Arpenter le paysage - Poètes, géographes et montagnards
Livre de Martin de la Soudière
Pour la première fois, Martin de la Soudière, ethnologue du « dehors » et du temps qu’il fait, se livre à l’introspection. Cet essai autobiographique sur le paysage est un retour aux origines, une entrée sur le terrain pour l’ethnologue féru de géographie…
Véritable « entrée en paysage » qui a pour cadre la montagne, celle des Pyrénées en particulier.
Sur le mode du récit, Martin de la Soudière dialogue avec ses pères et ses carnets de travail. Son corpus hors du commun rassemble des écrivains, géographes, paysagistes, peintres, botanistes, mais aussi grimpeurs, militaires, cartographes, taupiers, bergers et autres promeneurs. Tous écrivent leur paysage. Franz Schrader, Élisée Reclus ou Vidal de La Blache habitent l’imaginaire de l’auteur, au même titre que les manuels d’escalades du XIXe siècle ou les livres de géographie du jeune élève des années 1950/1960. Entrer en Pyrénées s’opère aussi à différentes échelles, la vue statique et graphique avec son cadre et sa lumière est indissociable de l’expérience de l’escalade, de la promenade en famille ou de l’expédition aventurière entre frères et soeurs. Comme Martin de la Soudière le dit, on entre en paysage avec le pied et avec la main (on empoigne la matière de la roche pour grimper aux sommets). Mais l’écriture du paysage, en plein vent et en cabinet, est aussi une affaire de rituels. L’auteur scrute les gestes de ses poètes de prédilection : Jean-Loup Trassard arpentant son bocage, Julien Gracq au volant de sa deux-chevaux sur les rives de la Loire, André Dhôtel se perdant dans la forêt des Ardennes, jusqu’à Fernando Pessoa le promeneur immobile de Lisbonne. À travers ses « devanciers » comme il les appelle, l’auteur revendique une intimité du paysage féconde pour la réflexion et pour l’imaginaire.
Dans cet ouvrage, Martin de la Soudière « franchit » la montagne en quelque sorte : inaugurant son récit par le souvenir de l’arrivée au seuil des Pyrénées quand il était enfant, le père de famille proclamant au volant de sa 15 chevaux « Et voici nos montagnes », il le termine de l’autre côté du sommet, en Aragon, sur un dialogue avec son frère décédé Vincent, dialogue aux accents d’énigmes sur une vue panoramique.
Le récit est accompagné de photos de famille, d’extraits des carnets de Martin, carnets de son enfance jusqu’à aujourd’hui. Pour les amateurs de montagne et randonneurs littéraires, lecteurs d’ethnologie sensible.
Une adolescence sous Hitler et Staline - Récit d’un survivant juif, témoin de la chute de Königsberg
Paru pour la première fois en Allemagne en 1988, ce récit authentique, particulièrement émouvant et bouleversant, retrace l'enfance et l'adolescence de l'auteur dans le Königsberg national-socialiste, la destruction de la ville et les horreurs des premières années d'après-guerre sous l'occupation soviétique. Best-seller en Allemagne réédité six fois, cet ouvrage est une référence pour l'histoire contemporaine dans la mesure où il nous offre, au fil du jour, le témoignage d'un vécu à la fois tragique et réel d'un enfant, d'un adolescent et d'un presqu'adulte. Dans ce livre de souvenirs, Michael Wieck nous révèle son grand courage, sa lucidité, son amour de la vie et des autres qui lui ont permis de ne jamais se décourager dans l'adversité.
Nos prisons
Livre de Maxence Rifflet
Nos prisons rend compte, à travers un montage de textes et d´images, du travail mené dans sept prisons françaises avec des détenus. Comment photographier dans un espace de surveillance sans le redoubler, comment cadrer sans enfermer ? La première réponse a été de ne pas s´intéresser à l´enfermement en général, mais à des lieux particuliers : photographier des prisons, plutôt que la prison. L´architecture carcérale n´est pas uniquement le sujet de ce travail elle est aussi le lieu où il s´est élaboré : il s´agissait de photographier en prison, sans nier les contraintes que cela suppose et en collaboration avec les détenus. Maxence Rifflet raconte les lieux et les usages qu´il découvre, ses échanges avec les prisonniers, les relations avec l´administration, ou encore sa rencontre avec Robert Badinter. En donnant une vision inédite des prisons en France aujourd´hui, le livre engage à s´affranchir des représentations abstraites qui nous empêchent d´en imaginer même la transformation.
Dialogue sur l'art et la politique
Livre de Ken Loach et Edouard Louis
Deux artistes de deux pays et deux générations différentes, Ken Loach et Édouard Louis, échangent sur l’art, le cinéma, la littérature et leur rôle aujourd’hui. Comment l’art peut-il poser et repenser la question de la violence de classe ? Comment inventer un art qui déstabilise réellement les systèmes de pouvoir et ne se contente pas de les décrire ? Et quel peut être le rôle de l’art dans un contexte politique mondial inquiétant ?
En tentant de répondre à ces questions et en confrontant leurs réflexions, Ken Loach et Édouard Louis esquissent un manifeste pour une transformation radicale de l’art.
Les faits - Autobiographie d'un romancier
Livre de Philip Roth (réédition en poche)
« D’une certaine façon, nous disons toujours pour ne pas dire, mais de l’historien de soi, on attend qu’il résiste de tout son être à la tentation commune de falsifier, de déformer et de nier. »
Sur le fil entre souvenirs des faits et souvenirs imaginés, l’auteur de La tache dévoile son rapport complexe à l’art et à l’existence à travers cinq moments fondateurs : son enfance à Newark dans les années 1930 ; son expérience de l’américanité à l’université ; son premier mariage chaotique ; l’indignation de la communauté juive à la parution de Goodbye, Colombus ; et enfin, la découverte, dans les années 1960, d’une liberté créatrice qui donnera naissance à Portnoy et son complexe.
Mais comment écrire à propos des faits de l’existence lorsqu’on a passé une vie entière à changer l’ordinaire en extraordinaire avec une originalité et une audace si féroces ? Tel est le questionnement que Roth explore ici avec malice et clairvoyance.
Madeleine, résistante
BD de Riffaud Madeleine (Auteure), JD Morvan (Auteur), Bertail Dominique (Illustrations)
Tome 1 : La Rose dégoupillée
La petite Madeleine Riffaud, née en 1924, vit heureuse avec son grand-père et ses parents instituteurs. Du moins, jusqu'à ce que la Seconde Guerre mondiale n'éclate, que l'Exode ne jette la famille sur les routes et que l'adolescente, atteinte de tuberculose, soit envoyée dans un sanatorium perché dans les Alpes. Pourtant, Madeleine est bien résolue à réaliser un projet fou et nécessaire : trouver des résistants et lutter contre l'occupant. Elle y parviendra, sous le nom de code "Rainer". Son entrée dans la Résistance ne sera que le premier acte d'un destin exceptionnel qu'elle raconte aujourd'hui dans une première trilogie nourrie des milliers de détails d'une mémoire qui n'a rien oublié...
Tome 2 : à paraître le 27 janvier 2023
La jeune Madeleine est au pied du mur : introduite dans une cellule de Résistance, elle se trouve le nom de guerre qui l'accompagnera dans ses futurs combats - « Rainer » - et se forme à toutes les tactiques d'action et de discrétion... Avec ses compagnons, dont Picpus, amoureux comme elle de poésie, la jeune femme va nous emmener dans le quotidien de la Résistance, avec une précision documentaire inédite...
Un témoignage exceptionnel, à découvrir dans le premier des trois Cahiers qui formeront L'Édredon rouge, tome 2 de Madeleine, résistante. L'occasion de découvrir en avant-première et en tirage limité la suite des aventures de Madeleine Riffaud, une œuvre de mémoire palpitante, lauréate du Prix René Goscinny 2021.
Engagée dans la Résistance dès l’âge de 16 ans, torturée et condamnée à mort
par la Gestapo,
Madeleine Riffaud témoigne pour la première fois sous la forme graphique de son combat contre la barbarie nazie.
Manam
Livre de Rima Elkouri (réédition )
Léa est institutrice. Tous les mois de septembre, elle accueille la vingtaine d’enfants qu’elle accompagnera pour la prochaine année. Chaque fois, elle brandit le dictionnaire devant eux, leur expliquant que c’est comme un coffre au trésor de vingt-six lettres. Elle leur dit qu’ils ont là tout ce qu’il faut pour raconter le monde. Même ce qui ne se raconte pas. Même les secrets qu’ils n’osent dire à personne. Même le silence. Le secret, le silence, n’est-ce pas justement une grande part de l’héritage que Léa a reçu de sa Téta, sa grand-mère tant aimée, qui vient de mourir à cent sept ans ?
Dans la maison de Téta, aux allures de quai de gare, le repas commençait mais ne finissait jamais, la cousine débarquée d’Alep y croisait le neveu de New York ou l’amie de Marseille, tout ce beau monde s’alignait sur le mobilier kitsch, fumait le narguilé, riait aux éclats, mangeait beaucoup trop, prenait des nouvelles des « enfants », ainsi nommés même à quarante ans. Mais il était un sujet dont Téta refusait de parler. Au début du siècle dernier, presque toute la population de Manam, où vivait sa famille, a trouvé la mort, soit sous les coups de l’armée turque, soit sur la route de l’exil vers la Syrie. Comment sa grand-mère et les siens avaient-ils survécu au massacre ? Dès que Léa lui posait la question, sa Téta, d’ordinaire si volubile, changeait de sujet : « Le Canadien sera éliminé en cinq ou en six, à ton avis ? »
Le Fil de midi
Livre de Goliarda Sapienza
« Alors je n’ai pas eu une crise de folie ? J’ai seulement essayé de mourir ? » En 1962, Goliarda Sapienza survit à une tentative de suicide. Rescapée, elle subit cependant une cure d’électrochocs censée la guérir de sa dépression. Elle n’en sortira que plus ravagée, au point de perdre la mémoire de la plus grande partie de ce qu’elle a vécu les dix précédentes années. C’est alors qu’un jeune psychanalyste entreprend de la soigner...
Le Fil de midi est le récit de cette thérapie, et de son échec. C’est une plongée dans le chaos intime de Goliarda Sapienza, un livre à l’image de ce qu’elle traverse à cette époque : fragmentaire, à fleur de peau, erratique. Bouleversant par sa fragilité, le texte témoigne de la lutte que mène l’auteure pour refonder un équilibre. Et c’est un chemin de vie qu’elle nous offre finalement, un lent parcours de reconstruction qui s’ouvre sur l’horizon le plus vaste : l’année même de la parution de ce récit en Italie, en 1969, ayant fait la paix avec elle-même, Goliarda Sapienza s’engage dans l’écriture de L’Art de la joie.
Puissions-nous vivre longtemps
Livre d'Imbolo Mbue (réédition au format poche)
Le portrait d’une femme courageuse et déterminée, sur fond de conflits liés au capitalisme en Afrique.
« Nous aurions dû savoir que la fin était proche. Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir de l’acide et que l’eau des rivières est devenue verte, nous aurions dû savoir que, bientôt, notre terre serait mort. »
Quand ils sont arrivés à Kosawa, petit village d’Afrique de l’Ouest, les occidentaux n’avaient que le progrès, la prospérité à la bouche… Prospérité par le pétrole. Progrès par la pollution. Aujourd’hui, la jeunesse se révolte. A la suite de Thula, jeune femme libre et puissante, le village empoisonné se jette à l’assaut du capitalisme omnipotent.
Et si le combat paraît perdu d’avance, puissions-nous, au moins, vivre longtemps.
Pour ne pas l’oublier.
Des vies de combat
Livre d'Audrey Célestine (réédition)
Des vies de femmes célèbres ou méconnues à la conquête de leur liberté.
On connaît Michelle Obama, Rosa Parks ou Nina Simone. Mais peut-être moins Sojourner Truth, Audre Lorde ou Darling
Légitimus... Des Antilles aux États-Unis, en passant par Paris, ce livre retrace la vie de ces femmes, noires, libres, inspirantes.
Des combattantes parfois méconnues, oubliées. De la fin de l'esclavage jusqu'à aujourd'hui, l'historienne Audrey Célestine dresse plus de 60 portraits d'héroïnes ou d'inconnues.
Refusant d'être réduite...
Et l’imagination prend feu
Livre de Christelle Dabos
Ce titre fait partie de la collection SECRETS D'ÉCRITURE, consacrée à l'art d'écrire.
L’ambition est de rassembler dans une collection référente les plus grands auteurs et autrices de la littérature contemporaine francophone et de dévoiler la fabrique de la création littéraire dans toute sa richesse. Récit intime retraçant le parcours de l’auteur, depuis la naissance de l’écriture jusqu’au succès, chaque livre, signé des plus grandes plumes d’aujourd’hui, est écrit et se lit comme un roman – preuve que l’aventure de l’écriture est aussi captivante que la fiction !
Si chaque récit raconte la page blanche, les doutes et le travail exigeant, il témoigne avant tout du plaisir à devenir et à être écrivain. On trouvera au fil des chapitres des illustrations, des passages en écriture manuscrite, des brouillons, des croquis représentant l’auteur au travail : ces documents personnels, souvent inédits, donnent à chaque ouvrage l’allure et la vitalité d’un carnet de création. « Secrets d’écriture », c’est la promesse d’un voyage littéraire, une plongée au cœur du mystère de la création littéraire et des trésors de conseils au lecteur.
Une enfance gantoise
Livre de Suzanne Lilar (réédition)
Suzanne Lilar retrace le parcours d’une enfance choyée entre des parents très unis qui l’initient tant au culte familial qu’à l’appel de l’imagination et de la fantaisie. A travers ses souvenirs familiaux et ses apprentissages, elle restitue le passé d’une ville, avec ses oppositions de classes, de langues, de cultures, s’attachant tout particulièrement à la réalité sociologique d’une petite bourgeoisie « également préservée des servitudes de la fortune et de la misère, innocente du péché de capitalisme, épargnée par l’esprit de revendication et de révolte ». Partir à la recherche de son enfance, c’est aussi, pour un écrivain, remontrer aux sources de son écriture et retrouver le projet central de sa vie.
Une femme algérienne
Livre de Horria Saïhi
Un livre qui est à la fois un parcours de vie, un témoignage et un appel à la résistance, signé par une opposante de la première heure à toutes les formes d’oppression qui s’opposent à la démocratie en Algérie.
« Femme, journaliste, réalisatrice et militante, actrice et témoin privilégiée, je choisis désormais d’écrire et d’apporter ma contribution à une histoire vivante en puisant dans nos luttes, notre résistance », écrit Horria Saïhi. « Je dis et décris l’arbitraire du pouvoir avec ses lots d’enlèvements, de séquestrations, de tortures, d’assignations à résidence, d’emprisonnements, de révoltes d’étudiants, de lycéens ou de paysans, la censure et l’interdit, la contestation, la solidarité, la montée de l’islamisme politique, la riposte pacifique ou armée, l’engagement des femmes. Je raconte mon pays tel que je l’ai perçu, tel que je l’ai ressenti au travers de mes rencontres avec Kateb Yacine, les ouvrières de Sidi Bel Abbès, les paysannes de Zrizer, mes camarades du PAGS, d’Ettahadi-Taffat, du MDS, des Patriotes, des Groupes de légitime défense, des militaires, des artificiers, des familles de victimes du terrorisme, des militantes
républicaines, mes collègues de la télévision... »
Pour redonner vie à ce passé tragique qu’elle fait défiler sous nos yeux, Horria Saïhi s’est attachée à recueillir la parole de femmes et d’hommes qui ont comme elle vécu, subi, résisté ou fui tout ce que l’Algérie n’a pu ou su offrir à son peuple. Leurs récits entrecoupés de silences, de rires et de larmes esquissent le terrible tableau d’une souffrance multiforme, toujours aiguë et trop longtemps tue.
Rien qu'une vie
Livre de Sonia Dayan-Herzbrun
« J’occupe, dans l’université française, mais aussi à un niveau plus international, la place singulière d’une “intellectuelle critique” comme disait Edward Said à qui je dois tant, d’une féministe décoloniale et d’une juive non sioniste. Il y a longtemps qu’on me presse de dire comment j’en suis arrivée là.
Entre témoignage et élaboration théorique, j’ai voulu raconter comment, fille de réfugiés juifs d’Europe centrale née au tout début de la guerre, dans un milieu à la fois croyant et de gauche, je suis devenue sujet autonome, pensant et agissant sans jamais rompre avec la tradition qui m’avait été inculquée. La démarche que j’adopte n’est pas chronologique, mais suit plutôt les grandes scansions de cette histoire à la fois personnelle et intellectuelle, d’où le versant privé n’est jamais absent, car, comme nous disions dans les années 1970 “le privé est politique”. Je pars donc de mon engagement féministe, au tout début des années 1970, que j’ai vécu comme une entrée en résistance qui n’excluait pas d’autre engagements parallèles. J’enseignais alors comme jeune assistante à l’université de Nanterre. Il m’a paru important de rappeler toute la richesse du bouillonnement d’idées de cette période, alors qu’aujourd’hui on tend à la réduire à la “révolution des mœurs” et, pire, à la “libération sexuelle”. Je montre ensuite comment j’en suis venue plus tard, à propos de la question de l’islam, à mettre en cause le féminisme dominant. Ce n’est qu’après que j’en viens à mon histoire de survivante du génocide des juifs d’Europe et d’“exilée permanente” qui a aiguisé à l’extrême ma conscience critique, mon sentiment de ne jamais “en être”, et m’a rendue tellement sensible à la colonie et à la race. La rencontre avec la Palestine a pour moi été centrale : elle m’a ouverte au monde arabe et plus généralement au Sud global. Mais toute l’énergie que j’ai pu déployer dans l’espoir d’une “solution, juste et durable” ont été vains, et c’est sur la perte de cette illusion que je termine. »
L'autre nom du bonheur était français
Livre de Shumona Sinha
Shumona Sinha, née à Calcutta, a appris le français à l’âge de vingt-deux ans. Depuis, elle considère cette langue comme sa « langue vitale », celle qui l’a libérée, sauvée, fait renaître. Venue vivre en France à vingt-huit ans, autrice de cinq romans tous écrits en français, elle raconte son itinéraire, semé de déceptions : les années passant, elle conserve l’image d’une femme exilée, étrangère dans un pays qu’elle avait cru celui de son émancipation. Ce livre puissant, d’une grande sincérité, apporte un éclairage sur l’œuvre et la vie d’une Indienne qui a choisi de vivre en France, d’habiter notre langue, et qui confie : « Pour chaque mot j’ai fait un long voyage. »
Les Adieux et autres poèmes
Persécuté persécuteur
Les Chambres
Trois livres d'Aragon republiés par Gallimard
À l’occasion du quarantième anniversaire de la mort de Louis Aragon – disparu le 24 décembre 1982 –, Gallimard réédite trois volumes épuisés de ses poésies (et que l’on ne trouvait plus que dans La Pléiade).
Les Adieux et autres poèmes : Dernier recueil publié du vivant d’Aragon, en 1981, c'est sans doute l’un des plus beaux de son œuvre poétique et l’un des plus émouvants : ad : ieux à Elsa disparue, adieux à la vie et au monde, son histoire tourmentée traversée de beautés irréductibles, salut à la poésie à travers un poignant hommage à Hölderlin, salut enfin aux grands peintres compagnons de voyage, Chagall, Picasso, Paul Klee et André Masson. Le chant d’Aragon est ici au plus haut de son lyrisme blessé. Loin de nous la poésie d’Aragon ? Non, jamais plus proche assurément que dans ces vers d’intime douleur où le chant justement jamais ne renonce.
Persécuté persécuteur : Recueil resté dans l’ombre et publié initialement en 1931, Persécuté persécuteur est pourtant une pièce centrale de l’œuvre d’Aragon. Se bousculent les engagements politiques, la mort du père, la naissance du grand amour et se déploie toute la rage de l’écriture du poète. L’impératif est d’écrire « en mettant le pied à la gorge de sa propre chanson », écrire pour se révolter contre le monde mais aussi contre soi-même. Ce sont les soubresauts de l’indignation, des ruptures et du fracas qui dictent la recherche poétique d’Aragon et qui insufflent un rythme nerveux dans le vers.
Persécuté persécuteur est un hymne politique où frémit toute la croyance d’Aragon dans le communisme. Mais par-delà l’engagement se tracent délicatement les premiers mots tournés vers Elsa, les timides débuts de l’immense fresque poétique dédiée à la glorification de sa Muse.
Les Chambres :
Dernier recueil publié de son vivant en 1969, Aragon offre un des dénouements de sa poésie. À l’heure du bilan, le poète invoque ses thèmes de prédilection (l’amour d’Elsa, la mémoire et le chant) pour se confronter à la désillusion communiste et à la mort prochaine de l’être ai
« Ces chambres ici dont je parle sont toutes chambres, Elsa, que nous eûmes ensemble. » Ces chambres du passé, si semblables et pourtant chacune si unique, sont celles de l’adieu à la compagne d’une vie, qui s’éteindra un an après la publication. Cet au revoir à la Muse se déploie en vers libres, déstructurés, suivant la dérive mémorielle. Il faut écrire une fois de plus cet amour, l’écrire avant qu’il ne soit trop tard. « Parce que tout passe, mais non point le temps d’avoir aimé, d’aimer encore, jusqu’au dernier souffle, bientôt, ce dernier mot proche et terrible. »
Les femmes du lien - La vraie vie des travailleuses essentielles
BD de Vincent Jarousseau - Dessins : Thierry Chavant.
Elles sont aides à domicile, auxiliaires de vie sociale, assistantes maternelles… Découvrez un récit choral autour de 8 femmes qui mêle roman-photo, documentaire et BD. Par Vincent Jarousseau, l’auteur des Racines de la colère.
Valérie est technicienne d’intervention sociale et familiale ; Marie-Basile, aide à domicile ; Angélique, assistante maternelle ; Marie-Claude, aide-soignante ; Rachel, accompagnante éducative et sociale ; Julie, éducatrice spécialisée ; Séverine, auxiliaire de vie sociale ; Marie-Ève, assistante familiale. Huit femmes parmi les trois millions de travailleuses « essentielles » que la crise sanitaire a mises en lumière. Pendant deux ans, Vincent Jarousseau a cheminé à leurs côtés. Il restitue ici leurs propos. Pour rendre compte de leurs conditions de travail et de vie, faire ressentir la complexité et la diversité des expériences, et adopter le point de vue de celles qui créent du lien dans nos sociétés.
Double V
Livre de Laura Ulonati
Naître sœur n’est pas inoffensif.
Ainsi pour Vanessa Bell, peintre méconnue à l’aune de "la postérité de noyée" de sa cadette, Virginia Woolf.
Ou pour Laura, romancière et aînée, qui veille sur les secrets, soustrait le poison des chagrins. Autant d’amours ennemies, de joies fébriles, de jalousies tristes, qui font les liens ambigus entre sœurs.
Portrait en diptyque à la grâce époustouflante, ce récit subjectif de la vie de Vanessa Bell, exprime l’inquiétude d’exister et ce qui, parfois, permet de la conjurer : l’amour d’une sœur.
Fils de ploucs - Une enfance rurale (Tome 1)
Fils de ploucs - Entre l'église bretonne et l'école française (Tome 2)
Roman graphique de Jean Rohou (textes) et Clara Vialletelle (dessins)
Fils de ploucs a sans doute été la plus grosse vente de littérature des éditions Ouest-France.
On doit cette analyse très juste de la culture rurale bretonne à Jean Rohou, fils de paysan de Plougourvest dans le Léon (et locuteur breton), qui est devenu professeur d'université (Rennes 2).
Dans son récit tout y passe : le rythme de vie, la religion, l'église, le cimetière et le village, l'école, le monde paysan, la langue bretonne, les voisins, la maladie, la mort, etc. Cette histoire est désormais proposée en roman graphique.
Le premier volume, "Une enfance rurale" raconte la petite enfance de Jean, sa famille et son village. Les dialogues et le caractère fougueux de sa mère, personnage haut en couleur, rendent vivant un propos assez juste sur ce milieu rural modeste des années 30-40. Les dialogues ne se privent pas d'expressions en langue bretonne (traduites) qui ne manquent pas de sel. Le roman graphique parle de tous ces sujets, met en scène les personnages, et raconte un monde disparu et attachant.
Le deuxième tome, "De l'Eglise bretonne à l'école française" se penche sur l'éducation religieuse de Jean dans son Léon natal alors très catholique, sur ses premiers pas à l'école publique du village et son apprentissage du français. On retrouve avec bonheur tous les personnages du village, ses parents, l'institutrice et Monsieur le Recteur. Les dialogues ne se privent pas d'expressions en langue bretonne (traduites) qui ne manquent pas de sel. Le roman graphique parle de tous ces sujets, met en scène les personnages, et raconte un monde disparu et attachant.
Un roman graphique pour les petits et les grands
Tout Molière
Dans la collection BOUQUINS
Molière n’est pas seulement le plus grand dramaturge français, il fut l’homme-théâtre par excellence : comédien pour commencer, puis metteur en scène, puis directeur de troupe et enfin dramaturge. Ce cas est unique dans l’histoire de la littérature française.
Le théâtre de Molière est le seul dans le patrimoine français dont chaque représentation ait constitué un événement à part entière.
Le comédien chef de troupe étant devenu rapidement le dramaturge favori de Louis XIV, plusieurs de ses pièces – surtout les grandes comédies-ballets ‒ seront créées lors des fêtes royales : Les Fâcheux, représentés lors de la fête que Fouquet donna en son château de Vaux : La Princesse d’Élide à Versailles lors des Plaisirs de l’Île enchantée ; George Dandin, lors du Grand divertissement royal de Versailles ; Le Bourgeois gentilhomme à Chambord… Les coulisses de ces « premières » fourmillent d’anecdotes savoureuses et leurs présentations à la cour et à la ville sont jalonnées de scandales : mondain pour Les Précieuses ridicules ; « féministe » pour L’École des femmes ; de l’impiété pour Tartuffe ; du libertinage pour Dom Juan…
Ceci n’est pas une simple édition des œuvres complètes. On y trouve les écrits complets de Molière, bien sûr, mais aussi des notices accompagnant chacun d’entre eux, conçus comme autant d’épisodes d’un véritable feuilleton. À travers la saga de la troupe (la plus importante de l’histoire de France), on y raconte la vie du dramaturge, ses relations avec le Roi Soleil et on y brosse un tableau du théâtre à cette époque fertile en créations de génie. Tout Molière en somme, dans ce volume d’une ampleur et d’une richesse sans équivalent.
Guerre d’Algérie - Engagements et expériences
Un cahier de l'APA
Cahier de l'APA uniquement en ligne pour le moment. D’où son absence de numérotation et son statut de Cahier hors-série. La publication d’une version papier est envisagée courant 2023.
"... Pour ce nouveau Cahier, j’ai choisi dans les textes, dont certains récemment déposés, des passages beaucoup plus longs, en cherchant à souligner comment, d’une manière ou d’une autre, leurs auteurs s’étaient engagés dans le combat pour l’indépendance : engagement « forcé » des appelés, engagements politiques, engagements dans le quotidien. J’ai souhaité montrer la richesse et la variété des pages qui nous sont confiées, le travail d’écriture autobiographique qu’on y lit, celui des descendants de ces générations, conscients de l’intérêt des cahiers, des feuillets retrouvés." (Véronique Leroux-Hugon)
Pour une francophonie plurielle, plurilingue et pluricentrique
À l'origine de cette première publication, des questions diverses mais de taille : qu'est-ce que la francophonie aujourd'hui ? Que signifie être francophone et dans quel(s) contexte(s) ? Comment pouvoir construire des bases communes d'une didactique de la francophonie ou, pour nous, des francophonies ?
Les différentes contributions de ce volume aident à positionner notre vision de la/des francophonie/s en tentant de redynamiser et de repenser la notion autrement et, par-là, restituer toute sa complexité.
13 à table ! 2023 [1 ivre acheté = 4 repas]
En soutien aux RESTO DU COEUR, comme chaque année, 13 à table ! vous propose un voyage autour de la Terre, sur le thème : La planète et moi...
Françoise BOURDIN / Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE / François D'EPENOUX / Karine GIEBEL / Raphaëlle GIORDANO / Alexandra LAPIERRE / Cyril LIGNAC / Agnès MARTIN-LUGAND / Romain PUÉRTOLAS / Mohamed MBOUGAR SARR
Surtout, n'oublie pas qui tu es. L'histoire de Betty, enfant caché - 1943-1944
Livre de Betty Grinbert - Témoignage recueilli par Sabine Fessard.
Betty Grinbert a vu partir son père encadré de deux policiers français lors de la rafle du Vel d'Hiv le 16 juillet 1942. Elle raconte cette journée et toutes celles qui ont suivi, à Paris puis à Château-Thierry, où elle a été cachée. Elle raconte aussi l'après-guerre, la honte d'avoir survécu aux déportés, l'impossibilité de parler de sa vie d'enfant juive cachée, jusqu'au moment où elle rencontre Serge Klarsfeld. Une rencontre qui changera tout pour elle. Betty partage ses souvenirs les plus douloureux, ses doutes et ses fragilités. Sa voix tonique et sans fard percute en plein coeur. Un partage authentique, inoubliable.
Les Longueurs
Livre de Claire Castillon
Dans la tête d'une enfant sous l'emprise d'un pédophile: un roman vertigineux et cru.
«Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t'a fait un sale coup? Je peux t'aider? Je te dépose au collège?» Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d'art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il y a toujours une voie de réchappe. Les mamans savent, à peu près. D'instinct, elles devinent. À peu près. La mienne sait que dans sa fille quelque chose ne marche plus.
PRIX VENDREDI 2022
Premier prix national de littérature adolescente, le prix Vendredi a été créé en 2016 pour valoriser le dynamisme et la qualité de création de la littérature adolescente contemporaine. Nommé prix Vendredi, en référence à Michel Tournier, il récompense un ouvrage francophone destiné aux plus de 13 ans.
02/12/2022
Journées 1925-1944
Livre de Georges Séféris [Prix Clarens du journal intime 2022]
Le poète Georges Séféris naît en 1900 à Smyrne, dans une famille grecque qui en sera chassée par les Turcs lors de la « grande catastrophe » de 1922 qui marque la fin de l’Hellénisme d’Asie mineure. Dès lors, toute sa vie et dans les pages de ces Journées qu’il consigne à partir de 1925, Séféris tentera de répondre aux contradictions inhérentes à ce qu’est devenue la Grèce : un petit pays dont l’indépendance et l’intégrité territoriale sont sans cesse menacées, mais un pays avec une immense tradition. Comment, en poète qui a choisi d’écrire en grec, redonner une vie littéraire à la langue populaire de son pays, afin de renouer avec la vérité de l’Hellénisme, « caractérisé par l’amour de l’humain et de la justice » ? Comment, alors qu’on gagne sa vie comme fonctionnaire auprès des gouvernements successifs dans une période particulièrement troublée, affronter « l’épreuve inévitable » et ne pas céder au découragement quand on constate chaque jour que les hommes au pouvoir ne sauraient être à la hauteur de cet idéal ?
Tout au long de ces pages, nous voyons Séféris vivre l’odyssée d’un perpétuel exilé : en Albanie où il est nommé avant-guerre puis — alors que la Grèce est vaincue, occupée, résistante, en proie à la guerre civile — en Crète, au Caire, en Afrique du Sud, à Jérusalem, à Londres, en Italie. Quelles que soient les circonstances, il mène de front deux existences parallèles : celle de l’homme de bureau — qui joue parfois un rôle de tout premier plan dans les événements historiques qu’il rapporte au jour le jour avec une acuité qui peut évoquer le Victor Hugo de Choses vues — et celle de l’écrivain qui rencontre André Gide, Henry Miller, Lawrence Durrell, commente Solomos ou Cavafis et publie de minces recueils qui permettront à la poésie grecque moderne de rivaliser avec celle de ses maîtres, Paul Valéry ou T. S. Eliot. La hauteur de vues, la lucidité et la probité dont il fait preuve, pendant toutes ces années, font de ce témoignage pour mémoire un monument sans équivalent dans son siècle et son pays d’origine. Et qui justifie d’autant, a posteriori, que lui soit attribué, en octobre 1963, le prix Nobel de littérature, pour la première fois décerné à un écrivain grec.
L’édition grecque du journal compte neuf volumes, dont les premiers paraissent trois années après la mort de Séféris survenue en 1971, et le tout dernier en 2019. Denis Kohler en avait traduit en français des pages choisies au Mercure de France en 1988. Mais cette traduction pour la première fois intégrale des quatre premiers volumes (de 1925 à 1944), abondamment annotée, devrait être, pour tous ceux qui s’intéressent à la littérature comme pour ceux que passionne l’histoire de la Grèce et des Balkans, une révélation.
Moi en plus beau
Livre de Guillaume Le Touze
Xavier marche en pleine nature. Archéologue ferroviaire, il recherche ce qui subsiste des lignes abandonnées. Plus assez rentables, ces voies ont été arrachées – bouleversant la vie des hameaux jusqu’alors desservis. Intuitif, Xavier piste les vestiges de ces petites communautés à jamais dispersées et, de retour dans son laboratoire, trace minutieusement les cartes topographiques sur lesquelles il restaure des paysages aux habitants perdus.
De son frère cadet, Xavier n’est jamais bien loin. La quarantaine passée, Benoît observe le monde avec une acuité et une perception singulières. Ses troubles autistiques ont fait d’eux des êtres inséparables. Bientôt Clara apparaît dans la vie de Xavier. Elle se passionne pour une autre énigme : pourquoi des écrivains reconnus prennent-ils un jour la décision de ne plus écrire ?
Tels sont les points de départ de ce roman aux inflexions d’enquête en ces lieux perdus, ces ruines blotties dans les forêts, à la rencontre d’empreintes et d’objets qui à jamais témoignent des chemins parcourus : ceux qui ont construit ce que nous sommes devenus.
Faites un voeu
Livre de Jakuta Alikavazovic
« Certaines choses, il arrive qu'on ne veuille pas les voir, je le sais bien ; je suis comme tout le monde, une forme d'aveuglement ne m'est pas étrangère. Parfois, c'est un luxe. Un moyen de défense face à la violence du monde. Parfois aussi, l'aveuglement est la violence du monde, et on essaie d'imposer à l'autre de ne pas voir. »
En 2019, la rédaction de Libération a demandé à Jakuta Alikavazovic de tenir une chronique dans la rubrique « Écritures ». La mission : un texte par mois ; sujet libre. Que faire alors de cette contrainte alliée à une vertigineuse liberté ? Elle y répond à sa manière, car le monde offre toujours de quoi faire, plus que jamais quand on le regarde de biais, avec ironie, humour, un sens précieux du détail et une dose nécessaire de poésie. Dans ce livre, il est question d'un penny exposé au British Museum, de la mort d'un chat, d'un hamster et, parfois, d'espoir.
Ce qui nous arrive
Livre de Camille Ammoun, Ersi Sotiropoulos, Michaël Ferrier, Fawzi Zebian, Makenzy Orcel (Préface : Charif Majdalani)
En septembre 2021, la Maison Internationale des Ecrivains avait prévu d'organiser à Beyrouth des rencontres littéraires sur le thème de la catastrophe. La crise libanaise et la détérioration de la situation durant l'été 2021 a empêché la tenue de ces rencontres. Les cinq écrivains qui devaient participer ont accepté d'écrire chacun un texte à partir de leur expérience.
Dire la catastrophe -qu'il s'agisse d'une explosion, d'un séisme, de la pauvreté...- ce n'est pas seulement retracer son histoire ou peindre sa violence, mais aussi rechercher dans les corps et les esprits les ravages qu'elle cause. Qu'elle soit naturelle ou non, elle est toujours liée à un système humain, technologique, politique. Ce qui nous arrive parvient, par le truchement de cinq voix aussi différentes que talentueuses, à approcher l'indicible et faire émerger des vérités dérangeantes.