Tous les livres - octobre 2022


Les livres présentés en

(mois par mois)

Rino Della Negra, footballeur et partisan


Dimitri Manessis et Jean Vigreux


Vie, mort et mémoire d’un jeune footballeur du « groupe Manouchian »


Sportif exceptionnel brisé à l’âge de 20 ans, alors qu’il venait d’être recruté par le prestigieux club du Red Star, Rino Della Negra n’a jamais pu exprimer tout son talent de footballeur. Réfractaire au STO, membre du groupe Manouchian (FTP-MOI), martyr de la liberté fusillé par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, le jeune résistant plaçait les valeurs d’antifascisme et de solidarité au-dessus de tout. Cette étude inédite et fort documentée, par deux historiens du mouvement social, analyse la vie et la mémoire d’une icône du football populaire et du combat émancipateur.
Loin d’une conception surannée de « l’identité nationale », la biographie de Rino Della Negra s’intègre dans l’histoire d’un pays qui a su accueillir l’étranger, se construire grâce aux échanges multiples, et dont les membres des FTP-MOI ont pu écrire l’une des pages les plus lumineuses.




Une note de lecture de

Paquito Schmidt


 

L'impensé de l'IVG - Douze femmes. Douze expériences singulières. Douze récits sans jugement.


Livre de Dominique Costermans


La parole féminine se libère peu à peu dans de nombreux champs jusque-là secrets, ou discrets : les règles, le harcèlement, le viol, l’injonction à la jeunesse et à la minceur, le post-partum, et plus récemment l’endométriose ou la maternité regrettée. Pourtant, l’avortement reste toujours un tabou. De quoi ce silence est-il le signe ? Entre les discours clivants, il ne reste guère de place pour le vécu, le sensible, la singularité des expériences.

Forte de sa pratique d’écrivaine du réel, Dominique Costermans a rencontré douze femmes qui ont eu recours à l’IVG. Avec ces douze récits, ces douze confidences courageuses et souvent bouleversantes, l’autrice espère entrouvrir la porte à un autre discours sur l’avortement, bienveillant, respectueux, libérateur.




IVG,

il était des voix…

Un article sur le blog des lettres belges francophones


Un singe à ma fenêtre


Livre d'Olivia Rosenthal


Tokyo, 1995. Des attentats au gaz sarin. Vingt-cinq ans plus tard, une enquête. Des témoins. Des scolopendres. Des veuves noires. Des oublis. Des murmures. Des non-dits. La narratrice peine à déchiffrer les signes équivoques qui lui parviennent. De rencontre en rencontre, elle se laisse traverser par ce que le pays cache et révèle.
Un apprentissage de l’abandon et du lâcher-prise.







Le 15 décembre 2022

à 19h au 122,

rencontre avec

Olivia Rosenthal


 Les raisins de la colère


Livre de John Steinbeck  (nouvelle traduction)


Les raisins de la colère, récompensé du prix Pulitzer en 1940, est considéré comme le meilleur roman de Steinbeck et le plus emblématique de la Grande Dépression. Exil, détresse, exploitation traversent ce chef-d’œuvre aux échos toujours parfaitement actuels, et que cette nouvelle traduction rend plus puissant encore.



Vagabonde


Livre de Fumiko HAYASHI


Je suis une vagabonde prédestinée. Je n’ai pas de village natal.


Quand elle écrit Vagabonde, Fumiko Hayashi est âgée d’à peine 25 ans. Le succès phénoménal de ce journal romancé, qui fait l’objet d’un véritable culte dès l’année de sa parution, la rend instantanément célèbre. Femme libre dans le Japon des années 1920, elle raconte sans fard son quotidien de misère et d’errance.

Issue d’une famille pauvre de marchands ambulants, partie très jeune tenter sa chance seule à Tôkyô, elle est tour à tour vendeuse de rue, ouvrière dans une fabrique de jouets, serveuse, entraîneuse. Elle publie en revue ses premières nouvelles et ses premiers poèmes, tout en côtoyant ce qu’elle appelle le « monde de la nuit » : la faune des bars, les prostituées, les peintres, les anarchistes…


Dans un style imagé aux fulgurances poétiques, elle propose le tableau d’une génération et décrit, à travers un autoportrait saisissant, l’entrée du Japon dans la modernité.


Cette première publication d’une écrivaine majeur n’avait jamais encore été traduite en langue française.




Une recension de

l'Or des Livres


Des extraits


 

Une farouche liberté - Gisèle Halimi, la cause des femmes


BD de Annick Cojean,  Sandrine Reve, Myriam Lavialle et Sophie Couturier


L’enfance en Tunisie, le refus d’un destin assigné par son genre et son rêve de devenir avocate, la défense indéfectible des militants des indépendances tunisienne et algérienne soumis à la torture, l’association Choisir la cause des femmes, et, bien sûr, les combats pour le droit à l’avortement, la répression du viol, la parité. Gisèle Halimi, c’est tout cela et bien davantage.


C’est une vie de combats, de passion et d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et jusqu’à son dernier souffle, une volonté intacte de transmettre aux nouvelles générations le flambeau de la révolte.



Jim Harrison - Seule la terre est éternelle


Livre de François Busnel


Quelques mois avant sa disparition, Jim Harrison s’est longuement confié aux caméras de François Busnel et Adrien Soland. Ils en ont tiré un film, Seule la Terre est éternelle, à la fois portrait d’un écrivain en liberté, célébration de la nature sauvage et road movie au cœur de l’Amérique des grands espaces.


Dans ce récit très personnel, François Busnel raconte les coulisses d’un tournage pas comme les autres. Il brosse le portrait d’un homme au soir de sa vie, dont l’œuvre ne cesse d’interroger notre rapport à la nature, et propose un voyage insolite à travers l’Ouest mythique, des forêts du Montana à la frontière mexicaine en passant par les réserves indiennes et quelques-uns des plus beaux sites des États-Unis.

Une anthologie inédite de textes de Jim Harrison accompagne ce testament spirituel et joyeux. Celui d’un écrivain merveilleusement iconoclaste, à la liberté de ton pleine d’irrévérence et qui dénonce le saccage de la Terre avec une sagesse teintée d’un humour ravageur.



 

Les dissemblables. Guy Braibant et Michla Gielman


Livre de Sylvie Braibant


« Voilà quelques années, alors que je lisais la notice du Maitron, le Dictionnaire biographique du mouvement social, consacrée à la biographie de Guy, j’ai été stupéfaite par une absence, celle de Michla, qui fut sa femme durant près de 40 ans, sa compagne de lutte, une résistante, la mère de ses enfants. Nulle trace de cette histoire d’amour et de désamour, de victoires et de défaites, dans laquelle se lisent aussi les aléas de l’engagement politique, et l’effacement des femmes du récit historique », écrit Sylvie Braibant.

Aussi son livre rend-il justice à ses deux parents militants hors pair chacun dans son genre.

Guy, juriste de premier plan, haut fonctionnaire fut l’homme clef de la participation des ministres communistes aux premiers gouvernements de François Mitterrand et Michla une résistante juive, laïque et communiste exceptionnelle.



 

Ecritures créatives - Représentations contemporaines et enjeux professionnels


Livre sous la direction de Anne Prouteau, Anne Pauzet et Dominique Ulma [avec le soutien de l'université d'Angers et de l'UCO (Université catholique de l'Ouest) d'Angers]

 

Cet ouvrage prend sa source dans un colloque international, « Écritures créatives : représentations contemporaines, processus créatifs, nouveaux enjeux professionnels » qui s’est tenu à l’université catholique de l’Ouest (UCO) à Angers les 7, 8 et 9 juin 2018.


Ce livre étudie les processus d'écriture créative à l'œuvre dans les domaines professionnels (insertion sociale, développement personnel, entreprise, domaine thérapeutique), personnels, mais aussi éducatifs (universitaires, scolaires, périscolaires). Il analyse les enjeux contemporains de ces pratiques nouvelles en termes d'évolution des représentations, de transfert de compétences, de processus de création, d'autodidaxie. Il approfondit les perspectives épistémologiques des ateliers d'écriture contemporains en montrant en quoi ces pratiques amènent à penser un changement de paradigme dans les domaines de la formation et dans le monde professionnel. Il revient sur la question, déjà largement étudiée mais ici revisitée, de l'apprentissage de l'écriture. Si écrire s'apprend, quels sont les dispositifs de son apprentissage et quels sont les présupposés théoriques et les résultats de ces dispositifs ? Inscrit dans son temps, cet ouvrage pose la question de la transmission et du transfert de compétences. Mais surtout : au sein de contextes encore peu étudiés, il veut relever le défi d'un « tous capables créateurs ».


[Catherine Malard, membre de l'équipe de LE DIRE ET L'ECRIRE, a participé à ce colloque. Avec Solange Lavoine, elles ont proposé une contribution publiée pages 279-284 : "L’Atelier d’écriture au service des pratiques professionnelles : une expérience d’animation vécue par un personnel soignant de l’hôpital "]


 

La Mort à vivre - Quatorze récits intimes


Livre de Catherine Vincent


Un médecin co-fondateur des soins palliatifs en France; une philosophe, belge, dont la mère a été euthanasiée à domicile ; un psychanalyste spécialisé dans le soutien aux mourants; un généraliste français qui aide dans l’illégalité certains de ses patients à mourir; une infirmière-cadre dans un EHPAD dont les résidents ont pris de plein fouet la première vague de la pandémie au printemps 2020; une femme médecin, suisse, qui a pour métier le suicide assisté ; et des hommes, des femmes, qui ont tout simplement accompagné le départ d’un de leurs proches, grand-parent, parent ou conjoint. Soit quatorze récits écrits à la première personne, au plus près du ressenti, qui racontent la mort avec les mots de ceux qui sont restés pour la dire. Pour lever un peu le voile sur cette confrontation ultime qui nous effraie tant. Pour contribuer, aussi, au débat sur la fin de vie, avec l’espoir que cette parole libérée contribue, à sa mesure, à ce qu’on meure moins mal en France.



 

Combattre le fascisme à Londres (1925-1939)


Livre de Joe Jacobs


Fils d’immigrants juifs venus d’Europe de l’Est, Joe Jacobs est né en 1913 dans le quartier juif de Whitechapel, au cœur de l’East End de Londres. Il connaît une enfance difficile et miséreuse : son père meurt un an après sa naissance et la famille est constamment à court d’argent. À l’âge de 12 ans, Joe perd un œil et sa sœur aînée décède de la tuberculose dans des conditions sordides. Joe plonge dans l’action politique en 1925 : il a 12 ans. Il décrit ce qu’il ressent comme la première dose d’un toxicomane : « J’étais exalté… très certainement quelque chose était entré dans mon système sanguin. » En 1926, il est « profondément affecté » par la grève générale où il voit la police montée attaquer la foule à coups de bâton.


C’est au sein du Parti communiste que Joe va gagner ses galons. Il décrit de manière vivante l’immense variété d’activités et d’organisations dans lesquelles le Parti communiste était impliqué. La façon dont il parle de son parti est révélatrice de l’époque. Ainsi, si Joe fait plusieurs fois références à Trotsky et aux oppositionnels, il avoue avoir refusé de les lire à l’époque et avoir accepté l’idée qu’ils étaient des traîtres.
Joe nous propose également une chronique de la résistance de la classe ouvrière de Grande-Bretagne au fascisme autochtone, un phénomène fort peu connu en France. Il nous fait ainsi revivre la « bataille de Cable Street », au cours de laquelle plusieurs dizaines milliers de Londonien·nes se sont mobilisé·es pour empêcher les fascistes de Sir Oswald Mosley de manifester dans les rues du quartier juif. (Un événement évoqué par Ken Follet dans son roman Le siècle.)


Le lien de Joe avec le Parti communiste de Grande-Bretagne allait bientôt être rompu. Un peu plus d’un an après cette mobilisation, Joe allait être exclu. Il réintègrera le parti après la guerre avant d’en être rapidement à nouveau expulsé.


Le récit s’arrête avec la mort prématurée de Joe. Janet Simon, la fille de Joe Jacobs, qui a permis la publication de l’édition anglaise, ajoutera deux chapitres à partir des notes, documents et correspondances laissés par son père.




 

Eté anglais - La saga des Cazalet 1


Livre de Elizabeth Jane Howard (réédition en format poche)


Juillet 1937, Sussex. Dans la propriété de Home Place, la Duche, affairée avec ses domestiques, prépare l’arrivée de la famille au grand complet : ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, sont en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Entre pique-niques sur la plage et soirées auprès du gramophone, les intrigues familiales se succèdent. Aux préoccupations des adultes font écho les inquiétudes des enfants, et à la résilience des femmes répond la toute-puissance – ou l’impuissance – des hommes. L’été regorge d’incertitudes mais, sans l’ombre d’un doute, une nouvelle guerre approche...



A rude épreuve - La saga des Cazalet 2


Livre de Elizabeth Jane Howard (réédition en format poche)


Septembre 1939. Réunie à Home Place, la famille Cazalet apprend l’entrée en guerre de l’Angleterre à la radio. On ferme les demeures londoniennes les unes après les autres pour se mettre à l’abri dans le Sussex, où les préoccupations de chacun – parent, enfant ou domestique – sont régulièrement interrompues par les raids allemands. Polly se tourne vers les discours pacifistes de Christopher, tandis que Clary élabore mille scénarios pour expliquer le silence de son père, disparu sur les côtes françaises. Pendant ce temps, Louise fait ses débuts dans le théâtre, fume et porte des pantalons, au grand dam de sa famille. Les temps sont sombres mais chez les Cazalet, la vie se poursuit entre amours, espoir et secrets.




La saga des Cazalet, pourquoi un tel engouement ?


Un article paru le 26/09/2022 sur le site

LES LISEUSES DE BORDEAUX




Sur le site

EN ATTENDANT NADEAU

des critiques



 

L'Ukraine insurgée


Livre collectif (Brigades éditoriales de solidarité)

Pour essayer de comprendre une situation complexe


Le 24 février 2022, le régime de Vladimir Poutine déclenche une « opération spéciale » contre l’Ukraine dont les objectifs sont la prise de la capitale Kyiv, la destitution du président Volodymyr Zelensky et son remplacement par un fantoche. Le tout sous prétexte de «dénazification» de l’Ukraine. Depuis, l’Ukraine est soumise au feu de l’artillerie et des missiles russes.
L’Ukraine insurgée donne la parole aux Ukrainien∙nes qui luttent par tous les moyens nécessaires, aux syndicalistes, aux féministes, aux acteur∙trices de mouvements sociaux et aux universitaires. Tous nous racontent leurs combats contre l’agression impérialiste russe et expriment leurs espoirs où se dessine un horizon d’émancipation sociale et politique. La parole est aussi donnée aux oppositions et aux dissidences venues de Russie et du Bélarus.

Alors que tous ces témoignages et analyses mettent en accusation le régime autoritaire grand-russe et ses ambitions, le présent ouvrage revient également sur l’histoire de l’Ukraine et de ses relations avec la Russie.



 

V 13 - Chronique judiciaire


Livre d'Emmanuel Carrère


Le procès des attentats du 13 Novembre 2015 (130 morts et 350 blessés) s’est tenu entre septembre 2021 et juin 2022. Plus de 300 témoins ont été entendus, dont des rescapés de cette nuit d’horreur. Les 20 accusés ont été jugés, dont Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos de l’organisation du groupe État islamique. Emmanuel Carrère a assisté à l’intégralité du procès et tenu une chronique hebdomadaire, publiée dans 4 grands journaux européens, L’Obs en France, El País en Espagne, La Repubblica en Italie, Le Temps en Suisse. Pourquoi avoir voulu suivre ce procès ? « Nous allons nous retrouver jour après jour enfermés dans cette boîte de sapin blanc où s’éprouveront et se diront des expériences extrêmes de mort et de vie, et je pense qu’entre le jour où nous entrerons dans cette boîte et celui où nous en sortirons, quelque chose en nous, acteurs et même témoins, aura bougé, changé. Je ne sais pas quoi, je viens pour l’apprendre. »


V13 (pour vendredi 13 novembre) rassemble l’intégralité de ces chroniques, mais relues et augmentées pour cette édition. C’est une descente aux enfers dans laquelle l’écrivain parvient à saisir l’humanité des uns et des autres, qu’elle soit bouleversante, admirable, ou abjecte. Il saisit l’ironie terrible des propos, des situations. Il livre son écoute magnifique des paroles et des silences de ce procès. Il en fait notre histoire. Il donne à cet écheveau complexe d’horreur, d’idéologie, de folie et de détresse, une dimension universelle, profondément humaine, qui atteint chacun d’entre nous : « Marylin porte toujours sur elle, dans un petit tube en plastique, l’écrou de 18 mm qu’on a extrait de sa joue. Elle le sort de son sac, ce tube, devant la Cour. Elle dit : Je veux bien vous le montrer, mais je le garde. Elle le remet dans son sac et elle repart avec, et 250 autres témoignages vont déferler après et écraser le sien, mais quand même, Marylin qui s’éloigne, seule, gracieuse et triste, tellement triste, avec son écrou dans son tube, je ne l’oublierai pas. »



 

Hors classe - Un traité d'immaturité


Livre de Gilles Sebhan


On ne devient jamais adulte. Mais, au contact des adolescents, à travers leur immaturité, leur fantaisie et leur pouvoir de contestation, il est possible de se construire et d’ouvrir les yeux sur une société qui nous enferme dans des rôles.


Gilles Sebhan raconte sa vie de professeur depuis la marge, avec un mélange de stupeur et d’affection. Il en fait le récit comme d’une aventure expérimentale qui n’est pas de tout repos, mais qui peut nous permettre d’accéder aux énigmes du monde contemporain, plein du bruit des réseaux sociaux et de la fureur des apprentis djihadistes. Et si le livre est dédié aux jeunes cancres sans sommeil, c’est sans doute qu’ils détiennent sans le savoir une vérité sur les enfants que nous étions et les adultes que nous croyons être devenus.




Le style réactionnaire - De Maurras à Houellebecq


Vincent Berthelier


En matière de littérature et de style, dit-on, les conservateurs révolutionnent et les révolutionnaires conservent. Les amis du peuple parlent le français de Richelieu, les amis de l’ordre jargonnent comme des Apaches. L’idée a la peau dure : remontant au moins à Stendhal, il n’est pas rare de la trouver sous la plume des réactionnaires d’aujourd’hui, chez Houellebecq, par exemple, qui fait dire à l’un de ses personnages que tous les grands stylistes sont des réactionnaires. La droite ferait passer le style avant toute chose. À preuve, Céline, dont il serait dès lors possible d’ignorer les idées antisémites et exterminatrices, ou du moins de les dissocier radicalement du style constitutif de sa grandeur.
Or, Vincent Berthelier le montre, ce discours remplit historiquement une fonction politique. Il se solidifie après-guerre, chez des Hussards soucieux de minimiser l’engagement vichyste ou hitlérien de la droite littéraire et de réhabiliter leurs aînés en les présentant comme des stylistes.
Plus largement, en étudiant un large corpus d’auteurs de droite et d’extrême droite, ce livre ambitieux voudrait repenser les rapports entre style, langue et politique. Il s’intéresse d’abord à la conception du style et de la langue défendue par certains écrivains, tout en proposant des analyses précises de leur écriture. À chaque étape, il s’agit d’explorer la problématique du style à partir des enjeux idéologiques du moment : dans l’entre-deux-guerres (Maurras, les puristes, Bernanos, Jouhandeau), dans la période de l’essor du fascisme et de la Libération (Aymé, Morand, Chardonne), enfin des années 1970 à nos jours, dans la période où s’élabore une nouvelle pensée réactionnaire (Cioran, Millet, Camus, Houellebecq).



 

L'année du singe


Livre de Patti Smith (réédition au format poche)


Reprends-toi, me suis-je dit, délecte-toi des dernières saisons de tes soixante-neuf ans, le nombre sacré de Jimi Hendrix, avec sa réponse à une telle exhortation : I’m going to live my life the way I want to, je vais vivre ma vie comme j’en ai envie. »

En 2016, l’année du singe, Patti Smith fête ses soixante-dix ans. Des États-Unis au Portugal, elle tisse la toile de cette année singulière marquée par des bouleversements intimes – la perte d’amis chers – et politiques – l’élection de Trump –, sans jamais s’abandonner au désespoir. Avec humour et sagesse, elle livre une réflexion émouvante sur l’amitié, le temps qui passe, et célèbre l’art, la littérature et les pouvoirs de l’imagination.




 

Marcel Proust - Biographie, tome I (nouvelle édition)


Livre de Jean-Yves Tadié


Il s’agit de montrer en quoi l’individu est d’abord un type : l’enfant d’une famille bourgeoise, l’élève de Condorcet, celui de Sciences-Po, l’asthmatique, le « jeune poète » qui envoie plus de lettres qu’il n’en reçoit, le curiste aux bains de mer. Qu’est-ce qu’être écrivain en 1890, ou homosexuel, ou malade, ou médecin ?
Puis vient le moment où le grand artiste cesse d’être un type et, irrémédiablement différent, échappe à l’histoire et aux structures.
Il y a dans cet ouvrage tout ce qu’on peut savoir de Proust, tout ce qu’il est utile de savoir pour comprendre sa personne et son oeuvre, non les infinis détails de vingt et un volumes de lettres.
La biographie d’un grand écrivain n’est pas celle d’un homme du monde, ou d’un pervers, ou d’un malade : c’est celle d’un homme qui tire sa grandeur de ce qu’il écrit, parce qu’il lui a tout sacrifié.



Marcel Proust - Biographie, tome II (nouvelle édition)


Livre de Jean-Yves Tadié


Proust s’est montré curieux de la vie des écrivains et des artistes qu’il aimait, interrogeant sur ses contemporains ou lisant des biographies, des correspondances, de Balzac et Ruskin à Musset et Sainte-Beuve. Il a lui-même fait comprendre une fonction de la biographie : dire « pourquoi ? », « comment ? », et pas seulement « quoi ? ».
Il ne s’agit plus de description, mais d’expérience intérieure, celle qui sera transformée en littérature et en personnages de roman. La biographie ne raconte pas « un vague roman tout préfabriqué », mais la source du roman, ce qui l’a rendu possible. Elle donne forme à l’informe, unité à la diversité, sens à l’apparence. Elle réentend la voix qui n’est plus, et redonne vie à ce genre disparu, le dialogue des morts – qui est un dialogue avec les vivants.



 

Proust-Monde . Quand les écrivains étrangers lisent Proust


Textes choisis, présentés et commentés par Blanche Cerquiglini, Antoine Ginésy, Étienne Sauthier, Guillaume Lefer et Nicolas Bailly


Un siècle après sa mort, Proust n’a jamais été autant lu, traduit, commenté. Pourquoi lui ? Pourquoi cet auteur qui semble si français est-il mondialement connu et reconnu ? Pour le comprendre, nous avons choisi de décentrer notre regard, en réunissant quatre-vingt trois textes d’auteurs étrangers qui ont lu Proust, en français ou en traduction. Qui l’ont admiré ou envié, qui s’en sont inspiré ou qui ne l’ont pas compris, tout autour du globe. Pourquoi eux ? Parce que leurs conditions de lecture ne sont pas les mêmes que celles d’un Français. Il leur faut adapter l’auteur à leur propre contexte de référence, à un environnement géographique et linguistique totalement différent. Tout en se laissant eux-mêmes déraciner et projeter vers un monde éloigné du leur. Du Japon au Brésil, de la Chine à la Catalogne, on lit Proust partout, dans toutes les langues. Les analyses et témoignages ici réunis créent de nouveaux regards sur l’œuvre proustienne : de nouvelles interprétations, de nouvelles interrogations, de nouveaux bonheurs de lecture.

Avec vingt textes traduits pour la première fois en français.



 

Sontag


Livre de Benjamin Moser


Elle fut « la dernière star littéraire » américaine. Essayiste et romancière, mère et militante, égérie intellectuelle et médiatique aux mille et une facettes, tantôt adulée, tantôt détestée, Susan Sontag (1933-2004) s’ingénia toute sa vie à bâtir sa propre mythologie. Son oeuvre foisonnante offre une clé de lecture indispensable à la compréhension de notre culture saturée d’images et de conflits. Chroniqueuse des chaos de son époque (de la guerre d’Algérie au siège de Sarajevo en passant par la révolution cubaine et la chute du mur de Berlin), elle sut tout aussi bien exercer son regard acéré sur sa vie personnelle, marquée par des aventures amoureuses extraordinaires et une constante remise en cause de soi. Pour ériger ce monument biographique, Benjamin Moser a eu accès à de nombreuses archives inédites et à des proches de Sontag qui n’avaient encore jamais parlé d’elle (dont sa dernière compagne, la photographe Annie Leibovitz). Une enquête passionnante et romanesque sur une personnalité hors du commun qui, en s’emparant de sa destinée, a contribué à redéfinir en profondeur les termes de la condition féminine.



Hommage à l'Ukraine


Livre collectif - Préface d'Emmanuel Ruben et Iryna DMYTRYCHYN (parution simultanée à Kyiv et Paris le 26/10/2022)


Le 24 février 2022, quand l’armée russe a envahi l’Ukraine, la stupeur et la tristesse ont saisi le monde entier. Ont commencé à affluer dans nos médias des noms qui, jusqu’ici, ne nous étaient guère familiers, teintés de la couleur des combats et de la tragédie : Boutcha, Marioupol, Kharkiv, la mer d’Azov, Dnipro…
 

Mais que connaissons-nous vraiment de ce pays voisin ? Terre d’au-delà des Carpates, où les rivières coulent à travers des forêts et des steppes, l’Ukraine est aussi un pays à la culture millénaire, doté d’une scène littéraire foisonnante, encore trop peu connue en France. Nous avons donc demandé à quinze autrices et auteurs ukrainiens, de tous âges, tous milieux et toutes régions, russophones et ukrainophones, de nous raconter le lieu qui, pour eux, symbolise « leur » Ukraine. ...


Les bénéfices due la vente du livre seront reversés à l'Aide Médicale Caritative Franco-Ukrainienne




Un article dans

LIBERATION

le 23 novembre 2022


 

Récits retrouvés


Des textes oubliés de Jules Verne illustrés par Tardi.


Nantes. Un prédicateur de retour de Terre sainte choisit une vieille église depuis longtemps abandonnée pour y prêcher. Alors que la foule prend place, on entend soudain, provenant du clocher, des cris d’épouvante. C’est la catastrophe : la cloche gigantesque qui s’est détachée s’abat sur les paroissiens. Jules Deguay, un jeune avocat présent sur les lieux, soupçonnant un complot, décide de mener l’enquête.
 
Dans la plus pure tradition du roman gothique, Un prêtre en 1839 est le premier roman, inachevé, de Jules Verne. Foisonnant de péripéties, on y retrouve déjà le goût de l’auteur pour le mystère et l’aventure, goût qui s’affirmera avec 20 000 lieues sous les mers ou Voyage au centre de la Terre.
 
Outre ce récit, on voit également un ensemble de nouvelles tout aussi enlevées et jubilatoires, mettant en scène Pierre-Jean, le bagnard au grand cœur, San Carlos, le contrebandier espagnol, ou encore l’inénarrable marquis Anselme des Tilleuls. On découvre enfin l’ébauche du dernier roman de Jules Verne, Le Voyage d’études, dont l’action se situe en Afrique centrale, interrompu par sa mort le 24 mars 1905.



 

Leone Ginzburg. Un intellectuel contre le fascisme


Livre de Florence Mauro


Leone Ginzburg (1909-1944) fonde en 1933, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi. Il meurt de sa radicalité en 1944, assassiné par les nazis. Il a inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Florence Mauro raconte sa vie tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle.


À la fin des années 1920 à Turin s'était formé un groupe de jeunes, au lycée d'Azeglio et ensuite à l'université. Leur maître Augusto Monti disait qu'il leur enseignait Dante et la politique. Les élèves se nommaient : Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Noberto Bobbio, Massimo Mila, Vittorio Foa, Mario Lévi. Leone Ginzburg (1909-1944) est apparu très vite comme la figure émergeante de ce groupe par son attitude morale exemplaire, tant sur le plan intellectuel que politique. En 1933 il fonde, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi : en 1937 et 1938, il y installe les grandes collections, historiques, scientifiques, et les traductions de la littérature européenne : lui-même, d'origine russe et russophone, traduit les auteurs russes ou révise des traductions (Gogol, Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski, Tourgueniev) tandis que Cesare Pavese traduit les textes les plus novateurs de la littérature américaine (Sinclair Lewis, Herman Melville, John Dos Passos, Gertrude Stein...). De 1941 à 1943, condamné par le régime fasciste à la relégation dans un petit village des monts des Abruzzes, il écrit sans cesse pour la " Casa " Einaudi, et exige l'excellence du travail éditorial. Dans une incessante revendication de ses positions antifascistes, Ginzburg est mort de sa radicalité en 1944, à la prison romaine de Regina Coeli, assassiné par les nazis. Avec une écriture impliquée, Florence Mauro raconte la vie de Leone Ginzburg tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle. Par sa lutte jamais relâchée pour la liberté d'écrire, de traduire, d'enseigner, de transmettre, il a contribué à maintenir un rempart indispensable contre la montée d'une société totalitaire. L'autrice remet en lumière son intransigeance et sa radicalité face aux événements contemporains de sa génération. Il est un modèle qui parle aujourd'hui et enseigne à ne pas manquer de vigilance. Elle transmet au lecteur d'aujourd'hui son empathie pour le personnage de Leone Ginzburg qui devient par moments héros de roman : elle l'imagine dans une quotidienneté, avec ses camarades de lycée dans les cafés de Turin, ou avec sa famille dans le confino des Abruzzes où il est exilé par le pouvoir fasciste. Elle le met en scène, se fondant sur des écrits retrouvés, des témoignages, des archives. Elle décrit ses enquêtes dans les archives à Turin et à Rome, ses déambulations sur les pas de Leone Ginzburg, ses rencontres avec des témoins ou des historiens. À travers le geste d'écriture, Leone Ginzburg inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Pour lui tout acte de langage devient acte politique. Comment des articles écrits dans la célèbre revue La Cultura – reprise par la Casa Einaudi – apparaissent-ils comme les mots les plus engagés de la Résistance ? Comment la Casa Einaudi est-elle au cœur, dès sa création, d'un des enjeux essentiels de la démocratie, du renouvellement d'un patrimoine qui a fondé un pays, et de sa très nécessaire leçon de résistance à venir ? Il est à noter que l'épouse de Leone, Natalia Ginzburg, née Natalia Levi, a été une grande écrivaine. Leone et Natalia ont eu trois enfants dont Carlo Ginzburg le célèbre historien pionnier de la micro-histoire et historien de l'art.



 

Récitatif


Livre de Toni Morrison


Twyla et Roberta ont huit ans lorsqu’elles se rencontrent au foyer de St-Bonaventure. L’une est noire; l’autre est blanche. (Mais laquelle est laquelle ? Nous ne le saurons jamais…) Quatre mois durant, les deux fillettes resteront inséparables, avant que la vie ne les éloigne. Des années plus tard, elles vont se recroiser brièvement, à plusieurs reprises, chaque fois dans des circonstances très différentes. Des retrouvailles souvent malaisées, jetant une lumière trouble sur un épisode de leur enfance, une scène en apparence anodine mais dont le souvenir ne les a jamais quittées – si tant est que ce souvenir soit fidèle à ce qui s’est réellement passé ce jour-là…Suivie d’une magnifique postface signée Zadie Smith, cette nouvelle de 1983, demeurée jusqu’à ce jour inédite en volume, est la seule qu’ait jamais écrite Toni Morrison. Tous les grands thèmes qui traversent son œuvre sont là – la question raciale, l’identité, la violence, la place des femmes dans l’histoire et dans la société, les pièges et les sortilèges de la mémoire… En une poignée de pages bouleversantes, aussi limpides que vertigineuses, Récitatif nous offre la quintessence d’une des voix les plus inoubliables de la littérature américaine contemporaine.



 

Memorial Drive


Livre de Natasha Trethewey


Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex-mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé  sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d’ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre une femme noire et un homme blanc dans le Mississippi. Suivront une rupture, un déménagement puis  une seconde union avec un vétéran du Vietnam. À chaque fois, Gwendolyn pense conquérir une liberté nouvelle. Mais la tâche  semble impossible. Elle est toujours rattrapée par la violence.


Dans ce récit déchirant, Natasha Trethewey entremêle la trajectoire des femmes de sa famille et celle d’une Amérique meurtrie par le racisme. Elle rend à sa mère, Gwendolyn Ann Turnbough, sa voix, son histoire et sa dignité.




Un article dans DIACRITIK

le 30/09/2022


 

L'intranquille - autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou


Livre de Gérard Garouste avec Judith Perrignon (réédition 2022 en poche)


Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des juifs déportés. Mot par mot, il m’a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. A vingt-huit ans, j’ai connu une première crise de délire, puis d’autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l’enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions. Aujourd’hui, j’ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris. G . G.

Un livre qui a la puissance d’un roman, traversé par l’antisémitisme, les secrets de famille, l’art, la folie et l’amour. Un autoportrait bouleversant.




 

Ô pays, mon beau peuple !


Livre d'Ousmane Sembène (réédition)


À la veille de l’indépendance du Sénégal, Oumar Faye revient dans son village natal après huit ans d’absence, accompagné de son épouse blanche. Aussitôt, sous l’arbre à palabres, les commérages vont bon train. Oumar tente d’apporter sur la terre de ses ancêtres les graines d'un esprit nouveau, que ce soit parmi les paysans ou ses proches : son père, imam ; sa mère, qui pratique encore les rites des anciens ; ses amis, qu’ils soient instituteurs ou médecins – blancs ou noirs. Cette aventure humaine pleine de fraîcheur et de vigueur finira cependant tragiquement…
 
Un roman subversif et engagé qui dresse le portrait d’une Afrique en pleine mutation, désireuse de se libérer du poids de ses traditions.





Un kibboutz en Corrèze


Livre de Jean-Luc Aubarbier


De jeunes Juifs communistes fuient Hitler pour fonder une communauté rurale dans un village corrézien.


Dans le village de Nazareth, situé à dix kilomètres de Brive et marqué par la guerre de 1914, l'accueil est glacial pour Yohann, Haïm, Sarah et les autres jeunes Allemands réfugiés en France. Après leur apprentissage à la ferme-école, ils partiront pour la Palestine. Peu à peu, grâce à leur enthousiasme, leur bonne éducation, leur courage, ils gagnent la sympathie des habitants. Seul Albert Malaterre, sous-préfet de Brive, fasciste dans l'âme, s'est juré de fermer le kibboutz. Et plus encore depuis que son fils, Frédéric, fréquente la jolie Sarah. Après la défaite, ceux restés en France s'engagent dans la Résistance, tandis que Sarah, qui attend un bébé, est arrêtée et déportée par son beau-père, devenu chef de la Milice. Frédéric et Yohann n'ont plus qu'une idée : lui faire payer le prix de son crime.




Un article de presse

de 2013


 

Nouvelles ukrainiennes


Livre d'Emmanuel Ruben


Des rives du Dniepr aux rivages de Crimée, de la banlieue de Kiev aux crêtes des Carpates, des steppes du Donbass à la frontière polonaise, chacune des nouvelles de ce recueil inédit est l’occasion de découvrir les légendes et les réalités d’un pays encore trop méconnu malgré l’actualité tragique. Les personnages qui les habitent - un cycliste amoureux des fleuves, un archéologue farfelu guettant les traces des Khazar, une chanteuse de jazz à la voix de velours et au nom de rivière sibérienne, des vieilles dames contrebandières… - nous emmènent sur toutes les lisières brûlantes d’un pays qui porte en son nom l’idée de frontière : U-kraïna.

Né en 1980 à Lyon, Emmanuel Ruben est l’auteur d’une dizaine de livres, parmi lesquels Sur la route du Danube (prix Nicolas Bouvier 2019) et Sabre (prix des Deux-Magots 2021). Son dernier roman, Les Méditerranéennes, paraît parallèlement chez Stock.

Ce recueil est suivi du journal qu’il a tenu en avril 2014, dans la capitale ukrainienne, au lendemain de l’Euromaïdan.




Une recension

sur le site l'Or des Livres

Lire ICI


 

Inédits


Livre d'Edouard Levé


On croyait l’œuvre d’Edouard Levé définitivement close : il n’en est rien.

L’écrivain et artiste disparu en 2007, à l’âge de 42 ans, laisse dans ses archives un grand nombre de textes inédits, dont nous proposons dans ce volume une sélection réalisée en collaboration avec l’écrivain Thomas Clerc. L’auteur d’Œuvres, d’Autoportrait et de Suicide n’a pas cessé d’écrire tout au long de sa courte mais marquante carrière, témoignant du paysage artistique des années 90-2000, dont il fut l’un des acteurs. On trouvera dans ce volume un ensemble de textes tous inédits qui reflète, à l’image de la boule disco qui fut l’un de ses objets-fétiches, la variété des genres littéraires où l’obsession d’Edouard Levé se fait jour : chapitre de roman, fictions, promenades dans Paris, un abécédaire, des textes autobiographiques, des poèmes, des textes de performances, des chansons, des essais, etc. Un surprenant cabinet de curiosités littéraires redéfinit ainsi l’image d’un auteur qui se voulait sans style, refusant la limitation que celui-ci impose au créateur.

Thomas Clerc signe la présentation de ce volume réalisé en collaboration avec l’IMEC (Institut de la mémoire de l’édition contemporaine).




Une exposition

des œuvres artistiques d’Édouard Levé sera organisée à Paris cet automne à l’occasion de la parution du livre

.

 

Alghérietages


Livre de Gérard Leidet et Bernard Régaudiat


Il y a soixante ans, la fin des « événements d’Algérie » marquait l’issue d’une guerre longue de près de huit années. Cette histoire demeure proche, vivante, ancrée dans nos souvenirs et nos mémoires multiples… En effet, plusieurs millions de Français ont une relation personnelle, intime, avec l’Algérie, notamment à Marseille et dans la région : immigré·es et enfants d’immigré·es, «rapatrié·es», harkis et leurs descendant·es, appelés du contingent, militant·es…


De l’histoire régionale aux mémoires personnelles (et inversement), l’association Provence-mémoire et monde ouvrier a recueilli une dizaine d’études historiques centrées sur l’espace marseillais. Elle a aussi donné la parole aux témoins – et acteurs parfois – de la période et de celle qui a suivi l’indépendance de l’Algérie. S’il s’agit toujours d’« apaiser les mémoires », il s’agit aussi de rapprocher des échos de mémoires.
Ce double éclairage devrait contribuer à la lente construction, la trace à peine ébauchée, d’un récit illustrant la complexité de la «tragédie algérienne » et des « mémoires en conflit».

Une narration de la guerre et de la paix, des déchirements et des réconciliations, des douleurs sans cesse renaissantes et des élans de fraternité présents et à venir…



"Papa, qu'as-tu fait en Algérie?" - Enquête sur un silence familial


Livre de Raphaëlle Branche


De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d’Algérie sont réputés n’avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l’épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.
Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d’abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leurs familles ce qu’ils vivaient en Algérie ? Ce qui s’est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Et son enquête pointe l’importance des bouleversements qu’a connus la société française sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé à propos de la guerre d’Algérie.
Grâce à cette enquête, c’est plus largement la place de cette guerre dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles.



 

Je maintiendrai - Femmes, nobles et Françaises. 1914-1919


Livre de Bertrand Goujon Été 1914


L’attentat de Sarajevo met un coup d’arrêt brutal aux flamboyantes mondanités de la Belle Époque. Déchirées par les séparations qu’occasionne la mobilisation, ouvrant pour certaines leurs châteaux aux blessés militaires et aux réfugiés, poussées parfois sur les routes par l’avancée allemande, baronnes, marquises, duchesses, princesses, comtesses et vicomtesses ne sont pas toutes épargnées par les pillages et les bombardements. En l’absence des hommes, il leur faut aussi assumer la gestion des patrimoines et entretenir les réseaux d’influence.

Si d’aucunes trouvent espérance et consolation dans leur foi et leur patriotisme, nombre d’entre elles tiennent le « front intérieur » et, en sus de soutenir leurs proches enrégimentés, s’engagent auprès des soldats et des victimes civiles, au sein de la Croix-Rouge ou au travers d’œuvres de guerre, tandis que d’autres résistent à l’occupant en zone envahie.


Pour la plupart, l’essentiel reste néanmoins de maintenir leur rang, fragilisé par une hécatombe qui a décimé leurs fils et époux, mené certaines au bord de la ruine et conduit d’autres à la mésalliance.


Fort d’une immense masse d’archives (correspondances, journaux intimes, chroniques mondaines…), Bertrand Goujon retrace des trajectoires individuelles et collectives au sein d’un groupe social jusqu’à présent négligé, apportant une contribution essentielle à l’histoire des femmes dans la Grande Guerre.



Quand tu écouteras cette chanson


Livre de Lola Lafon


« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.
Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. » L. L.




Un article de EAN

du 19 octobre 2022


Lecture à la Maison de la Poésie


 

La vie secrète de nos objets - Pourquoi il ne faut pas tout jeter


Livre d'Annemarie Trekker


Le symbolisme des objets allié à une dimension écologique de conservation de ses biens. L'anti-Marie Kondo !

Ce guide original nous invite à redécouvrir les objets qui nous entourent, ainsi que la mémoire dont ils sont porteurs. Que représentent-ils pour nous ? Quelles traces de ceux qui les ont créés ou choisis subsistent à travers eux ? Que transmettent-ils à nos proches ? Quel récit laissons-nous derrière nous à travers ces témoins de nos vies ? Sociologue clinicienne et spécialiste de l’écriture du récit de vie, Annemarie Trekker propose une réflexion multidimensionnelle et sensible autour de l’objet, à travers une approche sociologique, psychologique, culturelle, symbolique et historique, émaillée de témoignages poétiques et de récits de famille. Son livre nous offre également des exercices pratiques, permettant une réappropriation intime de nos objets personnels (souvenirs, photographies, vêtements, lettres, etc.). Au fil des pages, l’autrice nous convie à une exploration de nos possessions, de la cave au grenier. Elle nous encourage à nous emparer de notre existence comme on se saisit d’un objet précieux pour le contempler, en percevoir la beauté et en réparer les fêlures, afin de lui redonner l’intégralité de ses potentialités, tout en remettant de l’harmonie dans nos vies.


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