Notes de lectures, articles, entretiens, presse ...

[année 2022]




 

15 articles de la revue en ligne "EN ATTENDANT NADEAU" sur l'oeuvre de Maurice Nadeau


  1. Pour Nadeau, la lumière vient aussi du Sud : Maurice Nadeau, dans son immense brassage, a toujours été très attentif à la littérature du Sud, d’Espagne ou d’Amérique latine.
  2. Nadeau et son Flaubert : Flaubert, ce « miracle de probité littéraire », est l'admiration de toute une vie pour Nadeau. Son « Journal en public » permet de suivre l'aventure de ses relectures.
  3. Nadeau sur Faulkner : Le troisième tome de Soixante ans de journalisme littéraire permet d’observer le changement dans sa manière d’écrire sur un romancier en voie de canonisation : William Faulkner.
  4. Un très grand critique incite à la paresse : Un grand soin mis à éclairer le contexte, l'intrigue et les personnages d'un livre, un éclectisme assumé, aucun préjugés : Maurice Mourier analyse le travail de critique de Maurice Nadeau.
  5. Le sourire d’Hypatie : L'écriture de Maurice Nadeau est une écriture de la conversation tout autant qu’une conversation de l’écriture, va-et-vient de l’impersonnel au personnel.
  6. La critique est un jeu : Maurice Nadeau aborde le texte critique autrement. C’est pour lui un exercice d’une grande liberté, une manière de partager l’acte même de lire.
  7. De Montherlant à Cohn-Bendit : L’éditorial de La Quinzaine littéraire du 1er juin 1968 prend acte de l'événement qui vient d'avoir lieu. Mais Nadeau avait-il vraiment saisi tous les enjeux de la contestation ?
  8. L’œuvre ou la vie : Le tome III des Soixante ans de journalisme littéraire livre ce que Maurice Nadeau pense, tout ce qu’il pense, des ouvrages qui l’accompagnent, l’enchantent ou l’irritent.
  9. Nadeau 68 : le communisme : Adversaire de la première heure du stalinisme, Maurice Nadeau n’a jamais porté dans son cœur le Parti communiste français. Ce qu’il écrit en 1968, année charnière, en témoigne.
  10. Ponts et passages : Dans la pièce qui accueillait les comités de rédaction de La Quinzaine littéraire, un pan de mur était consacré à une série de photos ou dessins d’écrivains, dont le sens s’éclaire à la lecture du troisième volume de Soixante ans de journalisme littéraire de Maurice Nadeau.
  11. Lier, transmettre : Dans ses articles ou ses éditoriaux, Maurice Nadeau n’omettait pas de parler des liens qui l’unissaient à des collaborateurs, à des amis, comme Jean José Marchand (1920-2011) ou Pascal Pia (1903-1979).
  12. Grâces lui soient rendues : En juillet 1981, Maurice Nadeau confie à Monique Le Roux la chronique dramatique de La Quinzaine littéraire. Notre collaboratrice partage ses souvenirs.
  13. Pourquoi Nadeau n’aimait pas Aragon : « Cet écrivain au talent multiforme, qui fit penser à Drieu la Rochelle avant de ressembler à Cocteau », écrit en 1950 Maurice Nadeau à propos d’Aragon. Gérard Noiret explique les raisons d’une détestation.
  14. Vers une littérature internationale : EaN se plonge dans les articles critiques écrits par Maurice Nadeau de 1952 à 1965, principalement pour sa revue Les Lettres Nouvelles.
  15. Les débuts de Nadeau : Maurice Nadeau avait trente-quatre ans : la Seconde Guerre mondiale était terminée, il venait de publier son Histoire du surréalisme et entrait au journal Combat. En six ans, il publie près de 500 articles, dans lesquels il s’essaye à tous les genres.

 

Un exil inattendu


Un article d'EAN (14/12/2022) à propos du livre de Shumona Sinha "L'autre nom du bonheur était français"


Née à Calcutta, Shumona Sinha se définit comme une écrivaine de langue française venue d’Inde. Son premier roman, Fenêtre sur l’abîme (La Différence, 2008), parut quelques années seulement après ses premiers cours de français, pris à vingt-deux ans. Cinq autres livres ont suivi, d’abord aux éditions de L’Olivier, puis chez Gallimard. À rebours de cette consécration fulgurante, L’autre nom du bonheur était français examine l’écart douloureux qui s’est creusé entre son amour du français et sa vie en France, ainsi que l’impasse que son cas symbolise.



« Le livre que vous avez failli ne jamais lire »


Ce livre de Nathalie Gendrot et de Guillaume Meurice devait paraître chez Le Robert, mais monsieur Bolloré, propriétaire de Le Robert, au travers d’Editis, en a décidé autrement.

Mais les éditions Flammarion ont annoncé qu’ils publieront le livre le 1 mars 2023 sous un nouveau titre « 201 expressions pour épater la galerie »


 

 


 

« Accompagner les auteurs sur leur manuscrit »


Un entretien avec Pierre Ahnne dans L'INVENTOIRE (13/12/2022)


Écrivain et blogueur, Pierre Ahnne réalise des retours sur les manuscrits qui lui sont confiés par Aleph-Écriture dans le cadre des lectures-diagnostics. Nous lui avons demandé ce qu’il retirait de cette pratique et aussi ce que pouvaient attendre de ces retours les auteurs qui lui confient la première version de leur livre.



 

Thomas A. Ravier : « ce succès de Proust en figurine patrimoniale est évidemment suspect »


Un entretien à propos de Marcel Proust paru sur le site DIACRITIK, le 15 décembre 2022


Un million cent-soixante mille. C’est le nombre d’occurrences concernant l’actualité de Marcel Proust donné en 0,36 secondes par Google ces jours-ci. Le feu d’artifice du centenaire de l’écrivain n’en finit pas d’exploser dans les médias mais faut-il automatiquement s’en réjouir ? Y a-t-il vraiment autant de Proust que de lecteurs de Proust ? Quelques éléments de réponse grâce à l’écrivain Thomas A. Ravier, auteur d’un essai sur Proust, Éloge du matricide (2007, Gallimard)....



 

Livres audio : une offre qui s’étoffe face à la croissance du marché


Un article d'ACTUALITTE.com (29 septembre 2022)


Le livre audio connaît une croissance importante ces dernières années, même s’il reste encore, au sein de l’édition, un marché de niche. De nombreux acteurs se battent pour pousser le développement de ce créneau très porteur. En effet, très facile d’utilisation, le livre audio a de quoi séduire tous ceux qui passent du temps dans les transports, mais aussi ceux qui affectionnent de faire deux activités en même temps, comme repasser ou faire le ménage tout en écoutant le dernier livre de votre auteur préféré.




Règles, masturbation, bisexualité : pourquoi “Le Journal d’Anne Frank” a tout d’une œuvre féministe


Un article des INROCKS du 2 décembre 2022


"...Ce journal, comme l’a dit à Lola Lafon la nonagénaire Laureen Nussbaum, qui fut l’amie des Frank et étudie les écrits d’Anne depuis les années 1990, est avant tout “l’œuvre d’une jeune fille victime d’un génocide, perpétré dans l’indifférence absolue de tous ceux qui savaient”. Édité dans différentes versions, qui ont parfois donné lieu à des instrumentalisations idéologiques de la part des éditeurs, Le Journal d’Anne Frank reste, principalement, un puissant témoignage de la persécution des juif·ves sous l’occupation nazie et de la Shoah. Mais il raconte aussi une importante mutation, celle d’une jeune fille qui, au fil des pages, devient tout à la fois femme et écrivaine. En 2018, à l’occasion de la publication de deux nouvelles pages restées jusque-là inédites, la Maison d’Anne Frank affirmait: “Pendant des décennies, Anne est devenue un symbole mondial de l’Holocauste, et Anne ‘la jeune fille’ a été reléguée au second plan.” C’est pour remettre au premier plan cette adolescente que nous avons voulu relire son journal à travers le prisme du féminisme, tout en gardant bien en tête cette phrase de Lola Lafon: “Les extraits choisis des textes qu’on porte aux nues révèlent ce que nous désirons en retenir.” Ici, le féminisme en gestation d’une jeune fille aussi éveillée intellectuellement que sexuellement. La preuve en cinq grands thèmes, abordés au fil des 330 pages de la dernière édition du Livre de Poche..."



 

Annie Ernaux : « Je veux écrire sur #MeToo »


Un entretien avec la revue LA DEFERLANTE (paru dans la newsletter)


Comment avez-vous vécu ces dernières semaines et l’intense médiatisation autour de cette consécration ?

 
C’est une grande joie de constater que beaucoup de gens sont heureux que j’aie eu le Nobel ! Ces dernières semaines ont été bousculées. Je reviens tout juste du Brésil. J’avais des engagements pris auparavant, notamment des déplacements pour la sortie du film Les Années Super 8 que j’ai réalisé avec mon fils, David Ernaux-Briot. Et puis d’un seul coup j’ai reçu une masse de courriers et de mails !
Il me semble qu’il y a une machine qui s’est mise en route pour m’extraire du monde dans lequel j’ai l’habitude d’être. Je tâche de résister le mieux possible et, en même temps, je me soumets aux exigences de la médiatisation en bon petit soldat ! Mais ma vie ne se justifie pas par le fait de me montrer, de parler de moi. Ce n’est pas ça, ce que je voulais faire à 20 ans ! Ni à 40 ans ! (Rires.) ...



 

Annie Ernaux, l’Algérie et sa guerre


Un article de DIACRITIK, le 8 décembre 2022


«Mon enfance et mon adolescence se déroulent dans un discours sociopolitique, grèves de l’été 1953 contre Laniel, chute de Dien-Bien Phu et, bien entendu, la guerre d’Algérie, qu’on nomme « les événements ». [En 1959] j’évolue vers l’opposition à de Gaulle et m’affirme pour l’indépendance de l’Algérie. Ce sont cette question, cette guerre, avec les attentats de l’OAS, le putsch des généraux, qui impactent mes premières années de fac, comme pour tous les étudiants de cette époque ».


Je place en ouverture de cet article la réponse donnée par Annie Ernaux à une question d’Alexandre Gefen dans son ouvrage, La Littérature est une affaire politique (2022). Elle m’a mise en appétit puisque depuis de longues années j’explore les rapports Littérature/Guerre d’Algérie-Guerre de libération nationale et que j’ai une prédilection pour les textes d’écrivaines. Aussi, explorer le rapport à cette guerre et, plus généralement, à l’Algérie de ces années, d’une romancière de la stature d’Annie Ernaux – le prix Nobel ne faisant que couronner une œuvre à la démarche singulière –, ne pouvait pas ne pas me solliciter...



 

Annie Ernaux - Son discours à Stockholm


Pour le Prix Nobel de littérature 2022


"... En m’accordant la plus haute distinction littéraire qui soit, c’est un travail d’écriture et une recherche personnelle menés dans la solitude et le doute qui se trouvent placés dans une grande lumière. Elle ne m’éblouit pas. Je ne regarde pas l’attribution qui m’a été faite du prix Nobel comme une victoire individuelle. Ce n’est ni orgueil ni modestie de penser qu’elle est, d’une certaine façon, une victoire collective. J’en partage la fierté avec ceux et celles qui, d’une façon ou d’une autre, souhaitent plus de liberté, d’égalité et de dignité pour tous les humains, quels que soient leur sexe et leur genre, leur peau et leur culture. Ceux et celles qui pensent aux générations à venir, à la sauvegarde d’une Terre que l’appétit de profit d’un petit nombre continue de rendre de moins en moins vivable pour l’ensemble des populations...."




Un entretien sur

France Inter

La littérature n'est pas neutre

le 8 décembre 2022



Un dossier

Annie Ernaux


 

Un entretien avec Katya Gritseva, jeune artiste militante ukrainienne


Un numéro spécial de la LETRRE (N° 12 - 4 décembre 2022)


Cet entretien a été réalisé par email le 15 novembre 2022.

Cet entretien a paru initialement en anglais sur le site Justseeds.org. Ce site est la vitrine d’une coopérative réunissant 41 artistes engagé.es dans les domaines social, environnemental et politique.

La traduction a été assurée par le site ESSF (Europe Solidaire Sans Frontières).



 

Annie Ernaux : un engagement qui dérange


Un article de Gisèle Sapiro, paru le 30 novembre 2022 dans EN ATTENDANT NADEAU, à propos, entre autres, à la diffusion de l'émission REPLIQUES (26/11/2022 sur France Culture)


Le 10 décembre prochain, Annie Ernaux recevra le prix Nobel de littérature et prononcera à cette occasion son discours de réception. Mais d’ores et déjà, la première écrivaine française récompensée est la cible d’attaques injustifiées concernant ses engagements politiques, qu’il est urgent de dénoncer mais dont il faut aussi comprendre la signification plus profonde. Car si Annie Ernaux est attaquée au moment même où son œuvre est célébrée dans le monde entier, c’est que ses textes sont porteurs d’une critique de la domination symbolique, que ses détracteurs font tout pour reproduire...




 

Mauvaises Filles : rencontre avec la réalisatrice Emérance Dubas


Un entretien avec la réalisatrice du documentaire "Mauvaises filles", d'après le livre de Véronique Blanchard (entretien sur le site CLOSE-UPMAG.com, le 21/11/2022)


"La question que l’on doit souvent vous poser est celle du titre. Désiriez-vous reprendre la terminologie des oppresseurs ?

Le film est né de ma rencontre avec l’historienne Véronique Blanchard qui à l’époque rédigeait sa thèse de doctorat -« Mauvaises filles : portraits de la déviance féminine juvénile (1945-1958) » soutenue en 2016 et publiée en 2019 sous le titre Vagabondes, voleuses, vicieuses . Je trouvais le titre de la thèse très éloquent et j’ai repris le nom que la société pouvait imposer à ces filles qui étaient placées en maisons de correction.


D’après vous, quelles sont les connotations qui vont s’imposer ?

Ça fait partie de tout un corpus autour des filles qui étaient stigmatisées parce qu’elle n’étaient pas conformes à ce que la société attendait d’elles : les filles mères, les filles en détresse…"



 

Journée des écrivains en prison : en Iran, la lutte contre la censure de la culture plus forte que jamais


Un article sur le site de Radio France Internationale, le 15/11/2022


Le 15 novembre marque la journée mondiale des écrivains en prison. En Iran, alors que le régime islamique tente de réprimer les mouvements de contestation depuis deux mois, auteurs, poètes et comédiens sont aussi pris pour cible en raison de leur travail pour la liberté d’expression. Avec l’espoir de lutter contre la censure, des artistes iraniens ont pris une responsabilité : celle de devenir la voix de leurs confrères et consœurs réduits au silence.


« Je suis fatiguée d’avoir peur. Je n’ai jamais été politisée avant, mais maintenant, j’ai un devoir humain en tant qu’écrivaine. Il faut que je crie à leur place », assène Nasim Vahabi, autrice iranienne résidant en France depuis 1998. À l’occasion de cette journée des écrivains en prison, Nasim a élaboré un document non-exhaustif qui répertorie les noms des auteurs, poètes, journalistes et blogueurs assassinés ou actuellement incarcérés en Iran.



 

L'amitié du poème


Un article de Régine de La Tour à propos du dossier sur la poétesse Diane Régimbald paru dans la revue LQ (Lettres Québécoises) n° 186 - Automne 2022


"Au Québec, la revue de référence en matière de critique littéraire s’intitule LQ pour Lettres Québécoises. LQ aura bientôt un demi-siècle et sa mission « est de promouvoir la littérature contemporaine grâce à une revue de qualité qui contribue à son rayonnement ». « Nous croyons qu’il en va de la vivacité et du dynamisme du milieu des lettres ». Lettres Québécoises entend « garder vivante une tribune où la littérature québécoise se pense et se fait ». LQ parait quatre fois par an. Une fois par saison en somme.

 

J'ai un attachement tout particulier pour ce numéro d’automne. Le dossier est consacré à la poète Diane Régimbald, souvent présente dans les pages de Le Dire et l’Ecrire. Diane, l'amie rencontrée pour la première fois au Festival de Poesia de la Mediterrània, à Majorque en 2016. ..."



 

Des écrivaines lectrices : Alice Zeniter (Toute une moitié du monde) et Ananda Devi (Sylvia P.)


Un article sur DIAVRITIK (le 17/11/2022) à propos de deux livres d'écrivaines


C' est un livre et puis c’est tout ». C’est ainsi qu’Alice Zeniter conclut le « préliminaire » de Toute une moitié du monde après avoir annoncé que ce ne serait ni un essai ni une « rêverie », terme qui sans renvoyer à un genre codifié comme l’essai, ne convient pas plus à ce qu’elle nous propose. De même, Sylvia P. d’Ananda Devi n’est ni une biographie, ni un roman, ni un essai sur la poétesse Sylvia Plath mais tout cela à la fois. Bref, ce sont deux livres et puis « c’est tout ». C’est effectivement « tout », tout ce qui concerne la littérature : la lecture et l’écriture, le réel et la fiction. Ces deux lectrices-écrivaines, écrivaines-lectrices nous offrent deux livres hybrides tout aussi passionnants l’un que l’autre.



 

Peindre l'âme, Alice Neel et Walter Sickert


Un article de Corinne Bacharach sur son blog (16/11/2022)


"Deux expositions m’ont particulièrement éblouie ces dernières semaines : « Alice Neel, un regard engagé » au Centre Pompidou et « Walter Sickert, peindre et transgresser » au Petit Palais. Apparemment, rien de commun entre ces deux propositions, ni l’époque -Alice Neel a pratiquement traversé le XXe siècle (1900-1984) alors que Walter Sickert (1860-1942) est mort pendant la deuxième guerre mondiale-, ni l’esthétique -les couleurs de Sickert sont souvent ouatées, ses traits parfois troublés lorsque Neel appuie les formes et affirme les couleurs. Pourtant, ces deux artistes se rejoignent plus que l’on ne pourrait l’imaginer. L’un aurait peut être influencé l’autre. Exercice périlleux que de tenter ces comparaisons, qui ne prétendent en aucun cas une approche exhaustive ou savante des deux œuvres. En dégageant leurs points communs, il s’agit de présenter ce qui, pour moi, a constitué à travers ces deux expositions, deux magnifiques découvertes. Je ne connaissais avant ces visites ni Alice Neel, célèbre aujourd’hui aux États- Unis mais encore trop peu connue ici, ni Walter Sickert dont la reconnaissance tardive en France est due en grande partie à l’investissement de Delphine Lévy, trop tôt disparue, à qui le Petit Palais dédie l’exposition..."



 

Les féminicides, une permanence de l’histoire


Sur le site NONFICTION (8/11/2022), un entretien avec Christelle Taraud à propos du livre "Féminicides. Une histoire mondiale"


Christelle Taraud a réuni une équipe de 150 autrices et auteurs attachés à livrer un récit précis et circonstancié des violences faites aux femmes.


Depuis la préhistoire, des femmes sont tuées parce qu’elles sont femmes. Les sociétés patriarcales du passé ont organisé leur infériorité juridique et intégré l’idée de leur infériorité politique, économique, sociale, culturelle et symbolique. L’esclavage et la colonisation ont placé les femmes dans un système de domination plus destructeur encore pour elles que pour les hommes. Lors des génocides tels que de celui des Tutsi au Rwanda, les femmes membres des populations persécutées ont été placées dans des situations plus mortifères que les hommes. ...



 

Deux articles des INROCKS


  1. Prix littéraire Les Inrockuptibles : retour sur la remise de prix 2022 : Lola Lafon, Maria Larrea, Luz, Paul Audi, et même Eileen Myles par Zoom, étaient présent·es hier lors d’une soirée pour recevoir le prix littéraire des Inrockuptibles dans cinq catégories (Littérature française, étrangère, premier roman, BD et essai).... Lire ICI
  2. PPDA : on a lu ses livres, et on est resté sans voix : Il n’est pas question de condamner un homme par ses romans. Mais nous avons eu la curiosité d’ouvrir les livres de PPDA pour voir quelle vision de la femme, et des rapports hommes-femmes, ils ont véhiculé pendant des décennies. Et c’est édifiant. ... Lire ICI  
     

   


 

Marc-Antoine Mathieu : «Deep Me slalome entre Kafka, Borges, Soulages et Camus!»


Un entretien paru dans LE FIGARO Culture, le 20/10/2022, à propos de DEEP ME


L'auteur de la série Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves publie un passionnant album qui explore l'éveil à la conscience d'un personnage baptisé Adam. Entretien vérité avec un maître de la BD en noir et blanc.



 

Beyrouth-Livres, le pari réussi de la capitale littéraire du Moyen Orient 


Un article (7 novembre 2022) de Catherine Malard à son retour du festival du livre de Beyrouth


"Le goût de ce salon, qui n’avait pas pu se tenir depuis 2018, a eu la saveur des mezzés dont ce pays a le secret. Je l’ai pleinement savouré, du 19 au 30 octobre, retrouvant des amis et des auteurs connus des Bouillons angevins parmi les 110 écrivains de 18 nationalités présents. En 2019, la révolution du 17 octobre, la Thaoura, n’avait pas permis au Salon d’ouvrir ses portes. Puis, ce fut l’explosion des silos, le 4 août 2020 qui anéantit tout le centre de Beyrouth, à cela s’est ajoutée la pandémie confinant les Libanais comme le reste du monde. J’ai mesuré à quel point le retour de ce Salon revêtait pour les Libanais une dimension toute particulière. Beyrouth-Livres, oui, s’offre bel et bien comme une percée d’espoir dans une ambiance non seulement laminée par un système corrompu depuis tant d’années, mais aussi comme le signe que la littérature et l’art peuvent à nouveau se faire entendre.

 

« Ce festival était comme un défi et une page d’espoir dans ce pays détruit », me dit une amie libanaise au moment où se clôturaient les rencontres.

 

En voici quelques moments autour d’événements forts, sans prétendre à aucune exhaustivité. ..."



 

Un chien à ma table, Claudie Hunzinger


Un article de Pierre Ahnne (sur son blog le 10 septembre 2022) republié à l'occasion de l'attribution du Prix Femina 2022 à Claudie Hunzinger pour "Un chien à ma table"


"Après Bambois, la Survivance, les Hautes-Huttes…, bienvenue aux Bois-Bannis. Chez Sophie et Grieg (ex-Sils, puis Nils). Dans cette maison isolée, quelque part dans les Vosges, où tous deux se sont retirés, il y a une vieille ânesse et des livres. Lui passe son temps à les lire, elle est « écri-vaine » (lui dixit), son dernier roman paru s’intitulait Les Animaux (pas Les Grands Cerfs). Bien sûr, ils se sont rencontrés « à l’école maternelle, après l’annexion de l’Alsace par les nazis, après la guerre, à la Libération » ...."



 

Les festivals et les grands événements culturels de 2024 sont menacés par les Jeux olympiques de Paris


Un article et un entretien des INROCKS



 

Biographies britanniques


Un article de Pierre Ahnne sur son blog, le 25 Octobre 2022


"Il y a quand même des choses qui laissent perplexe… Les romans biographiques, je l’ai déjà noté, sont de moins en moins romans et de plus en plus biographies, ou plutôt compilations de biographies préexistantes. Bien. Mais, alors, quelle différence entre ces romans et ces biographies ? Question qui, par nos temps troublés, n’est peut-être pas la plus urgente à résoudre, j’avoue pourtant qu’elle me tracasse. On a parfois de ces tracas…"



 

Stardust de Léonora Miano : Habiter la débâcle


Un article d'AFRICULTURES (28/10/2022), à propos du livre STARDUST de Léonora Miano


Il est d’usage de considérer qu’un premier roman contient la matière de l’œuvre à venir. Stardust ne fait pas qu’annoncer l’univers littéraire de Léonora Miano. Écrit il y a plus de vingt ans, publié en cette rentrée littéraire 2022 chez Grasset, ce texte relativement court a valeur de témoignage. Comment vit-on dans un foyer quand on est une jeune mère livrée à un quotidien de violence et de précarité ? Que connaît-on vraiment de ces vies sans cesse ballottées, malmenées, dominées par la peur et l’incertitude ? Stardust est un texte qui ouvre les yeux, oblige à fixer le dénuement et à penser la résilience. Dans son avant-propos, Miano précise qu’en racontant cet épisode de sa vie, son souhait était aussi de se libérer « des histoires, des visages qui, plusieurs années après, continuaient de [la]hanter ». Mais plus qu’une simple catharsis, Stardust donne à lire les prémices d’une œuvre qui investit le silence et fait de la marge un domaine de lutte et de résistance. ...



 

Mes livres des mois d’octobre


Sur son blog, Pierre Ahnne poursuit chaque mois, depuis janvier 2022, la compilation commentée des livres qu'il a lus dans le mois




29/10/2022

Focus sur les éditions Project’îles : « Notre lieu c’est l’Océan indien »


Deux entretiens parus sur le site AFRICULTURES


L’année dernière, en octobre 2021, paraissaient les premiers titres des éditions Project’îles, fondées par les auteurs Nassuf Djailani et Jean Luc Raharimanana. La maison d’édition installée à Mayotte et en Nouvelle Aquitaine en est donc à sa deuxième rentrée littéraire, avec deux titres sur des listes de prix, Davina Ittoo, finaliste du Prix Ivoire avec Lorsque les cerfs-volants se mettront à crier, et qui vient d’obtenir le 26 octobre le prix Vanille 2022 de La Réunion. Hubert Haddad, avec le splendide Portiques de l’instant est toujours en lice pour le prix Apollinaire, qui sera remis en novembre. Africultures a rencontré l’un des deux fondateurs, pour raconter l’histoire de cette aventure éditoriale, née de la revue du même nom. ...


  • L'intégralité des entretiens  [1]  [2]


Les éditions PROJECT’ÎLES défendent une littérature indianocéane, défendent les voix et imaginaires qui y surgissent, défendent les valeurs humaines de fraternité. Résolument. Décoloniale, exigeante, subversive, indépendante et ouverte aux débats de société, PROJECT’ÎLES participe à une vision décentrée du monde. ...



Alice Zeniter : “Un livre écrit par une autrice n’est pas automatiquement un livre féministe”


Un entretien publié le 20 octobre 2022 dans les INROCKS


"Et si la littérature, en étant le reflet du patriarcat, avait maintenu la moitié de la population mondiale dans une représentation cliché et méprisante ? Avec son essai “Toute une moitié du monde”, Alice Zeniter passe les personnages féminins en littérature au grill féministe. Et c’est passionnant...."



 

Le Parlement des écrivaines francophones


Propos recueillis par Georgia Makhlouf, le 20 octobre 2022 et publiés dans L'ORIENT LITTERAIRE dans un numéro spécial à l’occasion du festival Beyrouth Livres 2022


"À l’occasion du festival, le Parlement des Écrivaines Francophones fait le voyage à Beyrouth pour manifester sa solidarité avec les écrivaines libanaises et avec les Libanais en général. Nous avons interrogé sa présidente, Faouzia Zouari, sur les enjeux de cette venue et plus globalement sur la vocation et les réalisations du PEF. Au-delà des objectifs et des projets de cette joyeuse assemblée, elle souligne « les dénominateurs communs enchanteurs » qui réunissent ces femmes, « la grâce et l’entente extraordinaires » qui règnent lors de leurs réunions, leur désir commun « de porter le monde en y faisant entendre, non la voix de la discorde et de la haine, mais celle de l’harmonie et de la nuance ». Car « le féminin est rassembleur par essence » affirme-t-elle et on la croit sans peine…"




Des informations

sur le Festival


Rendre justice à Anne Frank


Un article paru le 19/10/2022 sur le site EAN


Longtemps, Lola Lafon a détourné les yeux, n’a pas voulu savoir ce que pourtant elle savait depuis toujours : que sa mère avait été une enfant cachée, que sa famille avait subi persécutions et déportations, que certains des siens avaient combattu parmi les FTP-MOI. Son cousin Pierre Goldman admirait Marcel Rayman et rêvait de mener le même combat. Longtemps, elle a voulu « passer à autre chose » jusqu’à cette nuit au musée Anne Frank qu’elle relate dans Quand tu écouteras cette chanson....




 

Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature 2022


Le quotidien LIBERATION met en ligne gratuitement, au format PDF, son numéro sur cet événement, paru le 7 octobre 2022.




Le roman du réel


Un article de En Attendant Nadeau (le 12/10/2022) à propos du livre "V 13 - chronique judiciaire" d'Emmanuel Carrère


Quelle différence y a-t-il entre le journalisme et la littérature ? La distinction n’est pas commode à établir quand c’est un véritable écrivain qui s’engage dans la relation d’un fait divers, d’un fait d’histoire ou d’un procès. Emmanuel Carrère a tenu, pour L’Obs, la chronique du procès des attentats terroristes qui ont eu lieu le vendredi 13 novembre 2015 au Stade de France, sur les terrasses de l’est parisien, dans la salle de concert du Bataclan....




 

Les Harkis, de Philippe Faucon - Lorsque les corps parlent


Un article du site AFRICULTURES (le 10/10/2022) à propos du film LES HARKIS de Philippe Faucon


... Ce pourrait être un deuxième volet à La Trahison  qui abordait déjà la question des « supplétifs » algériens dans l’armée française. C’est au Maroc dans la région d’Oujda, où est né Philippe Faucon, qu’il a tourné Les Harkis à l’automne 2021 avec des comédiens algériens. Il voulait revenir sur cette guerre d’Algérie qui l’obsède, ses parents en ayant été très marqués, son père étant militaire. Le scénario s’appuie sur le récit de Robert Lucas, Harkis, mes frères de combat, mais s’est élargi durant les séances d’écriture avec Yasmina Nini-Faucon et Samir Benyala. Les dialogues semblent au cordeau mais en fait, Philippe Faucon donne peu ...



Un article (15/10/2022) de Pierre Ahnne à propos de "Hors Classe - Un traité d'immaturité" de Gilles Sebhan


Qu’est-ce que la hors classe ? Ceux qui le savent pourraient être trompés par le titre-piège du nouveau livre de Gilles Sebhan. Les autres savent au moins que la carrière d’un fonctionnaire et, donc, d’un enseignant, se résume administrativement à l’escalade d’une échelle aux nombreux échelons. Lorsqu’on atteint le dernier, une porte s’entrouvre et révèle une volée de barreaux supplémentaires : la hors classe. On y a récemment ajouté la classe exceptionnelle, mais, en ce qui me concerne, j’étais déjà parti....




 

Faut-il lire Londres, le nouvel inédit de L.F. Céline ?


Un article des INROCKS à propos de "Londres" de Céline (13/102022)


Le deuxième roman inédit de Louis-Ferdinand Céline fait partie des manuscrits disparus pendant la Libération, retrouvés et conservés par Jean-Pierre Thibaudat, puis remis par le journaliste aux ayants droit de l’écrivain en 2021, ceux-ci s’empressant de les publier dès 2022


Londres, qui paraît ce 13 octobre, fait suite à Guerre (l’un des immenses succès en librairie de l’année, avec près de 180 000 exemplaires vendus), publié au printemps – hélas sans appareil critique. Peu après, un texte universitaire, rendu public...



 

Du chocolat, du sang et des larmes


Un article de DIACRITIK à propos du livre Cocoaïans de Gauz (13 octobre 2022)


Gauz a grandi les pieds dans la rizière de sa grand-mère et dans les plantations de café de son grand-père. Entre les cultures vivrières et les cultures d’exportation. Seulement voilà, si la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, le pays est en revanche incapable de transformer les fèves en chocolat. Pourquoi donc ? Répondant à sa fille – l’une des grandes interlocutrices du texte –, Gauz retrace l’archéologie de la domination coloniale et de ses continuités néocoloniales dans le contemporain. Car nous ne sommes pas sortis du système d’exploitation extractiviste dans lequel les pays africains vendent à bas coût des matières premières tout en devant acheter au prix fort des produits manufacturés ou transformés. Pourquoi la Côte d’Ivoire ne produit-elle pas de chocolat ? Cela n’est pas dû au hasard mais bien à un mécanisme continué de prédation coloniale qui ne s’est en réalité jamais arrêté – passant allègrement par-dessus la barrière symbolique des indépendances. « Nous serions en train de parler d’autre chose si nous étions les premiers producteurs mondiaux de chocolat plutôt que de cacao » écrit Gauz à l’initiale de son texte (p. 13)....



 

Mes livres des mois d’août et septembre


Sur son blog, Pierre Ahnne poursuit chaque mois, depuis janvier 2022, la compilation commentée des livres qu'il a lus dans le mois




 

Entre Céline et Perec, je préférerai toujours Perec


Un article sur le site LES INTOCKUPTIBLES, le 12 mai 2022


J'ai l’impression que lors du match Céline/Perec de la semaine dernière, c’est Céline qui a gagné. C’est lui qui a occupé de terrain, fait davantage la une des cahiers culture ou livres des journaux, créé le buzz, comme disent les vieux. Et ça me déçoit. Ça me rend triste, pour tout dire.Hasard du calendrier, ont été publiés le même jour les textes inédits de ces deux écrivains majeurs : Guerre de Louis-Ferdinand Céline (ça n’a pas pu vous échapper…) et Lieux de Georges Perec. L’un, qu’on aime ou pas son style imprégné d’oralité, est un génie de la phrase ; l’autre, de la structure, de l’idée, du concept. À l’un, la fureur de la langue marquée par un dégoût des hommes, une énergie qui puise dans la haine et cogne à chaque mot, cinglant, cynique, désabusé ; à l’autre la délicatesse, la mélancolie, la tendresse, la conscience de la fragilité et de l’impermanence. Tous deux certes travaillés par la guerre et la mort, mais pas de la même façon. À Céline l’agressivité et le son à plein volume, à Perec d’assumer ce que ceux-ci auront engendré de vide, de corps vidés de leur vie, de fantômes et de souffrance....



09/10/2022

La saga des Cazalet, pourquoi un tel engouement ?


Un article paru le 26/09/2022 sur le site LES LISEUSES DE BORDEAUX


"Telle est la question qui nécessairement se pose, même si la forme de précédent créé par la série anglaise Downton Abbey constitue peut-être un début de réponse. Mais le parti pris de cette impression de lecture n’est pas du tout de faire un parallèle entre les deux, bien que la saga des Cazalet se déroule dans l’époque immédiatement postérieure, à partir de 1937, et que la psychologie des personnages était, de mémoire, également très détaillée dans cette autre fresque familiale. ..."



Sur le site

EN ATTENDANT NADEAU

des critiques




Mon 17 octobre 1961


Un article de Paquito Schmidt


Il y a quatre jours, j’ai eu 19 ans.  Cela fait plusieurs mois que j’appartiens au réseau Jeune Résistance : je fais de la propagande pour inciter les jeunes à refuser de partir en Algérie, je transporte des documents pour le FLN algérien, etc…

Depuis un mois les Algériens sont contraints d’observer un couvre-feu strict décrété par le Préfet de Police, Maurice Papon.

Malgré ma participation à Jeune Résistance, cloisonnement oblige, je ne suis pas au courant des manifestations décidées par le FLN pour le 17 octobre au soir. J’apprendrai plus tard que plusieurs militants que je connais ont été mobilisés pour ces manifs, certains pour témoigner, d’autres, médecins, pour aider les éventuels blessés pendant les manifestations.

Donc le soir du 17, je suis dans le métro, ligne 12 (à l’époque Porte de La Chapelle – Porte de Versailles et appelée familièrement la Nord-Sud), avec Jean-Pierre, mon copain depuis la communale, pour aller au Quartier Latin, au cinéma le Champo qui projette de vieux films et est, surtout, très peu cher. Nous discutons comme toujours, totalement indifférents à ce qui se passe autour de nous.

Quand le métro entre dans la station Concorde, première stupéfaction. Le quai est rempli d’Algériens, les bras en l’air ou sur la tête, face contre le mur, et de policiers, armés du bâton blanc traditionnel de la circulation, mais aussi du long bâton en bois appelés « bidule » et certains ont même des mitraillettes. ... 



 

Annie Ernaux : Prix Nobel de littérature 2022


L’autrice des « Années » est la seizième Française et la dix-septième femme à recevoir le prix de l’Académie royale des sciences suédoise.


Prix attribué pour « le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle met au jour les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle »

 



Sur le site de l'APA


Sur le site autobiosphère


Sur le site NONFICTION Nouveau


Un entretien avec Annie Ernaux (site de l'Institut de Recherche de la FSU - 2012)



 

Pierre Michon 


A 77 ans, il obtient le prix de la BNF


Créé en 2009 et pourvu d'une dotation à hauteur de 10 000 euros, le prix célèbre chaque année un auteur vivant de langue française pour l’ensemble de son œuvre et ayant publié dans les trois années précédentes. 



 

Les Années super 8


Une critique sur France Culture, le 26 septembre 2022


"Je vois beaucoup de commentaires au mieux indifférents, au pire sévères sur cet objet. Ils disent que ce n’est pas grand-chose, que ça ne fait pas cinéma, que c’est mou ou informe. J’ai un peu envie de le défendre, parce que je crois - j’espère ! - qu’au-delà de mon amour presque inconditionnel pour l'œuvre d’Annie Ernaux, il y a quelque chose dedans qui est intéressant, et peut-être même qui interroge l'œuvre et l’amour en question.


Les Années super 8 est un film réalisé par David Ernaux-Briot, le fils d’Annie Ernaux. Au départ il y a des images filmées avec une caméra Super 8, comme nombre de familles de la classe bourgeoise en ont accumulé : des films de Noël, de voyages, de vacances estivales, de chahuts enfantins. Ces petites séquences muettes, tournées pour la plupart par l’ex-mari d’Annie Ernaux entre 1972 et 1981, se trouvent ici montées, et commentées dans la voix de l’écrivaine. C’est donc un objet hybride, peut-être pas un grand film de cinéma - il va sortir sur grand écran à la fin de l’année, mais en effet peut-être le format télévisuel lui sied davantage - mais un document dont l'intérêt cinématographique tient à son rapport à une œuvre littéraire..."


 

Proust ferroviaire (Le Train de Proust)


Un article sur le site de EAN, le 27/09/2022 (à propos de Bertrand Leclair, Le Train de Proust, Pauvert, août 2022)


Comment départager le bon grain de l’ivraie dans ce qui s’écrit sur Proust en cette année du centenaire de la disparition de l’écrivain ? Il se publie tellement de commentaires à son sujet que l’on demande grâce. De quoi vous passer le goût de la phrase à rallonge tant associée à l’écriture proustienne. Bertrand Leclair — car c’est de lui qu’il va être question ici même — nous gratifie pour sa part d’un essai de 300 pages paraissant chez Pauvert. C’est beaucoup et c’est sans doute un peu trop. Et le critique ne saurait être inspiré à tout moment.Sa belle étude nous vaut cependant une puissante métaphore qui s’illumine dès le titre et va se répercuter sur l’essai d’un bout à l’autre, nous valant ainsi de bonnes surprises, comme quelques observations ingénieuses ou brillantes. D’entrée de jeu, nous ferons cependant une distinction entre les deux parties du volume, jusqu’à afficher notre préférence pour la première ...





"On vient défendre une qualité d'écriture"


Entretien avec Catherine Malard, paru dans le Courrier de l'Ouest le 24/09/2022


"Depuis 2009, l’association angevine Le Bouillon Cube mijote avec soin des rencontres entre des auteurs contemporains et le public. L’œil aiguisé sur chaque rentrée littéraire, Catherine Malard, modératrice des Bouillons, dit son amour des livres …"




La page des BOUILLONS


 

La bande dessinée, est-ce de la littérature ?


Un article paru dans la lettre des Inrocks le 22/09/2022


J’avoue avoir été surprise de trouver une bande dessinée dans la première sélection romans étrangers du Prix Médicis. Il s’agit du Secret de la force surhumaine d’Alison Bechdel, qui vient de paraître chez Denoël Graphic. Même s’il y a déjà eu un précédent célèbre – un prix Pulitzer spécial attribué à Maus d’Art Spiegelman en 1992 –, et même si personnellement je trouve le Bechdel excellent, il n’en reste pas moins une bande dessinée, et je ne vois pas le rapport avec, disons, le magnifique livre, dans la même sélection, de Maria Stepanova, En mémoire de la mémoire, paru chez Stock, pour ne prendre qu’un exemple.

 

Le geste du jury Médicis repose la question du statut littéraire de la BD. Si la bande dessinée est sans conteste un art, est-ce de la littérature ? Est-ce la même chose, et est-ce utiliser les mêmes outils, que de décrire des images avec des mots et de les dessiner, de les suggérer avec des mots et de montrer des images, même si celles-ci sont accompagnées de brefs textes ?

 

Je ne pose pas ici la question d’une hiérarchie, genre est-ce que la BD mérite de figurer à égalité avec le roman. Je me pose juste la question d’un amalgame, un peu rapide, sous prétexte non pas de vouloir défendre la bande dessinée, mais de s’en servir comme d’un faire-valoir pour renvoyer un signe, voire deux : 1) paraître cool 2) se revendiquer féministe (Bechdel donne son nom à un test fameux à appliquer au cinéma pour savoir si un film utilise des personnages féminins pour elles-mêmes ou, comme souvent, seulement en relation avec les héros masculins).

 

Le problème, c’est que ce geste envoie au contraire d’autres signes, aussi méprisants pour le roman que pour la BD. Celui, d’une part, de dénaturer le principe même et la difficulté même de la littérature – se servir exclusivement de mots –, et mépriser celui de la bande dessinée – le graphisme –, faire passer le dessin à la trappe comme s’il ne comptait pas, sous prétexte qu’elle serait “littéraire”. Toute la particularité, tout l’intérêt de l’art qu’est la BD, c’est d’être hybride, inclassable. C’est pourquoi les grands prix devraient sérieusement penser à ajouter, à leurs rituelles catégories romans français, étrangers et essais, la catégorie bande dessinée.


 

Au Québec : évolution du livre numérique, entre 2012 et 2022


Article publié sur le site ACTUALLITE.com (20/09/2022)


Avec une augmentation générale des ventes de livres numériques de 187% entre 2012 et 2021, la consommation de contenus numériques a durablement transformé le milieu du livre au Québec.


De Marque, en collaboration avec l’Association des éditeurs de livre du Québec (ANEL) et Bibliopresto, publie un rapport qui met en lumière les indicateurs clés de l’évolution de la lecture sur support numérique au Québec de 2012 à 2022.


Plusieurs points sont d'ailleurs à mettre en exergue : 


La pandémie a accéléré la popularité du livre numérique et semble avoir créé de nouvelles habitudes de lecture durables : les ventes restent bien supérieures à celles de 2019 puisque l’on constate 59 % de croissance en revenus entre 2019 et 2021.


Les libraires locaux du Québec se démarquent bien plus que dans la majorité des pays face aux grandes librairies internationales : regroupés, ceux-ci représentent 23,7 % des ventes totales, tandis qu’Amazon, Kobo et Apple représentent respectivement 25,6 %, 24,9 % et 15,4 %.


Le format EPUB représente près de 80 % des ventes totales de livres numériques, loin devant le format PDF.

Lancé en 2018, le livre audio poursuit sa croissance, considérablement accélérée par la pandémie, et rencontre un grand succès auprès des bibliothèques, qui représentent 60 % des ventes pour ce format.


Les bibliothèques publiques du Québec enregistrent plus de 17 millions de prêts numériques, plaçant la province parmi les territoires où l’emprunt de livres numériques est le plus populaire, derrière le Danemark et l’Allemagne.



Le livre numérique s’est fait une place aux côtés du livre papier, sans pour autant cannibaliser les ventes de ce dernier : on observe que le marché du livre papier continue de se développer lui aussi, au point d’enregistrer une croissance de 16 % sur les ventes en librairie en 2021.


  • Le rapport est disponible dans son intégralité, ICI


 

Isabelle Seret nous explique ses motivations à propos de son livre  "Chez moi vit la violence"


"Mes motivations à écrire ce document/roman ont été diverses et complexes. 


L’une est le manque de littérature sur les auteur(e)s de violences intra familiales et la difficulté rencontrée à poursuivre mes formations par des ouvrages traitant du sujet. Ce constat a été le premier moteur de l’écriture. Une envie de transmettre une pratique et de faire part des dispositifs utilisés, des difficultés rencontrées, des effets escomptés. 


Développer une compréhension de qui sont les auteurs, sans pour autant excuser leurs actes, m’est aussi apparu pertinent. Faire du lien plutôt que de cliver auteur.e.s/victimes. Entrer dans l’histoire singulière de chacun d’eux et comprendre ce qui produit la violence. Ici, l’objectif est politique. 


Cela m'a aussi permis de revenir en partage sur mes expériences professionnelles antérieures qu’elles soient liées aux violences sexuelles en tant qu’arme de guerre, au viol conjugal, à l’inceste. Celles-ci brossent un triste tableau des peines qu’encourent les femmes. 


La troisième raison est apparue lors de l’écriture ou plutôt, c‘est l’écriture qui m’y a confrontée. Travailler le contre-transfert de l’animatrice pour les besoins du récit a forcément nécessité un travail sur ma propre histoire. J’ai au fil des pages accepté le fait que j’avais à témoigner. Je suis née d’un père violent. Comment ne pas aimer son père ? Peut-on l’aimer ? En revisitant l’histoire personnelle et familiale, je délivre par bribes ce qu’il en est pour moi. L’objectif est clairement d’attirer l’attention sur le fait que même l’appellation violences conjugales exclut les enfants de cette souffrance. Il s’agit de prévenir bien avant de devoir agir."



 

Sabyl Ghoussoub : « Le Liban est le pays de l’impossible retour »


 Entretien avec Georgia Makhlouf, paru dans L'Orient Littéraire, le 01/09/2022


"Directeur du Festival du film libanais de Beyrouth de 2011 à 2015, Sabyl Ghoussoub a été le commissaire de l’exposition photographique C’est Beyrouth qui s’est tenue en 2019 à l’Institut des cultures de l’islam à Paris et qui a connu un vif succès. Son premier roman, Le Nez juif, paru à l’Antilope en 2018, a été très favorablement accueilli par la critique et par le public, comme représentant une nouvelle voix, libre et iconoclaste, dans le roman libanais. Dans son second roman, Beyrouth entre parenthèses, Ghoussoub allait encore plus loin dans les questionnements qui avaient parcouru son premier ouvrage et franchissait des frontières géographiques et mentales, interrogeant la question identitaire et les tourments qui l’accompagnent dans une veine qui alliait humour et tendresse. Pour son troisième ouvrage à ..."



 

Quelle était l’ambition d’Alain Robbe-Grillet ?


Un article d'En Attendant Nadeau (14/09/2022) à propos de deux livres sur cet écrivain


"Plus de dix ans après la mort d’Alain Robbe-Grillet, en 2008, ces deux ouvrages de Benoît Peeters, auteur, entre autres travaux, de merveilleux scénarios de bande dessinée, d’une exceptionnelle créativité (Les cités obscures, avec François Schuiten, Casterman), font le point sur l’écrivain qui a le mieux représenté le dernier mouvement littéraire français du XXe siècle et porté son rayonnement à l’international. ..."



 

Corps et langues en mouvement


Un article de Salma Kojok, paru dans L'Orient Littéraire du 01/09/2022 à propos du livre "Cocoaïans : naissance d’une nation chocolat" de Gauz, L’Arche


"Cocoaïans, le quatrième roman de Gauz, est un livre jubilatoire et débordant, inventif et exigeant. Il construit la grande fresque historique du chocolat en mêlant fiction et réflexion, poésie et politique


Dans une langue labourée et traversée d’accents variés, Gauz’ raconte l’histoire du cacao à partir du dialogue entre un père et sa fille. Nous sommes à Treichville, au cœur d’Abidjan, et la petite Gnianh réclame à Bob, son père, une tablette de chocolat pour son goûter. « Chocolat ou mangue ? », demande le père qui penche plutôt pour la mangue, production locale. Gnianh insiste pour le chocolat. Démarre alors, entre père et fils, une discussion autour du coût d’achat du cacao et du prix de la tablette de chocolat. Pour faire ..."



 

L’action indirecte d’Action directe


Un article de En attendant Nadeau, paru le 7 septembre 2022, à propos du livre de Monica Sabolo, La vie clandestine


"Doit-on être légitime pour écrire sur un sujet ? Et au fond, peut-on vraiment l’être ? C’est ce qu’on se demande en lisant La vie clandestine, le dernier roman de Monica Sabolo, plongée dans l’histoire d’Action directe et dans celle de l’auteure.


Dans ses livres précédents, Monica Sabolo avait montré qu’elle savait parler de manière très sensible de l’adolescence, que ses personnages appartiennent à la jeunesse dorée des années 1960 ou à une bourgade paumée des grands espaces canadiens. Mais rien ne laissait penser qu’elle pourrait s’intéresser à Action directe, le groupe armé d’extrême gauche qui a revendiqué des dizaines d’attentats et d’assassinats dans les années 1980. Ce n’est pas l’histoire de sa génération (elle était enfant à l’époque) ni de son pays (elle vivait en Suisse). De son propre aveu, elle ne s’est jamais intéressée à ces questions..."



 

Les premiers sélectionnés du Goncourt 2022 


  1. Muriel BARBERY, Une heure de ferveur, Actes Sud
  2. Grégoire BOUILLIER, Le cœur ne cède pas, Flammarion
  3. Nathan DEVERS, Les liens artificiels, Albin Michel
  4. Giuliano da EMPOLI, Le Mage du Kremlin, Gallimard
  5. Carole FIVES, Quelque chose à te dire, Gallimard
  6. Sabyl GHOUSSOUB, Beyrouth-sur-Seine, Stock
  7. Brigitte GIRAUD, Vivre vite, Flammarion
  8. Sarah JOLLIEN-FARDEL, Sa préférée, Sabine Wespieser
  9. Cloé KORMAN, Les Presque Sœurs, Seuil
  10. Makenzy ORCEL, Une somme humaine, Rivages
  11. Yves RAVEY, Taormine, Éditions de Minuit
  12. Pascale ROBERT-DIARD, La petite menteuse, L’Iconoclaste
  13. Emmanuel RUBEN, Les Méditerranéennes, Stock
  14. Monica SABOLO, La vie clandestine, Gallimard
  15. Anne SERRE, Notre si chère vieille dame auteur, Mercure de France



 

Yves Ravey lauréat du prix des libraires de Nancy


Le romancier Yves Ravey remporte le prix des libraires de Nancy - Le Point 2022 avec "Taormine", un polar décalé dont l'action se déroule en Sicile.


Le prix des libraires de Nancy - Le Point, qui lance traditionnellement la saison des prix d'automne, a été décerné à Yves Ravey pour son roman Taormine (Minuit), l'histoire d'un voyage touristique en Sicile qui tourne au cauchemar pour un couple en instance de séparation. Son prix lui sera remis au salon le Livre sur la Place, du 9 au 11 septembre à Nancy.



Entretien avec Polina Panassenko


Paru dans DIACRITIK, le 05/09/2022


"Cette rentrée 2022 se caractérise sans doute par la puissance des premiers romans qui s’y dévoilent : Tenir sa langue de Polina Panassenko, aux éditions de L’Olivier, ne déroge pas à cette règle impromptue. Dans ce récit aux accents autobiographiques, Polina, la narratrice, cherche un beau jour de sa vie d’adulte à récupérer son prénom russe qu’à sa naturalisation française, l’État Civil a francisé en Pauline. S’ouvre alors un texte qui, interrogeant la langue et l’accent, sonde le départ de la Russie à l’horizon des années 90, l’arrivée en France, à Saint Étienne. Une telle puissance d’évocation ne pouvait manquer d’ouvrir des questions que Diacritik est allé poser à la jeune romancière, d’ores et déjà l’une des révélations de cette année...."



 

La Rentrée littéraire (août-octobre 2022) 


Les premiers choix commentés du site En ATTENANT NADEAU



Les premiers choix commentés du site Diacritik



Le blog de Pierre Ahnne



Le choix de France Culture





 

Mon nom est Andrea


Le site TRADFEM revient sur ce film présenté en juin 2022 au festival Tribeca. Ce film documentaire de Pratibha Parmar est basé sur les écrits d’Andrea Dworkin.


"Ce portrait documentaire d’Andrea Dworkin, figure majeure du féminisme de la deuxième vague, adopte une approche hybride, combinant matériel d’archives et performances d’actrices, dont Ashley Judd et Andrea Riseborough.

Le terme « icône féministe » s’applique certainement à Andrea Dworkin, mais comme la plupart de ces descriptions lapidaires (surtout celles qui utilisent le mot « icône »), elle a quelque chose de limitatif et de figé. Pratibha Parmar, une scénariste-réalisatrice britannique qui travaille à la fois dans le domaine du film non fictionnel et de la télévision à épisodes, transcende les étiquettes avec « My Name Is Andrea », un portrait façonné par le vécu de Dworkin, dont certaines expériences ont été horribles, et alimenté par son intellect radical et ses paroles incisives. Comme l’a dit un jour Gloria Steinem (l’une des productrices exécutives du nouveau documentaire), « Il existe à chaque siècle une poignée d’autrices et d’auteurs qui aident la race humaine à évoluer. Andrea a été l’une d’entre elles ». Parmar trace un profil sympathique qui reconnaît la complexité et le caractère controversé de son sujet et plaide pour la pertinence continue de son œuvre...."



 

Climats


La rentrée littéraire vue par Pierre Ahnne : un article sur son blog le 23/08/2022


"C’est l’automne.

Si, si, ne comptons pas sur le temps qu’il fait pour nous l’apprendre, du reste qu’a encore à nous dire, par les temps qui courent, le temps qu’il fait ? 

Fions-nous plutôt aux libraires, dont les tables, dès la semaine dernière, ont accueilli les premiers ouvrages de cette rentrée, la douzième pour ce blog. 

Parmi eux, certains dont on parle déjà beaucoup… Il y en a d’autres, inévitablement, dont on parlera moins, et dont certains mériteraient qu’on en parle pour le moins autant. 

Plutôt que d’énumérer des thèmes, essayons de repérer des tendances, susceptibles de nous renseigner sur l’évolution du genre qui m’occupe surtout : le roman. ..."






Rentrée littéraire : avec "Les Défricheurs", les libraires vont sélectionner dix titres dans la moisson de publications


Un article sur le site de France Info, le 18 août 2022

 

"... Mais qui dit rentrée littéraire dit aussi découverte de nouveaux auteurs, et c'est le rôle des libraires de conseiller ceux qui souhaiteraient s'aventurer hors des grandes maisons d'éditions et des best-sellers. Pour la première fois cette année, ils se sont même mis d'accord sur dix titres encore inconnus qui méritent vraiment d'être lus. L'initiative, lancée par Matthieu de Montchalin, libraire à L'Armitière à Rouen et ancien président du Syndicat de la librairie française, s'appelle "Les Défricheurs." ..."



Des critiques de "Cher connard" de Virginie Despentes


La très grande majorité des critiques sont bonnes voire enthousiastes


  • Une bonne critique du site EN ATTENDANT NADEAU   Lire ICI
  • Une très mauvaise critique (plus politique que littéraire et par ailleurs anti-féministe) de la revue TRANSFUGE   Lire ICI

 

Une écrivaine et la canicule


Sophie Divry a publié ce texte sur sa page Facebook le 06 août 2022


"POUR DES FRAICHODRÔMES

A Lyon les températures ont dépassé les 35°C depuis le mois de juin. La canicule atteint tous les Lyonnais qui restent sur place. Le matin, on ouvre les fenêtres pour espérer faire entrer du frais. A midi, on ne peut déjà plus envisager de sortir. Le dehors, étouffant, vidé de piétons comme d'autos, est devenu dangereux. A 20h, on rouvre les fenêtres. On voudrait écrire, faire des choses, voir des gens, mais on est épuisée. Les piscines sont déjà fermées. Les nuits ne sont pas suffisantes à se refaire, et tout recommence le lendemain... C'est comme une prison à ciel ouvert...."




Le chemin de Damas de George Orwell


Un article de EN ATTENDANT NADEAU (le 3 août 2022) à l'occasion de la nouvelle  traduction du livre de George Orwell "Le quai de Vigan"


"Le quai de Wigan (1937) reparait dans une nouvelle traduction que signent Clotilde Meyer et Isabelle Taudière. Dans sa première partie, Orwell met le cap sur le nord de l’Angleterre, à la rencontre des mineurs de Wigan et de Sheffield. Partageant leur existence, il dénonce des conditions de travail et de logement d’une indignité totale. Dans la deuxième partie, le futur auteur de La ferme des animaux et de 1984 fustige le bolchevisme et son machinisme débridé. Mais sans renoncer d’un pouce aux idéaux du socialisme, et en se disant convaincu que celui-ci incarne la seule parade à l’omniprésente menace fasciste. Cela donne lieu à un livre tenant à la fois de l’enquête de terrain, rigoureuse et implacable, et de l’agit-prop. Pas plus l’une que l’autre n’ont pris une ride. C’en est même diablement instructif pour notre temps présent. ..."




 

Prise de contrôle d’Hachette par Vivendi : "La financiarisation de l’édition m’inquiète"


Un entretien avec Françoise Nyssen sur le site de France Culture le 2 août 2022


La fusion d'Editis et Hachette ne devrait pas avoir lieu. Le groupe Vivendi a annoncé vouloir céder sa filiale Editis. Depuis plusieurs mois, le secteur était vent debout contre ce rapprochement annoncé. Aujourd'hui, Françoise Nyssen, d'Actes Sud, évoque une avancée mais des inquiétudes persistent.


Le groupe Vivendi a finalement renoncé à son projet contesté de fusion entre Editis et Hachette, propriété de Lagardère, numéro un de l’édition. Le géant des médias a annoncé la semaine dernière céder entièrement Editis et peut ainsi conserver, le groupe Hachette. Ce projet de fusion était fortement contesté dans le secteur de l’édition et risquait de se heurter au blocage de Bruxelles, en raison de la position dominante que le groupe aurait acquise.


L’ancienne ministre de la Culture et présidente du directoire des éditions Actes Sud, Françoise Nyssen, souligne une avancée mais s’interroge sur le panorama de l’édition en France à l’avenir et sur les possibles rationalisation et financiarisation du secteur.



 

Vie et destin d’une famille berbéro-juive


A l'occasion du 60è anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, souvenirs d'un Pied-Noir. Texte paru dans Mediapart le 19 juillet 2022, puis dans le bulletin de l'Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre (4ACG)


"Je m’appelle Jean Caballero, je suis né à Oran en 1956. J’ai une sœur, Camille, elle aussi née à Oran en 1953.


Notre mère, aujourd’hui décédée, s’appelait Gilberte Bénichou, née à Oran et issue d’une famille berbéro-juive originaire de la région oranaise par mon grand-père Haïm et d’Alger, par ma grand-mère Camille.


Notre père, lui aussi décédé, est le fils de mon grand-père, Francisco, originaire de Malaga, arrivé en Algérie au début du 20e siècle et de ma grand-mère, Vicenta, née à Oran à la fin du 19e siècle. Sa famille était originaire d’Elche, près d’Alicante.


Ma famille maternelle a connu l’antisémitisme permanent qui existait à Oran dans les années 20, 30 et 40. Ma maman, élève brillante, a du quitter l’école après le certificat d’étude car d’origine juive, le faible niveau de vie de mes grands parents a certainement amplifié cette ségrégation..."



30/07/2022

Les 50 livres préférés des Français d'après France Télévisions


Un article paru dans LIVRESHEBDO, le 19 juillet 2022


"Des "dizaines de milliers de Français de tous âges" ont exprimé leur choix, précise la télévision publique. Et alors que les 50 livres préférés des Français viennent d'être dévoilé, le public peut désormais choisir dans cette liste pour désigner un seul ouvrage. Le livre favori des Français sera ainsi dévoilé lors d'une grande soirée à l'automne sur France Télévision. ..."



 

Nager 2022


Les dossier de l'été de EN ATTENDANT NADEAU


L’été est désormais bien avancé : c’est la saison des bains de mer, de lac, de rivière et de piscine. On se baigne, on plonge, on barbote, on se trempe entre deux bains de soleil, et parfois, plus mystérieusement, et à condition d’avoir appris, on nage. C’est ce verbe, « nager », qui a retenu l’attention d’En attendant Nadeau pour son dossier d’été.



 

Journal ou carnet : comment accompagner l’œuvre en cours ?


Un article avec Catherine Stahly Mougin dans L'INVENTOIRE le 4 juillet 2022


Journal, cahier, carnet, beaucoup de fils les relient mais la posture et l’usage qu’on en fait les distinguent les uns des autres. Avoir un carnet sur soi, écrire en toute occasion, exerce l’attention, aiguise le regard, développe notre présence au monde. A travers cette expérience j’ai exploré, au cours de mes ateliers, les différents usages de ce petit objet polymorphe, lieu de la création, du travail en cours. Le carnet ne se laisse pas cerner, il s’invente. ...



 

« Être biographe c’est associer de belles rencontres humaines à une activité d’écriture »


Un article paru dans L'INVENTOIRE le 5 juillet 2022


De langue maternelle allemande, Silke Godier a suivi des études linguistiques et littéraires (anglais/français) à l’université de Heidelberg (diplôme de Magister Artium en 1994). Elle a travaillé vingt ans en tant qu’enseignante de l’allemand-langue étrangère, et a entamé une reconversion au métier de biographe....



Les documents de la Fête du Livre de Bron - lire - voir

 

Retrouvez ici tous nos contenus exclusifs : podcasts, ateliers interactifs, articles, dossiers, séries exclusives, mini-docs, reportages photos, interviews, portraits, chroniques.





 

Le livre d'occasion : entretien avec Vincent Chabault


Un article de NONFICTION.fr (9 mai 2022)


Vincent Chabault est sociologue, maître de conférences à l’Université Paris Descartes - Sorbonne Paris Cité, chargé d'enseignement à Sciences Po et chercheur au Centre de recherche sur les liens sociaux (CNRS). Auteur d'un ouvrage issu de sa thèse, La FNAC, entre commerce et culture (PUF, 2010, prix Le Monde), de Librairies en ligne (Presses de Sciences Po, 2013) et d'un Éloge du magasin. Contre l'amazonisation (Gallimard, 2020), il s’intéresse dans ses nouveaux travaux à la question de la médiation marchande du livre. Le livre d'occasion. Sociologie d'un commerce en transition (Presses universitaires de Lyon, 2022) est la version remaniée de son habilitation à diriger des recherches.





Entretien avec Yassin Al Haj Saleh, «écrivain syrien sans terre sous ses pieds»


Au printemps 2021, les Syriens commémoraient les dix ans de la Révolution syrienne.

A cette occasion DIACRITIK a publié un long entretien avec l'écrivain Yassin Al Haj Saleh.

Cet entretien en 3 livraisons est disponible





Réparer les fêlures

(à propos de "La patience des traces" de Jeanne Benameur)


Une note de Régine de La Tour

 

Peu à peu, Simon avait « appris à écouter chacun de ses patients comme on écoute un chant ».

 

Simon Lhumain, c’est son nom, « un comble pour un psychanalyste » non ? Son temps, il le passe à écouter les autres, au risque de s’oublier, au risque de taire sa propre histoire. Ce matin, son bol, bleu, lui a échappé des mains. Le bol s’est brisé. « Les deux parties ne pèsent pas le même poids » et c’est sa vie qui vient de basculer.

 

Simon va arrêter son travail. « Il a besoin de commencer un autre chemin ». Il va quitter sa ville, son île, son océan. Commence alors un lent voyage à l’écoute des silences.

 

On rencontrera Louise, le premier baiser échangé avec son amoureuse d’adolescence et aussi Mathieu son ami d’enfance, son frère. On rencontrera Mathilde, une jeune consœur qui s’est installée dans l’île il y a un an. Ils ont pris l’habitude de se voir de temps en temps. Il y aura aussi Hervé et leurs rituelles parties d’échec. C’est Hervé qui encouragera Simon à aller au Japon. Et puis il y aura Lucie F., cette patiente « qui ne savait pas « habiter » […] Elle occupait des maisons, des appartements qu’elle achetait. Elle y vivait un peu puis elle mettait en vente, refaisait ses cartons et repartait. » Un jour elle n’est plus revenue dans son cabinet. Maintenant Lucie L. l’obsède. 

 

Simon part pour les îles de Yaeyama, au Sud du Japon. Un aller simple pour une terre encore peu connue. Simon part pour se trouver, se retrouver. Il est accueilli par Madame Itô. Elle tient une maison d'hôtes. Elle collectionne des tissus et des vêtements anciens qu’elle range précautionneusement dans une armoire. Parfois l’étoffe a une odeur « légèrement safranée ». Madame Itô parle un « français délicat et presque sans accent ». « Ne soyez pas étonné, j’ai fait des études de lettres à la Sorbonne en mon temps ». Monsieur Itô, Daisuke, son mari, ne parle que japonais. Il est céramiste. Il sublime les cassures et les fêlures avec un fil d’or. Daisuke est maitre dans l’art du kintsugi. « Ces deux-là vivaient du mieux qu’ils pouvaient, de toute leur âme ».

 

La chaleur des journées, la tiédeur de l’eau, marcher, marcher encore, nager jusqu’à l’épuisement, les rencontres, la langue qu’on ne comprends pas, les rituels, les contes mystérieux, les cérémonies, l’art de réparer... La patience des traces explore les facettes de l’intime, invite à l’apaisement, fait avancer doucement et calmement à travers les chemins de traverse, les chemins des souvenirs menant lentement et délicatement à la liberté.

 

Les phrases sont courtes, comme autant de fils qui tisseraient les silences aux mots d’une trame délicate. Tissage poétique, échappée mélancolique.

 

A lire et même à relire

 

Extrait 1

 

« Il se laisse aller à cette sorte de langueur qu’il n’a jamais éprouvée.

 

Toute sa vie passée à écouter les autres. Il n’écoute plus personne. Il y a là une paix profonde et une tristesse. Aussi profonde l’une que l’autre. Il vient de déposer l’habit. Pas défroqué, non, parce que sur sa route il n’y a ni dieu ni vœu éternel. Il s’éloigne simplement et il se sent de plus en plus nu. Parfois une question le saisit. Ecouter et parler n’est-ce pas ce qui rend plus humain chaque être ? Est-ce qu’il n’est pas en train de trop s’éloigner ? »

 

Extrait 2

 

« Daisuke parle. A sa façon lente. Entre chaque phrase, un temps. Le silence dans lequel Simon marche. S’il comprenait ce que dit Daisuke, il saurait que tout se répare. On ne cherche pas à cacher la réparation. Au contraire, on la recouvre de laque d’or. »





Ton absence n’est que ténèbres

(Jon Kelman Stefansson)



Note de Christine Tharel

 

Lire un roman de l'auteur islandais Jon Kelman Stefansson est une expérience inoubliable, un voyage dont on ressort un peu perdu, bouleversé et poursuivi par les questionnements qui ne cessent de traverser les personnages. Avec Ton absence n'est que ténèbres, prix du Livre étranger 2022, ce conteur hors pair nous entraîne encore plus loin et plus fort.

L'histoire se passe dans un fjord entouré de montagnes dans l'Ouest de l'Islande. On est en 2020, un homme se retrouve dans une église sans savoir comment il est arrivé là ni pourquoi. Non seulement il est perdu mais il est amnésique. Il a pour seule certitude d'avoir aimé et de l'avoir été en retour. Tout le monde semble le connaître mais il n'a aucun souvenir de celles et ceux qu'il croise. Toutes les rencontres qu'il fait au cours de cette journée lui parlent de lui et vont l'aider à percer les mystères de son identité. C'est une mosaïque de récits retraçant la vie des habitants du fjord sur 120 ans qui va se déployer et lui redonner une mémoire comme on reconstitue un puzzle. A ses côtés, celui qui l'accompagne tout au long du roman, un étrange « pasteur-chauffeur de bus », l'exhorte à écrire ces histoires qui lui sont relatées.

« Je ne suis pas un auteur qui réussit à faire des plans, parce que mes livres se mettent à exister pendant que je les écris »

La construction du roman fascine, qui nous fait ainsi naviguer d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre. Le lecteur voyage avec le narrateur amnésique et est embarqué lui aussi dans cette quête mémorielle. Dans ce roman, Il est question des difficultés de l'existence, de coups de foudre ou d'amours impossibles, de vies laborieuses aux confins du monde, de choix douloureux -partir ou rester ? - de faiblesse et de forces, de responsabilité, de courage ou de lâcheté, d'échecs, et parfois aussi d'improbables rencontres, source de joie et de renaissance. Le propos de l'auteur est universel, empreint d'humanité et on se laisse porter par ces récits de vies si lointaines et finalement si proches des nôtres.

Les titres de chapitres ou de paragraphes donnent le ton, intriguent, apportent fantaisie, mystère, poésie et humour.

« Vous êtes toujours vous bien qu'entièrement dissemblable il y a encore malgré tout dans cet univers quelques raisons de rire », « Même les défunts sourient et moi je suis vivant » ou encore « Ce qui échappe à notre entendement rend le monde plus vaste ».

Et comme il semble que dans ce fjord, tout le monde écoute de la musique, pop, jazz, rock sont omniprésents. Une Play List intitulée La camarde, accompagne le récit. Les textes des chansons de Léonard Cohen, Nick Cave, Ella Fitzgerald, Les Beatles, Edith Piaf ou encore Tom Watts font partie intégrante du récit qu'elles viennent enrichir de leur tonalité, tantôt nostalgique, tantôt mélancolique ou légère.

Ce livre est aussi une hymne à tous ces récits qui irriguent nos vies, nous sont indispensables et nous rendent si précieuses littérature, poésie et musique.

«Ecrivez. Et nous n'oublierons pas.

Ecrivez. Et nous ne seront pas oubliés.

Ecrivez. Parce que la mort n'est qu'un simple synonyme de l'oubli ». 


 


555,

c’est le titre énigmatique du dernier roman d’Hélène Gestern.

 

La plupart des romans d’Hélène Gestern sont des romans à énigme, l’énigme étant mise au jour grâce à un document, lettre, photographie, carnet, email … Dans 555, le document est une partition, trouvée par le premier narrateur, Grégoire Coblence, menuisier de son état, dès le premier chapitre du livre, dans la doublure d’un étui de violoncelle qu’il est en train de réparer. Est-ce une 556e  sonate de Scarlatti ?


Outre Grégoire Coblence, quatre autres narrateurs et narratrice, un luthier, une musicienne, un chercheur spécialiste de Scarlatti, un collectionneur, qui ont tous un lien passionnel à Scarlatti et à son œuvre ; chacun leur tour ils vont mener l’enquête car, aussitôt apparue, la fameuse partition va disparaître. Et chacun d’eux va livrer, dans chacun des chapitres dont il est le narrateur, un peu de sa vie et de ses tourments, son point de vue sur les autres personnages et ce qu’il sait de leur vie. Tous les cinq chapitres, la voix d’un autre narrateur, dont le lecteur ignore tout, lui livre quelques indices, lève le voile sur quelques mystères jusqu’au dénouement final, les dernières 47 pages de ce roman qui en fait 449.


Ce sont donc six narrateurs, six points de vue, six raisons différentes de s’intéresser à Scarlatti, à sa musique et à cette 556e partition, six personnages qui font de la musique de Scarlatti le « personnage » principal de ce roman choral. Et si l’on ne connait pas ou peu la musique de Domenico Scarlatti, on ne peut lire le roman d’Hélène Gestern sans avoir l’irrépressible envie d’écouter ses sonates.


Et pourquoi pas, lire 555 en écoutant les 555 sonates de Scarlatti enregistrées par Scott Ross, enregistrements auxquels fait écho cet extrait du roman, par la voix de Manig Terzian :


La première fois que j’ai enregistré Scarlatti, j’avais trente-trois ans. J’estimais que ma technique était suffisamment aboutie, que mon art avait acquis assez de maturité pour que je me lance dans l’aventure. J’ai joué chacune des sonates, les cinq cent cinquante-cinq, sur scène au moins une fois ; en l’espace de trois ans, j’en ai gravé pas loin de deux cent cinquante au disque. Les critiques ont souligné la précision, le brillant, les couleurs, la vélocité de mon interprétation. À juste raison. J’avais cherché à restituer un Scarlatti virtuose et rapide ; à donner l’impression, comme ceux qui témoignaient l’avoir vu jouer à son époque, que chaque pièce hébergeait mille diables derrière le clavier. [Page 51]




Deux voyages insolites pour l’été,

lire Wauters, son dernier roman et ses nouvelles


Le Musée des contradictions

Mahmoud ou la montée des eaux

 

Une note de Catherine Malard


On lit hélas trop peu de nouvelles en France, genre considéré comme mineur alors que la littérature anglaise comme la littérature américaine renferment de grands auteurs qui vont déployer ce genre, lui faisant sauter les frontières, et l’imposant afin qu’il soit aussi prisé que le roman. Il faudra pour ces vacances d’été, partir avec ce précieux recueil qu’est Le Musée des contradictions, ouvrage qui vient de valoir à Antoine Wauters, le Goncourt de la Nouvelle. On parle de plus en plus de ce jeune auteur belge dont la langue musicale et la veine poétique s’emparent des thématiques brûlantes de notre époque avec maestria. Antoine Wauters s’est fait particulièrement remarquer cette année avec Mahmoud ou la montée des eaux, paru aux Editions Verdier, ouvrage qui lui a valu de nombreux prix et tout récemment, le prix du Livre Inter.

 

Le Musée des contradictions brille par ses 12 discours en forme de requête ou de pamphlet. Le genre du discours, celui de la harangue sont rarement usités dans l‘écriture de la nouvelle, d’où la voix si singulière de ce livre et de ce romancier.

 

L’adresse au tu ou au vous nous accroche immédiatement par la manière et le ton avec lesquels il fouille des thèmes à connotation tragique ; ainsi pouvons-nous nous identifier à l’émetteur plutôt qu’au récepteur qui devrait trembler dans cette place inconfortable, et qui se trouve acculé au pied d’un mur où pleuvent des reproches accablants.

Il y a souvent des accents épiques dans ce livre choral, on y retrouve comme des airs de tragédie grecque qui soufflent un verbe puissant et musical. Ce précieux ouvrage s’apparente à un Bureau des réclamations des plus hybrides où défilent des personnages de tous âges et toutes catégories, des jeunes fugitifs, des vieux touchés par la maladie d’Alzheimer fuyant l’Ehpad, des enfants battus, des mères qui abandonnent leurs enfants, etc. Ces textes sont souvent noirs, corrosifs, parfois teintés d’humour portant la voix de ceux qui, oubliant d’être désabusés, gardent encore de la vindicte pour tenter de déciller l’abuseur, l’exploiteur ou l’écervelé.

 

Tous, revendiquant leurs contradictions, prennent la parole, parole désespérée qu’ils lancent tel un projectile bien ciblé, brin d’espoir au cœur des ruines ou échappatoire à la menace qui gagne. La langue mi-poétique, mi-prophétique de l’auteur se déploie comme autant de petites victoires sur la misère, face à un avenir désenchanté.

 

Antoine Wauters comme ses personnages, de livre en livre, ne lâche pas, crie toujours plus fort, et on l’entend et l’écoute avec effroi et bonheur, conscient que la volupté éprouvée à la lecture est, elle aussi, pleine de surprenantes contradictions, mais on en redemande ! 


 


Le Pont de Bezons

(Jean Rolin)


Une note de Jean-Jacques Denizard

 

Rendre visite à la Seine pour un Francilien devrait être peu surprenant. Pourtant la Seine est presque inconnue pour la plupart d’entre nous. Qui pourrait, par exemple, décrire avec précision le rapprochement entre ce fleuve tranquille qui prend le temps de regarder ses habitants et ses habitants qui ne le regardent pas.

 

Jean Rolin est un compagnon de route de mes vacances depuis des années. Ormuz, le Traquet Kurde, l’Organisation. La rencontre proposée avec la Seine nous mène de Meaux à Mantes sans aucune halte dans la capitale. Il faut préciser et peut-être insister, Rolin n’a pas écrit un guide touristique mais un roman.

 

Le roman commence au pont de Bezons, avec à la page 13, un poème « heureux celui qui a vu le jour se lever sur le Pont de Bezons ». Pour assister à un tel évènement, il passera une nuit à Bezons mais il reviendra comme toujours le long de la Seine. Cette ville a changé car aujourd’hui, le tramway la relie à la Porte de Versailles. Non loin du Pont, il décrit cette fermeture d’un Mac Donald. Tout disparaît, même les bonnes frites. Il reviendra ici plusieurs fois, l’été et l’hiver. Le pont de Bezons ne possède aucune arme exceptionnelle pour se faire aimer.

 

J’avais lu quelques pages du livre dans une bibliothèque et j’ai trouvé rapidement la raison voire l’urgence de plonger non pas dans la Seine mais dans la lecture. En effet, après Meaux en se rapprochant de Villeneuve Saint Georges, tout change il va se rapprocher des bords de la Seine, par des sentiers de randonnées le plus souvent par des chemins de terre. La lecture va nous rapprocher des grands moments industriels des bords de Seine. Ce n’est pas à Meaux mais à côté de Bezons que les souvenirs s’allument, voire l’ouverture de notre mémoire avec l’atelier Caillebotte situé juste à côté de celui de Monet où il peignait ses coquelicots. Une rapide balade aujourd’hui suffit pour se convaincre de certains changements

 

Jean Rolin part vers l’ouest, c’est la rencontre avec un ami ou un historien des friches. Il nous crée des envies de découvrir ces friches. Il est sans doute possible de poser une hypothèse, notre auteur est un naturaliste. Il longe la Seine mais en fait il prend son temps et note sur son bloc pour ne rien n’oublier. Le moment de l’arrivée vers Poissy permet de répondre à un besoin avec l’hôtel Ibis de Poissy. Ce passage du livre est assez étonnant avec des descriptions très précises des friches. Merveilleuses friches, très riches. Nous sommes vraiment dans l’abandon urbain.

 

Ils sont nombreux à habiter ou être de passage le long de la Seine, profitant ou étant obligé de venir s’installer sur ce lieu de résidence. Ainsi vers l’Est, après le départ de Meaux jusqu’à Corbeil, la population est bien diverse avec des Kurdes et leurs cafés, dans des bâtiments qui s’inscrivent dans l’histoire francilienne. Des réfugiés Tibétains qui sont en train de prier ou encore des frères assomptionnistes, des Mac Do qui sont fermés sans trop assombrir la journée de l’auteur, en tout cas, la formule employée est ambiguë. Ce livre est passionnant car il est multiple, un moment permet de constater l’amas de pylônes, un nombre de lignes SNCF, d’usines, d’entrepôts et de plus en plus de lieux en retrait de la Seine mais sans être trop éloignés.


Il ne faut pas oublier les Humains, ils vivent souvent dans des bâtiments anciens, sans qualité excessive mais ils ne sont pas à l’extérieur dans une quechua. Dès le pont de Bezons, nous rencontrons les Roms, pas simple de prendre contact. Très nombreux à être des pêcheurs pour nourrir la famille. Et là, se situe soudainement le lieu de naissance de Louis XIV, à quelques pas, son auteur permet à son lecteur de cultiver sa richesse historique, industrielle et humaine, du bord de Seine, sous forme d’une écriture qui s’adapte parfaitement à toutes les saisons. Alors il est temps de plonger.




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La poésie dans l’air du temps : une alchimie du quotidien

(à propos de cinq livres de poésie)

 

Cet article de Anne Baatard a été initialement publié le 1 juin 2022 (LETTRE n°402)

 

Le Marché de la Poésie ? Un rendez-vous de première nécessité ! Faire son marché, voilà qui remet la poésie au centre du quotidien. Et si la poésie n’était pas une discipline savante, presqu’aussi obscure que les mathématiques, si elle s’accommodait de nos vies, de nos fiertés et nos défaites, des fous rires et des rages de dents, des courses à faire, des bouquets sur la table et des silences qui nous encombrent ? Si elle esquivait les territoires du grandiose pour jouer ses coups d’éclats à l’abri de ces jours que l’on dit ordinaires, si elle s’intéressait à tout, à nous ? 


D’une allée l’autre, découvrons le Castor Astral, La Boucherie littéraire, L’Ourse Blanc, L’Ail des ours, Lettres Vives, Héros-Limite, Le Silence qui roule, Tarabuste, Le temps qu’il fait… je sais bien, il faudrait citer tout le monde.

 

Sous le ciel couvert du marché, je m’aventure un vrai dimanche je fais mes affaires elles sont bonnes au milieu des paniers nombreux comme je ne remplis pas mes yeux

Je ne remplis que mon regard qui me change en rêve les idées sous forme d’impensables poissons

J’arriverai chez mes amis les mains vides avec une gaieté de rascasse rouge sans parapluie


Valérie Rouzeau, poétesse et traductrice, notamment de William Carlos Williams,
explore les formes libres mais aussi, dans Vrouz, le sonnet. Ses mots, ceux qu’elle
nomme aussi parfois « mes mots des autres » révèlent les fulgurances secrètes que
nous concilions sans relâche avec les petits riens du quotidien. Une discrète alchimie.
La poésie comme grand écart. Comment tenir la posture ? Ne pas la tenir, composer ...

 


Les fiches des livres :


Les derniers - Les dessins des camps

(Shelomo Selinger par Sophie Nahum)

 

Une note de Paquito Schmidt

 

Pour beaucoup l’œuvre du sculpteur Shelomo Selinger se résume à son fameux monument érigé à Drancy en 1976 pour rappeler le rôle d’antichambre de la mort que fut le tristement célèbre camp de cette banlieue parisienne. Mais à côté de ses centaines de sculptures, Shelomo Selinger a aussi beaucoup dessiné. Son œuvre graphique compte des milliers de dessins essentiellement à l’encre de chine et/ou au fusain.

Malgré les épreuves passées (sa mère, son père et sa sœur cadette assassinés par les nazis, ses neufs camps de concentration, ses deux marches de la mort), il a la vie chevillée au corps. Peut-être aussi parce que la « chance » lui a tout de même toujours souri in extremis :

- il a 14 ans à la liquidation du ghetto de Chrzanow et se retrouve avec sa mère dans le groupe des femmes et enfants promis à l’extermination, quand un policier juif du ghetto lui intime l’ordre de retourner dans le groupe des hommes et de dire qu’il a 18 ans ;

- il doit être pendu, mais il est le dernier et il manque une corde ;

- il doit être battu à mort pour avoir chipé un morceau de papier pour s’en faire une couche supplémentaire contre le froid, mais le kapo, chargé de la punition, lui dit de crier, l’insulte bruyamment, mais se contente de frapper sur les planches et non sur son dos ;

- à la libération de son dernier camp, il est jeté parmi les morts, mais un officier médecin de l’Armée rouge qui passe par là remarque qu’il respire encore et le sauve en le transférant d’urgence à l’hôpital militaire.

 

A côté de pages écrites par sa femme Ruthy et par son fils Rami, le livre « Les dessins des camps » est constitué essentiellement de dessins de Shelomo agrémentés d’extraits d’entretiens réalisés par Sophie Nahum.

 

Comme l’écrit son fils « Mon père exprime l’insoutenable de façon soutenable. C’est peut-être cela, le propre de l’art. Il y a dans ses dessins toujours quelque chose d’humain, des regards, des choses très simples qui nous ramènent à la source de l’être humain ».

 

Sophie Nahum et l’éditeur ont eu la bonne idée de prolonger le livre par 28 vidéos où l’on entend la voix de Shelomo. À 84 ans (les entretiens datent de 2018) l’homme garde une voix jeune, pleine de vivacité et d’humour.

 

Dans sa conclusion Sophie Nahum écrit : « Il tenait absolument, et moi aussi, à ce que l’on voie clairement que la vie, pour lui, avait gagné ».


 


pas vu Maurice - chroniques de l’infraordinaire

(Laurence Hugues - Photos de Claude Benoit à la Guillaume) - réédition

 

Une note de Michèle Cléach


Le livre a la taille d’un carnet, d’un très beau carnet dans lequel ont été délicatement déposés des traces de la vie de Marie consignées dans des carnets qu’elle a laissés derrière elle dans sa maison du Forez ; des traces de la vie de l’auteure, la voisine de Marie ; et les photos des carnets et de ses motifs, celles du village aussi, par le nouveau propriétaire de la maison de Marie.

Pas vu Maurice, c’est l’histoire d’une « vie minuscule ». L’histoire d’un lieu, et d’un monde oublié. Pas vu Maurice, ce sont deux écritures qui se répondent, s’interpénètrent, se révèlent l’une à l’autre. C’est une écriture hybride. A la voix de Marie, à ses notations quotidiennes, va répondre la voix de l’auteure :

 

      Marie remplit un carnet par an,

      de 1987 à 2000. Sauf en 1999.

      Cette année-là, Jean, son frère, est

      hospitalisé. Ma mère aussi, pour un temps.

 

La voix de Marie, pourtant, est difficile à entendre, tant l’écriture est sobre : pas de phrases, pas de développement, peu de ponctuation, juste des mots pour dire le quotidien brut, les tâches, les activités, les événements d’une vie, et à chaque entrée du carnet, un mot, une ligne sur la météo :

 

Septembre 1991

 Un peu de pluie.

 Manger premières fraises du

       jardin, tuer un lapin mâle. Fait

       choux-fleurs, haricots. Laver

       couleurs, cimetière, arracher

       herbes choux, semer doucettes,

       faire emporter clé et lunette

       d’approche, brosser et ramasser

       habits chambre, nettoyer cave,

       changer heure. ...


 

Faire de l’étranger un hôte

(Marie Laure Morin)

Préface : Edwy Plenel   postface : Geneviève Jacques (Présidente de La Cimade 2014-2018)

 

Cette présentation est la préface d’Edwy Plenel

 

Quand, de retour à Ithaque, Ulysse achève son Odyssée, il prend figure de migrant. D’exilé, de réfugié, de demandeur d’asile. La déesse Athéna l’a voulu ainsi, perclus d’épreuves, vieilli par ses errances, le travestissant en misérable et le déguisant en loqueteux. C’est alors qu’Homère le fait rencontrer un porcher, Eumée, qui vit au milieu de ses bêtes. Lequel lui offre spontanément son hospitalité, sans hésiter ni barguigner, sans réserve ni condition.


À Ulysse qui le remercie chaleureusement pour « cet accueil de bonté », étonné que sa pauvre mine ne l’ait pas rebuté, le porcher répond : « Étranger, je n’ai pas le droit, quand même viendrait quelqu’un de plus miséreux que toi, de manquer de respect envers un hôte. Ils sont tous envoyés de Zeus, étrangers et mendiants. Et notre aumône leur fait plaisir, si petite soit-elle. » Puis, régalant son hôte d’un succulent rôti de gorets accompagné d’un « vin fleurant le miel », Eumée rappelle combien « les dieux bienheureux détestent l’injustice : c’est toujours l’équité que le ciel récompense, et la bonne conduite ! ».


Aux premières pages de son livre, Marie Laure Morin évoque cette figure éthique d’un « Zeus hospitalier » que l’on retrouve dans toutes les traditions spirituelles, tant elle est tissée de l’expérience sans frontières d’une espèce humaine qui, depuis la nuit des temps, n’a cessé de pérégriner. Faisant de l’homme qui se déplace l’envoyé du divin, cette vieille morale nous rappelle que le chemin du prochain passe par l’accueil du lointain, en d’autres termes que le souci de nous-mêmes, de nos solidarités et de nos fraternités, est en jeu dans notre relation aux étrangers qui viennent d’ailleurs. En somme, que l’hospitalité est l’épreuve de vérité de notre humanité.


Le problème, c’est que le droit l’ignore. Du moins jusqu’à ce plaidoyer aussi lumineux que rigoureux pour la promouvoir et l’instituer en droit fondamental. En juriste éminente, Marie Laure Morin affronte ici un défi prométhéen : faire tomber la frontière où s’est arrêtée la révolution qu’a constitué, avec la Déclaration de 1948, la proclamation de droits universels s’imposant aux États. Car, si son article 13 affirme la liberté de circulation, elle a laissé en jachère le droit d’immigrer, d’accéder et de s’installer dans un autre pays, qui ne relève d’aucune convention internationale.


C’est ce vide que comble brillamment cet ouvrage, facilement accessible aux non spécialistes tant il est nourri d’une pratique sensible du droit, au plus près des réalités et des êtres concernés. Son inventivité juridique est à la mesure de l’urgence politique. La question des migrations illustre en effet l’inachèvement de la révolution des droits de l’homme. Et cet inachèvement met en péril l’ensemble de l’édifice, lézardant ses ...


 


 

Poétesses d’Afghanistan


Une note de lecture de EAN (29 juin 2022)  à propos du livre "Le cri des femmes afghanes"


L’un des premiers engagements d’éditeur de Bruno Doucey fut, en avril 2004, à l’occasion du soixantième anniversaire du débarquement de Normandie, la réédition d’une anthologie de Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes. Il s’est également battu pour que continuent les éditions Seghers. Aujourd’hui, il fait paraitre Le cri des femmes afghanes, une anthologie établie par Leili Anvar qui rassemble les textes de quarante et une poétesses afghanes...




 

Le pays des chantiers navals


Un article de EAN (22/06/2022) à  propos du livre de Christian Astolfi "De notre monde emporté"


Le récit de Christian Astolfi, De notre monde emporté, relate les vingt dernières années des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer du point de vue de Narval, ouvrier aux chantiers et fils d’ouvrier. Il voit se défaire la puissance du travail ouvrier, et de tout ce qu’il implique : la solidarité, la fierté, l’appartenance et la reconnaissance....  






 

Corinne Bacharach a vu l'exposition "Proust du côté de la mère"


Sur son blog le 19 avril 2022


Le titre de la nouvelle exposition du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme m’intriguait. En cette année de célébration du centenaire de la mort de l’écrivain, je me demandais si mettre en avant un « Proust juif » avait un sens et surtout comment traiter un tel sujet à travers une exposition. Le résultat proposé a annulé tous mes doutes. C’est une très belle exposition, tant par la richesse des œuvres qu’elle propose que par son argumentation.


Jeanne Proust, née Weil d’une famille juive alsacienne parfaitement intégrée, a donné à son fils Marcel une double ascendance puisque Adrien Proust, son mari, était issu d’une famille d’Eure et Loire tout ce qu’il y a de plus catholique française. De cette union sont nés Marcel et son frère Robert...



Fin de l'exposition :

le 28 août 2022

 

L'Académie Goncourt propose ses lectures pour cet été


Chaque académicienne et académicien ont transmis sur cette liste un titre de livre qu’ils vous conseillent pour cet été.



 

L’amitié de Marguerite Duras


Une note de lecture de NONFICTION, le 17/06/2022, à propos du livre "Marguerite Duras , Michelle Porte - Lettres retrouvées (1969-1989)"


Michelle Porte a consacré deux de ses films à Marguerite Duras : Les Lieux de Marguerite Duras (1976) et Savannah Bay c’est toi (1984). Leur amitié remonte à 1966. La cinéaste aurait voulu faire partie de l’équipe du film La Musica, que Duras adaptait de sa pièce. Comme elle était au complet, l’auteure lui écrivit : « L’équipe est logée avec moi à l’hôtel Normandy de Deauville, je vous donnerai les clefs de mon appartement aux Roches Noires à Trouville, vous serez tranquille. » Cette générosité pour une jeune inconnue est l’envers d’une forme de brutalité légendaire, chez celle avec qui « les relations n’étaient pas un long fleuve tranquille », comme le rappelle l’éditrice de ce recueil dans sa préface.

Comment ne pas s’étonner que Duras n’ait jamais écrit correctement le prénom de son amie et se soit adressée toute sa vie à « Michèle » dans ses lettres ? ...




 

Guerre, Louis-Ferdinand Céline (Gallimard)


Une note de lecture de Pierre Ahnne à propos du livre "Guerre"


Il faut quand même bien en parler… J’ai beau être assez peu porté sur l’actualité littéraire, on n’exhume pas tous les jours le roman quasi achevé d’un des auteurs les plus importants du siècle passé. Parlons-en, donc. Sans revenir sur l’histoire ressassée ad nauseam du manuscrit disparu et redécouvert. Mais sans omettre de s’interroger au passage sur le curieux statut de Céline aujourd’hui. Plus d’hésitation à son sujet : qu’il incarne une des figures possibles du grantécrivain ne fait pas de doute, et l’omniprésence de l’ouvrage, jusque sur les rayons des supermarchés, constitue en soi une injonction à le lire. D’autres artistes, écrivains ou non, sont moins bien traités, qui en ont plutôt moins fait en tant qu’hommes que l’auteur des Beaux draps et de Bagatelles pour un massacre....



 

« Le sexe, le temps et la mémoire »


Une note de lecture de NONFICTION (11 juin 2022) à propos du livre "Un jeune homme" d'Annie Ernaux


Dans ce récit d’un amour transgressif, l’auteure affirme sa liberté et redessine le rapport au temps qui se trouve à la source de son œuvre et de son art poétique.

Ce livre très court revient sur une « histoire » de la narratrice, commencée par « une nuit malhabile » avec un étudiant de trente ans de moins qu’elle, qui avait alors cinquante-quatre ans. Heureuse de retrouver dans cette relation, sur laquelle pèse le tabou de « l’inceste », la « fille scandaleuse » qu’elle a été ...





Entretien avec l’écrivain Joseph Andras


A l'occasion de la parution de son dernier livre "Pour vous combattre", un entretien paru initialement dans la revue "Wêje û Rexne" et traduit par KEDISTAN le  7 Juin 2022.


Votre dernier livre vient de sortir. Vous vous penchez sur une figure de la Révolution française peu connue du grand public, Camille Desmoulins. Pour vous combattre : presque un titre de programme politique dans le contexte actuel ?


JA : Je me penche sur la création d’un journal, Le Vieux Cordelier. Donc son auteur, ses lecteurs, ses partisans et ses adversaires. Desmoulins n’est que l’un des nombreux personnages présents dans ce que j’envisage d’abord comme une fresque, une composition collective. Mais vous visez juste : le titre entend dire quelque chose à notre époque. C’est un vers tronqué de La Marseillaise. Il y a les faits précis que ce livre donne à voir, bien sûr – avérés, datés, documentés, parfois amplement commentés depuis trois siècles. Mais il y a surtout l’amitié, le dissensus, le compromis, la cohérence, la pureté, la violence, le droit, la foi, la morale, le réalisme, la stratégie, l’efficacité et le cynisme. Il y a l’avant-garde, les masses, le peuple, les classes, l’État, les intellectuels et le pouvoir. Ce qui anime, affecte et mobilise ces révolutionnaires ne s’épuise pas dans le seul récit historique des évènements. Et puis il y a ces deux notions qui structurent l’ensemble du livre : celle de Révolution et celle de République. Si mon intérêt pour cette période remonte à loin, sa mise en écriture doit très largement à notre air du temps “républicain”. À cet air irrespirable. On peut même dire de Pour vous combattre qu’il est un dialogue de chaque ligne avec notre contexte, comme vous dites. Combattre l’ordre “républicain” du jour, donc, tout en combattant en notre sein ce qui œuvra à notre échec. C’est ce double mouvement qui travaille tout le texte....





« Ecrire un roman »


Un entretien sur le site L'INVENTOIE, le 8 juin 2022


Marianne Jaeglé animera la formation « Ecrire un roman » prise en charge à 100 % par l’AFDAS pour les artistes-auteurs, du 10 septembre 2022 au 7 janvier 2023. Également romancière, elle a publié cette année un recueil de textes autour du processus de création « Un instant dans la vie de Léonard de Vinci, et autres histoires » (Ed. L’Arbalète). Nous l’interviewons sur sa routine d’écrivain et sa manière d’enseigner le roman.

L’Inventoire : Comment écrivez-vous, utilisez vous des carnets ?

Marianne Jaeglé : Je n’écris que sur des cahiers en fait. Le petit format 17 cm sur 22, avec des lignes d’écoliers et une spirale, de la marque Clairefontaine… Il a une couverture un peu rigide, donc on peut écrire sur ses genoux sans avoir besoin de table. C’est aussi un format de page qui me convient. Je suis intimidée par les beaux cahiers comme Moleskine. Ça me fait peur, moi il me faut du petit cahier pas cher pour me sentir autorisée à écrire tout dedans....




Les formations d'Aleph Ecriture animées par

Marianne Jaeglé


La Shoah par l'image et par le texte


Un article paru sur le site NONFICTION, le 29 mai 2022


Les journaux intimes et les rares photos qui en ont été prises sont deux manières de saisir au plus près la réalité de la Shoah.

Dans la postface qu’il a rédigée pour la réédition de son livre Terres de sang   , Timothy Snyder insiste sur la nécessité de prendre en compte les destinées et les cheminements individuels lorsqu'on se penche sur les épisodes les plus tragiques. L'étude de Wendy Lower et le témoignage de Janina Hescheles, approfondissent notre connaissance du processus d’extermination des Juifs en Ukraine, tant par les matériaux utilisés que par l’approche proposée.



Sexton, une poétesse de la vulnérabilité


Un article de EN ATTENDANT NADEAU (8 juin 2022) à l'occasion de la parution du livre "Tu vis ou tu meurs - Œuvres poétiques (1960-1969" d'Anne Sexton


Les éditions Des femmes nous offrent l’occasion de lire pour la première fois en français les œuvres poétiques d’Anne Sexton (1928-1974), dans une traduction de Sabine Huynh. Reconnue de son vivant dans le monde anglo-saxon, mais traduite tardivement, la poétesse « confessionnelle » américaine nous plonge dans le quotidien de la dépression et de l’asile. Son œuvre constitue néanmoins une preuve de la puissance des mots à construire, à relier et à réparer.





"L'Afrique, un continent qui rayonne"


C’est sous ce titre que la belle librairie DIALOGUES de Brest ouvre sa dernière lettre d’information « DIAGONALE »

Cette lettre propose

■ « Dix regards sur l’Afrique » : une

sélection de livres pour faire connaissance avec la littérature africaine 

■un entretien avec le lauréat du Prix Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr, auteur du livre « La plus secrète mémoire des hommes »


 

 



La librairie

DIALOGUES [à Brest]


 

Défenseurs de la poésie


Un dossier de la revue électronique EN ATTENDANT NADEAU, le 8 juin 2022


Les défenseurs de la poésie, critiques ou responsables d’ateliers d’écriture, permettent au poème écrit ou sonore de surmonter les obstacles : EaN leur rend ici hommage à travers un entretien avec le critique et éditeur Jacques Josse et un entretien avec Marie-Agnès Chavent- Morel et Christian Comard, deux des responsables des Ateliers de l’Arabesque. Nous vous proposons également une sélection d’éditeurs qui valent le détour au Marché de la poésie.






Antoine Wauters a reçu le prix du livre Inter pour "Mahmoud ou la montée des eaux" (Verdier)


Le poète et écrivain belge Antoine Wauters a reçu, lundi 6 juin, le 48e prix du Livre Inter pour son roman Mahmoud ou la montée des eaux, publié aux éditions Verdier.

"Mahmoud ou la montée des eaux" est un roman rédigé en vers libre qui se déroule au bord du lac El-Assad, en Syrie, d'où un vieux poète syrien empreint de nostalgie raconte le passé de son village et de son pays, mais aussi la dictature et les tortures du régime de Bachar el-Assad.



Mohammed Dib, au soir de sa vie


Un article paru dans DIACRITIK, le 01/06/2022


"En septembre 2021, la BnF a rendu hommage à l’écrivain Mohammed Dib (1920-2003), figure majeure de la littérature algérienne de langue française. La lecture de passages de son œuvre, par Eric Génovèse de la Comédie Française, a donné à entendre la diversité de son écriture et des thèmes abordés. Édité au Seuil, chez Gallimard, chez Albin Michel, un certain nombre de ses romans sont réédités à la Découverte, dans la collection Minos. L’univers de Mohammed Dib ne peut être ignoré dans la littérature du XXe siècle.L’œuvre de Mohammed Dib, désormais clôturée par la mort de l’écrivain en mai 2003, témoigne d’une recherche constante sur les structures du texte. Déjà dans ses premiers livres écrits avant l’indépendance de l’Algérie et réunis sous le titre La trilogie Algérie, se profile une expression secrète qui s’incarne dans ces figures hallucinantes des mendiants qui sont absorbés par la terre le soir venu et qui sont comme une métaphore de la condition dramatique des populations algériennes réduites à une non existence..."





Duras, une œuvre miroir


Un article paru dans EAN, le 01/06/2022, à l'occasion de la sortie de plusieurs livres concernant Marguerite Duras.


"On peut entrer dans l’œuvre de Marguerite Duras par de multiples portes : biographique, romanesque, stylistique, obsessionnelle, littéraire, journalistique, théâtrale, cinématographique. Ou par la porte qu’ouvrent ceux et celles qu’elle fréquenta assidument, comme Yann Andréa, Michèle Manceaux, Colette Fellous et Michelle Porte. ..."



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La Shoah par l'image et par le texte


Un article de NONFICTION.fr du 29 mai 2022


Les journaux intimes et les rares photos qui en ont été prises sont deux manières de saisir au plus près la réalité de la Shoah.


Dans la postface qu’il a rédigée pour la réédition de son livre Terres de sang   , Timothy Snyder insiste sur la nécessité de prendre en compte les destinées et les cheminements individuels lorsqu'on se penche sur les épisodes les plus tragiques. L'étude de Wendy Lower et le témoignage de Janina Hescheles, approfondissent notre connaissance du processus d’extermination des Juifs en Ukraine, tant par les matériaux utilisés que par l’approche proposée.





Mes livres du mois de mai


Sur son blog, Pierre Ahnne poursuit chaque mois, depuis janvier 2022, la compilation des livres qu'il a lus dans le mois







Entretien avec Diane Régimbald sur la poésie québécoise par Régine de La Tour – 19 mai 2022


Marché de la poésie, Rapailler, festival des littératures québécoises à la librairie Monte en l’air dans le 20°, une double occasion pour le dire et l’écrire d’un petit rapaillage poétique avec la poète québécoise Diane Régimbald. Mais aussi un focus sur les femmes poètes. Le prétexte ? Denise Desautels. Il y a un mois, la poète québécoise, faisait son entrée dans la mythique collection Poésie des éditions Gallimard (voir encadré). L’événement est remarquable à deux titres. Denise Desautels devient la deuxième poète du Québec à être publiée dans cette collection, plus de vingt ans après Gaston Miron, mais surtout c’est la première femme poète québécoise que les éditions Gallimard publient.


 


 

"La force éclatante du désir : Annie Ernaux, Le Jeune homme"


Un article d' Hélène Gestern, paru, le 25/05/2022 sur le site AUTOBIOSPHERE


"Annie Ernaux, depuis Les Armoires vides, a toujours cherché à dire la vie. Ou plus exactement la conjonction de la vie, de l’amour et de la mort, trois forces qui continûment s’enlacent et se percutent au sein de nos existences. C’est inlassablement qu’elle explore cette trinité, avec une rigueur toujours plus grande, toujours plus dépouillée, les saisissant dans des récits dont la force n’a d’égale que la limpidité, nous offrant comme une intelligence supplémentaire de nous-même qui nous laisse à chaque fois empoignée au cœur.


Le Jeune homme est un court texte d’à peine trente pages. Mais il pourrait tout autant en contenir mille, tant il est comme le précipité, la quintessence et l’épure d’un geste autobiographique où le sujet est d’abord une surface, un matériau photosensible traversé par l’acte d’exister, quel que soit le prix des émotions que requiert chaque expérience. L’écriture qui, de livre en livre, a toujours cherché à s’approcher au plus près, à trancher comme un couteau dans tout ce qui n’est pas authenticité, atteint ici une forme de condensation remarquable de limpidité et d’apaisement conjoints. Un épisode singulier dans une vie singulière (la liaison de la narratrice avec un étudiant qui a trente ans de moins qu’elle) y devient le lieu de la description d’une autre expérience, transcendante, proustienne, woolfienne, vertigineuse : celle du temps et des empreintes superposées qu’il laisse en nous. ..."






La balle au prisonnier : Philippe Lejeune, Evadés. Récits de prisonniers de guerre 1940-1943



Un article paru sur le site AUTOBIOSPHERE, le 25/05/2022


"Philippe Lejeune – que nous connaissons comme le fondateur de l’Association pour le Patrimoine Autobiographique (APA) et comme un pionnier des théories modernes du texte autobiographique – présente une anthologie composée à partir d’extraits appartenant à sept récits de prisonniers de guerre, pour l’inauguration de la collection Vivre/Écrire des Éditions du Mauconduit. Souvent rédigés une cinquantaine d’années après les faits, les récits d’évasion sont des « hymnes à la liberté » selon Philippe Lejeune qui insiste sur leur dimension épique : ils ont le pouvoir de captiver une communauté d’auditeurs et répondent à une volonté de transmission destinée en priorité aux descendants, enfants et petits-enfants, du narrateur.[VM1] 


« Si les Boches avaient reçu mon petit costume, hein !… ils seraient peut-être venus m’aider à m’habiller. » Les récits rétrospectifs, parfois autoédités, souvent enregistrés puis retranscrits plus tard par écrit arborent un ton léger, propice à la dédramatisation, voire à la plaisanterie. Les diverses allusions comiques, ..."





Les 4 livres de la collection



"Annie Ernaux ouvre le temps"


Un article de En Attendant Nadeau (25/05/2022) revient sur les dernières publications de et sur Annie Ernaux


Ce printemps nous ravit tant il nous donne d’occasions de lire Annie Ernaux. Non seulement Gallimard publie une édition augmentée de L’atelier noir, journal d’écriture initialement publié aux éditions des Busclats en 2015, mais les éditions de L’Herne font paraître un superbe Cahier consacré à l’autrice, riche de nombreux textes inédits, notamment d’extraits de son journal. Et, summum du plaisir, Annie Ernaux nous fait cadeau d’un merveilleux récit, Le jeune homme, quelques dizaines de pages dont on goûte chaque mot, chaque phrase, savourant ce bonheur de découvrir un nouveau pan de l’œuvre qui nous accompagne depuis tant d’années.





Une résidence d’écriture en Normandie : « Écrire la vie, dans les pas d’Annie Ernaux »



Un entretien paru dans L’INVENTOIRE, le 16 mai 2022, à l’occasion de la préparation de l’atelier d’écriture


"L'Inventoire : « Dans le calme de la campagne normande, le Domaine des Herbes vous accueille dans ses 3 jolies maisons à colombages sur un parc de 5 hectares » : s’isoler un peu dans un bel endroit, pour prendre le temps d’écrire, qu’est-ce que cela apporte selon vous à celui qui a un projet d’écriture ?


Michèle Cléach : Dans l’atelier d’écriture, on met en place les conditions pour favoriser l’écriture. Quand l’atelier se déroule dans un bel endroit, un bel environnement, que les participant.es sont libéré.es des contingences du quotidien, que chacun.e peut se consacrer quasi exclusivement à l’écriture tout en se « nourrissant » de ce qu’offre l’environnement, j’ai pu constater que c’était très porteur. ..."




« Adieu à la lutte des classes »


Un article à propos du livre de Christian Astolfi "De notre monde emporté"


Voici un nouvel éditeur. Il est installé à Marseille, et ses quatre premières publications ont vu le jour ce mois d’avril. Il s’appelle Le Bruit du monde. Un nom où s’annonce clairement l’exigence d’une littérature « en prise avec les enjeux du monde contemporain », pour parler comme l’éditrice elle-même. Chacun sait ma méfiance devant de telles professions de foi, qui font craindre, en fait de littérature, un mélange vaguement fictionnalisé d’Histoire, de sociologie et de bons sentiments. Ces craintes, avouons-le, ne se dissipent guère à lire l’argumentaire des quatre premiers ouvrages, où l’on retrouve les dangers d’Internet, les mémoires des guerres d’Algérie et de Bosnie, celle — pour le titre qui nous occupe — de la désindustrialisation. ...




« Souvent j’ai fait l’amour pour m’obliger à écrire »


Un article paru dans DIACRITIK, le 9 mai 2022 à propos du livre de Annie Ernaux "Le jeune homme"


Le nouveau livre d’Annie Ernaux, Le jeune homme, s’ouvre sur ces mots : « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues ». Comme un prélude à l’art d’écrire, les expériences vécues sont immédiatement présentées comme source première, clôturées par la mise en mots.Une fois encore, l’écrivaine porte un regard sur sa propre vie en faisant le récit d’une histoire d’amour avec un étudiant plus jeune qu’elle. Pour la narratrice, il ne s’agit pas de vivre une nouvelle jeunesse mais plutôt de percevoir une forme de répétition, un retour sur ses années révolues. Ainsi, à travers cette histoire d’amour, une réflexion sur la mémoire, sur l’écriture et sur le temps est possible...




"Le jeune homme" d'Annie Ernaux raconte bien plus que le simple écart d'âge avec un ex-amant


Un article paru le 5 mai 2022 sur le site HUFFPOST


Annie Ernaux est de retour. Six ans après Mémoire de fille, l’écrivaine française à succès, dont le best-seller L’événement a récemment été adapté au cinéma par Audrey Diwan, publie, ce jeudi 5 mai, son nouveau roman Le jeune homme aux éditions Gallimard.


Son histoire, longue de quelque 37 pages, est celle de la relation amoureuse qu’elle a vécue, il y a de ça plusieurs décennies, avec un homme de presque trente ans de moins qu’elle. Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler dudit jeune homme. Ce dernier est déjà apparu brièvement, là aussi anonymisé, dans Les Années, autobiographie de l’autrice parue en 2008.


Aujourd’hui, on en apprend un peu plus sur lui. On ne connait toujours pas son prénom. On sait simplement qu’il était étudiant quand ils se sont rencontrés. On sait aussi qu’il aimait les Doors et habitait Rouen, ville de Normandie où Annie Ernaux a fait ses études dans les années 1960....




"Des ateliers d’écriture à l’hôpital Sainte-Anne : comment on soigne l’esprit par les mots"


Un article de LIRE - Magazine Littéraire, repris le 22/04/2022 dans OUEST FRANCE


Fondatrice des ateliers d’écriture à l’hôpital Sainte-Anne, la psychologue Nayla Chidiac partage son extraordinaire expérience dans ce livre atelier qui fait du bien, et qui a pour fil rouge la contrainte.


"Il peut apparaître étonnant qu’en 1997 l’hôpital Sainte-Anne n’a pas encore conçu son atelier d’écriture thérapeutique. D’autant plus qu’il existait déjà une unité d’art-thérapie. Lorsqu’elle se rendit compte de ce manque, Nayla Chidiac était alors étudiante en psychologie, en stage dans l’institution. Tout était à écrire. Cette passionnée de littérature se lança donc dans la création de cet outil de médecine de l’esprit à part, et en fit son sujet d’étude...."



Les maisons d’édition qui publient des nouvelles ou pas…


Une série d'articles parus sur le site L'INVENTOIRE, la revue électronique d'Aleph Ecriture


"Souvent les éditeurs en France hésitent à publier des nouvelles, le roman restant l’art majeur et celui qui touche le plus de lecteurs. Pourtant, dans les pays anglo-saxons, où le trait d’esprit et l’humour tiennent encore une place à part (témoin les nombreuses revues éditant des nouvelles), elle est en pleine forme. Alice Munro, auteur de nouvelles, ne s’est-elle d’ailleurs pas vu décerner le Prix Nobel de Littérature en 2012 ?


Même si la nouvelle peine depuis une vingtaine d’années à se faire une place en France, au moment du confinement pourtant, plusieurs éditeurs, tels que Zulma (« Une nouvelle pour échapper aux nouvelles« ), les ont ressorties de leurs étagères numériques pour les offrir aux lecteurs gratuitement pendant ce temps de latence. Pourquoi ? Peut-être parce que tout comme la poésie, la nouvelle peut saisir en peu de mots, une émotion, une pensée, ou le détail d’un événement qui donne à réfléchir ou sourire...."




Écrire : Entretien de Patrick Lyons avec Joseph Andras


Un entretien paru dans DIACRITIK le 22 avril 2022

"Alors que les éditions Actes Sud publient Pour vous combattre le 4 mai prochain, Patrick Lyons s’entretient avec Joseph Andras autour de son écriture et de ses influences, occasion de revenir sur ses récits antérieurs et de creuser le rapport littérature/politique au cœur du travail de l’écrivain qui affirme ne pas être « un romancier » mais un écrivain, « celui qui fait des écritures ». ..."




Sommes-nous prêts à entrer dans l’ère des non-témoins ?


Un article de DIACRITIK, paru le 8 avril 2022


"Avec L’Ère des non-témoins, Aurélie Barjonet propose un essai rigoureux, informé et très accessible qui fait le point sur la littérature récente consacrée à la Shoah. Car il est vrai qu’après les premiers témoins, puis la deuxième génération – celle des enfants de celles et ceux qui ont vécu la Shoah –, une troisième génération prend la plume pour interroger l’événement et ses répercussions sur notre présent. Si la presse a souvent repéré une intensification des publications d’œuvres ayant pour thème central la Shoah, il ne s’agit cependant pas d’un simple effet de mode. En tout état de cause, Aurélie Barjonet rappelle que le phénomène ne se limite pas à la France et qu’il se développe même avec un certain retard par rapport à ce qu’on a pu observer en Allemagne, en Israël et aux États-Unis. Que cette littérature des « petits-enfants de la Shoah » ait suscité de nombreuses polémiques, comme avec LesBienveillantes de Littell ou Jan Karski de Yannick Haenel, ne doit d’ailleurs pas faire oublier qu’elle pose surtout des questions essentielles sur notre relation à cet événement qui s’éloigne dans le temps. ..."




Proust, du côté de la mère


Un article de Corinne Bacharach, sur son blog le 19 avril 2022, à l'occasion de l'exposition au MAHJ


Le titre de la nouvelle exposition du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme m’intriguait. En cette année de célébration du centenaire de la mort de l’écrivain, je me demandais si mettre en avant un « Proust juif » avait un sens et surtout comment traiter un tel sujet à travers une exposition. Le résultat proposé a annulé tous mes doutes. C’est une très belle exposition, tant par la richesse des œuvres qu’elle propose que par son argumentation.


Jeanne Proust, née Weil d’une famille juive alsacienne parfaitement intégrée, a donné à son fils Marcel une double ascendance puisque Adrien Proust, son mari, était issu d’une famille d’Eure et Loire tout ce qu’il y a de plus catholique française. De cette union sont nés Marcel et son frère Robert. ...




Voilà comme j'étais : Autobiographie posthume de Sade


Une note de lecture à propos du livre de Marie-Paule Farina (in L'Or des Livres, le 15 avril 2022)


Depuis son premier ouvrage Comprendre Sade  (Max Milo, 2012), Marie-Paule Farina s'attache tant à réhabiliter cet homme qui "entre 27 et 74 ans, n'aura passé que dix ans à l'air libre" qu'à démystifier son œuvre.


Après ce pédagogique petit livre destiné au grand public, elle s'est en effet focalisée sur l'homme puis sur son oeuvre dans deux importants essais. S'appuyant sur sa correspondance et sur son journal, elle nous dépeignit ainsi un homme d'esprit au cœur pur et au "corps combustible" bien inoffensif dans Sade et ses femmes (L'Harmattan, 2016). Tandis que, mettant en lumière la grande gaieté de son œuvre burlesque dans Le rire de Sade, essai de sadothérapie joyeuse  (L'Harmattan, 2019), elle décrypta en profondeur ses écrits – et notamment ses romans noirs obscènes -, les croisant et les re-situant dans leur contexte historique pour nous permettre de distinguer quand cet ironiste dit vrai et quand il s'amuse à mentir.


Et même ses deux essais suivants nous renvoient indirectement à Sade. Flaubert, les luxures de la plume  (L'Harmattan, 2020) nous montre ainsi combien le sens du grotesque de l'écriture flaubertienne lui est redevable. Et Rousseau, un ours dans le salon des lumières (L'Harmattan, 2021) instaure souvent une sorte de dialogue entre Sade, Flaubert et ce philosophe dont ils furent tous deux de grands admirateurs. ...




Le moteur c’est l’écriture et tout le monde peut vouloir écrire


Un entretien avec Valérie Mélo dans L'INVENTOIRE, le 12 avril 2022


Formatrice animatrice d’ateliers d’écriture certifiée, Valérie Mello a enseigné vingt ans les lettres et le théâtre, et accompagné des lycéens dans leur parcours scolaire et créatif. Les ateliers se situent au carrefour de ses passions : écrire pour faire écrire, transmettre et accompagner. Nouvelle venue dans l’équipe Aleph, elle animera le Module 1 « Oser écrire » de l’école d’écriture Aleph (une session démarre le 16 avril et la prochaine le 22 août 2022).

L'Inventoire : Vous avez enseigné pendant 20 ans auprès des lycéens, quand dans votre parcours avez-vous eu l’idée d’animer des ateliers d’écriture ?


Valérie Mello : L’envie est partie de l’exercice du métier. Elle a été impulsée par les jeunes gens eux-mêmes. Ils voulaient écrire et mon enseignement les y invitait. Nous avons tracé ensemble des sentiers buissonniers pour aller cueillir des écritures hors du cadre scolaire. Ces jeunes voulaient s’exprimer, raconter leurs histoires. En classe, je privilégiais les sujets dits « d’invention ».

Cette épreuve du bac est restée une sorte de parent pauvre au regard des épreuves de la dissertation et du commentaire… l’invention était mal reconnue, hybride, difficilement évaluable, elle faisait peur peut-être. Elle a été retirée des programmes scolaires en 2019. Je suis convaincue qu’elle a permis de faire germer ce désir d’écrire chez des jeunes. C’est à partir de là que mon envie de bifurquer s’est précisée....




Une fausse-vraie autobiographie


Une note de lecture à propos du livre "Porca Miseria" de Tonino Benacquista (parue le 9/04/2022 sur le site entreleslignesentrelesmots.org)


Tonino Benacquista a voulu – en guise de thérapie ? – se replonger dans son environnement pour comprendre le mouvement qui l’a porté vers l’écriture, vers la fiction pour raconter des vies, des rencontres, des revanches, des utopies en même temps que les réalités lesquelles ne s’échappent pas facilement. Comment faire ? Comment s’écrit une autobiographie ? Question redoutable. Qu’il contourne par un procédé qui ne manque ni de panache ni de duplicité. Il fait surgir, son père, sa mère, son frère, ses sœurs dans des saynètes qui pourraient servir de base à des sketchs pour faire rire, sourire tout en suscitant l’empathie et l’émotion. Pourtant il ne semble rien cacher, se paye même le luxe de montrer, à la fin, les « réalités alternatives », les uchronies à partir des éléments de base fournis dans la première partie. Comme un léger déplacement possible qui change tout. Un bel exercice pour montrer le pouvoir de la littérature, de l’imagination. ...




Carmen Castillo : 1973, 1974, 1987 – Santiago, Chili


Un article de DIACRITIK du 14/04/2022 à propos du livre "Un jour d'octobre à Santiago" de Carmen Castillo


Il y avait un jour, un pays qu’on nommait Chili, et dans ce pays une ville qu’on appelait Santiago, et dans cette grande ville, une petite maison bleu ciel où vivaient deux petites filles… » Ces filles, ce sont Camilia et Javiera, à qui Carmen Castillo dédie Un jour d’octobre à Santiago lors de sa publication en 1980. À cette date, Augusto Pinochet en est à sa septième année de dictature, les guérillas sud-américaines sont écrasées l’une après l’autre par les menées de l’opération Condor, les Chicago Boys libéralisent l’économie chilienne avec la bénédiction des institutions financières internationales. À cette date, Carmen Castillo habite Paris, comme aujourd’hui, loin, bien loin de la maison bleu ciel de la rue Santa Fe, de Santiago et du Chili....




L'acteur Michel Bouquet est décédé le 13 avril 2022


Un article dans Le Monde du 14 avril 2022


Les planches étaient son royaume, même s’il a tourné avec les plus grands cinéastes français. Son exigence et sa rigueur, sa présence intense ont fait de lui un monstre sacré dans l’exercice de son art. Michel Bouquet est mort, mercredi 13 avril, à l’âge de 96 ans....







Parler de nous avec elle : Colette Fellous et Marguerite Duras


Un article paru dans DIACRITIK, le 13 avril 2022


Marguerite Duras avait-elle les yeux verts ou bleus ? Jean Vallier, son meilleur biographe, les a vus verts. Pour Colette Fellous, qui la rencontra à maintes reprises dans les vingt dernières années de sa vie, ils étaient évidemment bleus, « bleus et purs » tels qu’elle les a gravés dans sa mémoire avec « la beauté de son visage, son air unique et souverain de Marguerite D. ».C’est sur une conversation autour d’Emily L., que venait de publier Duras, que s’ouvre le dernier et arachnéen livre de Colette Fellous dont les Carnets Nomade..., brutalement supprimés en 2015 de France Culture, nous manquent toujours terriblement. Mais, en 1987, elle officie toujours sur les ondes, publie de jolis romans remplis de sons, d’images et de parfums de ses années outre Méditerranée, à l’occasion elle fait aussi l’actrice pour ses amis metteurs en scène, et participe à des films sur des écrivains. C’est d’ailleurs dix années plus tôt, lors des répétitions de L’Eden Cinéma, au Théâtre Renaud Barrault, que  ...



Le théâtre envoûtant d’Andriy Zholdak


Un article paru dans EN ATTENDANT NADEAU, le 13 avril 2022


Né à Kiev en 1962, Andriy Zholdak s’est formé à l’École d’art dramatique de Moscou avant d’assumer, de 2002 à 2005, la direction artistique du théâtre Taras Chevtchenko de Kharkiv. Il a récemment mis en scène, à l’Opéra de Lyon, Le château de Barbe-Bleue, le seul opéra de Béla Bartók. Au début du mois de février, quelques semaines avant le début de la guerre en Ukraine, Zholdak était à Craiova, pour y jouer La dame de la mer d’Ibsen.

 Georges Banu, consultant artistique sur cette pièce, présente pour EAN ce metteur en scène ukrainien unique.





Orhan Pamuk  : une épidémie prémonitoire


Une note de Georgia Makhlouf à propos du livre d'Ohran Pamuk "Les Nuits de la peste". Note parue le 7 avril 2022, dans l'Orient Littéraire.


Les Nuits de la peste, le dernier roman d’Orhan Pamuk qui vient de paraître, se déroule en 1901. Et si l’île de Mingher, cette « perle de la Méditerranée orientale » où se déroule la quasi-totalité du roman y est amplement décrite et même cartographiée, si on cite à son propos Homère ou Pline l’Ancien, si un luxe inouï de détails de tous registres – géologiques, topographiques, historiques et autres – nous est donné à son propos, elle n’en demeure pas moins totalement fictive, un pur produit de l’imagination de l’auteur qui, ne l’oublions pas, a une formation d’architecte et s’est plu dans nombre de ses ouvrages, à arpenter les villes et en particulier Istanbul, avec le regard et la compétence d’un urbaniste...




Je veille à être le passeur humble des mots d’un autre


Un entretien paru sur L'INVENTOIRE, le 8 avril 2022


Biographe certifiée, Sandrine Clarac utilise sa posture de comédienne pour se mettre à l’écoute des autres pour raconter, avec eux, leur histoire. Auteure de plusieurs biographies, nous l’avons rencontrée pour qu’elle nous parle de sa pratique.


L’Inventoire : À quel moment de votre parcours vous êtes-vous dit que vous pourriez devenir biographe ? Quel a été le […]



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