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Je ne voulais par partir
Abdoulaye Soumah
Le 4 février 2022, Abdoulaye part de Conakry avec sa petite amie, Fatoumata. Il a dix-neuf ans, elle en a dix-sept. Ni l'un ni l'autre n'avaient l'intention de quitter la Guinée. Ils sont pourtant contraints de fuir à cause d'une persécution familiale et ne conçoivent qu’un seul espoir : l’Europe.
Ils traversent l’Afrique avec des moyens de fortune, esquivant les postes-frontières et la police, s’arrêtant ici ou là pour gagner l’argent qui leur permette de continuer la route. Ils rencontrent des gens secourables, d’autres moins. Entre les escroqueries, le racisme, les viols et les geôles infâmes, l’expédition devient une épreuve et l'épreuve devient un drame. Dans la nuit libyenne, ils finissent par embarquer sur un petit bateau, qui fonce droit dans une tempête...
A son corps défendant, Abdoulaye est devenu un "migrant". Aujourd'hui soutenu par l'association JRS Welcome, il cherche à construire une nouvelle vie, loin des souffrances et de la haine.
La promesse
Marie de Lattre [réédition en collection poche]
" J'ai trois prénoms, Marie, Madeleine, Frida.
Un qui dissimule. Un qui protège. Un qui révèle. "
Longtemps, elle a tout ignoré du secret de son père. Et puis un soir, il lui a raconté. L'histoire de ses quatre grands-parents paternels, et la promesse qu'il se sont faite à Drancy. Celle de veiller sur lui. Lui l'enfant du brouillard, du silence, l'enfant de l'amour interdit.
C'était en 1942. Deux des quatre amants ne devaient jamais revenir.
Entre le devoir de taire et la nécessité de dire, Marie, elle, a choisi. Pour ses filles, elle l'écrit.
La longe
Sarah Jollien-Fardel
Chaque jour, au réveil, Rose lutte pour ne pas être assaillie par la réalité, dans la chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée à une longe.
Tout a basculé trois ans auparavant, quand la police est venue lui annoncer l’accident : Anna, sa petite fille, a été fauchée par une camionnette. Depuis lors, Rose interroge le passé, tente d’élucider les circonstances du drame et, chemin faisant, nous révèle celles de son enfermement.
Avant, l’existence était simple et belle, scandée par la phrase gravée sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres. » Rose a grandi dans un village haut perché des montagnes valaisannes. C’est là, alors qu’ils étaient encore des enfants, qu’elle a rencontré Camil, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien. Leurs lectures, leurs promenades dans une nature âpre et complice, leurs retrouvailles bien plus tard à Lausanne, la naissance de leur fille, leurs métiers qu’ils aiment : Rose, évoquant ce quotidien heureux, s’efforce d’y traquer les failles. Elle cherche désespérément à comprendre quels excès l’ont conduite à sa situation de recluse.
Un jour pourtant, quand elle perçoit une présence inconnue derrière sa porte close et croit entendre la phrase d’un livre de Marguerite Duras lu naguère, nous, lecteurs, avons l’intuition que la lumière pourrait gagner.
Toute la force de ce roman est dans la manière dont son autrice parvient à domestiquer la violence de la situation et des personnages qu’elle a imaginés, construisant un magnifique portrait de femme et nous entraînant, à notre grande surprise, dans la plus pudique des histoires d’amour.
Filmer la parole
Nurith Aviv
Édition établie par Claire Buchbinder, avec le concours de Marianne Dautrey et Nathalie Georges-Lambrichs.
Première femme directrice de la photo en France, Nurith Aviv a travaillé auprès de nombreux réalisateurs, Agnès Varda, Amos Gitaï, René Allio, Jacques Doillon, entre autres. Depuis près de 25 ans, la cinéaste poursuit une œuvre personnelle profondément originale autour de ce qui est propre aux humains : la parole et le langage. Pour chacun des 13 documentaires retenus ici, le volume rassemble des extraits des films, des documents et des photos, des entretiens avec la cinéaste, ainsi que des commentaires offerts à Nurithpar des écrivains, philosophes, médecins, psychanalystes, notamment François Ansermet, Barbara Cassin, Hélène Cixous, Catherine Coquio, Édouard Glissant, Julia Kristeva, Philippe Lacoue-Labarthe, Henri Laborit, Éric Laurent, Hervé Le Tellier, Abdelwahab Meddeb, Marie-José Mondzain, Marc-Alain Ouaknin, Paul Salmona, Tiphaine Samoyault, et alii.
Dérangements
Anne Richet
« Aujourd'hui, je change de focale, j'élargis le point de vue et je plane, plafond arraché, au-dessus de l'appartement. J'observe cette famille bourgeoise catholique de quatre enfants, logée dans un grand ensemble des années soixante. Le père est cadre dans une entreprise industrielle internationale, qui raffine du pétrole. La mère ne travaille pas. Elle n'a pas fait d'études, juste son bac obtenu par effraction. Elle veut des enfants. C'est la raison d'être des femmes de cette époque. Ceux-ci sont beaux, bien élevés, en bonne santé. Il n'y a pas de chômage. Les industries sont fortes. La France s'enrichit. C'est l'époque bénie des trente glorieuses. »
Un lundi matin de janvier 1964, le vernis craque. Sans préavis, l'inavouable surgit et révèle les zones d'ombres de cette famille modèle.
Dans son récit, Anne Richet raconte l'histoire de ses deux parents, entre 1962 et 1972. Le regard distancié qu'elle porte sur le tabou de la maladie psychique, sur l'organisation du travail et des rapports hiérarchiques dans une cité industrielle vouée au pétrole donne à son texte une dimension qui va au-delà de préoccupations intimes, consistant à interroger une époque trop souvent idéalisée.
Le génie de Beyrouth - Tome 1 : Rue de la fortune de Dieu
Sélim Nassib (Scénario) et Lena Merhej (Dessin, Couleurs)
« On dit qu'il existe à Beyrouth un génie qui est l'esprit même de la ville... On dit aussi qu'on ne peut avoir sa peau qu'en détruisant la ville – mais ça, ce n'est pas prouvé... » Dans les années 1970 à Beyrouth, la rue Rizkallah est une mosaïque des différentes communautés du Liban, et ses habitants vivaient dans une relative concorde avant que la guerre ne vienne bouleverser ce fragile équilibre... Témoignage fictionné et sensible de cette lente catastrophe, "Le Génie de Beyrouth" déploiera jusqu'à nos jours et sur trois tomes son récit choral porté par la verve grave et légère de l'écrivain et journaliste Sélim Nassib ('Libération'), et le dessin aérien et lumineux de Léna Merhej.
Une série en 3 tomes
Avec ce premier tome d’un triptyque qui déroulera l’histoire récente du Liban, Sélim Nassib nous offre un album à la fois intime et documenté, aussi éloigné des poncifs de l’autobiographie que des astuces habituelles de la bande dessinée de reportage. Si l’on ressent fortement à chaque page le poids du vécu et la connaissance profonde qu’il a de sa ville natale, c’est un récit choral, au plus près de nombreux personnages attachants – et toujours présentés avec subtilité – qu’a en effet composé l’écrivain libanais pour nous faire ressentir le « Génie de Beyrouth ».
Maternité(s) en colère - Le combat pour la maternité du Blanc
Sylviane Van de Moortele
En 2018 et 2019, les habitants du Blanc, dans l’Indre, se sont fortement mobilisés contre la fermeture de la maternité de la ville.
Une lutte dont le retentissement a largement dépassé les limites régionales, jusqu’à retenir l’attention de la presse nationale.
Ce livre raconte comment s’est organisée la résistance avec ses actions percutantes et médiatiques.
Rien n’est occulté, ni les heures glorieuses ni les moments d’épuisement ; ni les soutiens ni les contradictions et évitements des institutionnels et des élus.
Si la maternité n’a pas réouvert, ce combat a permis l’émergence de nouvelles manières de concevoir la vie en milieu rural, par l’organisation autonome de collectifs d’habitants.