retour à la terre est rude, mais toutes deux subsistent grâce à la pommeraie qui flanque leur terrain et au sirop d’érable qu’elles produisent.

Scolarisée à domicile, l’intrépide Frith s’imagine reine de leur paradis sauvage, ignorant tout des peines et des regrets qui ont poussé Hayley à se réfugier ici. Saison après saison, mère et fille vivent en autarcie, affrontant “le monde et ses déceptions main dans la main”, jusqu’au jour où Rose, une artiste locale, frappe à leur porte et bouleverse leur existence.
Près de trente ans plus tard, Frith se remémore les jours heureux d’avant les tragédies et revisite sa relation fusionnelle avec Hayley à travers les sublimes poèmes qu’elle lui a légués.



 

Œuvres complètes (1894-1936)


Alfred Dreyfus


... Demeuré pour la postérité le « capitaine Dreyfus », il adopta l’écriture comme un principe de survie et un acte de vérité, restituant l’histoire vraie d’un homme et d’une humanité espérant dans la justice. À la dernière humiliation d’une réhabilitation complète qui lui était refusée, il opposa l’exactitude de sa parole et la langue de la vérité. Pourtant, une large part de ses écrits demeure inconnue, tandis que ses livres et articles publiés semblent définitivement perdus dans le passé. La force et le sens du combat de Dreyfus disparaissent.
Les Lettres d’un innocent, suivies trois ans plus tard de son journal de l’île du Diable, Cinq années de ma vie, ne sont qu’une partie des écrits de l’homme résistant à la raison d’État et à la persécution raciale qui allaient progressivement submerger l’Europe – et que préparait déjà la violence coloniale.
Les OEuvres complètes du capitaine Dreyfus, pour la première fois réunies et publiées par deux historiens de renom, révèlent ce que fut la destinée d’un homme – à la patrie et à l’humanité reconnaissantes. Une vie à la modernité civique et politique évidente, qui nous parle et nous émeut comme rarement. Avec Dreyfus dans le texte, c’est l’Affaire tout entière qui nous revient au présent.




La revue "Le 1"

 

Mrs. Dalloway et autres écrits


Virginia Woolf (Tirage spécial dans la Pléiade)


1925, 1928, 1929. Mrs. Dalloway, Orlando, Une pièce à soi. Un roman ; une biographie, autre forme de roman, surtout quand le personnage biographé est imaginaire ; un essai enfin, qui expose en particulier les raisons pour lesquelles la sœur de Shakespeare n’a pu écrire les pièces de son frère (ce n’est pas seulement parce qu’elle n’a pas existé), et, plus généralement, les conditions matérielles qui doivent être réunies pour qu’une femme puisse se consacrer à l’écriture.
Mrs. Dalloway et Orlando sont deux romans aussi différents que complémentaires. Le premier, que Woolf pensa longtemps intituler Les Heures, se déroule à Londres en un jour, qui est la grande journée de Clarissa Dalloway, et le dernier jour de Septimus Warren Smith. Le second, qui aurait pu s’intituler Les Siècles, court sur 350 ans, et jusqu’en Turquie. D’abord appelé à la cour d’Elizabeth Ire, un jeune aristocrate se réveille un jour femme, au siècle suivant ; à la fin du livre – en octobre 1928 –, elle est trentenaire, mariée, et elle a fait paraître « Le Chêne », un poème auquel elle – ou plutôt il puis elle – travaillait depuis 1586. « Dans chaque être humain se produit une oscillation d’un sexe à l’autre… »
Très vite, la France s’intéresse à ces romans. Louis Gillet prend prétexte d’Orlando pour consacrer à Woolf une étude dans la Revue des Deux Mondes. Il a compris à quel point la question de la création féminine lui importe, mais l’éloge a ses épines : le grand livre, selon lui, c’est Ulysse. (Woolf allait longtemps être comparée à Joyce, et plus encore à Proust, que le mari de Vita Sackville-West tenait d’ailleurs pour le plus grand des romanciers anglais.) « Orlando est un ravissant bibelot d’étagère, et jolies choses ou jolies femmes sont à leur place dans un salon. » Le hasard des dates est cruel : nous sommes en 1929, Gillet ignore encore qu’Une pièce à soi (une pièce qui n’est pas le salon) apporte une réponse cinglante à son appréciation. Mais cet essai est un manifeste littéraire aussi bien que social, et une composante essentielle de l’art poétique que Virginia Woolf construit texte après texte.
Quant à Mrs. Dalloway, elle aurait donc cent ans. On a peine à le croire. Le livre, lui, est toujours aussi neuf, ce qui n’est pas le cas de tous les romans « expérimentaux ». Il est vrai qu’il ne se résume pas à l’usage virtuose d’une technique narrative, si nouvelle soit-elle. Y coexistent la vie et la mort, la raison et la folie, la durée et les instants, « le temps qui se marque sur l’horloge et le temps qui réside dans l’esprit » (Orlando).
La lumineuse préface de Gilles Philippe éclaire les ouvrages ici réunis, trois moments forts dans une période d’écriture décisive pour Virginia Woolf. Une pièce à soi entre au catalogue de la Pléiade dans une traduction inédite de Laurent Bury.



Une émission sur

France Culture

le 3 mars 2025

15/03/2025

Frida Kahlo par Frida Kahlo – Satellites -  Écrits (1922-1954)


Frida Kahlo


« Le surréalisme est la surprise magique de trouver un lion dans un placard, là où on était sûr de trouver des chemises. »


Frida Kahlo ne s’est pas contentée de peindre, elle s’est aussi confiée par écrit. Artiste de génie, femme engagée, muse tragique et amante passionnée, la grande figure du surréalisme mexicain a écrit pendant trente ans à ceux qu’elle aimait – à Diego Rivera, bien sûr – et à ses camarades de combat. Les mots de Frida Kahlo font écho à sa peinture : au fil de ses lettres d’une franchise et d’une ironie réjouissantes, l’artiste dévoile son rapport à l’art et au monde, livrant aussi plus d’un secret sur son œuvre comme sur sa vie.



 

Le lit clos


Sophie Brocas


Lorsqu’en novembre 1924, la colère explose dans le port de Douarnenez, Louise, la Républicaine à la voix prodigieuse, est l’une des meneuses qui vont entraîner 3 000 ouvrières des sardineries dans ce qui restera la plus grande grève féministe du XXe siècle. Parmi elles, Rose, une jeune paysanne catholique. Contre les cadences infernales, les salaires de misère, les enfants exploités, le combat est juste. Pour obtenir ce franc de l’heure tant espéré, ces femmes dociles et résignées vont se révéler capables de toutes les audaces. Louise et Rose, entraînées dans ce vertige libérateur, vont même oser s’aimer. Aussi différentes soient-elles, elles découvrent dans le lit clos, l’ivresse de jouir de son corps comme de sa pensée. Mais le joug social reste le plus fort. Une fois la fièvre de la grève retombée, l’éducation, la tradition et la religion reprennent leurs droits. Tandis que Louise refuse de renoncer à cette liberté si durement gagnée et s’enfuit à Paris pour vivre sa vie de femme libre, Rose, effrayée, ne songe qu’à rejoindre les rangs des mères de famille soumises. Chacune poursuivra son chemin singulier jusqu’au jour où la vie les mettra de nouveau face à face. 



 

La ligne


Aharon Appelfeld


Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz en Bucovine. Ses parents, des juifs assimilés influents, parlaient l’allemand, le ruthène, le français et le roumain. Quand la guerre éclate, sa famille est envoyée dans un ghetto. En 1940 sa mère est tuée, son père et lui sont déportés et séparés. À l'automne 1942, Aharon Appelfeld s'évade du camp de Transnistrie. Il a dix ans. Il erre dans la forêt ukrainienne pendant trois ans, « seul, recueilli par les marginaux, les voleurs et les prostituées », se faisant passer pour un petit Ukrainien et se taisant pour ne pas se trahir. « Je n'avais plus de langue. »





Je ne voulais par partir


Abdoulaye Soumah


Le 4 février 2022, Abdoulaye part de Conakry avec sa petite amie, Fatoumata. Il a dix-neuf ans, elle en a dix-sept. Ni l'un ni l'autre n'avaient l'intention de quitter la Guinée. Ils sont pourtant contraints de fuir à cause d'une persécution familiale et ne conçoivent qu’un seul espoir : l’Europe.
Ils traversent l’Afrique avec des moyens de fortune, esquivant les postes-frontières et la police, s’arrêtant ici ou là pour gagner l’argent qui leur permette de continuer la route. Ils rencontrent des gens secourables, d’autres moins. Entre les escroqueries, le racisme, les viols et les geôles infâmes, l’expédition devient une épreuve et l'épreuve devient un drame. Dans la nuit libyenne, ils finissent par embarquer sur un petit bateau, qui fonce droit dans une tempête...
A son corps défendant, Abdoulaye est devenu un "migrant". Aujourd'hui soutenu par l'association JRS Welcome, il cherche à construire une nouvelle vie, loin des souffrances et de la haine.




La promesse

 

Marie de Lattre  [réédition en collection poche]


" J'ai trois prénoms, Marie, Madeleine, Frida. 
Un qui dissimule. Un qui protège. Un qui révèle. " 
Longtemps, elle a tout ignoré du secret de son père. Et puis un soir, il lui a raconté. L'histoire de ses quatre grands-parents paternels, et la promesse qu'il se sont faite à Drancy. Celle de veiller sur lui. Lui l'enfant du brouillard, du silence, l'enfant de l'amour interdit. 
C'était en 1942. Deux des quatre amants ne devaient jamais revenir. 
Entre le devoir de taire et la nécessité de dire, Marie, elle, a choisi. Pour ses filles, elle l'écrit.



 

La longe


Sarah Jollien-Fardel


Chaque jour, au réveil, Rose lutte pour ne pas être assaillie par la réalité, dans la chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée à une longe.

Tout a basculé trois ans auparavant, quand la police est venue lui annoncer l’accident : Anna, sa petite fille, a été fauchée par une camionnette. Depuis lors, Rose interroge le passé, tente d’élucider les circonstances du drame et, chemin faisant, nous révèle celles de son enfermement.

Avant, l’existence était simple et belle, scandée par la phrase gravée sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres. » Rose a grandi dans un village haut perché des montagnes valaisannes. C’est là, alors qu’ils étaient encore des enfants, qu’elle a rencontré Camil, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien. Leurs lectures, leurs promenades dans une nature âpre et complice, leurs retrouvailles bien plus tard à Lausanne, la naissance de leur fille, leurs métiers qu’ils aiment : Rose, évoquant ce quotidien heureux, s’efforce d’y traquer les failles. Elle cherche désespérément à comprendre quels excès l’ont conduite à sa situation de recluse.

Un jour pourtant, quand elle perçoit une présence inconnue derrière sa porte close et croit entendre la phrase d’un livre de Marguerite Duras lu naguère, nous, lecteurs, avons l’intuition que la lumière pourrait gagner.

Toute la force de ce roman est dans la manière dont son autrice parvient à domestiquer la violence de la situation et des personnages qu’elle a imaginés, construisant un magnifique portrait de femme et nous entraînant, à notre grande surprise, dans la plus pudique des histoires d’amour.




Un entretien avec l'auteure

L'Orient Littéraire

le 06 mars 2025




Filmer la parole


Nurith Aviv


Édition établie par Claire Buchbinder, avec le concours de Marianne Dautrey et Nathalie Georges-Lambrichs.

Première femme directrice de la photo en France, Nurith Aviv a travaillé auprès de nombreux réalisateurs, Agnès Varda, Amos Gitaï, René Allio, Jacques Doillon, entre autres. Depuis près de 25 ans, la cinéaste poursuit une œuvre personnelle profondément originale autour de ce qui est propre aux humains : la parole et le langage. Pour chacun des 13 documentaires retenus ici, le volume rassemble des extraits des films, des documents et des photos, des entretiens avec la cinéaste, ainsi que des commentaires offerts à Nurithpar des écrivains, philosophes, médecins, psychanalystes, notamment François Ansermet, Barbara Cassin, Hélène Cixous, Catherine Coquio, Édouard Glissant, Julia Kristeva, Philippe Lacoue-Labarthe, Henri Laborit, Éric Laurent, Hervé Le Tellier, Abdelwahab Meddeb, Marie-José Mondzain, Marc-Alain Ouaknin, Paul Salmona, Tiphaine Samoyault, et alii.



Dérangements


Anne Richet


« Aujourd'hui, je change de focale, j'élargis le point de vue et je plane, plafond arraché, au-dessus de l'appartement. J'observe cette famille bourgeoise catholique de quatre enfants, logée dans un grand ensemble des années soixante. Le père est cadre dans une entreprise industrielle internationale, qui raffine du pétrole. La mère ne travaille pas. Elle n'a pas fait d'études, juste son bac obtenu par effraction. Elle veut des enfants. C'est la raison d'être des femmes de cette époque. Ceux-ci sont beaux, bien élevés, en bonne santé. Il n'y a pas de chômage. Les industries sont fortes. La France s'enrichit. C'est l'époque bénie des trente glorieuses. »
Un lundi matin de janvier 1964, le vernis craque. Sans préavis, l'inavouable surgit et révèle les zones d'ombres de cette famille modèle.
Dans son récit, Anne Richet raconte l'histoire de ses deux parents, entre 1962 et 1972. Le regard distancié qu'elle porte sur le tabou de la maladie psychique, sur l'organisation du travail et des rapports hiérarchiques dans une cité industrielle vouée au pétrole donne à son texte une dimension qui va au-delà de préoccupations intimes, consistant à interroger une époque trop souvent idéalisée.




Un article paru dans

FIL BLEU

mars-avril 2025




Le génie de Beyrouth - Tome 1 : Rue de la fortune de Dieu


Sélim Nassib (Scénario) et Lena Merhej (Dessin, Couleurs)


« On dit qu'il existe à Beyrouth un génie qui est l'esprit même de la ville... On dit aussi qu'on ne peut avoir sa peau qu'en détruisant la ville – mais ça, ce n'est pas prouvé... » Dans les années 1970 à Beyrouth, la rue Rizkallah est une mosaïque des différentes communautés du Liban, et ses habitants vivaient dans une relative concorde avant que la guerre ne vienne bouleverser ce fragile équilibre... Témoignage fictionné et sensible de cette lente catastrophe, "Le Génie de Beyrouth" déploiera jusqu'à nos jours et sur trois tomes son récit choral porté par la verve grave et légère de l'écrivain et journaliste Sélim Nassib ('Libération'), et le dessin aérien et lumineux de Léna Merhej.



Une série en 3 tomes

Avec ce premier tome d’un triptyque qui déroulera l’histoire récente du Liban, Sélim Nassib nous offre un album à la fois intime et documenté, aussi éloigné des poncifs de l’autobiographie que des astuces habituelles de la bande dessinée de reportage. Si l’on ressent fortement à chaque page le poids du vécu et la connaissance profonde qu’il a de sa ville natale, c’est un récit choral, au plus près de nombreux personnages attachants – et toujours présentés avec subtilité – qu’a en effet composé l’écrivain libanais pour nous faire ressentir le « Génie de Beyrouth ».


Maternité(s) en colère - Le combat pour la maternité du Blanc


Sylviane Van de Moortele

    

En 2018 et 2019, les habitants du Blanc, dans l’Indre, se sont fortement mobilisés contre la fermeture de la maternité de la ville.
Une lutte dont le retentissement a largement dépassé les limites régionales, jusqu’à retenir l’attention de la presse nationale.
Ce livre raconte comment s’est organisée la résistance avec ses actions percutantes et médiatiques.
Rien n’est occulté, ni les heures glorieuses ni les moments d’épuisement ; ni les soutiens ni les contradictions et évitements des institutionnels et des élus.
Si la maternité n’a pas réouvert, ce combat a permis l’émergence de nouvelles manières de concevoir la vie en milieu rural, par l’organisation autonome de collectifs d’habitants.


  • La fiche du livre [Cet ouvrage est en précommande jusqu'au 08/04/2025. Il sera disponible à partir du 10/04/2025]