Tous les livres - d'avril à septembre 2022


Les livres présentés en

(mois par mois)

La Synagogue


BD de Joann Sfar (à paraître le 30/09/2022)


Joann Sfar cherche depuis trente ans à inviter son lecteur dans le monde juif. Tous ses récits sont des appels désespérés à la fraternité. "La Synagogue" marque sans doute le début de son épopée la plus intime. Cette fois, il va moins loin que l'Algérie du chat ou que l'Ukraine de "Klezmer". Il a fallu qu'il se trouve sur un lit d'hôpital en 2021 pour que le dessinateur ose enfin raconter ses vraies aventures d'adolescence. C'est une génération qui se sent coupable d'être née après Hitler et de ne pouvoir le combattre. Des gosses poings serrés qui se disent que les fils de bourgeois déguisés en skinheads qui croisent leur route ne seront pas des ennemis à la hauteur de leur chagrin. C'est l'histoire des Juifs de France qui rêvent d'être comme tout le monde mais qui ne savent pas comment se rendre utiles lorsque des bombes commencent à exploser dans les synagogues.


Derrière le plaisir du dessin et des bagarres, un récit salutaire pour rappeler aux jeunes ce que fut le Front National quand il ne faisait pas semblant d'être un parti comme les autres. "La Synagogue" est un récit qui rappelle la permanence des extrémismes politiques et la nécessité de les combattre, même si cette lutte doit être recommencée à chaque génération.




Rencontre avec l'auteur,

le 29/09/22

 

La face cachée de l'inceste - De l'emprise à la femme libre


Livre de Katouchka Van Ditzhuyzen


Ce récit est le parcours d'une femme sur lequel se pose le double regard de celle qui a vécu l'inceste et de celle qui l'a analysé. Sans complaisance, l'auteure nous guide sur les chemins complexes de la face trop souvent méconnue de l'inceste, celle de l'amour d'une fille de 13 ans pour son père incestueux, dans un contexte où elle n'est pas protégée par sa mère. Elle retrace la quête initiatique de cette femme, qui s'est construite sur fond d'un « inceste amoureux », et qui ne peut qu'être dans une confusion générationnelle des places, sexuelle, de la pensée… La blessure d'enfance et d'adolescence va induire ses choix et la nature de ses relations aux hommes et au monde. Son corps l'agit à son insu. Ce parcours unique, entre mémoire intime et histoire collective, nous montre qu'il est possible de transformer des blessures graves en source créative de vie et d'amour, à condition de regarder sa vie les yeux dans les yeux.




A la télévision


Inceste :

ne plus se taire

  • voir sur France 2 replay jusqu'au 22/10/2022 (ICI)


Un amour impossible

  • voir sur France 2 replay jusqu'au 3/10/2022 (ICI)


Les Motifs de Laurent Mauvignier, entretiens sur l'écriture avec Pascaline David


Livre de Laurent Mauvignier


Quand je suis en train d’écrire, le livre est présent à mon esprit absolument tout le temps, y compris quand je dors, quand je fais mes courses, quand je voyage, quand je regarde les bambous agités par le vent dans mon jardin. On ne parle pas assez – quand on parle de comment on se met à sa table – de comment les livres nous habitent hors des moments de l’écriture proprement dite.

 

Qu’est-ce qui nous pousse à écrire ?

 

Au fil des questions, Laurent Mauvignier explore ce qui le pousse à écrire, répond toujours à la lumière d’événements et d’expériences personnelles.

Tout au long du livre, il insiste sur ce lien indissociable entre l’écriture et la vie. Car si on veut écrire, il faut se décider, un jour, à sauter dans le vide.

Dans ce grand entretien, l’écrivain nous ouvre son univers romanesque et sa boîte à outils littéraire. À la manière du peintre, il procède par petites touches et couches successives à la recherche de la plus juste vibration du motif.




Le 24 novembre 2022

à 19h à l'U.C.O,

rencontre avec

Laurent Mauvignier



Un article sur le site

En Attendant Nadeau



Deep Me


BD de Marc-Antoine Mathieu


Dans la poursuite de son étude du Grand Rien, Marc-Antoine Mathieu lui confronte cette fois pas moins que l'Esprit. Une conscience isolée, seulement stimulée par l'angoisse de son ignorance.

Adam ! La première information qui lui soit donnée lorsqu'il reprend conscience est un prénom. Son prénom ? Il tente de s'exprimer mais personne ne l'entend. Et qui sont ces gens ? Des médecins, des policiers, son épouse ? Dans ce noir intense, son esprit s'endort et se réveille à intervalle... régulier ? Une image floue se forme à l'évocation d'un mot : l'Eclipse. Il faut qu'elle se précise encore...




Le 9 novembre 2022

à 19h au 122,

rencontre avec

Marc-Antoine Mathieu


Misère de la Kabylie 


Livre d'Albert Camus


Voici le double projet - jamais encore réalisé - de cette édition : publier de façon autonome et dans son unité mots-photos « Misère de la Kabylie », enquête d'Albert Camus parue dans Alger républicain du 5 au 15 juin 1939 : onze articles du reporter, accompagnés des vingt-trois photographies qui depuis quatre-vingt ans échappent au regard du lecteur de Camus. Or, très loin de célébrer un pays pour touristes, l'iconographie de 1939 montrait l'insoutenable misère et interpellait le lecteur indifférent :

« Vois où ta politique a mené la Kabylie. Agis. Tout peut changer ! » Notre publication souhaite donc présenter ces clichés, en dépit d'un difficile rendu, dans un format proche de l'original. Choisis, intégrés avec soin dans la composition du journal, ils apportent un point de vue inédit tant sur le texte que sur le travail de journaliste en période de censure coloniale (décret Régnier). Par ailleurs, la présente édition tente de répondre à l'interrogation du lecteur curieux d'aujourd'hui : Qui tenait l'appareil photo ?



 

Faust à la plage


Livre de Pierre Ahnne (à paraître le 6 octobre 2022)


Lorsque le diable vous propose un marché, on sait qu’il faut se méfier. Même s’il porte un manteau pied-de-poule, des après-skis à tirette et un chapeau de velours. Certes, quand on est un quinquagénaire parisien misanthrope, le Prince de ce monde peut nous être de quelque utilité. Mais une fois qu’il a payé les factures et mis fin aux dérangements sonores de la voisine du dessous, qu’a-t-il au fond à offrir ? La fortune, une nouvelle compagne, la jeunesse, un voyage à Bali ? Tout ça n’est pas sérieux.

À la rigueur, s’il faut céder, on peut se contenter d’un séjour sur la côte normande, ses plages vides hors saison, ses mornes falaises, ses couleurs kitsch au printemps. Sans être naïf, cependant : quand le Malin s’en mêle, même les promenades désertes du Grand Ouest peuvent recéler des surprises…

Un récit satanique à l’humour traversé de mélancolie. Faust au XXIe siècle. Qui a dit que le conte fantastique était passé de mode ?




Une recension

sur le site

LES PLAISIRS

DE MARC PAGE


Tinfouchy (Algérie 1958-1960) - Lucien Fontenel, un Français torturé par les Français


Nathalie Massou-Fontenel et Abdelnour Si Hadj Mohand 


En 2000, j'ai écrit un texte, Mon père, publié dans le journal L'Humanité, qui dénonce le calvaire de mon père, Lucien Fontenel, dans le camp de Tinfouchy pendant la guerre d'Algérie, et les douloureuses conséquences qui ont marqué mon enfance. Cet ouvrage est un vibrant hommage de l'auteur à son père.





Stardust


Livre de Léonora Miano


« Lasse de l’errance en couple, elle avait préféré se débrouiller seule. Impossible de rester auprès d’un garçon qui ne parvenait pas à devenir un homme. En une fraction de seconde, elle avait décidé de sauter sans filet. C’était le seul moyen d’empêcher la haine de s’installer là où il n’y avait déjà plus de respect. Elle avait emmené Bliss, serrant contre son cœur la plus belle part de lui. Alors qu’un soleil pâle s’apprêtait à trouer les nuages, Louise avait dit : Je pars avec la petite. Pas un mot de plus. »
 
Écrit il y a plus de vingt ans, ce roman relate la période au cours de laquelle Léonora Miano, jeune mère de 23 ans sans domicile ni titre de séjour, fut accueillie avec sa fille dans un centre de réinsertion et d’hébergement d’urgence du 19e arrondissement de Paris. C’est en fréquentant la rudesse de ses marges qu’elle a le plus intimement connu la France…



 

Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou la petite chaise jaune


Livre de Valérie Cachard dition bilingue]


Depuis la fin de la guerre civile terminée officiellement le 13 octobre 1990, le Liban s'est reconstruit matériellement, enterrant son passé proche et se projetant de manière vertigineuse vers l'avenir. L'humain n'a pas été reconstruit, pansé, écouté. Il s'est exilé ou est resté là souvent refermé sur sa communauté.
Beyrouth a changé de visage et a connu comme beaucoup d'autres villes dans le monde gentrification et négligence du patrimoine architectural traditionnel. Le centre-ville qui occupait une fonction de centre avant 1975 en rassemblant toutes les couches de la société s'est transformé en lieu aseptisé accessible uniquement à ceux qui en ont les moyens.
L'Histoire récente n'a pas été enseignée à la jeunesse car elle n'a pas été écrite. Les livres d'Histoire du Liban exploités dans les collèges et les lycées privés et publics s'arrêtent avec l'indépendance du Liban en 1943. À croire que depuis qu'il est reconnu officiellement en tant que pays ce territoire n'a plus d'Histoire commune.
La rencontre avec les carnets et lettres de Victoria a été le moyen, le chemin pour ouvrir une brèche vers un pan de l'Histoire locale et régionale, de réparer une forme de déni historique et de revisiter aussi le parcours qui m'a menée jusqu'à elle ou qui l'a menée jusqu'à moi.
J'ai construit cet écrit comme une fouille archéologique qui dévoile petit à petit ou donne d'abord des morceaux, des fragments qui s'assemblent et fondent les uns dans les autres au fur et à mesure. S'il dessine en filigrane les conflits qui ont secoué le pays et la région, il raconte surtout une femme à la recherche de repères humains et géographiques qui va à la rencontre d'une autre femme. Il se base sur une documentation réelle et questionne ce qui fait la réalité et ce qui fait la fiction. ( Valérie Cachard)


 

Attaquer la terre et le soleil


Livre de Mathieu Belezi


Attaquer la terre et le soleil narre le destin d’une poignée de colons et de soldats pris dans l’enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c’est toute l’expérience d’un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.

Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d’une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d’Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel (C’était notre terre, 2008) et Flammarion (Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d’une femme et d’un soldat, la folie, l’enfer, que fut cette colonisation.



La contre-épopée du colonialisme


Dans EAN, le 21/09/2022


 

Conversation tardive


Livre de Jean-Jacques Gonzales


Conversation tardive, toujours tardive, toujours repoussée vers la fin d’un temps qui n’arrive pas. Ce livre témoigne de ce temps qui ne finit pas, et dont seule la photographie est capable d’en saisir les prémisses : « La photographie, est-il écrit en fin d’ouvrage, s’effaçait devant l’opacité du temps, devant l’énigme. Ce qui me troublait, c’était autant la disparition que l’apparition. Je croyais que c’était l’énigme de la photographie, c’était l’énigme de la vie . »


Ce livre se présente comme une collection de plus de deux cents photographies prises presque exclusivement entre le début des années trente et la fin des années cinquante par le père de l’auteur. Photographies dont il se trouva le dépositaire à la mort de ses parents mais qui l’ont toujours accompagné au point, écrit-il, de ne pouvoir « se souvenir d’un temps sans elles. »
C’est avec cette présence familière chargée de secret, d’énigme et d’incertitude qu’une conversation vient ici à s’engager.
Photographies en noir et blanc, usées, abîmées, raturées, au format inhabituel, douées d’une incomparable aura.
Un texte vient à en préciser chacune, assez court sauf quand, quelquefois, il prend le tour d’une rêverie, d’une remémoration. Ainsi les photographies ne sont jamais là pour illustrer un propos, mais au contraire pour le susciter...



 

Cocoaïans (naissance d'une nation chocolat)


Livre de Gauz


Ample fresque historique à travers les XXe et début du XXIe siècles, Cocoaïans raconte l’histoire politique du chocolat. De la fève au produit transformé, la culture et le commerce du cacao traduisent les rapports de domination imposés par l’Occident aux pays producteurs d’Afrique.
De la forêt de Gbaka en 1908, jusqu’en 2031, en passant par Treichville de nos jours, la parole politique bondit, d’asservissement en libération, de liesse en compromission, d’espoir en désillusion. Gauz’ raconte le projet d’émancipation des Cocoaïans, les habitants du pays du cacao, pour fabriquer et vendre eux-mêmes leur chocolat, inscrivant le cacao dans un discours civilisationnel, un récit de conquête de liberté.



 

Taormine 


Livre de Yves Ravey  [prix des libraires de Nancy - Le Point 2022]


Un couple au bord de la séparation s’offre un séjour en Sicile pour se réconcilier.
A quelques kilomètres de l’aéroport, sur un chemin de terre, leur voiture de location percute un objet non identifié. Le lendemain, ils décident de chercher un garage à Taormine pour réparer discrètement les dégâts.
Une très mauvaise idée.



 

Zarifa


Livre de Zarifa Ghafari


Zarifa Ghafari est afghane. Elle avait trois ans quand les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école, six lorsque les frappes aériennes américaines ont débuté.

À vingt-six ans, elle est devenue la première maire de la province de Wardak, l’une des plus conservatrices d’Afghanistan. Les extrémistes ont barré l’accès à son bureau, ont tenté de la tuer trois fois. Malgré cela, Zarifa a tenu bon. Elle a lutté contre la corruption, œuvré pour la paix et tenté d’éduquer les femmes. Mais à l’arrivée des talibans à Kaboul en 2021, et après l’assassinat de son père, elle a dû fuir en Europe. Elle continue pourtant d’aider celles qui vivent sous le règne des talibans. Les récompenses internationales ont salué son engagement.

Son témoignage offre un éclairage sans précédent sur les deux dernières décennies en Afghanistan, à travers le regard d’une citoyenne, femme et maire. Il incarne la résistance des Afghanes face à l’obscurantisme.

Un récit inoubliable, qui rappelle que la bravoure est un nom féminin.




Les exportés


Livre de Sonia Devillers


Ma famille maternelle a quitté la Roumanie communiste en 1961. On pourrait la dire « immigrée » ou « réfugiée ». Mais ce serait ignorer la vérité sur son départ d’un pays dont nul n’était censé pouvoir s’échapper. Ma mère, ma tante, mes grands-parents et mon arrière-grand-mère  ont été « exportés ». Tels des marchandises, ils ont été évalués, monnayés, vendus à l’étranger.


Comment, en plein cœur de l’Europe, des êtres humains ont-ils pu faire l’objet d’un tel trafic ? Les archives des services secrets roumains révèlent l’innommable : la situation de ceux que le régime communiste ne nommait pas et que, dans ma famille, on ne nommait plus, les juifs.


Moi qui suis née en France, j’ai voulu retourner de l’autre côté du rideau de fer. Comprendre qui nous étions, reconstituer les souvenirs d’une dynastie prestigieuse, la féroce déchéance de membres influents du Parti, le rôle d’un obscur passeur, les brûlures d’un exil forcé. Combler les blancs laissés par mes grands-parents et par un pays tout entier face à son passé.




Rencontre avec

Sonia Devillers 
 

Le 12 septembre 2022, au Mk2 Bibliothèque
Séance suivie d’une signature



Le 29 septembre 2022 au MAHJ


Le 12 octobre 2022, à la librairie La Galerne au Havre




Pouvoirs de la lecture - De Platon au livre électronique


Livre de Peter Szendy

 

Lorsque je lis, une voix en moi m’intime de lire (« lis ! »), tandis qu’une autre s’exécute, prêtant sa voix à celle du texte, comme le faisaient les antiques esclaves lecteurs que l’on rencontre notamment chez Platon. Lire, c’est habiter cette scène qui, même lorsqu’elle est intériorisée dans une lecture apparemment silencieuse, reste plurielle : elle est le lieu de rapports de pouvoir, de domination, d’obéissance, bref, de toute une micropolitique de la distribution des voix.


L’écoute attentive de la polyphonie vocale inhérente à la lecture conduit vers ses zones sombres : là où, par exemple chez Sade ou dans des jurisprudences récentes, elle peut devenir un exercice violent, punitif. Mais en prêtant ainsi l’oreille aux rapports conflictuels des voix lisant en nous, on est aussi conduit à revisiter l’idée, si galvaudée depuis les Lumières, selon laquelle lire libère. Les zones sombres de la lecture sont ses zones grises : là où lectrices et lecteurs, en faisant l’épreuve des pouvoirs qui s’affrontent dans leur for intérieur, s’inventent, deviennent autres. Aujourd’hui plus que jamais, à l’ère de l’hypertexte, lire, c’est faire l’expérience des puissances et des vitesses qui nous traversent et trament notre devenir.


Cette archéologie du lire dialogue avec nombre de théories de la lecture, de Hobbes à de Certeau en passant par Benjamin, Heidegger, Lacan ou Blanchot. Mais elle s’attache aussi à ausculter, d’aussi près que possible, de fascinantes scènes de lecture orchestrées par Valéry, Calvino ou Krasznahorkai.



Chez moi vit la violence ! Une victimologue à l'écoute des auteurs de violences familiales


Livre d'Isabelle Seret


Une victimologue anime un groupe de parole qui rassemble des auteurs de violences intrafamiliales. En attente de jugement ou de réinsertion, ces hommes dévoilent peu à peu leur vécu, les certitudes qui les animent, parlent de leurs failles, de leur besoin de dominer et de punir, des amitiés qu’ils développent dans leur foyer spécialisé... Au fil des ateliers, confrontée à leurs expériences et à leurs propos parfois dérangeants, l’autrice s’interroge sur sa propre histoire. Qu’est-ce qui a pu la conduire à écouter ces bourreaux ? Qu’en est-il des violences qu’elle-même a vécues, en tant qu’enfant, que femme, que mère ? Comment pousser ces hommes à reconnaître et assumer leur passé violent puis à se reconstruire autrement ? Au cœur des débats contemporains, ce livre, inspiré des multiples expériences vécues par Isabelle Seret, permet de brosser ce qui « fabrique » un auteur de violences. Entrer dans l’histoire singulière de chacun d’eux et comprendre ce qui produit la violence. Ici, l’objectif est politique pour tenter de mettre fin à ce qui ne devrait pas être.



Tombeaux -  Autobiographie de ma famille


Livre d'Annette Wieviorka


Lors du décès d'une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l’Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l’intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L’un écrit, l’autre coud. Ils sont arrivés à Paris au début des années 1920, en provenance de Pologne. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants.


Dans un récit en forme de tombeaux de papier qui font œuvre de sépultures, l’historienne adopte un ton personnel, voire intime, et plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs directs ou indirects. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique : d’abord la difficile installation de ces immigrés, la pauvreté, les années politiques, l’engagement communiste ou socialiste, le rapport complexe à la religion et à la judéité, puis la guerre, les rafles, la fuite ou la déportation – Paris, Nice, la Suisse, Auschwitz – et enfin, pour certains, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame.


Tout l’art consiste ici à placer le lecteur à hauteur d’hommes et de femmes désireux de bonheur, de joie, de liberté, bientôt confrontés à l’impensable, à l’imprévisible, sans certitudes ni connaissances fiables au moment de faire des choix pourtant décisifs. C’est ainsi que des personnages très attachants et un monde disparu retrouvent vie, par la grâce d’une écriture sensible et précise.





Un entretien avec l'auteure

  • sur France Inter ICI


Rencontres avec l'auteure

  • au MAHJ,

le 21  septembre (réserver ICI)

  • au Mémorial de la Shoah,

le 6 octobre (réserver ICI)


 

Les combattantes - l'histoire oubliée des miliciennes antifascistes dans la guerre d'Espagne


Livre de Berger Gonzalo et Balló Tània


Les protagonistes de ces récits sont des femmes qui, venues de partout dans l’État espagnol et d’ailleurs, décidèrent d’affronter les armes à la main les militaires qui s’étaient soulevés avec Franco en 1936. Leur participation comme combattantes dans la lutte contre le fascisme fut essentielle dans la stratégie guerrière du camp républicain. Mais, au fur et à mesure que la guerre avançait, elles furent renvoyées à des tâches d’arrière-garde, allant jusqu’à discréditer leur rôle de miliciennes. Et l’histoire les oublia.


Mais qui étaient ces combattantes? Sur quels fronts se sont-elles battues? Comment ont-elles été retirées du front ? Qu’est-ce qu’elles ont fait ensuite, jusqu’à la défaite de 1939 ? Et après?


La recherche pour tenter de reconstruire leurs biographies et retrouver le rôle de ces femmes dans ces événements historiques servira de fil rouge pour retracer la guerre d’Espagne dans une perspective de genre.


«Elles étaient nombreuses. Des femmes venues de partout, de tous les âges et de toutes les classes sociales. Des femmes qui, avec l’élan que leur accordait une ferme conscience idéologique et politique, avaient choisi de défendre la démocratie et la liberté.»




La vie clandestine


Livre de Monica Sabolo


« Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J’allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n’était plus éloigné de moi que cette histoire-là.
Je le croyais vraiment.
Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l’écho de la violence. »

La vie clandestine, c’est d’abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l’ombre d’un père aux activités occultes, disparu sans un mot d’explication. C’est aussi celle des membres du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe, objets d’une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé.
Comment vivre en ayant commis ou subi l’irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ? De l’Italie des Brigades rouges à la France des années 80, où les rêves d’insurrection ont fait place au fric et aux paillettes, La vie clandestine explore avec grâce l’infinie complexité des êtres, la question de la violence et la possibilité du pardon.




Une critique d'EAN


 

Tenir sa langue


Livre de Polina Panassenko


« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »

Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.

À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.

Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.

Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.




Des critiques


L’accent comme langue maternelle

  • sur le site d' EAN


Tenir sa langue

  • sur le blog de

Pierre Ahnne


En entretien avec l'auteure



 

Un bouquet d'anecdotes - Ou opus incertum


Livre de Hans Magnus Enzensberger


Ce livre inclassable retrace la jeunesse de M., personnage énigmatique dont nous suivons les aventures depuis sa naissance en 1929 dans une petite ville bavaroise jusqu’à son séjour à Paris dans les années 1950. À mi-chemin entre des Mémoires personnels et une fresque de l’Allemagne de la première moitié du XXe siècle, ce récit richement illustré dessine non sans humour un portrait du jeune artiste en formation et de son pays : s’y mêlent et s’y entrechoquent l’environnement familial et les premières amours, la passion pour l’écrit et l’intérêt pour les médias, la montée du nazisme et la violence de la guerre.
Complément rétrospectif de Tumulte, Un bouquet d’anecdotes est un saisissant collage de la mémoire servi par une plume vive et un regard amusé, qui jette une nouvelle lumière sur l’une des plus grandes plumes allemandes contemporaines.





Pour tout bagage


Livre de Patrick Pécherot


1974, cinq lycéens, la tête pleine de rêves fumeux, abattent par erreur un passant alors qu’ils pensaient agir comme leurs « héros », les membres d’un groupe anar qui venait d’enlever un banquier espagnol à Paris.
Lorsque, quarante-cinq ans plus tard, l’un d’eux commence à recevoir anonymement le récit de leur histoire, il part à la recherche de ses anciens camarades.
Au gré d’une déambulation nostalgique entre passé et présent, le narrateur reconstitue enfin toutes les circonstances du drame.
La photographie sépia d’un pan des seventies et leur cortège de fantômes.



 

Vivre vite


Livre de Brigitte Giraud


« J’ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C’était inespéré et je n’ai pas flairé l’engrenage qui allait faire basculer notre existence.
Parce que la maison est au coeur de ce qui a provoqué l’accident. »

En un récit tendu qui  agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s’étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu’à produire l’inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux.
Brigitte Giraud mène l’enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.



Ukraine - 24 poètes pour un pays


Anthologie établie par Ella Yevtouchenko et Bruno Doucey


Une partie des droits de ce livre sera reversée

à l'association Aide médicale et caritative France-Ukraine


« Ce livre naît de la guerre en Ukraine, comme une fleur parvient à s’extraire des décombres pour dire son droit à la lumière et à la vie. » C’est par ces mots que s’ouvre cette anthologie conçue sur le terreau de l’actualité la plus immédiate. Elle rassemble des poètes ukrainiens engagés dans la résistance. À l’image de Taras Chevtchenko, héros national, les uns ont affirmé l’identité d’une nation face à l’agresseur. D’autres comme Vassyl Stous, écrivain martyr de la dissidence, ont connu la lutte contre le nazisme, le stalinisme et la guerre froide. À l’image d’Ella Yevtouchenko, les plus jeunes appartiennent à cette génération de la Dignité née après l’effondrement de l’URSS, qui a toujours connu une Ukraine indépendante. À travers eux, c’est l’esprit de Maïdan qui respire en ces pages : celui d’hommes et de femmes qui veulent choisir librement l’avenir de leur pays.




Autres livres de la littérature ukrainienne




Le 12 septembre 2022

Rencontre autour du livre

"24 poètes pour un pays"




Cher connard


Livre de Virginie Despentes


« Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…




Une bonne critique

sur le site

EN ATTENDANT NADEAU


Une très mauvaise critique (plus politique que littéraire et par ailleurs anti-féministe)

dans la revue TRANSFUGE


Un entretien avec l'auteure sur le site des Inrocks

Ecouter ICI


 

Margot Capelier, reine du casting (1910-2007) De Jacques Prévert à Patrice Chéreau


Livre de Corinne Bacharach


L’histoire commence par un coup de foudre. Celui de Marguerite Leibowitch pour les textes de Jacques Prévert. Séduite par son écriture, elle rencontre le poète en 1934 et intègre le groupe Octobre. Il la recrute comme assistante, cette collaboration marquant pour celle qui deviendra Margot Capelier le début de “sa vie de cinéma”. Grâce à la pertinence de son regard, à sa curiosité, à son amour pour les comédiens, elle va inventer un métier qui n’existe pas encore en France, celui de directrice de casting. Elle révélera de nombreux talents dont Michael Lonsdale, Isabelle Huppert, Irène Jacob, Juliette Binoche, Maria de Medeiros ou Lambert Wilson. Ses conseils deviennent

indispensables aux plus grands réalisateurs de son époque, de Fred Zinnemann à Gérard Oury, en passant par Joseph Losey, Roman Polanski, Patrice Chéreau et tant d’autres. Margot n’était pas une star, mais elle est devenue une légende.



 

Le Quai de Wigan


Livre de George Orwell (Nouvelle traduction)


« Il y a une réalité qu’il faut regarder en face : renoncer aux distinctions de classes revient à renoncer à une part de soi-même. Prenons mon cas particulier : je suis représentatif de la classe moyenne, et rien ne m’est plus facile que de proclamer mon désir d’abattre les barrières  de classes. Or, presque tout ce que je pense et fais découle de ces distinctions sociales. Toutes mes valeurs – mes conceptions du bien, du mal, de l’agréable et du désagréable, du comique et du sérieux, du laid ou du beau – sont des valeurs de la classe moyenne. Mes goûts littéraires, culinaires et vestimentaires, mon sens de l’honneur, mes manières de table, mes tournures de phrase, mon accent et jusqu’à ma gestuelle propre, sont le produit d’une éducation particulière, d’un segment spécifique à mi-chemin de l’échelle sociale. Une fois que j’ai pris conscience de cela, je comprends qu’il ne sert à rien de taper amicalement dans le dos d’un prolétaire et de lui assurer qu’il vaut autant que moi. Si je veux établir avec lui un vrai contact, je dois déployer un effort auquel je ne suis certainement pas préparé. Car pour m’extraire du schéma d’oppression de classes, je dois faire abstraction non seulement de mon propre sentiment de supériorité, mais aussi de la plupart de mes autres penchants et préjugés. Je dois opérer une telle transformation sur moi-même qu’au bout du compte, j’en serais à peine reconnaissable. »

Écrit en 1937, Le Quai de Wigan symbolise pour le critique Simon Leys la « transmutation du journalisme en art ». Reportage sur un lieu réel au nom imaginaire (Wigan n’existe pas), il consacre les efforts d’Orwell pour décrire et comprendre la société de son temps, mais aussi l’exigence morale d’un journalisme engagé.




Un article de

EN ATTENDANT NADEAU

à l'occasion de cette réédition



 

Nous sommes d'ici, nous rêvons d'ailleurs


Livre de Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet


Soit un lieu sur la Terre, un village en France. Nous y sommes, l'un et l'autre, pour quelque temps encore. Avant de franchir le pont, à la rencontre des fantômes, nous y sommes de passage. On voudrait nous sommer de choisir entre l'enracinement et le cosmopolitisme ? Pour sortir de cette tenaille mortelle, peut-être faut-il prendre au mot ce jeu d'enfant : va voir ailleurs si j'y suis. On y verra que l'ici se trame au loin, et que personne ne nous empêchera de faire des histoires. En août 2017, lors du Banquet du livre, Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet engagent sous la halle de Lagrasse une dernière conversation sur l'histoire, en public. Au-delà de nos horizons familiers, ils imaginent ce que pourrait être l'histoire mondiale de ce lieu singulier. En refusant de lui appartenir, ils l'habitent pleinement, et c'est le monde qui s'offre à eux. Le monde, sans revers et sans gloire, mais le monde.



 

Le musée national


Livre de Diane Mazloum


Quelle idée d’aller passer une nuit de décembre 2020 dans ce musée-là !
 

Le Musée National de Beyrouth se situe sur la ligne de démarcation qui fut la frontière visible, meurtrière, dite « la ligne verte » par la luxuriance de la végétation, entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest, tout au long de la guerre civile, laquelle dura 15 ans, si l’on admet même que la guerre est aujourd’hui achevée.
 

Diane Mazloum est une romancière qui aime l’imagination et le passé récent. Elle n’aurait sans doute pas dû se frotter à la matière historique, sédimentée, confetti d’empires disparus, qui veille sous les murs et s’agrippe aux cryptes du seul musée qui fait office de mémoire au Liban.
 

Musée d’une nation ou de l’absence d’une nation ? 
 

Par quel miracle ce temple qui abrite les trésors des civilisations disparues, des Égyptiens aux Babyloniens, des Byzantins aux Mamelouks, a-t-il pu survivre aux assauts de la brutalité des hommes ? 
 

Ici, c’est un franc-tireur qui creusa un trou dans le mur pour y viser le passant dont la tête éclatera. Là, ce sont les soldats israéliens qui se réchauffèrent à un brasier aux pieds noircis du Colosse. Ici, c’est une statuette en équilibre que le souffle de l’explosion du 4 août 2020 a fait dévier de son axe ? Là, ce sont les 31 statues aux yeux tournés vers l’intérieur qui semblent plus vivantes que les vivants du dehors ? 
 

La romancière n’aime pas le passé lointain. Mais elle se rend compte, dans cet émouvant récit griffé de vérités, que de Rome à Beyrouth, c’est le passé qui fait le présent, c’est l’ombre des morts qui recouvre la pauvre existence des vivants et l’illumine. 
 

« Le Liban est celui à qui l’avenir arrive le premier » écrit Dominique Eddé. 
 

Alors, si cette phrase est vraie, cette nuit au musée, une nuit qui s’étend jusqu’au jour, sera peut-être le livre que la romancière ne voulait pas écrire sur la fin de nos civilisations. Mais qui s’est imposé à elle.





Le 18 octobre 2022

à 18h30 au Musée des Beaux-Arts (Angers), rencontre avec

Diane Mazloum


 

Vider les lieux


Livre d'Olivier Rolin


On habite un très vieil appartement, on y a passé la moitié de sa vie, entassé un prodigieux bric-à-brac, journaux, lettres, photos, livres surtout, des livres partout — et puis un jour on est viré, il faut prendre ses cliques et ses claques. Un déménagement, écrit Michel Leiris, c’est une « fin du monde au petit pied », et c’est aussi un jugement dernier : chaque objet, pour être sauvé, est sommé de dire son histoire — un vieux chapeau parle d’un lointain voyage au Texas et d’un auteur de best-sellers internationaux, un fossile d’une plage de sable noir, au bout de la Sibérie, où Tchekhov imprima ses pas, les livres évoquent les lieux et les temps où on les a lus, la bibliothèque devient lanterne magique. Les histoires se bousculent, des paysages se déploient, sortis de l’oubli.


Quand en plus la rue d’où on est chassé est celle où fut publié puis traduit l’Ulysse de Joyce, où deux librairies célèbres voyaient passer les plus grands écrivains des langues française et anglaise ; quand l’injonction de vider les lieux vous tombe dessus au moment où une pandémie assigne tout le monde à résidence... alors on se dit que ce chambardement mérite peut-être d’être raconté. On écrit ce livre. O. R.




Le 22 septembre 2022 à 19h au QUAI (Angers), rencontre avec

Olivier Rolin





Acadie - Ressac


Livre de Pauline Guillerm


Acadie-Ressac - Une jeune Bretonne quitte sa région pour rejoindre, par-delà l'Atlantique, le territoire canadien où se sont installés les premiers arrivants francophones. En Acadie, elle fait des rencontres, découvre une culture, contemple les paysages, vit de nouvelles émotions, de nouvelles expériences... Puis le ciel s'assombrit et le ressac la ramène chez elle.






Son site

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Autres publications

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Ma mère m’a donnée


Livre de Catherine Combe & Zouhra Kouam


« Ma mère m’a donnée, j’avais sept ans ». Nour devenue adulte continue à vivre avec cette souffrance sans nom. La petite Nour naît au sein d’une famille paysanne, au coeur du Maroc. Malgré le poids des traditions, sa mère a le courage de quitter un mari violent, et s’enfuit avec ses enfants pour trouver la misère dans un bidonville. Ce n’est pas le pire pour Nour, qui se voit donnée à une cousine, l’enfant est alors réduite à l’esclavage, martyrisée, abusée.

Plus tard, Nour parvient à retrouver sa liberté, mais pour tenter de se délivrer d’un passé aussi traumatisant, elle éprouve le besoin de témoigner, c’est Cathou qui l’y aide. Nour évoque son enfance qui ne l’a été que de nom, au milieu des pauvres parmi les pauvres.



 

Mémoires d’un forçat


Livre d'Ernest Saint-Paul

 

Deux fois condamné au bagne, plusieurs fois à la prison, tour à tour boulanger, domestique, faussaire, soldat, marin, dompteur de fauves, Ernest Saint-Paul retrace dans ses Mémoires, signés sous un faux nom, une vie qui semble tout droit sortie d’un roman d’aventures. Des forêts vosgiennes aux bagnes de Toulon et de Nouvelle-Calédonie, de la Commune de Paris aux cirques de Calcutta, ce narrateur hors pair, qui raconte avoir participé à deux guerres et voyagé sur trois continents, sans cesser de multiplier les conquêtes féminines, brouille les pistes, enchevêtrant réalité et fiction.


A-t-il vraiment été l’amant d’une aristocrate, un héros de la guerre de 1870, l’ami d’un chef de tribu kanak en guerre contre le colonialisme ? Grâce à un méticuleux travail d’enquête, l’historien Gwénael Murphy nous guide à travers le périple rocambolesque de ce petit escroc roublard, à l’enthousiasme inaltérable, dont le précieux témoignage livre un autre récit de la seconde moitié du XIXe siècle : celui de ses marges et de ses insoumis.




Un été avec Colette


Livre d'Antoine Compagnon (reprenant les émissions de France Inter - juillet 2021)


Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c’est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. « Créer un poncif, c’est le génie », disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine, Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd’hui.


Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s’appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l’argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage – à l’opposé de sa créatrice qui fuira « l’homme, souvent méchant » et trouvera refuge auprès des femmes.


De sa Bourgogne natale à la présidence de l’académie Goncourt – elle qui n’avait aucun diplôme –, Colette ne fut jamais là où on l’attendait et emmena la littérature là où personne d’autre n’avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d’être à la fois lue dans les écoles et d’avoir conçu une œuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd’hui, c’est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n’a pas pris une ride.



Un été avec Colette

sur France Inter

juillet 2021



 

Cabu - La Rafle du Vel D'Hiv


Livre de dessins de Cabu, présentés par Laurent Joly


« La rafle du Vel d’Hiv, qui fit près de 13 000 victimes, dont 4 000 enfants, les 16 et 17 juillet 1942, est l’un des épisodes les plus terribles de la collaboration de Vichy avec l’occupant nazi.


En 1967, à l’occasion de la sortie du livre de Claude Lévy et Paul Tillard, La Grande Rafle du Vel d’Hiv, Cabu, jeune dessinateur de presse, met tout son talent pour illustrer cette tragédie. Ces dessins restituent de manière poignante cette page sombre de notre histoire.


Cabu est mort le 7 janvier 2015 sous les balles de l’islamisme, dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris. Il a dessiné le pire du xxe siècle et a été lui-même la victime du pire du xxie siècle. Ce destin confère à ses dessins une charge émotionnelle particulière, et pour tout dire vertigineuse. » L.J.




Chère - APA 30 ans de collecte autobiographique 


Livre collectif


Pour célébrer en 2022 le trentième anniversaire de sa fondation, l’APA vient de publier un livre qui retrace son histoire durant ces trois décennies et qui rassemble des témoignages des membres fondateurs, des personnalités ayant collaboré avec l’APA et des exemples en images des textes du fonds qui détient aujourd’hui plus de 4000 dépôts....



L'APA

Association pour l'autobiographie et le Patrimoine autobiographique


 

Récits croisés d'expériences humanitaires de la frontière khméro-thaïlandaise


Collectif


Qu'est-ce qui conduit à partir en mission humanitaire ? Comment des jeunes volontaires ont-ils vécu leur travail dans les camps de personnes réfugiées ? Quelle a été leur vie quotidienne à proximité des camps ? Comment s'est passé le retour et comment cette expérience a-t-elle influencé leur parcours de vie ? Les 12 autrices et les 7 auteurs de ce livre se sont rencontrés dans les camps de personnes réfugiées le long de la frontière khméro-thaïlandaise. Ils travaillaient auprès des victimes de l'un des grands drames humanitaires du XXe siècle, celui du peuple khmer qui, après avoir subi le génocide des Khmers rouges (1975-1979), fuyait la guerre civile au Cambodge, sous occupation vietnamienne (1979-1989). Plus de trente ans après, ces humanitaires se retrouvent, partagent leurs expériences dans ce récit collectif. Cette aventure réflexive à travers l'écriture rencontre un écho tragique dans l'actualité d'aujourd'hui.



La collection HISTOIRE DE VIE ET FORMATION


Tous les livres

 

La grande maison


Livre de Danièle Pétrès


« Il prend ma main, je prends la sienne. C’est une main veloutée, sombre, dont les lignes à l’intérieur sont profondes. Il y a dans l’air ce léger parfum blanc qui émane des coques de marronniers que nous foulons. Ce léger parfum oriental qui émane de son costume ou de la lumière du boulevard, je ne sais pas. »


On ne quitte pas la Grande Maison. On l’aime d’amour. Un sortilège que seul, peut-être, un autre amour peut vaincre.


  • Fiche du livre
  • Actuellement en vente dans les librairies suivantes (voir ICI)
  • Pour commander chez l'éditeur "L'Ourse brune" (voir ICI)

Danièle Pétrès,

aimez-vous parler de vos livres ?

Un entretien paru sur le blog de Pierre Ahnne, le 3 janvier 2022


 

La couleur des mots


Livre de Tahar Ben Jelloun


Un artiste de renom à la fois peintre et écrivain évoque son travail et ses sources d'inspiration.

Enfant, Tahar Ben Jelloun dessine sur les grands papiers d'emballage blancs du magasin d'épices que son père tient à Fès, au Maroc. Étudiant, enfermé pendant 19 mois dans un camp disciplinaire, il écrit, en cachette, ses premiers poèmes. Tahar Ben Jelloun, à l'instar d'Henri Michaux, figure parmi les rares artistes à la fois peintres et écrivains.


À Tanger ou à Paris, il pousse les portes des cinémas, des musées, des librairies avec une irrésistible soif de connaissances. Ses influences sont plurielles et éclectiques. Avec Giacometti, il saisit le tragique de la condition humaine, avec Matisse, l'éclat de la couleur, avec le jazzman John Coltrane, la force de l'improvisation et du rythme.
 
Tahar Ben Jelloun est un écrivain engagé : son oeuvre littéraire explore l'exil, l'immigration, la solitude dans une réalité parfois amère et douloureuse. Sa peinture, inspirée de son enfance heureuse au Maroc, du bleu de l'océan, des foulards bariolés de sa mère, célèbre la vie. Écriture et peinture se complètent, se répondent, formant un jeu d'ombres et de lumière, comme autant de facettes de l'homme.



Fils de prolétaire


Livre de Philippe Herbet


Moi, je suis né avec l’œil gauche fermé, ce qui préfigurait peut-être mes aptitudes à la photographie. Le ou la photographe est une personne qui regarde le monde d’un œil ouvert, vissé sur l’oculaire de l’appareil, l’autre clos sur l’univers intérieur.


Philippe Herbet, photographe, a grandi en Belgique dans une famille modeste où le bonheur tient moins de place que le monde obstiné des choses et des sou­venirs : un manteau trop grand qui servira des années, les soirées passées devant Des Chiffres et des Lettres, un oncle aux airs d’Elvis et le coquillage du grand-père dans lequel on entend la mer. 


Mais ce sont dans les enfances silencieuses et les désirs de lointain que naissent les rêves et le sentiment de la joie.



 

L'annonce 


Livre de Paule du Bouchet


En 1998, du fond de l’oubli, une voix au téléphone informe Paule du Bouchet de la mort de Miette, son amie d’enfance. Miette fut la compagne des petits riens comme des heures intenses ; une jeune fille ardente, en mouvement, à la joie contagieuse mais à la mélancolie abyssale. Cette « amie-sœur » avait un secret qu’elle taisait.


Par traits successifs et avec une puissance narrative étonnante, Paule du Bouchet offre un portrait singulier de Miette, et, en creux, d’elle-même. Avec son souci de questionner le travail du souvenir et sa construction, l’autrice défie l’absence et le deuil. Comme une histoire chuchotée dans le noir de la chambre, là où la frontière entre réalité et invention s’efface.



 

D'une rive à l'autre


Paroles de jeunes migrants et de leurs accueillants de l'association Cajma22


Ce livre collectif, écrit par plus de 60 jeunes et bénévoles de l’association, essaie de faire résonner les voix des migrants et de leurs accueillants dans ce monde chaotique. C’est un travail éclectique qui mêle de la poésie, du théâtre, des contes, du journal, des nouvelles, du manifeste…Les textes débordent de partout (trop de liberté et d’espérance !), du griot malien aux coups de sang militants, ils sont à notre image: beaux, parfois cabossés, incapables de s’enfermer dans des cases.


Les auteurs, des Bretons originaires du monde entier, ont écrit en français, une langue apprise grâce à l’extraordinaire soutien des bénévoles.



 

Le cri des femmes afghanes


Anthologie établie et traduite par Leili Anvar


Il existe « un cri du silence » comme il existe des silhouettes sans visage et des visages sans voix. En Afghanistan, depuis longtemps déjà, l’oiseau noir de la peur paraît s’être juché sur l’épaule des femmes. Du monde libre qui est le nôtre, nous les imaginons invisibles et muettes sous la burqa, condamnées à la misogynie aveugle, recluses dans le poing d’une domination archaïque. Pourtant en Afghanistan, comme ici, des femmes lisent et écrivent. Des vers. Des chants. De la poésie. Des mots qui ouvrent en elles, et autour d’elles, un espace de liberté où ce qui est interdit, tabou, bafoué, vient sourdre comme une source à la surface de la terre. Les langues se délient. Les corps parlent. L’âme trouve une voix. Et l’eau de leurs poèmes irrigue le monde d’une espérance que l’on n’attendait plus. Oui, le courage des femmes dévoile ici son vrai visage.





Pas vu Maurice - Chroniques de l'infraordinaire 


Livre de Laurence Hugues (Photos de Claude Benoit à la Guillaume)


Suite au succès de la première édition, “pas vu Maurice” est réédité en 2000 exemplaires en juin 2022.
La qualité de reproduction des photos a été soignée avec le choix d’un nouveau papier et d’une attention toute particulière à l’impression.


À partir de petits carnets retrouvés dans une maison abandonnée, ce livre raconte la vie quotidienne d’un hameau du Haut-Forez. Claude BENOIT à la GUILLAUME, photographe et nouveau propriétaire de la maison, a montré ces 14 d’agendas, tenus de 1987 à 2000, à sa voisine, Laurence HUGUES, qui a bien connu Marie, la personne qui les remplissait.


L’écrivaine a entrepris de transcrire ces textes de listes, très contemporains dans leur style, leur énoncé, leur répétition, sans affect même lorsque des morts surviennent, et de les reprendre dans sa propre écriture, au sens de repriser, comme on répare un tissu. L’écriture à deux voix, deux voix de femmes, scande l’histoire du hameau et de ses habitants.


Marie, paysanne, consigne son univers quotidien dans une écriture de plus en plus serrée au fil des années qui passent et de la solitude qui s’installe. Elle y inscrit les travaux et les jours, les visites du neveu, Maurice (tel jour « vu », tel autre « pas vu »), le nombre de bocaux de confiture ou de haricots, le temps qu’il fait… Les notes se succèdent à chaque saison, presque à l’identique, comme ces tâches effectuées tout au long de sa vie et de celle du hameau. Ce monde rural disparu – ou presque – a aussi sa noblesse et de nombreuses vertus. Ténacité, frugalité, accord avec les saisons… un sens du travail en commun, de la communauté même.


À la lecture de ces chroniques de la vie ordinaire (infraordinaire aurait dit Georges Perec), Laurence HUGUES a puisé dans ses souvenirs les motifs listés de la corvée de patates, la mise à mort du cochon, les slips qui battent au vent.


Claude BENOIT à la GUILLAUME, de son côté, a photographié les carnets, quelques objets et des fragments de paysage. Ses images accompagnent la lecture au plus près de la matérialité de l’archive.


Dans l’imbrication d’une approche intime, documentaire mais aussi littéraire et artistique, se dessinent en creux deux portraits de femmes, au tournant du millénaire, dans un même lieu mais avec des vies bien différentes. Ce double récit n’a pas seulement caractère d’archive. Il peut faire écho chez celles et ceux qui aujourd’hui sont tentés par une vie plus simple, plus sobre, loin des grands centres urbains.



Une note de lecture de

Michèle Cléach

(27 novembre 2019)




Tu vis ou tu meurs - Œuvres poétiques (1960-1969)


Livre d'Anne Sexton


Tu vis ou tu meurs est reconnu comme un chef-d’œuvre.

 « Si l’exploration des liens de parenté occupe une place centrale dans la poésie d’Anne Sexton, sa nouveauté réside aussi, fondamentalement, dans la venue à l’écriture de l’autre relation qui a interrogé la psychanalyse, à laquelle la culture androcentrée s’est généralement peu intéressée, contrairement à la relation entre père et fille, entre père et fils, mère et fils : la relation des mères et des filles. Dès lors que le sujet lyrique se situe en tant que fille dans nombre de poèmes, de même qu’en tant que génitrice, l’œuvre entreprend doublement de pallier le silence qui a entouré les généalogies féminines » P.G.


Les quatre recueils présents dans cette édition sont traduits pour la première fois en français par Sabine Huynh, qui a fait de la traduction de l’œuvre d’Anne Sexton un projet de vie. Un cinquième recueil, intitulé Transformations, sera publié prochainement. ...



Sexton, une poétesse de la vulnérabilité


Un article du site En attendant Nadeau (8 juin 2à22)





Le Ravin - Une famille, un photographe, un massacre au coeur de la Shoah


Livre de Wendy Lower


13 octobre 1941, Myropil, en Ukraine. Un tireur pointe son fusil à quelques centimètres de la tête d’une femme, à demi masquée par un nuage de fumée. Elle est penchée en avant, au bord d’un ravin, et tient la main de son petit garçon aux pieds nus.


Cette scène insoutenable – le meurtre par balles d’une mère et de ses enfants –, l’historienne américaine Wendy Lower l’a découverte en 2009 dans les archives de l’United States Holocaust Memorial Museum à Washington. Dès lors, son but est de leur rendre justice. Au terme de dix années d’enquête menée en Ukraine, en Allemagne, en Slovaquie, en Israël et aux États-Unis, elle est parvenue à retrouver les identités des victimes et des tueurs – des officiers allemands et des collaborateurs ukrainiens –, ainsi que celle du photographe slovaque qui a saisi cette exécution.


À travers cette image unique, Wendy Lower nous livre une lecture, nouvelle et saisissante, des massacres nazis perpétrés par les Einsatzgruppen.




Un article de

NONFICTION

(29 mai 2022)



Un grand-père se souvient - Mémoires d'un Malgré-Nous


Livre de Stéphane Lobstein et Sébastien Lobstein


Voici le destin difficile d'un jeune Alsacien devant abandonner famille et études, n'ayant eu d'autres choix que de vêtir tour à tour l'uniforme des deux camps et forcé à survivre dans un monde auquel rien ne le prédestinait afin de partir en guerre. Puisant dans ses souvenirs, s'appuyant sur des lettres et documents précieusement conservés, il retrace cette sombre période, vécue sous les couleurs des armées française et allemande. Père de famille, cherchant à protéger les siens, il connut l'enfer du front, l'horreur du camp de Tambov et la solitude d'un statut de « traître » de retour parmi les siens. Cette biographie est celle d'un de ceux que l'on surnomme les « Malgré-Nous ».




27, rue des Fontenelles


Un livre d'Hélène Millerand


La maison mal-aimée des commencements était en passe de devenir pour le demi-siècle à venir une maison aimée, sa maison à elle, sa maison à lui, la maison de Sèvres, la maison des parents.


Une maison de famille n’existe vraiment que par ceux qui l’ont occupée. Pour Hélène Millerand, parler de la maison de son enfance, c’est raconter Jacques et Miquette, ses parents qui, chacun à sa manière, mar­queront le lieu à jamais. Portraits à l’estompe, sensibles et pleins de tendresse, histoire familiale où la grande Histoire rejoint la petite, rien n’est omis dans ce récit de vie. Des grands bonheurs aux jours sombres, avec comme des trésors restitués par le menu, des éclats encore vivants d’un quotidien fait de gestes et d’habi­tudes, 27, rue des Fontenelles est l’hommage d’une fille à ses parents pour que quelque chose subsiste du temps qui a passé.




Carnets d'une étudiante dans Paris occupé


Livre de Jacqueline Loriod


Jacqueline Loriod a 18 ans quand elle s’inscrit à la Sorbonne en cet été 1940, celui de la défaite et de l’Occupation. Elle y passe une année, en lettres, avant d’intégrer pour deux ans une école d’élèves infirmières. C'est est une jeune fille pleine d’espoirs, d’indignations, d’enthousiasme, comme tant d’autres de son temps. Mais Jacqueline Loriod note sur des carnets ce qu’elle fait, ses souffrances, ses pensées, les fondements de ses engagements. Elle commente ses lectures, l’actualité, ses cours Dans ces récits, on rencontre Georges Duhamel, on croise Maurice Bardèche, dont l’antisémitisme, ainsi que celui de certains professeurs, indigne la jeune étudiante.


Elle est de ces étudiants et lycéens qui défient la police française autant que l’occupant, le 11 novembre 1940 sur la place de l’Étoile, premier acte de résistance.


Tenus de 1940 à 1943, ses carnets ont été découverts au décès de Jacqueline Loriod par ses enfants et mêlent l’histoire familiale à celle de la guerre et de la Résistance. L’écriture de ces carnets est similaire à celle du tract manuscrit, conservé aux archives de bibliothèque La Contemporaine de l’université de Nanterre, qui est la dernière trace matérielle de l’appel au 11 novembre 1940, et qui donnait une consigne : « Recopie ces lignes et diffuse-les. »


Ce livre constitue un témoignage précieux, présenté et annoté par Alain Monchablon et Robi Morder, avec une postaface de Catherine Oguise-Boileau. Il est illustré par des photographies et documents familiaux ou issus des archives.





Un long courrier indochinois


Un livre d'Alexandra Dauplay-Langlois


« Enfant solitaire, je jouais sagement sur la moquette bleu foncé de ma chambre qui donnait sur le théâtre Hébertot à Paris lorsque tu me remis deux boîtes en fer rectangulaires, bleutées et rouillées. Elles contenaient des lettres de ton enfance passée en France et en Extrême-Orient.  Ce fut mon premier rendez-vous avec tes courriers, témoins de tes exils successifs. Ta mère, ma grand-mère, était une Vietnamienne de la haute société de Cochinchine. Ton père, lui, était métis franco-laotien.


Longtemps, j'ai ressenti la différence dont je portais moi aussi les signes. Elle pesait à travers la mise à l'écart par des mots et des expressions entendues, rapportées ici ou là. Enfant typée, j'étais pour certains la petite Chinoise et il me fallait l'assumer.


Tu avais été cet Indochinois aux yeux bridés, contraint d'avoir abandonné une vie confortable et aisée pour des ailleurs remplis d'incertitudes. L'adaptation et les nouveaux départs rythmèrent ainsi ta vie.


Après ta disparition, une multitude d'autres lettres furent retrouvées. Ces lettres, inattendues, parlent d'elles-même. Elles m'ont pourtant amenée à ajouter ma propre voix, mes propres mots, comme un écho à ton histoire, imaginant ce long récit dont tu es devenu le personnage principal, à ton insu. Il y est question de déracinement, le tien en l'occurrence, qui se raconte à travers l'ordinaire d'un quotidien rempli de priorités concrètes et de petites victoires infimes.


L'histoire débute en 1939, dans la ville florissante de Saïgon, jadis surnommée la perle de l'Extrême-Orient ; un jeune couple élégant et fortuné prend la pose. La belle Vietnamienne tient dans ses bras son premier bébé aux yeux bridés : mon père, Serge. »



Ma vie en vieille et le droit d'en choisir la fin


Livre de Régine Dhoquois-Cohen et Jacqueline Feldman


Ce livre raconte quelques-unes de nos expériences de vie, en tant que « vieilles », et quelques attitudes devant la mort (George Sand, Paul Lafargue). Comme tant d'autres, nous nous sommes soudain découvertes hors société, infantilisées. On parle de nous à notre place, on décide ce qui est censé être le mieux pour nous. On nous explique comment « rester jeune », ou comment « bien vieillir ». Les divers récits qui forment ce livre, parfois contradictoires, impressions de libertés nouvelles, vulnérabilités, petits ou grands arrangements... et dont l'humour n'est pas exclu, nous permettent de réintégrer les réalités de notre condition, comme une sorte de droit à l'existence, comme un besoin d'apprivoiser ces dernières étapes de vie. La mort, ultime étape, il est encore plus malséant d'en parler.La mort n'est ni triste ni gaie : elle EST.Nous nous sommes connues dans l'effervescence des révoltes féministes des années 70, nous clamions dans les rues : notre corps   nous appartient. Nous n'avons pas changé d'avis : nous voulons pouvoir choisir le moment et les conditions de notre mort.



Vieillir en féminisme


Le mardi 14 juin 2022,
à la Cité audacieuse,

9, rue de Vaugirard,
75006 - Paris,
à 17 h 30


Les féministes se sont-elles suffisamment saisies de la question du vieillir ?



Proust et le temps - Un dictionnaire


Livre sous la direction d'Isabelle Serça


« Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. » Tel est le temps pour le Narrateur d’À la recherche du temps perdu. Mais qu’en pensent les physiciens ou les mathématiciens à l’époque de l’horloge atomique ? Qu’en disent les géoscientifiques ou les neuroscientifiques ? Les linguistes et les artistes ? Quant au temps chronologique de l’historien, qu’a-t-il à voir avec celui de l’écrivain ?



C’est à cette confrontation que nous convie le présent dictionnaire issu des travaux du collectif ProusTime : penser le temps avec Proust, des sciences humaines aux sciences exactes en passant par les arts. Traces neuronales et traces du land art, archives historiques et archives environnementales, histoire des sociétés humaines et histoire de l’univers… Dans ces pages se font jour autant de conceptions du temps et de la mémoire qui croisent celles de la Recherche. L’anachronisme y côtoie l’oubli, l’ellipse y voisine avec le progrès et une mystérieuse pelote de laine n’est pas loin d’une pédale de piano…


Autant d’échappées belles avec le plus grand spécialiste du temps : Proust lui-même !




Des écoliers racontent leur école - Découvertes, jeux, apprentissages


Livre de Martine Lani-Bayle, Maria Passeggi, Sandra Vasconcelos (sous la direction de)


Que représente, pour les enfants, ce qu'ils font et vivent à l'école ? Comment y construisent-ils des savoirs ? Ce livre montre ce qu'ils en disent eux-mêmes. Sont présentés, ici, des cahiers écrits à chaud et couvrant les cinq années de leur vécu scolaire en primaire. Nous vivrons, grâce à ces textes, leurs découvertes, apprentissages et amusements.L'enfant raconte ce qui compte pour lui. Et, en relatant ses souvenirs de scolarité, il devient à la fois personnage, narrateur et auteur de l'histoire évoquée. Opération qui se montre constructrice autant que révélatrice de savoirs, tout en nourrissant la confiance et l'estime de soi. Un enseignement inédit sur ce que les jeunes élèves font de l'école telle qu'elle leur est proposée, comment ils y apprennent et pas toujours, ni seulement, ce qui constitue le « programme ».





Chavirer


Livre de Lola Lafon [réédition au format poche chez BABEL]


1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.


2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.


Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.

Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.


Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.






Française, venue d'ailleurs


Livre de Madi Seydi


Aulnay-Sous-Bois, début des années 1980. Dans la cour de récré, une petite fille s’avance d’un pas décidé vers le caïd de l’école. Parce qu’il fait pleurer sa camarade de classe, elle entend bien lui donner une bonne leçon. C’est Madi, la guerrière, qui se rêve princesse de Casamance, cette région verdoyante du Sénégal dont ses parents sont originaires. Madi la petite maîtresse de la cité des 3000, la répétitrice en chef des enfants du quartier. Madi, assoiffée de connaissance, qui dévore son encyclopédie au lieu de dormir la nuit, et qui n’en finit pas d’interroger son père sur les racines, la famille, l’Afrique.

Un jour, c’est certain, toute la famille Seydi s’y établira. En les voyant arriver, les Sénégalais diront d’eux qu’ils sont des « toubabs », des blancs. Une bassine en équilibre sur la tête, Madi voudra tout faire pour ressembler à ces femmes africaines dont elle admire tant l’allure, la force et la ténacité. À Dakar, elle assiste à ses premiers meetings politiques. Revenue en France, elle plongera tout entière dans le militantisme.
 
C’est l’histoire d’une Française venue d’ailleurs qui garde la nostalgie de son enfance en banlieue. C’est la peinture réaliste d’une banlieue attachante, où règnent le vivre-ensemble et la chaleur humaine. Le témoignage poignant d’une découverte marquante, celle de l’Afrique de l’Ouest ; c’est l’expérience concrète de la « Teranga », l’entraide et le partage.
 
Le récit d’apprentissage d’une jeune femme engagée du côté du courage.






Le petit foulard de Marguerite D


Livre de Colette Fellous


« C’est très simple, je voudrais retrouver le moment où soudain Marguerite s’est arrêtée de me parler et que tout s’est suspendu. Nous étions assises l’une en face de l’autre, Marguerite Duras et moi, un après-midi d’automne, chez elle, rue Saint-Benoît numéro 5, je portais un gilet en grosse laine rouge et blanc et un petit foulard de soie léopard tacheté noir et blanc. À un moment, et c’est celui-là précisément que je voudrais retrouver, elle m’a fixée, légèrement absente, la beauté de son visage, ses yeux bleus et purs, son air unique et souverain de Marguerite D. “ Tu vois, j’étais exactement comme toi. Le même foulard, les mêmes couleurs, pareille.”


Entre nous, sur la table, des feuilles de papier, un magnéto, des stylos, et le livre ouvert : Emily L.
J’étais venue pour qu’elle me parle d’elle. »



Vidéo


Virgile s'en fout


Livre d'Emmanuel Venet


L’intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s’achève le 31 décembre de la même année. Quarante ans après, le narrateur se remémore sa vie d’étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitantes – dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d’un grand amour – mais aussi les remous causés par l’élection de François Mitterrand.


Écrit d’une plume allègre, ce roman entremêle plongées dans la mémoire du narrateur et relectures des grands mythes antiques, et dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit de soi, constitué d’un bric-à-brac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux, comiques ou dérisoires les uns que les autres.


Qui sommes-nous ? Que savons-nous de nous, en dehors de la fable que nous nous racontons ? Est-il possible de se rencontrer hors des illusions du langage ?





Debout


Livre d'Emmelene Landon


Paul et Emmie vivent dans la plénitude un amour solaire. Le 2 janvier 2018, ils sont victimes d’un accident de voiture. Paul meurt, Emmie survit de justesse.


Comment faire pour rester debout quand son amour est tué sous ses yeux ? Emmie essaie de se raccrocher à
ce qu’il lui reste de vie : la mer et la navigation, la peinture et le temps géologique, la mort et la naissance, l’amitié et l’amour de Paul.






Les vieux garçons


Livre d'Alain Claude Sulzer


Si l'on connaît le prestigieux prix qui porte leur nom, que sait-on réellement des frères Goncourt ? De leur vie - cette année marque le bicentenaire d'Edmond -, de leur oeuvre ? À plus de trente-cinq ans, Jules, cadet le plus versé dans les arts, est frappé par les premiers symptômes de la syphilis, contractée une décennie plus tôt dans une maison close. La relation fusionnelle que les deux frères entretiennent et l'amour éperdu qu'ils se portent vont conduire Edmond, l'aîné, à nier l'évidence : l'aphasie gagne peu à peu Jules, jusqu'à l'inéluctable. Terrible ironie du sort, c'est donc dans sa chair que Jules va vivre une décrépitude qu'Edmond et lui se seraient complu à décrire dans l'un de leurs romans naturalistes - trempés de ce « réalisme du ruisseau » qui émerveilla tant Zola, et selon lequel rien ne doit être dissimulé. En décrivant lui-même cette lente agonie avec délicatesse et cruauté, Alain Claude Sulzer prend en quelque sorte la place du romancier qu'Edmond, désespéré, n'a pu assumer. Il reproduit aussi ce que les Goncourt avaient entrepris dans "Germinie Lacerteux", en disséquant la déchéance de leur bonne, Rose, personnage sulfureux et mystérieux dont les deux frères, au regard pourtant aiguisé et alors que tout se passait sous leur toit, n'avaient rien perçu des turpitudes. Ce faisant, dans "Les vieux garçons", Sulzer agit comme un mineur de l'âme : il s'aventure dans les tréfonds humains afin d'en extraire l'essence la plus toxique.




Guerre


Livre de Louis-Ferdinand Céline


Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, y lève le voile sur l’expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu’à son départ pour Londres. À l’hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d’une infirmière entreprenante, Ferdinand, s’étant lié d’amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s’affranchit du destin qui lui était jusqu’alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l’auteur n’avait jamais abordé sous la forme d’un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline.



En savoir +


  • Comment peut-on lire Céline aujourd’hui ? [in EAN]
  • Concernant Guerre, mon avis est donc sans appel. C’est déjà, de loin, le meilleur roman de l’année [in DIACRITIK]
  • Guerre : un premier inédit de Céline en mai, deux autres à l'automne [in Actualitte.com]
  • La convalescence mouvementée du soldat Destouches [in Benzine.net]
  • Ce trésor littéraire inédit à ne pas manquer ! [France Inter]
  • Débat sur France Culture [ICI]
  • Le manuscrit en tirage réduit [ICI]


Comme un Allemand en France - lettres inédites 1940-1945


Livre de Jeanne Guérout, Aurélie Luneau, Stefan Martens (nouvelle édition augmentée)


Cet ouvrage a été constitué à partir des milliers de lettres et journaux, photographies personnelles et de dessins, conservés dans les archives fédérales et locales allemandes. Il a fallu deux ans de recherche, de nombreux voyages, des enquêtes, des traductions multiples pour retenir le meilleur, présenté pour la première fois dans ces 320 pages.


Durant quatre ans, de 1940 à 1944, la France vit à l’heure allemande. De 80 000 Allemands en 1941, leur présence est évaluée à près de 650 000 hommes à la veille du débarquement de juin 1944. Ils sont simples soldats, officiers ou civils. La plupart n’ont jamais quitté leurs villages et leurs villes.


Ces écrits constituent une matière immense, dense, riche d’enseignements et surtout inconnue des lecteurs français. Ils sont commentés et regroupés selon quatre grandes périodes chronologiques qui permettent de saisir l’évolution de l’état d’esprit des Allemands et de leurs rapports avec les Français. En 1940, l’occupant est fier d’appartenir à une nation victorieuse. Pourtant, au fil des mois et des années, l’incertitude comme la lassitude semblent gagner. Peu à peu le soldat vainqueur de 1940, sûr de lui, s’efface devant l’homme gagné par le doute.


La nouvelle édition de ce livre est augmentée d’archives inédites, dont notamment : les poèmes et dessins d’un prisonnier allemand sur son quotidien, le regard d’une jeune auxiliaire allemande et son évolution entre 40 et 44 dans la capitale occupée, ou le journal de guerre d’un jeune soldat allemand, louant le courage des forces françaises.





De notre monde emporté


Livre de Christian Astolfi


Du début des années 1970 à la fin des années 1980, Narval travaille aux Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer. Ce temps restera celui de sa jeunesse et de la construction de son identité ouvrière. Quand se répand le bruit de la fermeture des Chantiers pour des raisons économiques, ses camarades et lui entrent en lutte, sans cesser de pratiquer leur métier avec la même application, tandis que l’amiante empoisonne lentement leur corps. Dans un subtil mélange de lyrisme et de sobriété, Christian Astolfi compose la chronique d’une existence qui traverse l’évolution politique et sociale de la France de l’époque, tout en révélant les désirs et les peines d’un homme habité par les rêves d’un père qui aura voué sa vie à ce monde emporté.



Les métèques


Livre de Denis Lachaud


Par deux fois la famille Herbet est convoquée à la préfecture de Marseille. Dès le premier courrier Célestin, le fils aîné, a pressenti un danger. Mais il ignore alors que sa mère, tout comme son père, a jadis changé de patronyme. Dans une région où l’altérité est dangereuse, dans un pays où cinquante ans plus tôt on encourageait les immigrés à s’assimiler, voici qu’un fonctionnaire leur demande de reprendre leur nom d’origine. Quelques nuits plus tard la famille Herbet est cruellement assassinée à son domicile. Seul Célestin, qui entretient avec le réel une relation particulière, parvient à s’échapper par les toits.

Commence alors un long voyage, une succession de jours durant lesquels il s’agit pour le tout jeune homme de passer inaperçu, une fuite ponctuée de rencontres précieuses dans une contrée quadrillée de contrôles policiers.

Denis Lachaud transpose de livre en livre les déviances récurrentes de l’humanité. En choisissant des personnages très jeunes, qui interprètent le réel avec une acuité instinctive, l’écrivain compose depuis vingt ans une œuvre forte et singulière ancrée dans l’Histoire et l’actualité, toujours colorisées par l’imaginaire et la différence.




Alto Braco


Livre de Vanessa Bamberger


Alto Braco, «haut lieu» en occitan, l’ancien nom du plateau de l’Aubrac. Un nom mystérieux et âpre, à l’image des paysages que Brune traverse en venant y enterrer Douce, sa grand-mère. Du berceau familial, un petit village de l’Aveyron battu par les vents, elle ne reconnaît rien, ou a tout oublié. Après la mort de sa mère, elle a grandi à Paris, au-dessus du Catulle, le bistrot tenu par Douce et sa sœur Granita. Dures à la tâche, aimantes, fantasques, les deux femmes lui ont transmis le sens de l’humour et l’art d’esquiver le passé. Mais à mesure que Brune découvre ce pays d’élevage, à la fois ancestral et ultra-moderne, la vérité des origines affleure, et avec elle un sentiment qui ressemble à l’envie d’appartenance.
Vanessa Bamberger signe ici un roman sensible sur le lien à la terre, la transmission et les secrets à l’œuvre dans nos vies.



"Difficile de faire d’un territoire le personnage principal d’un roman. Vanessa Bamberger y est pourtant parvenue avec « Alto Braco ». Ce livre nous plonge dans une véritable atmosphère : celle de l’Aubrac."

Liv Maria


Livre de Julia Kerninon [réédition en poche]


« D’une certaine façon, la distance n’était plus la question, où qu’elle vive à la surface de la Terre, elle ne pourrait échapper au rayonnement du passé, aux conséquences de ses actes. »

Née sur une petite île bretonne, Liv Maria grandit au milieu des livres. À dix-sept ans, elle est envoyée à Berlin où, le temps d’un été, elle fait une rencontre qui bouleversera le cours de son existence. Éprise de liberté, elle deviendra tour à tour une amoureuse, une aventurière, une libraire, une mère, et connaîtra mille vies. Mais laquelle est véritablement la sienne ?
Julia Kerninon brosse le portrait éblouissant d’une femme qui, malgré un secret inavouable, cherchera sans cesse à réécrire son histoire.



1000 ans de joies et de peines


Livre de Ai Weiwei


Qui est vraiment Ai Weiwei ?

Pour la première fois, l’artiste contemporain majeur, reconnu dans le monde entier, et dissident chinois engagé contre la répression se raconte dans ses mémoires. De sa jeunesse dans les camps de travail du goulag chinois avec son père, Ai Qing, grand poète rejeté par Mao, à son exil en Europe.

Comment sa jeunesse et sa vie dans un régime totalitaire lui ont-elles fait prendre conscience de la puissance révolutionnaire de l’art ? Il revient sur les provocations qui lui vaudront d’être emprisonné et la permanence de son combat contre les autorités de son pays.

1000 ans de joies et de peines offre, à travers une plongée fascinante dans la Chine de Mao Zedong à aujourd’hui, le récit d’un destin hors norme, un regard sans concession pour comprendre les différentes forces qui ont façonné la Chine moderne et un vibrant plaidoyer en faveur de la liberté d’expression.





Le jeune homme


Livre d'Annie Ernaux


En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu’elle. Une expérience qui la fit redevenir, l’espace de plusieurs mois, la « fille scandaleuse » de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.
Ce texte est une clé pour lire l’œuvre d’Annie Ernaux — son rapport au temps et à l’écriture.






Cahier Annie Ernaux


Les Cahiers de L'Herne


Annie Ernaux est aujourd’hui, de façon incontestable, l’un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain, son œuvre est traduite dans de nombreux pays et couronnée par de multiples prix (récemment encore le Prix Prince Pierre de Monaco). Ce volume qui lui est consacré permettra tout à la fois de satisfaire les lecteurs les plus érudits mais également de répondre à la curiosité littéraire d’un public de plus en plus large et fidèle.


Mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d’écrivains ou d’artistes, le Cahier explore autant les enjeux sociologiques, historiques et parfois psychanalytiques de l’œuvre d’Annie Ernaux que sa sensibilité intime. La multitude des intervenants, issus de milieux aussi divers que le cinéma, le théâtre, la littérature, la chanson et la recherche littéraire, vise à mettre en valeur les nombreuses facettes du travail d’Annie Ernaux. Certaines parties mettent l’accent sur des ouvrages précis, L’Événement, Les Années et Mémoire de fille, quand d’autres abordent les thématiques qui traversent toute l’œuvre ; écriture, voyages, engagement politique,… 


De nombreux extraits inédits du journal d’é
criture d’Annie Ernaux témoignent par ailleurs du regard sans cesse éveillé que l’écrivaine pose sur le monde.





Rêver en temps de guerre. Mémoires d’enfance


Livre de Ngugi wa Thiong'o


« Fais de ton mieux », dit la mère à l‘enfant. Se remémorant le petit garçon qu’il a été, l’immense écrivain Ngũgĩ wa Thiong’o raconte comment, de son enfance à son adolescence, l’Histoire pénètre dans la cour familiale au Kenya, l’atteint et le change. La Seconde Guerre mondiale traverse sa vie, son pays se soulève contre le pouvoir colonial, la rébellion mau mau monte au cœur de sa région, les leaders – tels Jomo Kenyatta – naissent, ses frères sont divisés entre résistants et collaborateurs. Ce qui sauvera l’enfant de la tourmente, ce sont les veillées traditionnelles, les livres et l’école qui l’aidera à réaliser ses rêves. On pleure, on se révolte, on vibre au plus près des situations dramatiques et parfois cocasses. Et à partir d’un récit par petites touches, se révèle le terreau qui va nourrir l’œuvre du merveilleux conteur qu’est l’auteur.


« Fais de ton mieux », lui répète sa mère au moment où il va entrer dans un des rares lycées acceptant des Africains. Et il comprend : « Rêve, même en temps de guerre. »



Au cœur de la prison des femmes - Ma vie de surveillante


Livre de Marie-Annick HOREL et Maria POBLETE


Jamais l’univers carcéral féminin n’avait été dévoilé de si près. Surveillante au Centre pénitentiaire de Rennes, le seul en France exclusivement réservé aux femmes, Marie-Annick Horel nous raconte 37 années de terrain, la confrontation avec la violence permanente mais aussi son immense fierté d’exercer un métier qu’elle juge pourtant être une « zone d’ombre de la République ».

À 21 ans, Marie-Annick Horel est une jeune recrue qui découvre l’univers de la prison et veut se rendre utile. Son goût du contact, elle le cultivera toute sa carrière, cherchant à instaurer des relations plus humaines avec les détenues. Qu’elles soient mères infanticides, braqueuses, tueuses ou trafiquantes, elle ne les juge pas. Toujours à leur écoute, Marie-Annick Horel a voulu témoigner du désespoir et de la solitude de ces longues peines « qui ne se pardonnent jamais » mais aussi de la drogue, des trafics, de l’ultraviolence du quotidien carcéral et des quelques moments de joie. Elle dessine des portraits poignants : de rares femmes parviennent à s’en sortir, d’autres récidivent ou désespèrent…

Avec sa parole franche et vraie, Marie-Annick Horel livre un témoignage inédit sur la réalité d’un métier dévalorisé, encore tabou, exposé à la gestion de crise continue. Elle dénonce le manque de moyens et de formation d’une profession invisible et fait des propositions pour améliorer la réinsertion des condamnées.



Moi, jeune

Autoportrait d'un âge des (im)possibles


Livre sous la direction de Emmanuel Vaillant et Édouard Zambeaux


Nous leur demandons l’audace… et la prudence. Nous leur parlons croissance… et monde fini. Les enfants de la crise climatique et du délitement social, et désormais de la pandémie mondiale, se sont construits ou éveillés dans un environnement que l’on peut qualifier de chaotique. Leur entrée dans le « monde adulte » est pour le moins heurtée. Mais que veulent-ils nous en dire ? Quelles expériences à partager ? De quelles réalités quotidiennes témoigner ? Et si l’on se taisait un instant pour leur laisser la parole ?

C’est le pari engagé par le média du récit la Zone d’expression prioritaire (ZEP). Pendant huit mois, les journalistes de la ZEP ont accompagné lors d’ateliers d’écriture près de cinq cents jeunes de 13 à 30 ans, partout en France, pour leur proposer de se raconter à travers les thèmes qui irriguent leur vie.

Une centaine de récits donnent ici à lire cet âge des possibles si souvent empêchés, entre espoirs et lucidité. La violence d’un proche ou d’une institution. L’éveil au féminisme ou à l’écologie. La dureté d’un quartier comme sa chaleur. La joie d’entrer dans la vie active ou la difficulté de s’y insérer. La puissance magnifique ou délétère des mondes virtuels et des réseaux sociaux. Éducation, Santé, Justice, Logement, Travail, Écologie… Autant de « ministères du quotidien » pour abriter ces récits, dont l’ensemble constitue un autoportrait générationnel d’une force inouïe.





Cette aventure éditoriale a été portée par la ZEP, un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes coordonné par Emmanuel Vaillant et Édouard Zambeaux, journalistes et cofondateurs de la ZEP. Elle s’inscrit dans la continuité de Vies majuscules. Autoportrait de la France des périphéries (Les petits matins, 2020).



Lieux


Livre de George Perec


Présentation par l'auteur lui-même

Ce […] livre est parti d’une idée assez monstrueuse, mais, je pense, assez exaltante.
J’ai choisi, à Paris, douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence. Chaque mois, je décris deux de ces lieux ; une première fois, sur place (dans un café ou dans la rue même) je décris « ce que je vois » de la manière la plus neutre possible, j’énumère les magasins, quelques détails d’architecture, quelques micro-événements (une voiture de pompiers qui passe, une dame qui attache son chien avant d’entrer dans une charcuterie, un déménagement, des affiches, des gens, etc.) ; une deuxième fois, n’importe où (chez moi, au café, au bureau) je décris le lieu de mémoire, j’évoque les souvenirs qui lui sont liés, les gens que j’y ai connus, etc. Chaque texte [...] est, une fois terminé, enfermé dans une enveloppe que je cachette à la cire. Au bout d’un an, j’aurai décrit chacun de mes lieux deux fois, une fois sur le mode du souvenir, une fois sur place en description réelle. Je recommence ainsi pendant douze ans [...].


J’ai commencé en janvier 1969 ; j’aurai fini en décembre 1980 ! j’ouvrirai alors les 288 enveloppes cachetées [...]. Je n’ai pas une idée très claire du résultat final, mais je pense qu’on y verra tout à la fois le vieillissement des lieux, le vieillissement de mon écriture, le vieillissement de mes souvenirs : le temps retrouvé se confond avec
le temps perdu ; le temps s’accroche à ce projet, en constitue la structure et la contrainte ; le livre n’est plus restitution d’un temps passé, mais mesure du temps qui s’écoule ; le temps de l’écriture, qui était jusqu’à présent un temps pour rien, un temps mort, que l’on feignait d’ignorer ou que l’on ne restituait qu’arbitrairement (L’Emploi du temps), qui restait toujours à côté du livre (même chez Proust), deviendra ici l’axe essentiel.

Je n’ai pas encore de titre pour ce projet ; ce pourrait être Loci Soli (ou Soli Loci) ou, plus simplement, Lieux.


  • La fiche du livre
  • Ce livre existe aussi en version numérique gratuite sur le site de l'éditeur [ICI]



Les Bienfaits de l'écriture, les bienfaits des mots - Un atelier d'écriture


Livre de Nayla Chidiac


L’écriture peut changer votre vie.
Écrire aide à comprendre certains événements personnels, à ordonner ce que l’on a dans la tête et dans le cœur. En nommant et en décrivant nos émotions, en reclassant en phrases et en histoires ce qui est en désordre, nous pouvons obtenir de la clarté, une compréhension de notre récit intérieur. Écrire pour soi offre un temps de retour vers l’intime.
Conçu comme un atelier, ce livre vous propose des consignes d’écriture à partir de 26 extraits de textes d’écrivains. Chaque exercice invite à expérimenter une forme particulière : lettre, journal, conte, haïku, exercice de style…
Imaginé par Nayla Chidiac, psychologue clinicienne qui connaît les bienfaits de l’écriture dans le soin, ce livre-
ressource doublé d’une approche pratique rend accessible à tout un chacun la démarche d’écriture thérapeutique.





Femmes photographes de guerre


Livre de Zaidman Sylvie (Livre publié à l'occasion de l'exposition au Musée de la Libération de Paris du 8 mars au 31 décembre 2022)


8 femmes photographes de guerre sont mises en lumière dans ce catalogue d’exposition : Gerda Taro, Lee Miller, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole et Anja Niedringhaus.


Si la photographie de guerre est une profession dominée par les hommes, de nombreuses femmes photographes ont cependant travaillé dans les zones de guerre. Elles ont documenté les crises mondiales et ont joué un rôle décisif dans la formation de l’image de la guerre. Dans les territoires de conflit, contrairement aux hommes, ces femmes ont souvent eu accès aux familles, dont elles ont réalisé des portraits particulièrement émouvants. Elles ont également été actives sur le front et pris des photos de victimes de guerre qui n’épargnent pas l’observateur. En mettant en lumière les clichés et parcours de ces huit femmes photographes de guerre, l’exposition confronte le visiteur à un regard partagé sur la violence de la guerre. Elle questionne la notion de genre, interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce. Sur les fronts depuis près d’un siècle, elles prennent des images sans cacher l’horreur des événements. Certaines y laissent la vie.

Les images de ces femmes photographes de guerre mettent le spectateur face au destin des individus et face à l’histoire. Le visiteur comprend la spécificité de chacun des conflits couverts, et pourtant une certaine vue d’ensemble se dégage.




Essais


En 1971, la Pléiade publiait « Contre Sainte-Beuve » précédé de « Pastiches et mélanges » et suivi de « Essais et articles ». L'édition qui paraît aujourd'hui est dotée d'un sommaire considérablement enrichi et d'un titre qui témoigne de ses intentions. Exit le triple intitulé dominé par le massif central du Contre Sainte-Beuve. Choisir le titre Essais, c’est reconnaître à la fois l’unité et l’incertitude générique de l’œuvre de Proust.


Comme le souligne Antoine Compagnon, Proust fut toujours partagé, dans son désir d’écrire, entre narration et réflexion. Son roman est riche de développements critiques. Son œuvre de réflexion connaît des développements romanesques. Son projet sur Sainte-Beuve, il le qualifie d’« essai », terme qui s’appliquait à des textes à la composition très libre. À preuve, la définition que le critique du Figaro, André Beaunier, donne de « Sur la lecture », préface de Proust à Sésame et les lys de Ruskin (1906) : « un essai original, et délicieux, émouvant, plaisant, gai parmi les larmes, mélancolique avec discrétion ; les souvenirs s’y mêlent aux rêveries, la fantaisie à la réalité, comme dans l’âme d’un philosophe très sensible ». Des lignes qui annoncent l’expérience unique qu’offre la lecture des essais de Proust.





C'est vous l'écrivain


Livre de Jean-Philippe Toussaint


Jean-Philippe Toussaint nous offre un texte profond sur la création littéraire : à travers le récit de son périple d’écrivain. Il mêle exploration psychologique et réflexions à portée universelle, et nous confie sa vision de l’écriture, entre recherche, persévérance et jaillissements.
Un livre d’une beauté stupéfiante, jalonné de documents personnels inédits.

« Pour écrire, il faut sept yeux, un œil sur le mot, un œil sur la phrase, un œil sur le paragraphe, un œil sur la partie, un œil sur la construction, un œil sur l’intrigue — et un œil derrière la tête, pour surveiller que personne n’entre dans le bureau où on est en train d’écrire. »





Proust, un roman parisien


Le catalogue de l'exposition du Musée Carnavalet (décembre 2021-avril 2022) a été réédité


Cet ouvrage propose d’explorer le rapport particulier que Marcel Proust entretenait avec Paris.

Chronologique et biographique, il évoque tout d’abord ses différents domiciles parisiens, la vie parisienne et le cadre urbain dans lequel il évolue,

soulignant l’évolution de ses goûts, le foisonnement de sa vie mondaine et culturelle et l’affirmation de sa personnalité.

Matérialisant le passage de la réalité à la fiction, la « chambre » de Marcel Proust, espace emblématique du musée Carnavalet,

se découvre ensuite comme lieu d’introspection et de recueillement, véritable laboratoire de l’œuvre de l’écrivain.

La dernière partie, importante, traite de la présence de Paris dans À la recherche du temps perdu en analysant les principaux lieux parisiens décrits par le narrateur-voyeur (double de l’écrivain) et sublimés par la littérature, tout en essayant de rendre perceptible la dimension circulaire du roman (un même lieu apparaît sur une période de 40 ans) et d’articuler les images de la ville avec les extraits littéraires correspondants.

Un ouvrage richement illustré qui propose au lecteur de voyager tout à la fois dans l’œuvre et dans l’histoire de la ville et pose la question de la persistance du souvenir de l’écrivain et de son œuvre dans l’imaginaire collectif et dans l’espace urbain.




Le Premier Convoi 1848


Livre de Michèle Perret


Le 22 février 1848, Paris se soulève contre le roi Louis Philippe. La Deuxième République est proclamée ; Alphonse de Lamartine impose le drapeau tricolore. Des Ateliers Nationaux destinés à procurer du travail aux chômeurs parisiens sont créés puis fermés rapidement par l’assemblée conservatrice. Fin juin une nouvelle insurrection est réprimée dans le sang. Pour se débarrasser des fauteurs de troubles on leur propose de créer des colonies agricoles en Algérie. Un décret du 20 septembre 1848 stipule que les colons doivent partir le plus vite possible. L’auteure nous invite à embarquer avec eux dans ce passionnant roman qui raconte l’histoire de ce premier des dix-sept convois, en octobre 1848. "C’étaient des hommes et femmes simples et rudes, prolétaires aux mains calleuses, artisans, boutiquiers… Ils s’étaient faits beaux pour le jour ensoleillé où l’on se débarrassait d’eux, ils fuyaient vers les fortunes les plus diverses, charogne pour les Arabes, comme on le leur crierait parfois sur la route, quand on voudrait les humilier. Transportés. Déportés. Avec tous les honneurs de la République."





Livre des esquisses (1952-1954)


Une réédition du livre de Jack Kerouac


Entre 1952 et 1954, Jack Kerouac sillonne les Etats-Unis, de New York à San Francisco, et s'échappe au Mexique, au Maroc, ou encore à Londres et Paris. Ses notes, prises sur le vif, s'accumulent dans des carnets. La vie quotidienne en Caroline du Nord, le travail du serre-freins dans les dépôts de chemins de fer, les bruits dans les bois, les gens dans la rue, les filles, le vin, l'herbe... Orage approchant, brume grise, herbes folles, hôtels, bars, camions, lumières... Autant d'images et d'impressions qui composent le motif de ce Livre des esquisses.




Anthracite


Livre de Cédric Gras


En 2014, en Ukraine, la région minière du Donbass fait sécession pour rejoindre la Russie. Le chef d'orchestre de l'opéra de Donetsk, Vladlen - contraction de Vladimir et Lénine -, s'entête à jouer l'hymne national.


Il est contraint à une fuite éperdue à bord de la Volga soviétique d'Émile, son ami d'enfance qui travaille dans l'extraction de l'anthracite, le charbon qui a fait la renommée du Donbass au temps de l'URSS.


La route cabossée traverse les steppes hérissées de terrils et d'usines sidérurgiques. Peu intéressés par la politique mais confrontés à l'absurdité de la guerre civile, ils se confient sur leurs déboires et se disputent au sujet de la révolution pro-européenne de Maïdan. Ils cherchent à quitter une Ukraine en décomposition, mais Vladlen refuse de partir sans Essénia, son nouvel amour.




Avec Pier Paolo Pasolini


Livre de René de Ceccatty


« Comme tous les grands artistes, Pasolini demeure éternellement présent. Lorsqu'on a admiré profondément un créateur, on ne change pas de rapport avec lui. Souvent, autour de moi, on dit que Pasolini est dépassé, que son cinéma est daté, que ses poèmes et ses romans sont illisibles… Cela me paraît aberrant. Autant dire que Flaubert est vieillot, que Villon est illisible, que Dante est ennuyeux… Pasolini était une figure active de la vie politique. C'est cela qui donne l'impression qu'il appartient au passé. Mais les grandes oeuvres sont inépuisables… »

Le poète, le romancier et le polémiste ; le cinéaste, le dramaturge et le peintre ; ses relations aux autres ; la mort… À l'occasion du centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), dont la vie s'est tragiquement achevée une nuit de novembre sur une plage d'Ostie dans des circonstances encore mystérieuses, René de Ceccatty rassemble ici un large choix de ses études, articles, entretiens et conférences qu'il n'a cessé depuis quarante ans de consacrer au poète cinéaste.




Algérie coloniale : Traces, mémoires et transmissions


Livre de  Giulia Fabbiano et Abderahmen Moumen 

 

La colonisation et la guerre d'indépendance sont une séquence centrale dans la construction nationale et étatique aussi bien de la France que de l'Algérie. Dans une éclosion révolutionnaire, l'Algérie héroïse le peuple levé comme un seul homme, tandis que la France peine a accueillir ceux qui ont fait l'expérience de l'Algérie coloniale. Au sein des deux sociétés, l'ensemble des acteurs expriment des narrations et des exigences mémorielles plurielles, parfois antagonistes. Chacun prend le fragment dans lequel il se reconnaît, participant de la construction d'une mémoire-puzzle, en dehors d'une vision globale de ce que fut l'entreprise coloniale. En pleine actualité mémorielle, cet ouvrage propose de quitter le terrain passionnel et les instrumentalisations politiciennes et de déplacer le regard sur les agissements du passé en transmission et toujours en mouvement. Les contributions réunies ici interrogent les traces de la colonisation, de la guerre d'indépendance et de leurs mémoires dans différents domaines et différents milieux. Une démarche nécessaire qui ouvre un champ et renouvelle le débat.



Un jour d’octobre à Santiago [suivi de Ligne de fuite]


Livre de Carmen Castillo [1ère édition en février 1988 chez Flammarion]


Chili, octobre 1974. Les forces armées du gouvernement de Pinochet encerclent la maison d’un jeune couple. Ils se nomment Miguel Enríquez et Carmen Castillo ; tous deux vivent dans la clandestinité. Il est l’un des responsables de la résistance et le dirigeant du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) ; elle, professeure d’histoire, a travaillé auprès de Salvador Allende avant le coup d’État et s’implique, depuis, au sein des réseaux de lutte contre la dictature militaire. L’affrontement tourne au drame.

Treize ans plus tard, au terme d’un exil éprouvé de l’autre côté de l’océan, en France, la militante est autorisée à séjourner dans son pays natal. C’est, dit-on, « l’ouverture ». Mais ce pays, elle ne le reconnaît plus : partout, elle ne voit que le sourire satisfait des vainqueurs. Tout avait pourtant débuté dans la joie populaire : la redistribution des terres, la nationalisation de grandes industries, l’augmentation des salaires, l’extension de la sécurité sociale. Bref, les humbles enfin comptés.

En deux récits, ici rassemblés, la cinéaste Carmen Castillo nous fait traverser ces années de combat, d’élans et de fracas. La politique et l’intimité se fondent en une même langue, délicate et habitée. Ces pages, signées contre l’oubli, se font désormais appel à refuser, en tout lieu, le cours des choses. L’Histoire n’est qu’affaire de présent.




Andrea de dos


Livre de Michel Jullien


Quelque part en Amérique du Sud, un pèlerinage en terrain équatorial. Chacun a son vœu, griffonné sur un bout de papier, et va cheminer sur des kilomètres jusqu’au terme de la procession où se campe une madone miraculeuse. Ils sont des milliers. La longue route de dévotion est parcourue d’une corde que l’on doit tenir d’une main sans jamais lâcher. Tomber, perdre la corde, s’en dessaisir ne serait-ce qu’une fraction de seconde, c’est voir son vœu brisé, remis d’un an.
Deux étudiantes, Andrea et sa sœur Ezia, vont se mêler au ruban des pèlerins, prendre la corde, être des grandes bousculades.

L’écriture baroque et intense de Michel Jullien nous porte, par une suite de plans larges rapprochés, au cœur même de cette procession, dont il s’inspire librement, dans une espèce d’exotisme à rebours où se mélangent l’humour et la brutalité, l’outrance des foules et la tendresse qu’il nourrit pour ses deux personnages.




Chez moi ou presque ...


Livre de Stephen Ngatcheu


« Après vingt-deux heures d’une navigation abominable, le zodiac, en surcharge, chavire : ainsi quarante personnes vont perdre la vie dans les vagues. Mes derniers souvenirs d’eux seront leurs cris de détresse, la peur sur leurs visages puis les corps qui flottaient sur l’eau. Il est trois heures du matin, nous ne sommes plus que douze, de toutes nationalités et de religions confondues, livrés à nous-mêmes. Aucune embarcation à l’horizon. Il reste quatre femmes, trois enfants et cinq hommes jeunes. »

Stephen Ngatcheu a écrit une sorte d’épopée maigre pour dire la mer, la nuit, les forêts. Il ne raconte pas pour informer, pour communiquer ou pour convaincre, il n’écrit pas pour répondre à des questions ni pour répondre de sa vulnérabilité. Il transmet et il créé. Il écrit comme on écrit, pour vivre plus grand. Odes à la terre d’Afrique, récits d’épreuves initiatiques. Déceptions d’après. Exaltation du trajet, de la vie qui va, de la littérature.




L'Histoire de ma vie


Livre de Sojourner Truth


Ancienne esclave et célèbre abolitionniste, Sojourner Truth (1799-1883) est devenue, par la puissance de ses prises de parole à l'époque, l'une des icônes du féminisme intersectionnel aujourd'hui. Son autobiographie, qu'elle publia en 1850, offre le récit de la vie d'une femme solaire, plus résistante que nombre d'hommes, confrontée à l'ultraviolence de sa condition d'esclave, mais soutenue par un sens inouï de l'observation, une spiritualité forte et la conviction permanente de défendre les justes causes et d'être sur le bon chemin.




Vie d'un esclave américain écrite par lui-même


Livre de Frederick Douglass [Réédition]


« Dès ce moment je compris le chemin qui mène de l'esclavage à la liberté. »

Les luttes pour l'égalité et la justice portées au XXe siècle par Rosa Parks, Martin Luther King ou Malcolm X, et plus récemment par Black Lives Matter, ont une longue histoire qui débute avec le combat pour l'abolition de l'esclavage. Les militants noirs y tiennent une place essentielle. À l'époque, Frederick Douglass est le plus célèbre d'entre eux. C'est en 1845, avec le récit de ses années d'esclavage, qu'il acquiert la notoriété. Soutenue par d'indéniables qualités narratives, cette autobiographie est aussi la meilleure introduction à un homme qui a laissé son empreinte sur des champs aussi divers que la politique, la littérature et la philosophie, le journalisme et l'art oratoire.

La présente édition de l'autobiographie de Frederick Douglass est enrichie du récit - inédit en français - de son évasion, un récit qu'il n'accepta de faire qu'en 1881, vers la fin de sa vie.




L’océan est mon frère


Livre de Jack Kerouac [Inédit en français]


Bien avant de devenir célèbre avec la publication de Sur la route, avant même de publier The Town and the City (qui allait être son premier roman officiel), Jack Kerouac était marin. L'Océan est mon frère, resté jusqu'ici inédit, est le fruit de cette histoire d'amour avec l'océan. C'est le récit des aventures et fortunes diverses de Wesley Martin, marin solitaire et taciturne, qui voue à l'océan « un amour unique et étrange », et de Bill Everhart, intellectuel passionné, à la recherche d'une vie simple et d'une liberté fondamentale.
Deux des facettes de la personnalité complexe de Jack Kerouac.
Décidant sur un coup de tête de s'embarquer sur un navire marchand, ils se retrouvent à bord du S.S. Westminster en partance de Boston. En route pour le Groenland, ils conversent de tout, boivent du whisky, jouent aux cartes, évitent de justesse les torpilles allemandes, se plongent dans la contemplation de la vaste solitude qui les entoure, s'interrogent sur leur destination et la possibilité de l'atteindre. Kerouac tisse les fils de cette intense histoire de marins en temps de guerre pour en faire un portrait épique de l'amitié et de la fraternité, pour engager une méditation sur les moyens d'échapper à l'emprise grandissante de la société et, surtout, sur la puissance indomptable, sauvage, de l'océan.




Anges de la désolation


Livre de Jack Kerouac [Réédition]


« Anges de la Désolation, je l’ai écrit à la lueur des bougies… C’est comme une cérémonie religieuse. »
C’est l’été 1956 et le narrateur, double biographique de Kerouac, est isolé dans une cabane nichée sur le flanc du pic de la Désolation, dans les montagnes du nord-ouest des États-Unis. Voulant fuir l’agitation de la ville, il espère trouver dans ces deux mois de solitude extrême un moyen de se reconnecter totalement à son art. « Je pourrais devenir fou là-dedans », constate-t-il cependant rapidement. S’engage alors un combat méditatif et poétique contre la solitude.
Lorsque le narrateur redescend de sa vigie, il se gorge frénétiquement du monde. Le lecteur découvrira, réjoui, des conversations insensées à San Francisco, de l’herbe et des putains à Mexico, des femmes aimées et des amis jaloux à New York, de l’opium à Tanger, Paris et Londres.
Récit foisonnant et magistral, ce texte a été qualifié par les aficionados de « chef-d’oeuvre inconnu » de Kerouac. Il préfigure Sur la route, écrit l’année suivante.




Douars et prisons


Livre de Jacqueline Guerroudj


Livre-témoignage en deux grandes parties, qui rend compte du parcours de l’engagement d’une femme européenne, Jacqueline Guerroudj, pour l’indépendance de l’Algérie, de la prise de conscience à l’action concrète.

Brillante élève de Simone de Beauvoir à Rouen, Jacqueline Guerroudj occupe en 1948 son premier poste d’institutrice dans la région de Tlemcen.

Dans la première partie de l’ouvrage (refuser l’inacceptable), elle décrit avec beaucoup de précision la vie, les difficultés, les répressions, la misère que connaissent les familles algériennes dans ces petits « douars » loin de tout, et surtout loin de la « civilisation » française. Elle raconte sa rencontre avec de nombreux communistes du PCA (Parti Communiste Algérien), décrit leurs luttes et leur engagement. On découvre la façon dont ces paysans ont su accueillir parmi eux, accepter, une femme, une européenne, ont su l’intégrer dans leurs luttes. La réalité du colonialisme apparaît, à travers des portraits de femmes, de familles, d’enfants. L’auteure dit avoir écrit ce récit à partir de ses souvenirs. Ce n’est donc pas un essai historique, ni une étude sociologique, ni un pamphlet politique, c’est tout cela en même temps. Vient ensuite le récit de son expulsion vers la France, puis, de retour à Alger en 1956, c’est le temps de l’engagement politique dans les rangs des combattants pour la libération, puis dans le FLN. Elle participe, entre autres actions, à la préparation de l’action de Fernand Yveton (communiste français guillotiné).

Arrêtée en 1957, condamnée à mort pour « association de malfaiteurs », elle entre dans la prison de Barberousse, où se trouve déjà son mari. Là commence la seconde partie (Faire reculer les murs). C’est un regard acéré, mais humain, sur les conditions que l’État français a imposé à ces femmes et ces hommes, dont de nombreux algériens d’origine européenne, avec la description de ces détails inhumains, la nourriture, les dortoirs, les mises à mort par la guillotine. Mais c’est aussi un formidable hymne à la fraternité, à la volonté de vivre, à l’amitié, entre ces femmes, d’origines si diverses qui partageaient la même volonté de liberté. Suivront les descriptions de ses différents transferts de prison en prison, descriptions toujours agrémentées de détails, de portraits, de remarques, dont le jubilatoire paragraphe : « quelques recettes pour réussir sa vie en tôle ».




Lettres retrouvées (1969-1989)


Livre de  Marguerite Duras et Michelle Porte


Il existe peu de lettres de Marguerite Duras, encore moins de lettres intimes. Voici donc un ensemble rare : la correspondance qu’elle échangea avec la cinéaste Michelle Porte, témoin de plus de trente ans d’amitié et de complicité professionnelle. Duras y raconte ses difficultés à exister en tant que cinéaste ; elle évoque aussi ses voyages, ses amitiés, ses découvertes artistiques, ses doutes. Émouvante ou drôle, profonde ou futile, vindicative ou compatissante : Duras nous révèle des facettes peu connues de sa personnalité.
Ces lettres nous montrent aussi une créatrice en perpétuelle effervescence, pour qui l’art est indissociable de la vie. Duras développe une écriture qui brouille volontairement les frontières entre cinéma et littérature, entre la voix et l’écrit : vaste espace de liberté dont cette correspondance témoigne




Donbass : un journaliste en camp raconte


Livre de Stanislas Asseyev


Un camp de concentration aujourd'hui en pleine Europe
Journaliste et bloggeur ukrainien, Stanislas Asseyev a couvert le conflit du Donbass en écrivant sous pseudonyme. Il a été enlevé en mai 2017 et accusé d'espionnage. Détenu dans une ancienne usine transformée en centre d'art contemporain, avant de devenir une prison, il a été libéré en décembre 2019 sous la pression de Reporters sans frontières, d'Human Right Watch et de l'OSCE. Un témoignage puissant sur une barbarie moderne et européenne.




Le goût de l'écriture


Textes choisis et présentés par Laurence Biava


Née il y a quelque 6000 ans, l’écriture est un joyau. Les premiers écrits furent d’abord des retransmissions de langue parlée mais ils abordent aussi de nombreux aspects de la civilisation. Puis l’écriture progresse, utilise de nouvelles règles. Naissance de l’alphabet, plus tard de l’imprimerie.  Il s’agit de transmettre des savoirs, mais aussi de raconter des histoires. Dès lors les écrivains questionnent : à quoi sert d'écrire, d'où vient l'envie, d'où naît le désir ? Voyage au cœur de l’écriture en compagnie de ceux qui la connaissent le mieux et lui doivent d’exister : Denis Diderot, Nicolas Boileau, Gustave Flaubert, Ferdinand de Saussure, Guillaume Apollinaire, Georges Perec, Pierre Bergounioux, Louis Aragon, Charles Juliet, Roland Barthes, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Daniel Pennac, Virginia Woolf, Camille Laurens, Annie Ernaux, Julien Gracq et bien d’autres…




Mourir à Sakiet - Enquête sur un appelé dans la guerre d'Algérie


Livre de Véronique Gazeau-Goddet et Tramor Quemeneur


Cet ouvrage vient rompre le long silence tombé sur la mort de l'aspirant Bernard Goddet, l'un des quinze tués du 3/23e Régiment d'infanterie dans l'embuscade de Sakiet du 11 janvier 1958, à la frontière algéro-tunisienne. L'enquête s'est cristallisée autour du jeune homme qui a laissé des écrits et une abondante correspondance, croisés avec des sources archivistiques et des entretiens avec des appelés du 23e Régiment.
Sorti d'HEC, chrétien, le jeune homme s'interroge sur différentes solutions pour mettre fin à la guerre. L'opération dans laquelle Bernard Goddet et ses camarades trouvent la mort est enfin mise au jour grâce aux archives militaires. Cette opération était-elle bien préparée ? L'événement soulève aussi la question des frontières. Ainsi, à la suite de l'embuscade, la France bombarde le village de Sakiet Sidi Youssef et déclenche ainsi une grave crise, tant internationale que nationale, qui se solde par la chute de la IVe République, avec le putsch d'Alger du 13 mai 1958




Jeune fille en bleu, à la fenêtre, au crépuscule


Livre d'Alena Schröder


Berlin, 2017. Lors d’une visite à la maison de retraite où réside sa grand-mère, Hannah, vingt-sept ans, trouve la lettre d’une firme d’avocats israéliens les identifiant, elle et sa seule parente encore vivante, comme les possibles héritières d’une collection d’art qui aurait été cachée pendant le régime nazi. Pourtant, c’est la première fois que la jeune doctorante en études germaniques entend parler d’éventuelles racines juives. Et pourquoi sa grand-mère Evelyn n’a-t-elle jamais livré un seul mot sur son passé ?
Pour Hannah, cela marque le début d’une enquête sur sa famille et d’une quête de sa propre identité. Elle va alors remonter le fil de sa généalogie et tenter de retrouver la Jeune fille en bleu, à la fenêtre, au crépuscule, un tableau de Vermeer qui aurait appartenu à un de ses aïeux.
Sur une période tumultueuse, s’étendant de 1924 à nos jours et entremêlant le sort de plusieurs générations de femmes, cette grande saga familiale interroge le rapport que nous entretenons avec notre histoire personnelle, tout en mettant en lumière l’héritage de nos ancêtres.





Des vallées de l'ombre à la flamboyance


Livre de Marie-Odile de Gisors


C'est le récit d'une existence qui a commencé au coeur de la nuit et de la guerre mondiale... et familiale. L'auteure a réussi à traverser cette ombre et à toujours rejaillir, plus vive et plus libre. Mieux. De ce qui lui était souffrance, angoisse, elle a fait sa plus grande force. Privée de la possibilité d'exprimer ses émotions, elle a cultivé l'art de la parole vraie qu'elle exprime et qu'elle aide à faire jaillir, depuis bien des années, dans les ateliers qu'elle anime, auprès de jeunes et de toujours jeunes. Quelle superbe victoire pour cette petite fille cernée par le silence ! Ce livre raconte cet avènement au fil des années.




Les abeilles grises


Livre de Andreï Kourkov


Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert…




République sourde


Livre de Ilya Kaminsky


Lors d’une manifestation dans le village occupé de Vasenka, un jeune homme est abattu. Malédiction, sidération ou conséquence du coup de feu – toute la ville devient sourde. Sous la chappe de silence qui s’abat sur eux, les habitants commencent à s’organiser, et à coordonner leur résistance grâce à une langue des signes connue d’eux seuls. Cernés par la violence, ils entendent bien lutter, et continuent à vivre. Eux, ce sont
Alfonso et Sonya, qui attendent un enfant ; l’intrépide Maman Galya, instigatrice de l’insurrection depuis son théâtre de marionnettes ; et les marionnettistes, qui enseignent la langue des signes le jour, et attirent les soldats la nuit pour les mener jusqu’à leur mort. Tour à tour histoire d’amour, élégie et plaidoyer, République sourde est un puissant questionnement sur notre silence devant les atrocités du monde, porté par un vent de révolte.




La guerre d'Algérie


BD de Jérôme Meyer-Bisch, Abderahmen Moumen, Jean-Michel Billioud [Pour les jeunes lecteurs à partir de 11 ans]


De 1954 à 1962, l'Algérie et la France sont secouées par une guerre d'une extrême violence qui reste l'une des pages les plus douloureuses de l'histoire de la décolonisation. Soixante ans après l'indépendance de l'Algérie, ce conflit est encore très présent dans toutes le mémoires et les blessures demeurent profondes des deux côtés de la Méditerranée. Le travail des historiens et des enseignants et le talent des écrivains et des cinéastes permettent aujourd'hui d'affronter ce passé difficile dans le respect de toutes les consciences et de se tourner vers l'avenir, notamment celui de la jeunesse.






Ecritures de l'intime. Le récit de soi face au regard de l'autre


Annemarie Trekker, Réjane Peigny, Lise Poirier Courbet, Marie-Claire Debray, Marcel Orianne, Isabelle Seret, Salomé Mulongo, Nicole Versailles, Claude-Thérèse Pirson, Michèle Bonnard, Françoise Liber, Jean-Pierre Vander Straeten, Massimo Bortolini.


Que nous soyons auteurs, animateurs d'atelier d'écriture, éditeurs ou simplement lecteurs de récits ou de romans autobiographiques, la question s'est, à un moment ou l'autre, posée à nous : est-il légitime de faire de sa vie, mais aussi de celle des autres, un livre ? De dévoiler l'intime au regard de l'autre ?

Ce livre explore, à partir d'angles de vue multiples - sociologique, littéraire, réflexif mais aussi juridique et expérientiel - ce qui motive et construit l'écriture d'un récit de soi. Il aborde les processus de transmutation d'un vécu en écriture, d'une histoire singulière en une oeuvre socialement partageable.

L'intime y est questionné dans son rapport au social, saisi dans sa relation intersubjective mais aussi confronté au trauma. Des pistes d'exploration du "comment" saisir cet intime sont proposées afin de le rendre socialement partageable à travers une élaboration de la langue mais aussi une construction du contenu et du sens. À travers la palette des témoignages se dégage une invitation à oser s'écrire mais en conscience de l'acte posé, dans l'ouverture au tiers, le respect de soi et de l'autre.



Le grand monde de Proust


Livre de Mathilde Brézet

  

C’est un peuple légendaire, immense, vif comme s’il avait vécu. Ce sont les personnages d’A la recherche du temps perdu, avec leurs visages, leurs désirs, leurs tics, leurs mots fameux : ils sont une petite centaine, choisis par Mathilde Brézet dans ce dictionnaire libre et passionné.
Chaque nom est un récit – parfois une apparition : récit d’une vie, mais aussi récit d’un parcours de création. Comment est née Albertine ? Et Swann ? Que veut nous dire Proust avec Jupien  Pourquoi un personnage comme la femme de chambre de la baronne Putbus, capital dans les premières versions de l’œuvre, a quasiment disparu ? Il y a aussi les personnages sans nom mais pas sans regard, comme le liftier ou les « filles portant le lait ». Mathilde Brézet plonge dans les aléas de l’atelier littéraire et dans les méandres du désir de l’auteur pour ses personnages…
Nourri de nombreux et récents travaux universitaires, ce volume immense ouvre des perspectives en citant abondamment les avant-textes du chef-d’œuvre, la correspondance de l’auteur, et les témoignages de ses contemporains. Le regard et le ton sont toujours personnels : ce sont ceux d’un lecteur qui parle à d’autres, et qui ne cesse de donner à connaître ou à reprendre. Pour qui n’a pas lu Proust, ce dictionnaire est l’occasion de se familiariser avec ses héros, et de découvrir la richesse inouïe de son univers. Pour les proustiens aguerris, il y a le plaisir des retrouvailles, de la découverte de ses propres sentiments de lecture, mais aussi la surprise d’interprétations nouvelles : tout est gracieux dans ces pages érudites, qui nous font voyager au plus beau des pays.
 




La Mère de toutes les questions


Livre de Rebecca Solnit


Qui a été historiquement réduit au silence, et pourquoi ? Comment les femmes et les minorités sont-elles parvenues à récupérer, ou non, leur parole ? En quoi un changement politique est-il avant tout un changement de récit ?

Pour répondre à ces questions, Rebecca Solnit balaye un grand nombre de sujets, de l’histoire des droits civiques et de l’esclavage à la culture du viol dans les campus américains, en passant par la masculinité toxique.

On retrouve ici la vivacité d’esprit de l’auteure, son opiniâtreté à déjouer tout ce qui, dans la culture, dans les institutions, dans la sphère publique, entend amoindrir la parole des femmes, et réduire leur place. Rebecca Solnit met au jour les normes sous-jacentes contenues dans nos discours.




Rose Zehner et Willy Ronis


Livre de Tangui Perron


Au printemps 1938, lors des grèves chez Citroën, le photographe Willy Ronis réalise un reportage pour le magazine Regards dans l’usine Javel à Paris. Il prend en photo Rose Zehner, militante et ouvrière, alors qu’elle harangue une foule de camarades. Mais il ne confie pas cette photographie à la rédaction du journal et l’oublie.

Ce n’est qu’en 1980 que Willy Ronis, parcourant ses archives, retrouve ce cliché. L’année suivante, L’Humanité le publie ; l’image se met alors à circuler dans la presse et arrive sous les yeux de Rose Zehner. Celle-ci entre en relation avec le photographe, tandis que le grand public découvre une photographie qui, quarante ans après, va faire de Rose une figure de la lutte et du féminisme ouvriers.

Des grandes grèves de 1938 à la naissance d’une figure iconique en 1980, de Willy Ronis à Rose Zehner, Tangui Perron raconte l’histoire singulière de cette célèbre photographie longtemps oubliée.

Accompagnée dans cet ouvrage d’une vingtaine d’autres clichés de Willy Ronis, la photo de Rose Zehner est le point de départ d’une enquête pour comprendre l’origine et le destin d’une image. L’auteur reconstitue un contexte politique, social et culturel, et retrace les parcours d’une militante et d’un photographe engagé qui, chacun à leur manière, ont écrit un morceau de notre histoire.




Des diamants pour le prolétariat


Livre de Julian Semenov (réédition en poche)


" Un grand auteur, d'une pensée et d'une générosité exceptionnelles. " Edgar Morin - Avril 1921


Présentation sur le site Entre les lignes entre les mots :

Julian Semenov (1931-1993) est un écrivain célèbre en URSS. Sans doute moins dans la Fédération de Russie en raison des réécritures de l’histoire poutiniennes. Il fait œuvre à la fois de romancier et d’historien. « La taupe rouge » a été le premier édité. « Des diamants pour le prolétariat », qui se déroule en 1921 – l’URSS est toute neuve -, semble être le premier opus d’une série qui couvrira toute l’histoire de cette formation politique et sociale via l’espionnage. En avril 1921, la Tchéka charge un jeune agent, Maxime Issaïev – héros récurrent – de récupérer des diamants des possédants pour financer la jeune République des Soviets. Il infiltre le milieu des trafiquants, croise des tueurs, des voleurs tout autant que les révolutionnaires. 

Des aventures étranges dans des milieux qui ne le sont pas moins avec un objectif au service du nouveau pouvoir. Tous les coups sont permis, tous les mensonges. Difficile de déterminer qui est l’ennemi ou l’ami. Tout est flou. L’écriture ne prend pas parti. Le style fait penser à un rapport. Les faits. Sauf les pensées de Maxime confronté à sa première infiltration. Des erreurs pourraient le conduire directement à la mort.

Face à tous les mensonges, l’auteur multiplie les notes qui permettent de se rendre compte des crimes de Staline décimant les rangs des révolutionnaires lors des procès de 1937 notamment. Une grande leçon. Actuelle. Poutine parle de « l’erreur de Lénine » concernant l’Ukraine, Semenov, par-delà la mort, lui fait la leçon. Qu’on ne s’y trompe pas : c’est d’abord un grand roman. Un auteur qu’il faut découvrir.




L'autre moitié du monde


Livre de Laurine Roux


Espagne, début des années 1930. Des paysans s'éreintent dans les rizières du delta de l'Èbre pour le compte de doña Serena, une marquise impitoyable, mère d'un jeune garçon cruel et lubrique. Sous son joug, les employés arrachent les rares joies qu'autorise la fraternité de la misère.
Parmi eux grandit Toya, gamine ensauvagée qui connaît les salines comme sa poche. Quand un instituteur s'installe dans le delta, apportant avec lui ses idéaux révolutionnaires et son amour de la musique, la jeune fille s'éveille aux sentiments en même temps qu'à l'esprit de la révolte. Si bien qu'en 1936, lorsque éclate la Guerre civile, c'est à corps perdu qu'elle se jette dans l'expérience libertaire, avec son lot d'espérances folles et de désenchantements féroces. Sans soupçonner à quel point son destin aura dorénavant partie liée avec l'histoire d'une Espagne que le franquisme s'apprête à faire basculer.
De son écriture imperturbablement habitée par la sensualité des odeurs et de la matière, Laurine Roux, dans L'Autre Moitié du monde, s'éloigne à petits pas des univers oniriques qu'on lui connaissait pour se faire l'archéologue sensible d'une épopée collective qui emporte les individus.


  • La fiche du livre

Renata n’importe quoi


Livre de Catherine Guérard (réédition)


Renata n’importe quoi a paru une première fois en 1967, c’était le deuxième livre de la très discrète et mystérieuse Catherine Guérard après Ces princes paru 12 ans plus tôt.

Dans ce roman, Catherine Guérard nous emporte dans le monologue de son héroïne, bonne à tout faire, qui décide un jour de quitter ses patrons pour devenir “une libre”. Ce sont trois jours et deux nuits d’errance, à marcher dans les rues, s’asseoir sur les bancs, regarder les passants et écouter les oiseaux. La narratrice va se confronter à un monde qu’elle semble découvrir au fur et à mesure qu’elle l’arpente, un monde qui la rejette systématiquement, elle dont la liberté ne peut souffrir aucune entrave. Le plus saisissant dans ce roman est la réussite magistrale d’un parti pris formel : une seule longue phrase ponctuée de quelques virgules et majuscules judicieuses. Le flot du texte emporte le lecteur dans les ressassements et les obsessions d’une pensée pleine de candeur mais toujours déterminée et dangereusement radicale.

Publiée pour la première fois en 1967, cette œuvre résonne aujourd’hui comme un hymne prémonitoire. N’annonce-t-elle pas le vent révolutionnaire qui soufflera bientôt sur un monde corseté dans ses certitudes et empêtré dans sa peur de manquer ou de perdre ses acquis ? Renata n’importe quoi c’est l’invraisemblable odyssée d’une bonne de Giraudoux qui attendrait Godot. Un trésor qu’une communauté de lecteurs initiés se transmet comme une pépite, qui nourrit une réflexion profonde et nécessaire sur l’absurdité de nos sociétés, la loi, l’argent, le travail et la consommation. Ou pour le dire autrement : comment refuser l’aliénation qui nous est imposée sans apparaître soi-même comme un aliéné dans le regard des autres ?





L'Ukrainienne


Livre de Josef Winkler


Pendant qu’il écrit son troisième roman, Langue maternelle, qui paraîtra en 1982, Josef Winkler loue une chambre dans une ferme de montagne de Carinthie. Il noue alors une relation de confiance avec sa logeuse, qui se met à lui raconter sa vie : née en 1928 en Ukraine, elle est arrivée en Autriche à l’âge de quinze ans, amenée de force avec sa sœur par l’armée allemande pour travailler dans une exploitation agricole.

C’est à Nietotchka Vassilievna Iliachenko que l’écrivain donne la parole dans la plus grande partie de ce livre. le lecteur suivra ainsi le destin douloureux de la jeune paysanne dont la famille fut éprouvée par les expropriations massives, puis par l’Holodomor, « l’extermination par la faim » infligée à l’Ukraine par le pouvoir soviétique.

Une figure, celle de la mère qu’elle n’a jamais revue, domine cette autobiographie d’une intensité bouleversante et dont Josef Winkler a tenu à préfacer la traduction française. Elle est accompagnée de documents authentiques : les lettres de la mère à ses deux filles.




Toucher la terre ferme


Livre de Julia Kerninon


Devenir mère et rester femme : entre bonheurs et tempêtes, le récit d’un cheminement intérieur.

Le sentiment d’une noyade…
À 30 ans, Julia Kerninon devient mère, « une situation qui, si je l’avais tellement désirée, ne cessait de me dépasser ».
La maternité, synonyme de bonheur dans le regard des autres, lui semble un « cercle de feu ». Elle raconte sans détour l’impression de perdre pied, la difficulté à trouver sa place, le poids des contraintes. « J’ai pensé à fuir. »

… jusqu’à toucher la terre ferme
Tandis qu’elle avance à tâtons dans cette nouvelle vie, les souvenirs reviennent, comme un appel au large. Les amours passionnels, les nuits de liberté, l’écriture sans entrave, les vagabondages sans fin. Julia Kerninon décrit les tempêtes intérieures, et cette mue progressive de la jeune femme en mère, jusqu’à atteindre l’autre rive, où tout se réconcilie.

Le regard d’une romancière qui excelle à sonder l’intime




Esclave à Cuba. Biographie d'un «cimarrón», du colonialisme à l'indépendance


Livre de Esteban Montego (Réédition en 2021)


Esteban Montejo est un « cimarron », c’est-à-dire un esclave noir fugitif de la Cuba coloniale et sucrière. Il a cent quatre ans (voir la photographie de couverture) lorsqu’en 1963, Miguel Barnet, jeune écrivain et ethnologue de La Havane, le découvre grâce à un entrefilet de presse et décide d’enregistrer ses souvenirs au magnétophone.
Ce ne sont pas seulement la vie dans les barracones des plantations, la fuite dans les montagnes, les appels à l’indépendance, la guerre de Cuba contre les Espagnols, l’abolition, toute théorique, de l’esclavage en 1880 qui ressuscitent au fil de la mémoire longue. C’est Esteban qui se détaille, vieil original individualiste et charmant égrenant les travaux et les jours, la sorcellerie, les jeux, les châtiments, les ingénieurs, les brigands, les révolutionnaires et les superstitions : « Il y a des choses que je ne m’explique pas dans la vie. Tout ce qui dépend plus ou moins de la nature est pour moi très compliqué, et les dieux encore plus. C’est eux qui manigancent tout... »




Les Enchanteurs


Livre de Geneviève Brisac


À dix-huit ans, Nouk pensait que le monde allait changer de base. Il semblerait que quelque chose ait mal tourné...

Nouk est rebelle, insolente. Quand Olaf l'embarque dans sa maison d'édition, elle n'imagine pas qu'il puisse un jour se séparer d'elle. C'est pourtant ce qu'il fait. N'a-t-elle vraiment rien vu venir ?

Avec Werther, c'est autre chose. Ce grand éditeur, excentrique et visionnaire, devient son mentor. Mais il se montrera incapable de la protéger.

Cinglant, poétique, d'un humour féroce, Les Enchanteurs jette un regard lucide sur le mélange détonant que forment le sexe et le pouvoir dans l'entreprise.

Mais c'est d'abord la désillusion, la colère et la mélancolie que convoque ici Geneviève Brisac, dans un hymne à la résistance, c'est-à-dire à la vie.




Nulle part qu'en haut désir


Livre de Gaëtan Brulotte


Nulle part qu'en haut désir est une addition originale à la collection « Carnets d'écrivains » dirigée par Robert Lalonde. L'auteur y explore ce que représente pour lui la littérature. Il replace les notions de style et de beauté au coeur du discours littéraire dont elles sont des enjeux majeurs, mais il leur donne un nouveau souffle en les reliant à l'attention empathique que l'écrivain doit porter à la diversité des êtres, aux singularités humaines, à la modestie des choses et aux intensités du monde dans leurs nuances. Pour lui, l'écriture n'est pas qu'une question de technique, elle procède d'une vision qui devrait idéalement nous rendre plus sensibles, et donc meilleurs.


Communiqué de presse par l‘éditeur :
« Nulle part qu’en haut désir » est une addition originale à la collection « Carnets d’écrivains » dirigée par Robert Lalonde. L’auteur chevronné Gaëtan Brulotte, lauréat d’une quinzaine de prix littéraires, y explore ce que représente pour lui la littérature. Il replace les notions de style et de beauté au cœur du discours littéraire dont elles sont des enjeux majeurs, mais il leur donne un nouveau souffle en les reliant à l’attention empathique que l’écrivain doit porter à la diversité des êtres, aux singularités humaines, à la modestie des choses et aux intensités du monde dans leurs nuances. Pour lui, l’écriture n’est pas qu’une question de technique, elle procède d’une vision qui devrait idéalement nous rendre plus sensibles, et donc meilleurs.
En bon compagnon d’une pensée créatrice, ce carnet esquisse une sorte d’autobiographie intellectuelle fragmentaire autour d’une quête perpétuelle de sens. Il traite de sujets aussi variés que l’humour et l’ironie, l’exil, la relation à la langue, le travail préparatoire à une œuvre, le rôle de la prise de notes, les problèmes de fabrication, le rapport de l’enseignement à la pratique artistique, le plaisir d’échanger avec le public, la nécessité de l’inclusion, le métissage des genres et des discours. Ce livre clairvoyant, stimulant, saupoudré de pincées de sel, vise à vivifier en chacun et chacune le désir de lire et d’écrire.

"Gaëtan Brulotte parle de ce qu'il a animé toute sa vie, soit l'amour des mots, des histoires inventées et du pouvoir transformateur de la littérature. Il livre un discours authentique mais surtout très érudit sur ses lectures, ses débuts comme écrivain, comme professeur, et sur ce que le temps lui a appris. Il traite longuement de son attachement pour le genre de la nouvelle qu'il fréquente assidûment et qu'il pratique encore." A-S. Leblanc, Instagram, 13 mai 2021.




Le Droit du sol - Journal d'un vertige


BD d'Etienne Davodeau


En juin 2019, Étienne Davodeau entreprend, à pied et sac au dos, un périple de 800 km, entre la grotte de Pech Merle et Bure. Des peintures rupestres, trésors de l’humanité encore protégés aux déchets nucléaires enfouis dans le sous-sol, malheur annoncé pour les espèces vivantes. Étienne Davodeau, sapiens parmi les sapiens, interroge notre rapport au sol. Marcheur-observateur, il lance l’alerte d’un vertige collectif imminent et invite à un voyage dans le temps et dans l’espace.
De quelle planète les générations futures hériteront-elles ? Qu’allons-nous laisser à celles et ceux qui naîtront après nous ? Comment les alerter de ce terrible et réel danger pour leur survie ? Il est de notre responsabilité collective d’avancer sur les questions énergétiques pour protéger la « peau du monde ».
Dans cette marche à travers la France, il est parfois accompagné d’amis, de sa compagne, mais aussi de spécialistes, qu’il convoque sur ces sentiers pour qu’ils nous racontent l’histoire unique du sol de notre planète, ou encore celle du nucléaire et de ses déchets, dangereux pendant plusieurs centaines de milliers d’années.
À la marge du témoignage et du journalisme augmenté, le Droit du sol marque le grand retour d’Étienne Davodeau à la bande dessinée de reportage.




Chair vive - Poésies complètes


Livre de Grisélidis Real [Préface de Nancy Huston]


Réunies pour la première fois en un seul volume, les poésies écrites par Grisélidis Real tout au long de sa vie (de l'âge de treize ans à sa mort) forment une œuvre d’une cohérence et d’une force rares. A la mesure d’une vie hors du commun.
Née dans une famille de bourgeois intellectuels de Genève, vite orpheline de père, révoltée contre sa mère et l’éducation rigide qu’elle lui fait subir, artiste peintre, mère très jeune de quatre enfants de quatre pères différents, elle emmènera deux d’entre eux en Allemagne, illégalement, pour suivre un amant qui la mettra sur le trottoir quand ils seront tombés dans la misère…
Elle vivra encore de grandes amours, passionnelles, parfois violentes, sortira de la prostitution pour y retourner finalement de façon définitive et par conviction jusqu’à devenir dans les années 70 une porte-parole très remarquée des prostituées (dont elle défend le rôle social).
Sa vie est aussi ponctuée de séjours au sanatorium (tuberculose dans sa jeunesse), en prison (un deal de shit qui tourne mal lors des années en Allemagne), et à l’hôpital (le cancer qui l’emportera).
Ces expériences extrêmes seront le terreau de sa création poétique.
On savait que Grisélidis Réal avait fait paraître un roman, des récits, des journaux, sa correspondance avec Jean-Luc Hennig (ses œuvres sont principalement disponibles aux éditions Verticales). Mais quelques rares poèmes seulement étaient apparus au fil de certains ouvrages et dans un recueil partiel publié en suisse. Pourtant cette création poétique est peut-être son œuvre fondamentale. Du symbolisme des débuts, au « récit » poétique poignant de la prostitution ou de la lutte contre le cancer, les poèmes de Grisélidis Réal racontent une vie, avec un art et une profondeur unique quand elle parle d’amour, de sexe, de maladie, de maternité… trouvant là la plus grande beauté.
Son destin sera parachevé de façon étonnante : quatre ans après ses obsèques, sa dépouille est transférée au Cimetière des Rois à Genève (où seulement les personnalités qui ont marqué l’histoire de la ville ont leur place), entre Calvin (son ennemi préféré) et Jorge Luis Borges (son modèle poétique).


[Pour les germanophones, certaines poésies sont également présentées en Allemand]




Reine du réél - La lettre à Grisélidis Réal


Livre de Nancy Huston


Une lettre de Nancy Huston à Grisélidis Réal, poétesse et prostituée.
​Longtemps je t'ai détestée, Gri. On eût dit que tu acquiesçais à tout ce que les hommes te demandaient. Tu semblais n'avoir aucun problème pour incarner leur fantasme : la pute au grand coeur, celle qui aime ça, celle qui comprend les messieurs et ne les juge jamais, celle qui accepte avec le sourire leur tout et leur n'importe quoi.
Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes violents, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l'art et l'engagement militant au nom des travailleuses du sexe.
Poétesse magnifique, figure rebelle et courageuse, Grisélidis Réal fascine Nancy Huston qui, malgré quelques désaccords, se retrouve beaucoup en elle. À l'aune de son destin, elle questionne le sien, son rapport à la mère, aux hommes, au danger.
Véritable déclaration d'admiration, cette lettre révèle une grande artiste de la fin du XXe siècle dont la modernité de pensée annonce les débats contemporains. Un texte résolument féministe, qui interroge avec puissance le rôle du corps féminin dans l'écriture et le rapport au monde.




L'atelier noir


Livre d'Annie Ernaux (réédition 2022 augmentée)


Parallèlement à ses romans, Annie Ernaux tient un journal d’avant-écriture ; une sorte de livre de fouilles, rédigé année après année, qui offre une incursion rare de « l’autre côté » de l’œuvre.
Plongé au cœur même de l’acte d’écrire, le lecteur devient témoin du long dialogue de l’autrice avec elle-même : la pensée taillée au couteau, des idées en vrac, des infinitifs en mouvement ; des associations de mots, de morceaux de temps, et de confidences.

Pour la réédition de L’atelier noir, Annie Ernaux a souhaité augmenter l’ouvrage de pages inédites de son journal de Mémoire de fille.



L'Apocalypse heureuse


Livre de Stéphane Lambert


Les grands bouleversements s’opèrent dans la légèreté. Comment oserions-nous sinon les affronter ?

Seule l’écriture parvient à dire le chaos d’une enfance. Stéphane Lambert a dix ans lorsqu’un ami de la famille abuse de lui. Tout vole alors en éclats. Au hasard des jours, il se retrouve, trente ans plus tard, dans l’immeuble de son ancien abuseur. De là il remonte le fil de ce qu’on a voulu taire, en mesurant avec quelle force le passé imprégnait sa vie présente.
Mais la dévastation peut aussi engendrer la beauté. Dans la solitude d’une île grecque, l’auteur apprend à surmonter ses peurs. Et quand survient la mort du père, c’est un homme serein qui y fait face. Car le temps du livre est celui de l’apaisement. 
L’apocalypse est heureuse.




En guerre(s) pour l'Algérie - Témoignages


Livre de Raphaëlle Branche


La guerre s’est achevée il y a soixante ans en Algérie. Elle a marqué durablement les sociétés française et algérienne et touché directement des millions de personnes. Comment ces Français et ces Algériens ordinaires l’ont-ils vécue ? Quinze femmes et hommes ont accepté de confier leurs souvenirs de jeunesse. Leurs témoignages sont essentiels pour écrire une histoire qui ne soit pas seulement celle des décisions et des grands événements politiques et militaires. Ils éclairent ce que furent des vies simples prises dans la tourmente de la guerre.

Ils étaient « appelés » du contingent, militaires de carrière, harki ou militants indépendantistes (du FLN et du MNA) en métropole et en Algérie, mais aussi membre de l’OAS, simples civils algériens ou français. Conscients de l’urgence de témoigner, ils racontent la guerre vue d’un appartement d’Alger, d’une usine parisienne, du maquis, d’une caserne. Quelles peurs les habitaient ? Quels dangers ont-ils affrontés ? Quelles étaient aussi les raisons de leur engagement ? Quels étaient leurs espoirs ? Ils répondent à ces questions avec le souci constant de dire au plus vrai, de raconter au plus juste.

Les témoignages ne se situent pas d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée. Ils ne sont pas au service d’un groupe de mémoire particulier. Au contraire. Ils permettent d’explorer les multiples facettes de ce conflit complexe où guerre de libération et luttes fratricides se sont mêlées, où destructions et ravages se sont accompagnés d’aspirations au renouveau.




La vie occultée de Madame Messali Hadj


Livre de Mohamed Benchicou 


C’est l’histoire d’un grand amour entre un garçon de Tlemcen et une jeune fille de Lorraine qui rêvait de devenir une autre Coco Chanel mais qui restera, pour les Algériens, la femme sans laquelle rien n’aurait été possible. Émilie Busquant a rédigé le premier texte revendiquant
l’indépendance pour l’Algérie en 1927. Aux côtés du futur leader du nationalisme algérien, Messali Hadj, elle a conçu et confectionné le drapeau algérien qu’on connaît aujourd’hui. Elle a dû diriger seule le Parti du Peuple Algérien, en 1937, quand la direction fut incarcérée.
Elle a déjoué une tentative de collaboration entre le PPA et Hitler… Elle est morte presque seule avant d’être systématiquement effacée de l’historiographie officielle.
En exhumant la vie d’Émilie Busquant, l’auteur célèbre à sa façon le 60e anniversaire de l’indépendance algérienne en rappelant qu’elle fut avant tout le fruit d’un élan internationaliste puissant et généreux.




Histoires de sage-femme


Livre d'Anna Roy


Ce journal de bord réunit une trentaine d’histoires dans lesquelles l’auteure fait découvrir les coulisses du métier de sage-femme et sa vie de maman de deux jeunes enfants. Avec empathie, humanité et lucidité, Anna Roy relate son quotidien, fait de montagnes russes d’émotion. Elle soulève aussi des questions moins abordées : la dépression post-partum et les conditions de travail à l’hôpital.

Anna Roy est sage-femme titulaire à la maternité des Bluets et sage-femme libérale. Elle a complété sa formation médicale par des études en psychologie et en sciences humaines et consacre une partie de son temps à l’enseignement. Elle est également auteure de plusieurs ouvrages et chroniqueuse à la Maison des Maternelles.


• Une PLONGEE INTIME dans l’un des moments les plus importants et délicats de la vie humaine.

• Confidences, secrets… des récits DRÔLES ET ÉMOUVANTS.

• Autant d’expériences qui visent à aider à vivre une MATERNITÉ HARMONIEUSE.




Transmettre - Traverser le temps et les générations


Les actes des 9èmes Rencontres de psychogérontologie clinique (Saint-Coulomb en 2019) 


Transmettre… et recevoir. Transmettre c’est devenir passeur, faire vivre une mémoire et la mettre en mouvement. Nous nous inscrivons ainsi immanquablement dans le temps et le fil des générations. Entre maîtrise et indicible, chacun s’approprie, tricote ce qui lui est transmis consciemment ou inconsciemment, volontairement ou non. Souvent investis d’un devoir de mémoire, nous pouvons aussi, parfois, faire le choix « du refus de transmission ». 

Pourquoi transmettre ? Est-ce le désir de laisser une empreinte, une trace, de s’inscrire dans une forme d’éternité ? Est-ce une forme de don ? Quelle liberté gardons-nous pour transformer, nous approprier, oublier ce qui nous est transmis ? Qu’y-a-t-il à découvrir dans nos greniers et en nous-mêmes ? 

Enfin, l’art sous toutes ses formes, l’écrit, le documentaire, tels des supports de récits « ordinaires », nous lient à notre histoire collective et participent de cette transmission.   

Ce colloque, organisé par l’antenne « Côte d’Émeraude » de l’association, aura permis d’aborder, sans prétendre l’englober tant elle est immense, cette thématique de la transmission. Vous retrouverez sûrement dans ces pages le plaisir partagé lors de ces deux jours qu’il nous revenait de vous… transmettre !






Retour à Reims


Livre de Didier Eribon


Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la
politique, le vote, la démocratie...
Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.
Un grand livre de sociologie et de théorie critique.




De nos frères blessés


Livre de Joseph Andras


Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale...
 

Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration.








Une note de lecture de

Paquito Schmidt


Maisons d'artistes et d'écrivains - Paris et ses alentours


Livre d'Hélène Rochette


Loin du tapage, des consécrations et des louanges, les demeures des écrivains et des artistes vibrent encore du parfum d’une présence. Comme si le temps avait suspendu sa course, on s’attend à surprendre le peintre à son chevalet, l’écrivain à sa table de travail.

Paisibles villégiatures baignées par ces grands ciels de l’Ile-de-France “qui font rêver d’éternité”, sombres mansardes nichées au plus profond de la ville, retraites discrètes peu accessibles aux créanciers de tous ordres, ces maisons disent le destin de leurs célèbres occupants. En pousser la porte promet une découverte sensible et vagabonde des berceaux de la création…



Une nouvelle collection de textes autobiographiques

 

À partir de textes déposés à l’APA (Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique), les éditions Mauconduit, pour leur 10è anniversaire, crée une nouvelle collection « Vivre | Ėcrire ».


Cette collection est composée de recueils thématiques de textes autobiographiques, réunis et présentés par un chercheur ou une chercheuse : l’exil, l’évasion des prisonniers de guerre, le transfuge de classe, l’amour, les cheminots, les femmes dans la guerre... 

 

Quatre premiers volumes sont déjà parus :


  1. Amoureux, Lettres d’amour retrouvées, réunies et présentées par Véronique Leroux-Hugon
  2. Femmes dans la guerre, Témoignages 1939-1945, réunis et présentés par Hélène Gestern
  3. Évadés, Récits de prisonniers de guerre 1939-1945, réunis et présentés par Philippe Lejeune
  4. Exilés, Récits autobiographiques, réunis et présentés par Elizabeth Legros Chapuis.

 


Mes maisons d'écrivains


Livre d'Evelyne Bloch-Dano


Tout parle dans une maison d’écrivain pour peu qu’on sache entendre, voir, imaginer. Évelyne Bloch-Dano nous invite à découvrir une centaine de lieux en France et à l’étranger : la tour-bibliothèque de Montaigne, le Key West de Hemingway, la maison d’enfance de Colette et sa glycine, le Guernesey de Hugo et son « look-out », le Nohant romantique de George Sand, le Paris enfui de Sartre et de Beauvoir, le Cabourg de Proust et ses jeunes filles en fleurs ou la ferme africaine de Karen Blixen. Et tant d’autres, résidences permanentes ou séjours éphémères…
Mettre en relation une maison et l’univers littéraire d’un écrivain, les relier à sa vie, tel est le magnifique projet de cet ouvrage érudit, éclairé mais aussi distrayant. Ces pages sont autant une invitation à la lecture qu’au voyage. C’est un peu de cette liberté, entre vagabondage et ancrage, qu’elles nous offrent.

Un livre plein de poésie et d’esprit, qui rend palpable le mystère et la magie des lieux. Louis-Henri de La Rochefoucauld, Lire.



Chroniques des années d'usine


Livre de Robert Piccamiglio


La pluie et le froid du petit matin, l'odeur entêtante de la machine à café, la lenteur du jour ouvrable, l'attente du week-end et des congés, les photos de filles à poil que l'on regarde pour penser à autre chose... L'usine dont nous parle Robert Piccamiglio n'est pas celle des journalistes, des sociologues ou des patrons, ni même celle des "travailleurs", comme disent les leaders syndicaux. C'est un espace immense et hostile qui dévore le tiers de la vie d'un homme, une zone de bruit, d'angoisse et d'ennui, où il va falloir chaque jour se battre, attendre, rêver peut-être...
Ces pages de solitude, de révolte, de secrète affection aussi, évoquent un monde totalement inconnu de la plupart d'entre nous. Parce qu'il n'arrive presque jamais, à cause du bourdonnement des machines et de la fatigue, qu'un ouvrier devienne écrivain.



Les enfants de Cadillac


Livre de François Noudelmann


En 1911, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, arrive en France. Afin d’obtenir la nationalité française, il s’engage dans l’armée et prend part à la Grande Guerre. Il est grièvement blessé par une bombe chimique. Il passe vingt ans interné, avant de mourir dans l’anonymat à l’hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 1940, Albert, le père du narrateur, est fait prisonnier et dénoncé comme Juif. Lors de la libération des camps, il met plusieurs semaines à rejoindre la France à pied depuis la Pologne. Il risque plusieurs fois d’être exécuté par des soldats nazis en déroute ou des militaires russes avides.
Dans ce premier roman époustouflant, François Noudelmann emporte le lecteur dans les tumultes des deux conflits mondiaux. Les destins de son grand-père et de son père sont de véritables épopées, à travers lesquelles l’auteur questionne son identité française.


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