Mémoires d'Algérie


Des livres sur l'Algérie, des témoignages d'Algériens, Pieds-noirs ou appelés.

Nous avons uniquement écartés les livres faisant l'apologie de la torture.


Afin de mieux situer le contexte, nous avons choisi de présenter le livre "La guerre d'Algérie" de Mohammed Harbi et Benjamin Stora et le "Dictionnaire de la guerre d'Algérie" de Sylvie Thénault, Ouanassa Siari Tengour et Tramor Quemeneur.


La guerre d’Algérie


Mohamed Harbi et Benjamin Stora


Véritable somme consacrée à la guerre d'Algérie, ce livre rassemble les travaux de plus de vingt historiens. Pour la première fois contribuent ainsi côte à côte des historiens français et algériens, qui reviennent sur les principaux acteurs du conflit, sans laisser dans l'ombre les sujets de controverses -conflit entre le FLN et messalistes du MTLD, massacres de harkis. Cet ouvrage éclaire aussi des points moins connus de l'histoire de la guerre d'Algérie, comme le rôle des femmes ou encore les luttes d'influence à l'intérieur de l'armée française. Enfin, il accorde une place substantielle à l'étude des expressions culturelles suscitées par la guerre, à l'institution des mémoires, au chantier des archives.


 

Biographie des auteurs

Ancien membre du FLN, Mohammed Harbi est historien et a été professeur à l'université Paris VIII. Il a consacré de nombreux ouvrages à l'histoire du FLN.

Benjamin Stora est spécialiste de l'histoire de la guerre d'Algérie et de sa mémoire. Il est professeur à l'INALCO.


Regards croisés sur une mémoire commune

Dans un article du journal Liberté, quotidien d’Algérie, Amina Hadjiat, rend compte des conférences que Benjamin Stora et Mohammed Harbi ont consacré, mercredi 29 avril 2009, à Alger, à l’Histoire de la guerre de libération.



 

Publication d'un Cahier Hors série sur l'Algérie

   

Ce cahier, Guerre d'Algérie -engagements et expériences, réalisé à partir de textes déposés à l'APA, n'était jusqu'à présent accessible que par téléchargement en ligne.


  • Textes choisis et introduits par Véronique Leroux-Hugon 
  • Préface de Paquito Schmidt
  • Contribution de  Jade Cazorla

 

Une version imprimée est désormais disponible au prix de 13 euros.

 

 



La préface de

Paquito Schmidt

(11/11/2022)




Rwama - Tome 1 - Mon enfance en Algérie (1975-1992)


Salim Zerrouki (BD - Scénario, Dessin, Couleurs)


Tout le monde n'a pas eu la chance de grandir en Algérie ! Et encore moins dans un immeuble moderne en forme d'arc de cercle peuplé d'Algériens, de Russes, d'Allemands de l'Est, de Cubains et surnommé « Rwama » - littéralement « Les Français » en algérois - !

C'est depuis cette cité atypique, érigée sur les hauteurs d'Alger pour accueillir les « Jeux méditerranéens de 1975 » durant la dictature de Houari Boumediene, que Salim Zerrouki nous livre ses souvenirs d'enfance et d'adolescence avec une sensibilité et un humour décapant.

Après Comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur et Comment réussir sa migration clandestine (éditions LHE et Encre de nuit) l'auteur dresse le portrait personnel, politique et religieux d'une Algérie méconnue et sombre entre 1975 et 2000.



 

Chronique de la guerre d'Algérie 1958-1959


Pierre Molin


Cet ouvrage est le journal d’un prêtre mobilisé comme lieutenant en 1958 pendant la guerre d’Algérie, écrit sous les balles et sur les mines, en Kabylie, où il a été lieutenant, puis capitaine. 
C’est un texte brut et dur, mais manifestant un amour inconditionnel pour les Algériens. Certains épisodes sont proprement insoutenables, et à chaque instant transparaît le cruel dilemme entre la foi de l’auteur et sa fonction. 
La fin est marquée par la lettre des prêtres mobilisés à leurs évêques, qui a causé de vives polémiques dans la presse et au ministère en 1959. 



 

Kaddour


Rachida Brakni


« Au moment de la mort de mon père, m’est revenu comme un boomerang le texte La Place d’Annie Ernaux. Ce livre que j’ai découvert à l’âge de vingt-cinq ans m’avait bouleversée et avait trouvé une résonance très forte en moi. Nos histoires, notre passé, nos trajectoires n’étaient pas les mêmes et pourtant un socle commun nous constituait. Celui fait d’une volonté farouche de s’extraire de sa condition sans jamais se couper de ses racines ni se renie

De l’annonce de la mort de mon père, Kaddour, le 15 août 2020, à sa mise en terre six jours plus tard, mon deuil me paraît confisqué tant la maison ne désemplit pas d’un flot ininterrompu de visites. Ce sont aussi six jours de crainte tant la complexité de la situation liée au covid rend incertaine la possibilité que son corps puisse être rapatrié en Algérie comme il le souhaitait. Six jours durant lesquels je m’échappe pour convoquer nos souvenirs. Ce que je sais de son enfance misérable en Algérie, de son arrivée en France qu’il sillonnera au volant de son camion, jusqu’à la chute, corps meurtri. Mais aussi ce qu’il m’a transmis, le rapport à la terre, au langage, et aux livres.

J’ai dressé son portrait pour donner de la chair et sortir de l’anonymat ces hommes déracinés réduits à leur condition d’ouvriers, tiraillés entre deux pays. Et avant tout, j’ai voulu rendre hommage à l’homme sans qui je ne serais pas la femme que je suis. » (RB)



 

"Arabe" 


Samyia Al Barràn


L’Algérie n’est plus qu’un lointain souvenir pour l’auteure et pourtant cette histoire migratoire et d’exil traverse et bouleverse les générations successives.
Comment se penser soi-même quand on est Française d’origine algérienne et qu’on vous regarde comme appartenant à un camp ou à un autre ?
De la banlieue d’Alger aux bidonvilles de Nanterre, Samyia Al Barràn raconte la déflagration traumatique d’une famille tentant d’avancer et de réparer ses blessures : celle de la guerre, de l’exil, du deuil, ainsi que du sentiment de déracinement et de trahison des siens.
Entre résilience et vulnérabilité, ce livre intime est un appel à l’écoute face au phénomène migratoire et aux difficultés identitaires de ceux que l’on nomme les « enfants d’immigrés ».



Dictionnaire de la guerre d'Algérie


Sylvie Thénault, Ouanassa Siari Tengour et Tramor Quemeneur


Soixante ans après les accords d'Évian paraît le premier dictionnaire consacré à la guerre d'Algérie, rédigé par les meilleurs spécialistes de la période, algériens et français.

"Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, les enjeux mémoriels liés à l'histoire de ce conflit ont alimenté autant de débats que de controverses. La recherche historique n'a cessé de progresser durant cette période. Mais il manquait un ouvrage d'une ampleur suffisante pour permettre, dans un contexte resté passionnel, de traiter du sujet sous tous ses angles, en puisant dans une bibliographie désormais abondante et en se fondant sur les acquis de la recherche, avec le souci d'objectivité et d'exigence intellectuelle qui seul peut aider à faire progresser la connaissance.
Cet ouvrage, le voici. Le fruit d'un long travail qui réussit à embrasser sans tabou l'ensemble des thèmes et des données à la fois militaires, politiques, sociologiques et intellectuels liés au dernier épisode de la période coloniale. L'un des mérites de ses maîtres d'œuvre, Sylvie Thénault, Ouanassa Siari Tengour et Tramor Quemeneur, est d'avoir su regrouper autour d'eux des historiens et chercheurs de provenances multiples, de convictions diverses et parfois opposées. Là où les mythes l'emportent encore trop souvent sur la vérité des faits, cette pluralité des approches était non seulement nécessaire mais indispensable au crédit d'une telle entreprise.
Événement éditorial, ce Dictionnaire, par son ambition et sa richesse exceptionnelles, répondra aux légitimes attentes de tous ceux qui, sur les deux rives de la Méditerranée, n'aspirent qu'à mieux comprendre l'histoire complexe de cette guerre." Jean-Luc Barré



Filles des Aurès - La guerre d'Algérie dans les yeux d'un enfant


Alain-Victorin L'Evêque & Serge Vollin


Ce roman est un témoignage sur la guerre d’Algérie (vue à travers les yeux d’un petit berger des Aurès) où des faits réels et historiques se mêlent à deux improbables histoires d’amour. La première est celle d’un jeune appelé de 20 ans qui, terriblement éprouvé par une guerre fratricide qui ne veut pas dire son nom, finira par trahir son pays. La seconde est celle d’un Officier d’active qui devra choisir entre son honneur d’officier ou le fait de rejoindre l’O.A.S. Ces deux militaires tomberont amoureux de deux filles des Aurès : Zimba et Aljia.



 

« Le Bougiote » - Journal d’Algérie (août 1958 – juillet 1959)


Livre de Marcel Martin


Critique de cinéma réputé, alors au début de sa carrière, Marcel Martin est rappelé en tant qu’officier de réserve pour servir une année en Algérie.
La période est précisément celle où l’armée appelle, avec une grande partie de la population européenne du pays, à l’arrivée au pouvoir d’un homme fort que Jean-Paul Sartre a appelé «le prétendant». Celui-ci poursuivra cette guerre qui ne dit pas son nom encore quatre ans.
Intellectuel de gauche, anticolonialiste, Marcel Martin va se trouver plongé dans les pires contradictions, partagé entre sa solidarité avec un peuple maltraité et la nécessité de sauver sa peau et la vie de ses hommes lors d’opérations et d’accrochages avec la guérilla. En tenant son journal quotidiennement, il parvient à résister à cet engrenage qui, à ses yeux, conduit inéluctablement à une fascisation des esprits. «C’est comme si un autre s’était installé en moi et parlait par ma bouche et même, parfois, pensait à ma place. Je m’entends dire, je me surprends à penser des choses que je ne pensais pas il y a six mois…»
I
l y note précisément les opérations militaires auxquelles il participe tout en nous faisant comprendre la vanité de cette action dite de «pacification» qui aboutit à dresser plus encore la population contre les autorités françaises. Son «Journal» était resté inédit jusqu’à sa disparition à 90 ans.



 

Appelés et guerre d'Algérie à l'écran


Livre d'Ali Aid


1er novembre 1954. La guerre commence en Algérie. Des milliers de jeunes de 20 ans y sont envoyés pour le « maintien de l ordre ». Leurs résistances butent contre les murs de la propagande, du mensonge. L image, alliée, asservit le visible aux sons ordonnés. Dans ce contexte où tout mine la relation des faits, des consciences s élèvent. Les mobilisés témoignent. Malgré la censure, l interdit, la crainte, quelques cinéastes agissant en lanceurs d alerte, tentent de transmettre des vues différentes des réalités. 1962. La guerre est officiellement finie, mais toujours pas reconnue. Dix ans après, la fiction emplit l écran de quelques aspects du visage des mobilisés. Avec le temps, beaucoup d entre eux brisent le silence. Au gré des nécessités, des circonstances, ils livrent à la presse, et aux différents formats du septième art : documentaires, reportages, émissions, qui leur ouvrent leur lucarne, quelques bouts inédits de leur histoire, de l Histoire, de la guerre d Algérie.



 

Récits d'Algérie - Témoignages de nos aînés, de la colonisation à l'indépendance


Livre de Farah Khodja


Portée par la nécessité de sortir du tabou historique que représentent la colonisation en Algérie et la guerre d’indépendance, Farah Khodja est allée à la rencontre d’hommes et de femmes ayant combattu ou subi cette histoire, ainsi que de leurs descendants. Avec un peu plus de vingt témoignages d’Algériens et de quelques anciens appelés français, ce recueil offre une transmission des mémoires de la guerre d’Algérie, à travers des récits directs ou retranscrits par les enfants et petits-enfants des acteurs et des témoins. Entremêlant histoires intimes et grandes dates historiques, cet ouvrage souhaite apporter un regard intime et renouvelé sur cette période importante.

Fondé en février 2020 par Farah Khodja, Récits d’Algérie est un projet collaboratif et intergénérationnel qui vise à collecter et transmettre les mémoires de personnes ayant vécu la guerre d’indépendance algérienne.




Un site

correspondant


 

La Source des fantômes


Livre de Yamina Benahmed Daho


« Il commence à chanter en arabe. Je saisis quelques mots comme benti, goulti ou jbel et, évidemment, tous les mots que la colonisation a influencés tels que Francia, musiqa, immigri, faliza, miseria, carta. Je devine, à ses yeux qu’il ferme de temps à autre, à la tonalité de sa voix, aux notes qui viennent du fond de sa gorge, aux voyelles qu’il étire à en perdre le souffle, qu’il parle de l’Algérie, de son village, de sa famille, de sa culture, de tout ce que la guerre l’a contraint à laisser loin derrière lui. »

Après la guerre d’Algérie, après l’errance, les parents de la narratrice s’installent en Vendée, à Fontayne, dans un lotissement qui regroupe neuf familles. Les petits jouent, les grands s’interrogent sur l’avenir, les parents travaillent et aménagent leur maison pour oublier le passé.
Chez les Benali, il reste des traces d’avant l’exil : les souvenirs incomplets du père, les portraits de proches inconnus, un uniforme de l’armée française, la langue arabe qui revient parfois.
Enquête familiale et sociologique, La source des fantômes raconte une enfance des années 1980, sans cesse interrogée par la narratrice adulte.




Un entretien

avec l'auteure dans

DIACRITIK

le 29/08/2023


 

Meursault, contre-enquête


Livre de Kamel Daoud (réédition en poche Folio)


« Un certain goût pour la paresse s’installe chez le meurtrier impuni. Mais quelque chose d’irréparable aussi : le crime compromet pour toujours l’amour et la possibilité d’aimer. J’ai tué et, depuis, la vie n’est plus sacrée à mes yeux. Dès lors, le corps de chaque femme que j’ai rencontrée perdait très vite sa sensualité, sa possibilité de m’offrir l’illusion de l’absolu. À chaque élan du désir, je savais que le vivant ne reposait sur rien de dur. Je pouvais le supprimer avec une telle facilité que je ne pouvais l’adorer – ç’aurait été me leurrer. J’avais refroidi tous les corps de l’humanité en en tuant un seul. D’ailleurs, mon cher ami, le seul verset du Coran qui résonne en moi est bien celui-ci : “Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière.” »




"Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud et L’Étranger de Camus :
réappropriation et détournements dans le récit littéraire contemporain
"

Mémoire présenté
en vue de l’obtention du grade de M.A.
en littératures de langue française

(Université de Montréal)


 

Le silence des dieux


Livre de Yahia Belaskri


Aux portes du désert, le village de la Source des Chèvres se retrouve un matin coupé du monde, l’accès à la route bloqué par des soldats. Entre le café et la mosquée, sur la petite place où résonnent encore la voix du porteur d’eau et le passage des nomades, on cherche un coupable pour s’en débarrasser comme d’une malédiction.
Face aux luttes de pouvoir qui s’engagent, s’élève la voix de Ziani le Fou. Pieds nus, cheveux hirsutes, il clame ses prophéties mais reste celui dont on se moque et se méfie. D’où naîtra l’espoir sinon de celles qui œuvrent en silence contre l’oppression et la convoitise, contre l’obscurantisme et la résignation ? Avec les femmes, le vent de la révolte se lève enfin.

Une magnifique allégorie sur la liberté et la réconciliation.




Dossier de presse

Voir ICI



Un article dans

Le Monde

le 21/11/2021


 

Désobéir en guerre d'Algérie - La crise de l'autorité dans l'armée française


Livre de Marius Loris Rodionoff


En relatant la vie de plusieurs réfractaires inconnus à travers les traces laissées dans les archives des tribunaux, Marius Loris décrit les différentes formes de la désobéissance – de la contestation discrète à la résistance plus directe – parmi les soldats de l’armée française en Algérie. Si l’on connaît l’épisode du putsch d’avril 1961 ou le mouvement des rappelés en métropole contre le service militaire en 1955-1956, les résistances quotidiennes et les déviances de guerre restent largement inconnues et sous-estimées. Des épisodes d’importance mais ignorés, comme les nombreuses mutineries ayant eu lieu après les Accords d’Évian (mars 1962) jusqu’au départ définitif du contingent en 1964, ont pourtant émaillé le conflit.
Comment et pourquoi des appelés ont refusé les ordres ? C’est toute la question de la discipline dans une armée en guerre que pose ce livre à un moment où le commandement ne va plus de soi. Après la Seconde Guerre mondiale, le sentiment de l’honneur perdu couplé à celui de la perte de prestige de l’uniforme forme en effet un terrain explosif pour des officiers français qui se sentent méprisés et déclassés. Parallèlement, la guerre d’Algérie est aussi un moment de politisation intense du contingent, à l’image des mutations à l’œuvre dans la société française des années 1950-1960. L’heure est au refus de l’autorité et à l’antimilitarisme. La multiplication des petits actes de résistance dans le contingent en témoigne. À la sortie de la guerre, le pacte qui lie l’armée aux citoyens doit être repensé.



Guerre d’Algérie - Engagements et expériences  

Un cahier de l'APA

 

Suites Algériennes 1962-2019 (seconde partie)


BD de Jacques Fernandez


Avec la montée du Front Islamique du Salut (FIS) durant les années 90, l'Algérie bascule dans la guerre civile et devient un terrain dangereux, surtout pour un journaliste français. Paul-Yanis va toutefois tenter le diable afin de sortir du placard où sa rédaction l'a enfermé, se refaire une réputation professionnelle... et retrouver Nour, la jeune femme rencontrée lors des manifs étudiantes de 1988 et dont il est sans nouvelle... Fin de partie forcément tragique pour le cycle que Ferrandez consacre à l'Algérie des 30 dernières années.



Première partie

 

Mon père, appelé en Algérie


Livre de Bertrand Tillier - Photographies : René Tillier


Historien des images, Bertrand Tillier propose une approche à la fois intime (ce sont ses propres archives) et plus réflexive et générale sur la guerre d’Algérie. Il se fonde sur les photographies prises par son père, appelé du contingent en Algérie en 1962 et le récit familial. L’historien met en tension la mémoire individuelle exprimée ou tue dans la sphère intime et la mémoire refoulée de l’expérience de guerre.

Les photos envoyées à leurs proches par les jeunes appelés, photographes amateurs pour beaucoup d’entre eux, se conforment à une certaine mise en scène, puisque prises au piège d’un discours précis, national, officiel et médiatique. Elles donnent à voir une réalité choisie, ciblée, lisse, écran à la guerre.

Néanmoins, ces photographies, produites dans un contexte de guerre deviennent en quelque sorte témoignage de l’indicible car vecteurs de « moments de glissement et de débordement où les sentiments, les objets, les expressions du visage échappent d’emblée à toute normalisation ». Remplaçant les mots non dits, elles permettent une transmission d’un passé aux générations suivantes : « Chaque groupe porteur d’une mémoire se dirige vers le miroir qui racontera son histoire » (Benjamin Stora). La valeur des photos des appelés du contingent réside dans ce pouvoir de transmission ; elles constituent un support pour un travail de mémoire et de reconstitution, aussi partiel soit-il, tentant de rompre le silence ; regarder ces photos est une « modalité de communication dans les familles » (Raphaëlle Branche). Retrouvant les photos de son père dans une pochette, Bertrand Tillier, historien des images, met ainsi en lumière le rôle des générations postérieures dans la construction de la mémoire familiale.

Grâce à la curiosité d’un fils historien pour les photographies de son père, ce texte dévoile comment, derrière l’objet photographique témoin d’une histoire dans l’Histoire, se lisent des souvenirs, un passé, une mémoire personnelle, familiale mais aussi commune et collective.



 

Femmes de lutte et d’écriture


Livre de Mildred Mortimer


Malgré leur participation active à la lutte anticoloniale, la contribution des Algériennes à l’effort de guerre n’a jamais été pleinement reconnue. Mildred Mortimer tente de réparer cette amnésie, en étudiant l’œuvre d’écrivaines racontant leur expérience de la guerre dans des autobiographies ou des fictions. A l’écoute de Djamila Amrane-Minne, Assia Djebar, Yamina Mechakra, Maïssa Bey, Leïla Sebbar, Zohra Drif, Louisette Ighilahriz, Evelyne Safir Lavalette, l’essayiste américaine rompt le silence et délivre un message d’espoir : l’écriture est un combat qu’il faut poursuivre.



 

Nos Algérie(s) intimes


Livre de Nora Mekmouche et Soraya Guendouz Arab


Première production de la collection Silence, Nos Algérie(s) intimes s’intéresse à l’Algérie, à l’occasion du 60ème anniversaire de sa libération et de son indépendance. Une occasion comme une nécessité pour aborder ce qui fait lien aujourd’hui avec l’Algérie pour certaines et certains penseurs, intellectuels, artistes, écrivains, photographes, militants, citoyens. L’Algérie plongée au cœur de l’intime de ces personnes qui à l’occasion d’un entretien, d’un atelier, ou d’une production artistique se sont exprimées à la première personne, Je, pour (se) raconter, pour faire exister leur vécu avec ce pays, inscrire leur histoire personnelle dans l’histoire de cette relation complexe entre l’Algérie et la France.



 

Au vent mauvais


Livre de Kaouther Adimi 


Leïla, Tarek et Saïd grandissent dans un village de l’est de l’Algérie, au début des années 1920. La première, mariée très jeune contre son gré, décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils, dans la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret. Saïd, lui, vient d’une famille plus aisée et poursuit des études à l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.

La Seconde Guerre mondiale envoie les hommes au front, ils se perdent de vue. Saïd devient un homme de lettres. Tarek, rentré au village, épouse Leïla et adopte l’enfant. Trois filles suivront. Bientôt il rejoint la lutte pour l’indépendance, puis participe au grand tournage de La Bataille d’Alger, avant de partir travailler dans une usine, en région parisienne. Par une suite de hasards inattendus, il se retrouve gardien d’une magnifique villa à Rome, temps suspendu dans une trajectoire tourmentée.

Leïla, elle, connaît la vie des femmes rurales de cette époque. Cantonnée dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères, elle décide d’apprendre à lire et à écrire.

Mais la publication du premier roman de Saïd vient bouleverser la vie du couple. Tarek doit rentrer au plus vite.

À travers les destins croisés de trois personnages, Kaouther Adimi dresse une grande fresque de l’Algérie, sur un siècle ou presque, de la colonisation à la lutte pour l’indépendance, jusqu’à l’été 1992, au moment où le pays bascule dans la guerre civile.




Kaouther Adimi,

une histoire intime

de l’Algérie

Entretien avec l'auteure

sur France Culture


 

Le Refus


Livre d'Olivier Alban LIECHTI


En juin 1956, le soldat du contingent Alban Liechti fait signer par 31 de ses camarades appelés en Algérie une lettre au président Guy Mollet. Elle lui rappelle ses propos de « parvenir dans les plus brefs délais au cessez-le-feu » dans une guerre qu’il avait qualifiée « d’imbécile et sans issue ». Le 2 juillet, il s’adresse au président de la République, René Coty, citant la Constitution qui stipule que la France n’emploiera pas ses forces contre la liberté d’aucun peuple, et annonce : « Je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance. » C’est le début de l’affaire des « soldats du refus » qui marqua un tournant de l’histoire de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, et que ce livre raconte.



 

Une femme algérienne


Livre de Horria Saïhi

Un livre qui est à la fois un parcours de vie, un témoignage et un appel à la résistance, signé par une opposante de la première heure à toutes les formes d’oppression qui s’opposent à la démocratie en Algérie.
« Femme, journaliste, réalisatrice et militante, actrice et témoin privilégiée, je choisis désormais d’écrire et d’apporter ma contribution à une histoire vivante en puisant dans nos luttes, notre résistance », écrit Horria Saïhi. « Je dis et décris l’arbitraire du pouvoir avec ses lots d’enlèvements, de séquestrations, de tortures, d’assignations à résidence, d’emprisonnements, de révoltes d’étudiants, de lycéens ou de paysans, la censure et l’interdit, la contestation, la solidarité, la montée de l’islamisme politique, la riposte pacifique ou armée, l’engagement des femmes. Je raconte mon pays tel que je l’ai perçu, tel que je l’ai ressenti au travers de mes rencontres avec Kateb Yacine, les ouvrières de Sidi Bel Abbès, les paysannes de Zrizer, mes camarades du PAGS, d’Ettahadi-Taffat, du MDS, des Patriotes, des Groupes de légitime défense, des militaires, des artificiers, des familles de victimes du terrorisme, des militantes
républicaines, mes collègues de la télévision... »
Pour redonner vie à ce passé tragique qu’elle fait défiler sous nos yeux, Horria Saïhi s’est attachée à recueillir la parole de femmes et d’hommes qui ont comme elle vécu, subi, résisté ou fui tout ce que l’Algérie n’a pu ou su offrir à son peuple. Leurs récits entrecoupés de silences, de rires et de larmes esquissent le terrible tableau d’une souffrance multiforme, toujours aiguë et trop longtemps tue.




Guerre d’Algérie - Engagements et expériences 


Un cahier de l'APA


  • Textes choisis et introduits par Véronique Leroux-Hugon
  • Préface de Paquito Schmidt
  • Contribution de Jade Cazorla


Cahier de l'APA uniquement en ligne pour le moment. D’où son absence de numérotation et son statut de Cahier hors-série. La publication d’une version papier est envisagée courant 2023.


"... Pour ce nouveau Cahier, j’ai choisi dans les textes, dont certains récemment déposés, des passages beaucoup plus longs, en cherchant à souligner comment, d’une manière ou d’une autre, leurs auteurs s’étaient engagés dans le combat pour l’indépendance : engagement « forcé » des appelés, engagements politiques, engagements dans le quotidien. J’ai souhaité montrer la richesse et la variété des pages qui nous sont confiées, le travail d’écriture autobiographique qu’on y lit, celui des descendants de ces générations, conscients de l’intérêt des cahiers, des feuillets retrouvés." (Véronique Leroux-Hugon)



 

Alghérietages


Livre de Gérard Leidet et Bernard Régaudiat


Il y a soixante ans, la fin des « événements d’Algérie » marquait l’issue d’une guerre longue de près de huit années. Cette histoire demeure proche, vivante, ancrée dans nos souvenirs et nos mémoires multiples… En effet, plusieurs millions de Français ont une relation personnelle, intime, avec l’Algérie, notamment à Marseille et dans la région : immigré·es et enfants d’immigré·es, «rapatrié·es», harkis et leurs descendant·es, appelés du contingent, militant·es…


De l’histoire régionale aux mémoires personnelles (et inversement), l’association Provence-mémoire et monde ouvrier a recueilli une dizaine d’études historiques centrées sur l’espace marseillais. Elle a aussi donné la parole aux témoins – et acteurs parfois – de la période et de celle qui a suivi l’indépendance de l’Algérie. S’il s’agit toujours d’« apaiser les mémoires », il s’agit aussi de rapprocher des échos de mémoires.
Ce double éclairage devrait contribuer à la lente construction, la trace à peine ébauchée, d’un récit illustrant la complexité de la «tragédie algérienne » et des « mémoires en conflit».

Une narration de la guerre et de la paix, des déchirements et des réconciliations, des douleurs sans cesse renaissantes et des élans de fraternité présents et à venir…



 

Attaquer la terre et le soleil


Livre de Mathieu Belezi


Attaquer la terre et le soleil narre le destin d’une poignée de colons et de soldats pris dans l’enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c’est toute l’expérience d’un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.

Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d’une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d’Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel (C’était notre terre, 2008) et Flammarion (Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d’une femme et d’un soldat, la folie, l’enfer, que fut cette colonisation.



La contre-épopée du colonialisme


Dans EAN, le 21/09/2022


Le Premier Convoi 1848


Livre de Michèle Perret


Le 22 février 1848, Paris se soulève contre le roi Louis Philippe. La Deuxième République est proclamée ; Alphonse de Lamartine impose le drapeau tricolore. Des Ateliers Nationaux destinés à procurer du travail aux chômeurs parisiens sont créés puis fermés rapidement par l’assemblée conservatrice. Fin juin une nouvelle insurrection est réprimée dans le sang. Pour se débarrasser des fauteurs de troubles on leur propose de créer des colonies agricoles en Algérie. Un décret du 20 septembre 1848 stipule que les colons doivent partir le plus vite possible. L’auteure nous invite à embarquer avec eux dans ce passionnant roman qui raconte l’histoire de ce premier des dix-sept convois, en octobre 1848. "C’étaient des hommes et femmes simples et rudes, prolétaires aux mains calleuses, artisans, boutiquiers… Ils s’étaient faits beaux pour le jour ensoleillé où l’on se débarrassait d’eux, ils fuyaient vers les fortunes les plus diverses, charogne pour les Arabes, comme on le leur crierait parfois sur la route, quand on voudrait les humilier. Transportés. Déportés. Avec tous les honneurs de la République."





Algérie coloniale : Traces, mémoires et transmissions


Livre de  Giulia Fabbiano et     Abderahmen Moumen 

  

La colonisation et la guerre d'indépendance sont une séquence centrale dans la construction nationale et étatique aussi bien de la France que de l'Algérie. Dans une éclosion révolutionnaire, l'Algérie héroïse le peuple levé comme un seul homme, tandis que la France peine a accueillir ceux qui ont fait l'expérience de l'Algérie coloniale. Au sein des deux sociétés, l'ensemble des acteurs expriment des narrations et des exigences mémorielles plurielles, parfois antagonistes. Chacun prend le fragment dans lequel il se reconnaît, participant de la construction d'une mémoire-puzzle, en dehors d'une vision globale de ce que fut l'entreprise coloniale. En pleine actualité mémorielle, cet ouvrage propose de quitter le terrain passionnel et les instrumentalisations politiciennes et de déplacer le regard sur les agissements du passé en transmission et toujours en mouvement. Les contributions réunies ici interrogent les traces de la colonisation, de la guerre d'indépendance et de leurs mémoires dans différents domaines et différents milieux. Une démarche nécessaire qui ouvre un champ et renouvelle le débat.



Douars et prisons


Livre de Jacqueline Guerroudj


Livre-témoignage en deux grandes parties, qui rend compte du parcours de l’engagement d’une femme européenne, Jacqueline Guerroudj, pour l’indépendance de l’Algérie, de la prise de conscience à l’action concrète.

Brillante élève de Simone de Beauvoir à Rouen, Jacqueline Guerroudj occupe en 1948 son premier poste d’institutrice dans la région de Tlemcen.

Dans la première partie de l’ouvrage (refuser l’inacceptable), elle décrit avec beaucoup de précision la vie, les difficultés, les répressions, la misère que connaissent les familles algériennes dans ces petits « douars » loin de tout, et surtout loin de la « civilisation » française. Elle raconte sa rencontre avec de nombreux communistes du PCA (Parti Communiste Algérien), décrit leurs luttes et leur engagement. On découvre la façon dont ces paysans ont su accueillir parmi eux, accepter, une femme, une européenne, ont su l’intégrer dans leurs luttes. La réalité du colonialisme apparaît, à travers des portraits de femmes, de familles, d’enfants. L’auteure dit avoir écrit ce récit à partir de ses souvenirs. Ce n’est donc pas un essai historique, ni une étude sociologique, ni un pamphlet politique, c’est tout cela en même temps. Vient ensuite le récit de son expulsion vers la France, puis, de retour à Alger en 1956, c’est le temps de l’engagement politique dans les rangs des combattants pour la libération, puis dans le FLN. Elle participe, entre autres actions, à la préparation de l’action de Fernand Yveton (communiste français guillotiné).

Arrêtée en 1957, condamnée à mort pour « association de malfaiteurs », elle entre dans la prison de Barberousse, où se trouve déjà son mari. Là commence la seconde partie (Faire reculer les murs). C’est un regard acéré, mais humain, sur les conditions que l’État français a imposé à ces femmes et ces hommes, dont de nombreux algériens d’origine européenne, avec la description de ces détails inhumains, la nourriture, les dortoirs, les mises à mort par la guillotine. Mais c’est aussi un formidable hymne à la fraternité, à la volonté de vivre, à l’amitié, entre ces femmes, d’origines si diverses qui partageaient la même volonté de liberté. Suivront les descriptions de ses différents transferts de prison en prison, descriptions toujours agrémentées de détails, de portraits, de remarques, dont le jubilatoire paragraphe : « quelques recettes pour réussir sa vie en tôle ».




Mourir à Sakiet - Enquête sur un appelé dans la guerre d'Algérie


Livre de Véronique Gazeau-Goddet et Tramor Quemeneur


Cet ouvrage vient rompre le long silence tombé sur la mort de l'aspirant Bernard Goddet, l'un des quinze tués du 3/23e Régiment d'infanterie dans l'embuscade de Sakiet du 11 janvier 1958, à la frontière algéro-tunisienne. L'enquête s'est cristallisée autour du jeune homme qui a laissé des écrits et une abondante correspondance, croisés avec des sources archivistiques et des entretiens avec des appelés du 23e Régiment.
Sorti d'HEC, chrétien, le jeune homme s'interroge sur différentes solutions pour mettre fin à la guerre. L'opération dans laquelle Bernard Goddet et ses camarades trouvent la mort est enfin mise au jour grâce aux archives militaires. Cette opération était-elle bien préparée ? L'événement soulève aussi la question des frontières. Ainsi, à la suite de l'embuscade, la France bombarde le village de Sakiet Sidi Youssef et déclenche ainsi une grave crise, tant internationale que nationale, qui se solde par la chute de la IVe République, avec le putsch d'Alger du 13 mai 1958





BD de Jérôme Meyer-Bisch, Abderahmen Moumen, Jean-Michel Billioud [Pour les jeunes lecteurs à partir de 11 ans]


De 1954 à 1962, l'Algérie et la France sont secouées par une guerre d'une extrême violence qui reste l'une des pages les plus douloureuses de l'histoire de la décolonisation. Soixante ans après l'indépendance de l'Algérie, ce conflit est encore très présent dans toutes le mémoires et les blessures demeurent profondes des deux côtés de la Méditerranée. Le travail des historiens et des enseignants et le talent des écrivains et des cinéastes permettent aujourd'hui d'affronter ce passé difficile dans le respect de toutes les consciences et de se tourner vers l'avenir, notamment celui de la jeunesse.




"Papa, qu'as-tu fait en Algérie?" - Enquête sur un silence familial


Livre de Raphaëlle Branche


De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d’Algérie sont réputés n’avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l’épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.
Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d’abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leurs familles ce qu’ils vivaient en Algérie ? Ce qui s’est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Et son enquête pointe l’importance des bouleversements qu’a connus la société française sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé à propos de la guerre d’Algérie.
Grâce à cette enquête, c’est plus largement la place de cette guerre dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles.



En guerre(s) pour l'Algérie - Témoignages


Livre de Raphaëlle Branche


La guerre s’est achevée il y a soixante ans en Algérie. Elle a marqué durablement les sociétés française et algérienne et touché directement des millions de personnes. Comment ces Français et ces Algériens ordinaires l’ont-ils vécue ? Quinze femmes et hommes ont accepté de confier leurs souvenirs de jeunesse. Leurs témoignages sont essentiels pour écrire une histoire qui ne soit pas seulement celle des décisions et des grands événements politiques et militaires. Ils éclairent ce que furent des vies simples prises dans la tourmente de la guerre.

Ils étaient « appelés » du contingent, militaires de carrière, harki ou militants indépendantistes (du FLN et du MNA) en métropole et en Algérie, mais aussi membre de l’OAS, simples civils algériens ou français. Conscients de l’urgence de témoigner, ils racontent la guerre vue d’un appartement d’Alger, d’une usine parisienne, du maquis, d’une caserne. Quelles peurs les habitaient ? Quels dangers ont-ils affrontés ? Quelles étaient aussi les raisons de leur engagement ? Quels étaient leurs espoirs ? Ils répondent à ces questions avec le souci constant de dire au plus vrai, de raconter au plus juste.

Les témoignages ne se situent pas d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée. Ils ne sont pas au service d’un groupe de mémoire particulier. Au contraire. Ils permettent d’explorer les multiples facettes de ce conflit complexe où guerre de libération et luttes fratricides se sont mêlées, où destructions et ravages se sont accompagnés d’aspirations au renouveau.




La vie occultée de Madame Messali Hadj


Livre de Mohamed Benchicou 


C’est l’histoire d’un grand amour entre un garçon de Tlemcen et une jeune fille de Lorraine qui rêvait de devenir une autre Coco Chanel mais qui restera, pour les Algériens, la femme sans laquelle rien n’aurait été possible. Émilie Busquant a rédigé le premier texte revendiquant
l’indépendance pour l’Algérie en 1927. Aux côtés du futur leader du nationalisme algérien, Messali Hadj, elle a conçu et confectionné le drapeau algérien qu’on connaît aujourd’hui. Elle a dû diriger seule le Parti du Peuple Algérien, en 1937, quand la direction fut incarcérée.
Elle a déjoué une tentative de collaboration entre le PPA et Hitler… Elle est morte presque seule avant d’être systématiquement effacée de l’historiographie officielle.
En exhumant la vie d’Émilie Busquant, l’auteur célèbre à sa façon le 60e anniversaire de l’indépendance algérienne en rappelant qu’elle fut avant tout le fruit d’un élan internationaliste puissant et généreux.




De nos frères blessés


Livre de Joseph Andras


Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale...
 

Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration.








Une note de lecture de

Paquito Schmidt


A l'école en Algérie : Des années 1930 à l'indépendance


Livre de Martine Mathieu-Job (Sous la direction de)


Cinquante-deux auteurs de cultures musulmane, juive ou chrétienne livrent leurs souvenirs d'école dans l'Algérie française et coloniale. De l'école française, pour "indigènes" ou non, espace de normativité mais aussi, souvent, d'ouverture à l'autre. Et parfois, en parallèle, de l'école coranique ou talmudique. Reflets de la complexité des expériences vécues, ces récits inédits recèlent des informations méconnues, mettent à mal des préjugés sur les deux rives de la Méditerranée et forment, avec l'iconographie qui les accompagne, un riche matériau pour les historiens. Par leur qualité littéraire, ils témoignent enfin que l'école française a donné à certains de ses élèves, quelle que soit leur origine, une langue d'écriture en partage. Dirigé par Martine Mathieu-Job, ce livre s'inscrit dans le genre des recueils de mémoires initié par Leïla Sebbar.



L’Algérie des deux rives


Sous la direction de Raymond Bozier


Appartenant à la génération qui fut témoin dans son enfance de cette guerre-là, quatorze écrivains français et algériens ont réveillé leur imaginaire ou leur mémoire. Dans ce recueil de nouvelles, ils mêlent leurs voix et nouent un dialogue entre les deux rives, autour de cette page douloureuse de notre histoire commune

« J'avais sept ans.
Un matin, je décidai de sécher les cours, de ne pas aller à l'école, mais au centre-ville, histoire de voir ce qu'était cette guerre.
Les gens parlaient de la guerre I (...)
J'ai parcouru la ville, la ville coloniale, sans voir la guerre. Je ne l'ai pas croisée ! »
« Et la guerre, elle est où ? - D'après les journaux, ça se passe chez vous, hé bouseux. »
Que l'on soit à Alger ou à Oran, dans le djebel ou dans une riche plantation de la Mitidja, ou bien dans un bocage français, du côté de Bezons ou place Saint-Michel à Paris, là-bas comme ici, la guerre de 1954-1962 prit d'étonnants visages, et s'étendit à toute chose. Des hommes qui disparaissent, les yeux rougis des femmes, le retranchement et le couvre-feu, une atmosphère de peur diffuse... De menus bouleversements de la vie ordinaire. Des drames.



L’Algérie en héritage


sous la direction de Martine Mathieu-Job & Leïla Sebbar 


Issus de culture musulmane, juive ou chrétienne, parfois de couples mixtes, une quarantaine d’auteurs, nés pour la plupart en France après 1962, disent comment l’Algérie de leurs parents et grands-parents est inscrite en eux.

Récits, poèmes, scénarios, dessins et photographies raniment des souvenirs familiaux, fragmentaires ou non, déplorent ou comblent les silences, occultent, tissent ou réinventent des liens avec l’histoire ancestrale.

Les sentiments de perte et d’exil tenaillent encore ces héritiers qui, souvent disposés à la réconciliation, forment aussi la mémoire vive de l’Algérie en France. Une mémoire féconde.



L'Âne mort


Livre de Chawki Amari

 

Au coeur des monts Djurdjura avance un vieux break bleu avec, à bord, Lyès, Mounir et Tissam, trois Algérois en fuite et, dans son coffre, un âne mort. Cet étrange trio roule en direction des montagnes kabyles, comme la promesse d'un refuge où déposer les secrets qui les hantent et dissimuler leur compagnon d'infortune. Panne après panne, virage après virage, leur périple aussi intense que rocambolesque est ponctué de considérations philosophiques et questions existentielles à mesure que le chemin des trois vagabonds croise celui d'Amel aux fausses bonnes idées, Slim qui passe ses journées à pousser des pierres du haut des falaises, ou Izouzen, mystérieux libraire retiré dans son sanctuaire, au milieu de centaines d'ouvrages et des sépultures de ses épouses successives. De cette épopée fascinante et furieusement poétique jaillit une réflexion tragique sur le temps qui passe et qui échappe, nous attirant inexorablement vers les profondeurs et la noirceur de l'âme humaine, au plus vrai et au plus juste de la littérature et du monde d'aujourd'hui.



C’était en 58 ou 59


Livre de Saïd Mahrane


Un soir, à l’heure où l’on raconte des histoires aux enfants, Mohamed Mahrane sort délicatement d’un sachet en plastique bleu une feuille jaunâtre et la tend à son fils Saïd. C’est ainsi que que le petit garçon découvre le passé de son père, et ce qui fut sa guerre d’Algérie. Une guerre dans l’ombre du second front du FLN, menée depuis Paris.

Dès lors, l'enfant brûle de tout connaître, jusque dans les moindres détails. Seulement son père, « ce sombre taiseux », ne se livre que trop rarement... À peine a-t-il entamé le récit de ses missions secrètes dans les cafés kabyles du IIIe arrondissement, sa cavale sur les toits de Paris, les gendarmes à ses trousses, qu'il disparaît brutalement.

Cinquante ans après ces faits d’armes, Saïd Mahrane se lance dans une enquête très personnelle pour renouer les fils d’un passé englouti. Entre Paris et Alger, il recueille les souvenirs des derniers témoins de cette époque. Faisant ressurgir des fantômes disparus de l’histoire de la guerre d’Algérie, il restitue les images violentes, intenses, clandestines du quotidien des petites mains du FLN et de son père, jeune Kabyle dans ce Paris étouffant des années cinquante.

Un récit intime et bouleversant sur un aspect méconnu de la guerre d’Algérie.



L’enfance des Français d’Algérie avant 1962


Textes inédits recueillis par Leîla Sebbar


Vingt-huit Français d’Algérie en exil, juifs et européens, nés en Algérie de parents nés en Algérie, tous Gens du livre (écrivains, essayistes, conteurs…), donnent un récit et des photographies de leur enfance dans l’Algérie française et coloniale, des années vingt à 1962. On voit, on découvre une Algérie plurielle où l’on vivait « ensemble mais séparés ». On entend les voix et les accents de la Méditerranée : France et Corse, Espagne et Baléares, Italie et Malte. Bonheurs, malheur, mais ni nostalgie lacrimale ni dolorisme, ni folklore réducteur ni ressentiment : un voyage polyphonique, jalonné de dessins inédits ; une mosaïque d’histoires intimes qui composent une Histoire commune entre l’Algérie et la France ; un travail de mémoire, nécessaire, possible aujourd’hui. 


Avec la participation des auteurs suivants :
Nora Aceval, Alain Amato, Joëlle Bahloul, Simone Balazard, Gil Ben Aych, Albert Bensoussan, Jean-Pierre Castellani, Roger Dadoun, Janine de la Hogue, Alain Ferry, Jacques Fremeaux, Jean-Jacques Gonzalès, Colette Guedj, Danièle Iancu-Agou, Andree Job-Querzola, Jean-Jacques Jordi, Catherine Lalanne, Anne-Marie Langlois, Louis Martinez, Lucienne Martini, Martine Mathieu-Job, Georges Morin, Mireille Nicolas, Michèle Perret, Jean Sarocchi, Alain Vircondelet, Jean-Claude Xuereb, Bernard Zimmermann.



Français par le crime. J’accuse !


Livre de Mohamed Garne


Les politiques savaient.

Les viols, la torture, les exécutions sommaires, Guy Mollet, président du Conseil, savait ; Robert Lacoste, ministre de l’Algérie, savait ; Max Lejeune, secrétaire d’État aux forces armées, savait ; les radicaux Bourgés-Maunoury et Félix Gaillard, président du Conseil en 1957-1958, savaient.


L’opposition le savait aussi. Et la classe politique française ? La majorité de la droite politique reconnaissait en de Gaulle son « sauveur », reconstituant après 1962 un consensus politique autour de sa personne pour faire

oublier son attitude en faveur de l’Algérie française. Une certaine partie de la gauche également reconsidéra son histoire puisqu’elle avait approuvé les « pouvoirs spéciaux » en mars 1956, disposition envoyant le contingent en Algérie. Jusqu’en 1960, la gauche française était pour « la paix ». Elle ne se prononça pour l’indépendance que tardivement, et reconstruisit elle aussi un récit mythologique de l’indépendance algérienne, peut-être pour faire oublier sa position antérieure. Le ministre de la Justice François Mitterrand savait.

Je ne suis ni dupe ni aveugle ni soumis. C’est pour cela qu’avec sérénité j’apporte un double et terrifiant témoignage : celui de ma mère et de moi-même.

 

Je suis né en 1960, lors de l’opération Challe et les fameux accords d’Évian.

Vingt-huit ans après, ma femme me dit cette phrase qui fut un déclic pour moi dans ma quête d’identité : « Cherche ta mère ; tu n’es pas tombé du ciel ; seul Jésus n’a pas de père. » Après deux ans de recherches, je retrouvais ma mère, recluse et vivante entre deux tombes d’un cimetière d’Alger.


Une action en justice de quatre ans a fait valoir mes droits d’affiliation au défunt mari de ma mère, mort en martyr de la révolution algérienne. Le 22 mars 1994, le monde s’écroule autour de moi : ma mère vient de vomir la vérité qu’elle garde par pudeur ou peur d’être bannie d’une société conservatrice.  « J’ai été violée, oui, violée par des soldats français, et personne à ce jour n’a osé me défendre. »



Guerre d'Algérie - Une génération sacrifiée - 50 ans après, des appelés et rappelés témoignent

 

Livre de Renaud Patrick-Charles

 

Cinquante ans après la fin des combats et l'indépendance, les "événements" d'Algérie nous interrogent. En les plongeant malgré eux dans un conflit aux contours mal définis, les gouvernements français de l'époque ont laissé les soldats du contingent face à leur conscience... Ce livre laisse essentiellement la parole à tous ces Appelés et Rappelés qui ont constitué la grande majorité des effectifs engagés en Algérie. Leurs témoignages sont authentiques et racontent ce qu'ils ont vécu, simplement, avec leurs mots. Ils évoquent leur parcours, leur état d'esprit à l'époque, leur départ, leur premier grand voyage qui leur a fait traverser la Méditerranée, leur découverte de l'Afrique du Nord et d'une autre civilisation, leur service militaire, leurs combats, leurs doutes, leurs angoisses, leurs souffrances. Septuagénaires ou octogénaires, certains d'entre eux rompent le silence pour la première fois. Si au crépuscule de leur vie les images dérangeantes sautent encore à la figure, le temps écoulé et la sagesse ont donné le recul nécessaire pour que, un demi siècle après, ils s'expriment sans aucune retenue. De par leur provenance et leur variété, les témoignages publiés constituent une fresque émouvante de la Guerre d'Algérie et des dernières années de la présence française en Afrique du Nord. Patrick-Charles Renaud est né alors que les derniers coups de feu retentissaient en Algérie. Depuis plus d'un quart de siècle, il mène une enquête au cours de laquelle il a rencontré des centaines d'Anciens Combattants d'Algérie. La qualité et le sérieux de ses ouvrages ont été récompensés à plusieurs reprises, notamment par le "Prix Raymond Poincaré" qu'il a reçu au Sénat en 2004.



Guerre d’Algérie. Guerre d’indépendance. Parole d’humanité.


Association des 4 ACG

 

Cet ouvrage rassemble des récits divers de combattants français et algériens, harkis, pieds-noirs, réfractaires, médecins, infirmières, membres de leur famille, tous mêlés d'une façon ou d'une autre à la guerre. Ce dont ils témoignent, c'est qu'aujourd'hui pour tous ces acteurs, l'heure est venue de parler et d'entendre, de donner et de recevoir, des deux côtés de la Méditerranée. C'est bien le sens de ce livre : faire entendre la multiplicité des voix, contribuer à une mémoire chorale de la guerre.



La Guerre d’Algérie – Les combattants français et leur mémoire


Livre de Jean-Charles Jauffret

 

Fruit d'une enquête de vingt et un ans auprès de mille témoins et d'une connaissance du terrain, cet ouvrage restitue le vécu et la mémoire de cette dernière génération du feu. Appelés et réservistes, mais aussi professionnels, paras ou légionnaires, livrent ici, souvent pour la première fois, leur vision de cette guerre, que certains estiment avoir militairement gagnée.
 
La guerre d’Algérie a mobilisé près de deux millions d’hommes. Ces derniers gros bataillons de la République, engagés pour huit longues années, reviennent avec des séquelles et des blessures qui ne cessent aujourd'hui encore de les hanter. Les sentiments mêlés de honte ou de révolte que suscite ce conflit en soulignent toute l'ambiguïté : cette guerre continue de déranger les consciences.
 
Gêneur qui empêche de commémorer en rond, l'historien ne peut que constater le traumatisme et sa pérennité. Achevé après un dernier voyage en Grande Kabylie, en avril 2015, en compagnie d'un des combattants cités, le présent ouvrage nourrit le vœu de guérir les plaies côté français et d'œuvrer à la réconciliation des deux rives de la Méditerranée.



Histoire dessinée de la guerre d'Algérie


BD de Benjamin Stora - Illustrée par : Sébastien Vassant


La guerre d’Algérie fut le grand épisode traumatique de l’histoire de la France des Trente Glorieuses et les blessures ouvertes alors ne sont pas encore refermées, comme en témoignent les polémiques mémorielles récurrentes qu’elle continue de soulever. En 250 pages, Benjamin Stora et Sébastien Vassant retracent en textes et en images les moments-clés de cette guerre longtemps restée « sans nom », avec ses épisodes majeurs et ses acteurs principaux, français comme algériens.

À partir d’archives, de portraits et de témoignages, Benjamin Stora et Sébastien Vassant donnent à voir et à comprendre la guerre d’Algérie comme on ne l’a jamais fait. La bande dessinée restitue cette histoire dans toutes ses dimensions tout en intégrant les acquis de la recherche historique la plus récente, et en faisant place à la diversité des mémoires.



Ils ne savaient pas c'était une guerre ! Appelés en Algérie, aujourd’hui ils racontent


Un livre et un documentaire : Jean-Paul Julliand (Direction)

 

Quinze anciens appelés, originaires du village de Bourg-Argental dans la Loire, témoignent de leur participation à la guerre d'Algérie au titre du service militaire obligatoire. Ils relatent leur expérience et dénoncent le manque de formation militaire ainsi que le silence des autorités en place après la signature des accords d'Evian.



Ils ont vécu dans l’Algérie en Guerre


Livre de Raphaël Delpard

                     

L'histoire officielle de la guerre d'Algérie s'est peu intéressée aux civils, français ou autochtones, leur préférant le récit des combats et les témoignages d'appelés. Ils furent pourtant les premières victimes du conflit. Comment ont-ils vécu au quotidien durant les huit années d'affrontements ? De quelle manière ont-ils réagi aux bombes et aux grenades du FLN ?
Raphaël Delpard s'est attaché à faire entendre la voix des anonymes, femmes et hommes, qui furent les grands sacrifiés de cette guerre et de sa mémoire. Il montre comment s'est dégradée la relation entre Européens et Algériens, cédant à la méfiance et à la peur. Comment le délitement de la société algérienne a entraîné les communautés dans un affrontement sournois, générateur de haine. Il donne la parole aux enfants de l'époque qui, accrochés à leur paradis, ne croient pas à la guerre, refusent l'inéluctable et tournent le dos au massacre dont ils sont parfois les témoins, jusque dans leur famille. Tandis que d'autres, face à la fin programmée de la présence européenne, s'engagent dans la lutte armée, imposant à leur tour un terrorisme de survie.
Témoignages inédits et archives jamais révélées mettent au jour les cicatrices toujours à vif d'une tragédie qui n'a pas encore livré tous ses secrets ni toutes ses souffrances.



Instituteur dans l'Oranais - Une passion algérienne - de 1959 à 1968


Livre de Stanislas Swietek


Stanislas, jeune instituteur appelé in 1957, se retrouve en Algérie
en mai 1959, au coeur des événements. Mais le sous-lieutenant
Swietek est un humaniste de conviction et d’action : il refuse de s’impliquer dans cette guerre qui ne dit pas son nom. Enseignant dans l’âme et conscient des besoins immenses, il ouvre une école dans une région de l’Oranais oubliée par la France. Des liens étroits s’établissent avec les enfants et la population.
Commence alors une aventure humaine exceptionnelle, bientôt partagée avec la chère épouse Colette, aide-soignante animée du même courage et portée par les mêmes convictions. Leur engagement se prolonge au-delà des obligations militaires et du conflit, d’une affectation, d’une création à l’autre, d’une difficulté ou d’un danger à l’autre, avec la même ferveur - pour l’Algérie et ses enfants, dans le rêve éveillé de l’indépendance toute neuve.
Soixante ans après, mémoire indéfectible et passion intacte, Stan Swietek se souvient. Militant de la dignité humaine, amoureux des paysages méditerranéens et de la vie sous toutes ses formes, il cisèle un récit circonstancié, prenant, émouvant : un témoignage précieux de cette Algérie déchirée puis renaissante au milieu du siècle dernier, encore tellement vivante dans le coeur de beaucoup.


  • La fiche du livre

Itinéraire d’un Harki, mon père - De l'Algérois à l'Aquitaine - Histoire d'une famille


Livre de Michel Messahel

                     

Durant cinq ans, l'auteur a collecté les témoignages de ceux qui ont connu, parfois en payant de leur personne, cette part d'ombre du XXè siècle : l'histoire des Harkis. Il s'est attaché à restituer la tragédie des siens, de la vie paisible de Borély-la-Sapie, petit village d'Algérie marqué par les traditions orales, jusqu'à l'arrivée en métropole, en passant par les événements tragiques de la guerre d'indépendance.



J’étais enfant en Algérie – juin 1962


 Livre de Leïla Sebbar

 

Mieux connaître l’Algérie et son histoire pour mieux la comprendre, tel est l’objectif de cet ouvrage signé Leïla Sebbar, née dans ce pays, d'un père algérien et d'une mère française. Un livre autobiographique, parsemé de nombreux souvenirs. Le départ du pays natal, en 1962, suscite chez cette petite fille crainte et espoirs. Entre documentaire et fiction, un ouvrage qui aborde les problèmes de la guerre d’Algérie, la décolonisation, mais aussi et surtout la nostalgie du pays natal.                     

7 heures du soir. On campe, comme des nomades, mais on n'est pas des nomades, on a l'air de pauvres sans abri sur bitume et ciment, sans les objets et les gestes nomades. Jusqu'à quand allons-nous être malheureux et tristes ? Jusqu'à quand ne saurai-je même pas le nom de la ville ou du village de France où on va vivre ? Ils croyaient que je dormais, pourquoi les parents pensent que si un enfant est couché dans son lit, il dort forcément ? J'ai tout entendu. Ils se disputaient encore une fois, papa et grand-mère. J'ai compris qu'ils parlaient du pays où on allait retourner après plusieurs générations, la France ou la Corse.



La France des Belhoumi  -  Portraits de famille (1977-2017)


Livre de Stéphane BEAUD

 

Un livre de plus sur les jeunes « issus de l’immigration » ? Pour dénoncer les discriminations qu’ils subissent, sur fond de relégation sociale dans les quartiers « difficiles » ? Et conclure sur l’échec de leur « intégration » dans notre pays ?
Non. L’ambition de Stéphane Beaud est autre. Il a choisi de décentrer le regard habituellement porté sur ce groupe social. Son enquête retrace le destin des huit enfants (cinq filles, trois garçons) d’une famille algérienne installée en France depuis 1977, dans un quartier HLM d’une petite ville de province. Le récit de leurs parcours – scolaires, professionnels, matrimoniaux, résidentiels, etc. – met au jour une trajectoire d’ascension sociale (accès aux classes moyennes).
En suivant le fil de ces histoires de vie, le lecteur découvre le rôle majeur de la transmission des savoirs par l’école en milieu populaire et l’importance du diplôme. Mais aussi le poids du genre, car ce sont les deux sœurs aînées qui redistribuent les ressources accumulées au profit des cadets : informations sur l’école, ficelles qui mènent à l’emploi, accès à la culture, soutien moral (quand le frère aîné est aux prises avec la justice), capital professionnel (mobilisé pour « placer » un autre frère à la RATP)…
Cette biographie à plusieurs voix, dont l’originalité tient à son caractère collectif et à la réflexivité singulière de chaque récit, montre différents processus d’intégration en train de se faire. Elle pointe aussi les difficultés rencontrées par les enfants Belhoumi pour conquérir une place dans le « club France », en particulier depuis les attentats terroristes de janvier 2015 qui ont singulièrement compliqué la donne pour les descendants d’immigrés algériens.



La guerre sans nom : Les appelés d'Algérie (1954-1962)


Livre de Patrick Rotman et Bertrand Tavernier

 

Quarante ans après les Accords d'Évian, la guerre d'Algérie ne cesse de hanter notre mémoire collective. Pour un film, Patrick Rotman et Bertrand Tavernier ont tourné, en 1990, des dizaines d'heures d'entretiens avec des appelés qui avaient traversé la Méditerranée entre 1954 et 1962. Ils ont recueilli les paroles trop longtemps oubliées qui disent la peur et l'héroïsme, les sévices et la torture, la mort et l'ennui. Des témoignages authentiques et bouleversants qui dessinent dans la douleur le puzzle de cette guerre sans nom.

 

 


La petite fille sur la photo – La guerre d’Algérie à hauteur d’enfant


Livre de Brigitte Benkemoun


 « J’ai longtemps pensé que l’Algérie n’était pas mon histoire. Je suis pourtant née à Oran en 1959 et suis l’une de ces milliers d’enfants rapatriés en 1962. Comme beaucoup de pieds-noirs, mes parents avaient tourné la page, ne vivaient pas dans la nostalgie, mais je rejetais même le peu qu’ils disaient d’eux. On n’est pas pied-noir quand on a 17 ans.

« Et puis, il y a dix ans, je suis tombée sur un journal qui commémorait les 40 ans des accords d'Evian, avec une photo en noir et blanc à la une : une petite fille, dans les bras de son père, sur la passerelle d'un paquebot. Marseille, juillet 1962. Et j'ai pleuré, toute seule, le journal entre les mains.

« Mais que savais-je de ce pays que plus personne chez moi ne semblait regretter ? Je me suis donc lancée dans une sorte d'enquête pour essayer de reconstituer cette histoire à hauteur d'enfant. Voici donc le journal de ce passé recomposé, d’une quête qui m’a menée jusqu’en Algérie, d'une mémoire qui s'est cherché des souvenirs chez les miens et les autres : Jacques Attali, Julien Dray, Mehdi Charef, un fils de colon, un jeune engagé dans l’OAS, une victime d’attentat du FLN, une fille de harki, celle d’un professeur communiste. Au final, ce puzzle m’a permis d'approcher ce qui “nous” est arrivé. » B.B.



La Temesguida, Une enfance dans la guerre d’Algérie


Livre de Aïssa Touati et Régis Guyotat

 

«Nous survivons au jour le jour, sans savoir si nous avons un passé, ni un avenir, sans penser au destin de l’Algérie. Nous sommes attachés au sol, préoccupés surtout de ce que nous mangerons demain. Mais nous n’avons pas de maîtres. Contre qui pourrions-nous nous révolter ? Contre la pauvreté ? Mais nous ignorons ce qu’est la richesse. Et puis ce n’est pas le Coran qui incite à la révolte. Nous nous sentons sous la protection de la Temesguida, vers laquelle nous élevons notre regard pour deviner l’avenir. Nous ne savons qu'une chose : la nature est plus puissante que nous.»



Le dernier tabou – les « Harkis » restés en Algérie après l’indépendance


Livre de Pierre Daum

                   

Deux ans et demi d’enquête, 20 000 km parcourus et des dizaines de témoignages inédits ont été nécessaires à Pierre Daum pour réaliser « Le Dernier Tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance ». Avec cette publication, le simple mot de « harki » ne résonnera plus de la même façon, ni en France ni en Algérie.

Cette enquête bouleverse en effet pas mal d’idées reçues, notamment celle du « massacre massif » de harkis après la signature des accords d’Evian.

Pour l’auteur de l’essai, « les nostalgiques de l’Algérie française instrumentalisent depuis 50 ans les souffrances (par ailleurs réelles) que de nombreux harkis ont vécues au moment de l’indépendance. En exagérant le nombre de morts (le chiffre de 150 000 est très souvent repris alors qu’il ne repose sur aucun fondement historique) et en parlant de »massacre« , voire de »génocide« des harkis, ces nostalgiques tentent, sous couvert d’un pseudo-humanisme, de justifier le combat des ultras de l’Algérie française, notamment de l’OAS. »

L’argument est de fait, mis en avant de manière permanente par ceux qu’on appelle communément les « nostalgériques », dont on vient de voir à Béziers jusqu’où ils sont capables d’aller. Pierre Daum en est persuadé : « derrière leurs discours dénonçant le »massacre des harkis« il faut en fait entendre : »nous n’aurions jamais dû lâcher l’Algérie, regardez ce que ces pauvres harkis ont subi ! « Discours plutôt efficace puisque la plupart des Français pensent qu’en 1962, les harkis ont soit réussi à s’enfuir en France, soit ont été massacrés. »

« La version véhiculée par ces groupes postule qu’aucun harki n’est resté vivre en Algérie. Ce qui est complètement faux. Mon enquête révèle qu’en réalité, la grande majorité des harkis est restée dans son pays sans y être assassinée. »

Si l’on en croit les résultats de la longue et minutieuse enquête de l’auteur, la plupart d’entre eux sont retournés dans leurs villages et ont retrouvé la vie de paysans très pauvres qu’ils avaient avant la guerre. Beaucoup n’ont pas été véritablement inquiétés. D’autres sont passés par des tribunaux populaires, devant lesquels beaucoup ont réussi à s’en sortir, expliquant n’avoir « rien fait de mal », ou avoir été « forcés par les Français ».
Certains, par contre, reconnus coupables de violences à l’égard de la population civile, ont été soumis pendant quelques semaines à des travaux forcés. Certains ont passé plusieurs années en prison avant d’être libérés.

« En général, poursuit Pierre Daum, seuls les plus coupables (de tortures, viols, exactions en tout genre) ont été exécutés. Mais cela n’empêcha pas, en cette période de chaos de l’été/automne 1962, qu’aient lieu de nombreux crimes aveugles, des vengeances sordides et des exécutions sommaires, sans rapport parfois avec la guerre. Il s’agissait alors de vieilles querelles de terre, d’héritage ou de femmes. »

Voilà un ouvrage qui va certainement soulever un certain nombre de polémiques et de protestations, tant du côte algérien que du côté des mouvements français d’extrême-droite qui ont beaucoup utilisé cet épisode pour alimenter leurs discours et leur « idéologie ».



Le gâchis


Livre de Jacques Tissier


Jacques Tissier est le pseudonyme de Claude Juin, qui en mars 2011 soutint une thèse de doctorat en sociologie à l’EHESS : « La guerre d’Algérie. La mémoire enfouie des soldats du contingent. Des jeunes gens ordinaires
confrontés à l’intolérable ».
Soldat du contingent en 1957 et début 1958, d’abord dans les plaines de la Petite Kabylie ensuite, dans le massif de l’Ouarsenis, Claude Juin remplissait les pages de petits carnets, pour l’aider à fuir l’horreur, la peur et l’ennui. Ce furent la source de son récit Le Gâchis publié aux EFR en 1960. Dès son retour début 1958, il éprouva le besoin d’écrire pour se libérer. Pour aller mieux.
Depuis la fi n de la guerre, il est retourné plusieurs fois en Algérie, il aime ce pays, il a aujourd’hui des amis, dont d’anciens combattants de l’A.L.N. Il croit à la vraie réconciliation des deux peuples.
En novembre 2013, il retourna à Isserbourg (aujourd’hui Laghata), le lieu de son cantonnement, il fut reçu par le maire qui à sa demande l’emmena à la ferme Moll, lieu sinistre où se pratiquaient tortures et exécutions sommaires.

« Une sorte de tâche dont je devais m’acquitter, tôt ou tard. Un devoir à accomplir » écrit-il, dans la postface de cette édition.
La réédition du Gâchis participe au devoir de mémoire, ainsi qu’aux débats pour vaincre le sujet tabou de la guerre d’Algérie.



Les écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie


Livre de Wolf Albes


En dépit de leurs œuvres prestigieuses, les écrivains français d'Algérie sont restés plus ou moins dans l'ombre du « maître de l'Algérie » Albert Camus, dont l'œuvre fut couronnée du prix Nobel en 1957. Comment ont-ils réagi face au drame de leur terre natale entre 1954 et 1962 ? Emmanuel Roblès, Roger Curel, Jean Pélégri ou Jules Roy choisirent de soutenir plus ou moins ouvertement les nationalistes algériens. Savaient-ils seulement ce qu'ils faisaient et quel avenir ils cautionnaient ? D'autres comme Jean Brune, André Rosfelder ou Janine Montu¬pet se sont battus pour sauvegarder à tout prix le pays de leur enfance. Marcel Moussy et Robert Merle ont pris des positions bien surprenantes... Quant à Albert Camus, il prouva avec "Le Premier Homme", paru de façon posthume en 1994, qu'il avait depuis longtemps déjà rejoint les siens dans leur dernier combat.



Lettres d'Algérie


Lettres rassemblées par Philippe Bernard et Nathaniel Herzberg

 

De l'Algérie ne nous parvient plus guère que l'écho des massacres. L'atrocité des crimes qui y sont perpétrés, l'impossibilité d'en comprendre l'exacte signification et la difficulté pour les journalistes d'y circuler librement ne laissent de place à aucune autre voix.


Ces lettres, adressées pendant plusieurs années par des Algériens à leur famille ou à leurs amis installés en France, disent une Algérie différente, dépouillée de ses stéréotypes. Une Algérie avide de paix, dénonçant à la fois les « égorgeurs islamistes » et ceux qui, au sommet du pouvoir, ont rendu une telle horreur possible et laissent aujourd'hui la population pour ainsi dire sans défense. Un pays qui, entre deux tueries, continue de travailler et d'aller à la plage, comme pour conjurer une guerre qui ne dit pas son nom. Un peuple pétri d'histoire française et qui, derrière le discours officiel sur l'honneur national et le refus de l'ingérence, lance un appel à l'aide et à la solidarité.


Ces simples lettres, précédemment publiées par le journal Le Monde, nous obligent à l'entendre.



Lettres filmées d’Algérie – Des soldats à la caméra - 1954-1962


Livre de Jean-Pierre Bertin-Maghit

                   

Pendant la guerre d'Algérie, des soldats se sont transformés en cinéastes amateurs : quand la majorité des militaires avaient en poche leur appareil de photo, eux ont choisi la caméra. Jean-Pierre Bertin-Maghit a retrouvé 38 d'entre eux. Il les a placés face à leurs propres images - au total 72 films. Un dispositif vivant de microhistoire qui confronte, au présent de l'entretien, mémoire des hommes et mémoire des images. Que désiraient saisir ces soldats-cinéastes amateurs et qu'ont-ils souhaité garder en souvenir ? Comment leurs histoires font-elles effraction dans l'Histoire ? Comment ces hommes, maintenant dans leur grand âge, restituent-ils aujourd'hui leurs expériences de jeunes gens pris dans une guerre ? Autant de questions auxquelles ce livre tente de répondre afin de contribuer à une histoire des combattants de la guerre d'Algérie



Mémoires d’un appelé en Algérie – classe 1953


Livre de Pierre Brana

                   

«Pendant des années après mon retour de la guerre d'Algérie, j'ai gardé le silence sur cette période difficile de ma vie. Ce n'est pas que je l'avais gommée. Bien au contraire, son sou­venir revenait sans cesse, à tout bout de champ, me hanter, acca­parer mon esprit. Je luttais, souvent en vain, pour me débarrasser de son emprise, pour chasser cette pénible obsession. C'est progressivement, sans trop m'en rendre compte, par des échanges, des discussions, à la suite d'interviews, d'articles pour lesquels j'étais sollicité, que je renouais avec le passé. Je pus alors laisser ces souvenirs remonter à la surface...»
 
Pierre Brana fait part dans ce livre de son vécu. Mais il rapporte aussi, au fur et à mesure du déroulement des «événements», les réactions de son quartier natal de Bacalan, comme celles des milieux syndicaux - auxquels il a appartenu - et du monde universitaire bordelais où il a fait ses études. 
Une contribution à l'histoire de la guerre d'Algérie par un de ceux qui l'ont faite.



Mémoires de guerre d'un combattant kabyle. De la deuxième guerre mondiale à la guerre d'Algérie


Livre de Bouzid BOUMEZOUED et Mehdi BOUMEZOUED


La Kabylie frondeuse devint une pépinière de résistants dont le nombre et la qualité croissaient avec le retour des combattants issus des régiments de tirailleurs indigènes aguerris et prêts à en découdre avec leurs anciens compagnons de tranchées.
Le 15 août 1945, Saadi fut affecté à Toulon et informé de son prochain retour en Algérie. En attendant, profitant
de quelques permissions, il avait tout loisir de flâner en ville avec ses camarades et de faire ses emplettes, dont des
cadeaux pour les petits et les grands. Le 22 août 1945, tôt le matin, il embarqua à Toulon pour Alger dans un bateau
dont la majorité des passagers étaient des militaires qui rentraient de métropole. Il prit ses quartiers dans une petite
cabine qu’on avait bien voulu lui affecter car il n’y avait pas beaucoup de monde. Il n’alla pas dîner. La mer était calme et le temps se prêtait à un somme réparateur.
Ce témoignage résulte de la collaboration entre un père et son fils qui racontent avec fierté et fidélité.



Ni valise, ni cercueil – Les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance


Livre de Pierre Daum

 

1962 : après les accords d'Evian des dizaines de milliers de Pieds-noirs sont restés vivre en Algérie. C'est vingt à trente ans plus tard seulement, dans le contexte des années de guerre civile, qu'ils se sont rapatriés. Pierre Daum est allé à la rencontre de ceux qui, au lendemain de l'indépendance, n'ont choisi "ni la valise ni le cercueil".



Ombres et lumières d’Algérie ou la vocation d’un artiste dans la guerre


Livre de Yannick GUIN & Jean-Claude CARSUZAN


Comment un jeune artiste, tout pénétré d’un désir d’aventure artistique peut-il affronter la guerre ? Comment, si ce n’est en se construisant une double vie, celle des apparences, auxquelles il faut malheureusement sacrifier, celle de la vie intérieure où l’imagination et le désir bouillonnent, et que ni la crainte de la perdre ni l’effroi d’avoir à la supprimer chez son prochain ne sauraient étouffer.

Les « Trente Glorieuses » ne furent pas si joyeuses pour tout le monde, et surtout pas pour cette génération d’après-guerre appelée contre son gré en Algérie pour de prétendues « opérations de maintien de l’ordre » et dont elle sut vite la véritable nature. Ces temps continuent de peser sur les esprits. Les témoignages ne manquent pas de ces jeunes ouvriers, agriculteurs, instituteurs, ingénieurs, universitaires divers : tous sont aussi émouvants que nécessaires à l’Histoire. Ils sont parfois entachés par une lucidité a posteriori, ou un désir de justification ou de repentance, souvent ils servent de thérapie personnelle permettant de surmonter les traumatismes, ou à tout le moins de ne pas ressasser cette obsédante période volée à l’essor de la vie.


Le témoignage du peintre Jean-Claude Carsuzan est d’une autre nature. Cette guerre il l’a faite comme les autres, comme des milliers d’appelés du contingent, au cours de 29 mois de service militaire dont 14 en Algérie, entre le mois de septembre 1959 et la fin décembre 1960. Mais il l’a faite de manière singulière, comme si, en dépit de tout, l’artiste pouvait en tirer un profit secret. Son témoignage n’est pas ordinaire : il met en lumière une sorte de mise à distance de la réalité du quotidien au profit d’une recherche permanente d’ordre esthétique. Ici point de déploration ni d’amertume. Le témoin a une tendance – exceptionnelle à vrai dire – à relativiser et à mettre en avant les aspects positifs de la vie. Mais surtout il s’invente une sorte de méthode de résilience, une façon d’occuper son esprit, même dans les moments les plus rudes, une sorte de recherche permanente des lumières, des contrastes, des nuances, méthode qui permet de maîtriser les effrois de la guerre. Les amateurs d’art puiseront là un aspect méconnu des processus de la création.


À son retour d’Algérie le jeune peintre originaire de Bordeaux entame sa très belle aventure artistique. En 1961, dès son retour à la vie civile, il enseigne sur une unité de valeur à l’École des Arts Appliqués de la Gironde à Bordeaux, et il fait un voyage d’étude en Bretagne. En 1964 Carsuzan abandonne l’enseignement et décide de se consacrer exclusivement à la peinture. Il voyage à nouveau en Bretagne, il y rencontre Micheline, qui deviendra sa compagne et son soutien le plus ferme durant toute sa vie, et qui lui fera découvrir et aimer les couleurs douces et subtiles, parfois opalescentes, de la Bretagne, qui caressent les paysages et les visages.

À partir de 1963 Carsuzan se laisse attirer par les paysages méditerranéens de l’Andalousie, de l’Italie, de la Tunisie, de la Grèce et plus précisément des îles de l’archipel des Cyclades. Son oeuvre joue de la lumière et des ombres, de la luxuriance de la flore et de l’éclat des murs peints à la chaux. Sa vision sereine et chaleureuse intéresse de nombreuses galeries en Allemagne, en Suisse, à Taïwan, au Moyen-Orient, aux États-Unis et au Japon, où les amateurs d’art peuvent partager ces sensations prononcées que Carsuzan avait secrètement subodorées dans la tourmente de l’Algérie de 1960. Le témoignage du peintre Jean-Claude Carsuzan a été recueilli par son ami Yannick Guin, professeur émérite de l’Université de Nantes, spécialiste de l’Histoire Contemporaine et passionné par ces récits d’Algérie qui marquent toute une génération.


 

Pour commander :

https://lepetitvehicule.com/wp-content/uploads/2017/05/80-VP-Ombres-et-lumie%CC%80res-dAlge%CC%81rie-Yannick-Guin.pdf

 

Des dessins du livre :

https://lepetitvehicule.com/produit/galerie-de-lor-du-temps-n-80-yannick-guin-jean-claude-carsuzan-ombres-et-lumieres-dalgerie-ou-la-vocation-dun-artiste-dans-la-guerre/


Paroles d’Appelés : Leur version de la guerre d'Algérie


Livre de Fernand Fournier

                     

Ce recueil de témoignages a été réalisé principalement en interviewant 32 appelés à servir en Algérie pour "y maintenir l'ordre" selon l'expression de l'époque. Informations minimisées, censure systématique de certains sujets, cercueils rapatriés en silence, comment, dans ces conditions, oser témoigner publiquement ?

Avec 50 ans de recul, ces récits relatent la diversité et la complexité des situations vécues et contribuent à la transmission de la mémoire pour mettre un point final à un long silence.



Passés sous silence en Algérie

Témoignage d'un "appelé" embarqué à Marseille le 15 juillet 1957


Livre de Bernard Nicolas

 

Très peu d'ouvrages sur la Guerre d'Algérie ont relaté la vie journalière d'un militaire      « appelé », sur le terrain, dans les zones à risques de ce conflit. Bernard Nicolas, sergent à la 8e Cie du 8e RIM dans le sud oranais, années 1957/1958, nous en fait ici partager le quotidien, sans craindre d'aborder les sujets tabous : les interrogatoires, la torture, les « corvées de bois », ainsi que le comportement parfois déshonorant de militaires de carrière.



Quand ils avaient mon âge - Alger 1954-1962


Livre de Gilles Bonotaux et Hélène Lasserre

                   

Alger, 1954-1962. Après l'école, Youssef, Khellil, David et Jean-François aimaient bien se retrouver à la pointe Pescade, la plage d'Alger. Jouer aux pirates, aux osselets avec les petits os de l'agneau du couscous, embêter les filles, ou déguster des beignets de sardines... On ne s'ennuyait jamais ! Mais un climat de méfiance et de tension allait bientôt remplacer l'insouciance... Un fossé se creusait entre Arabes et Français, et à l'école chacun répétait sans comprendre ce qu'il avait entendu à la maison. De nouveaux noms comme De Gaulle, l'OAS et le FLN apparaissaient...

Un excellent album, bien documenté. Au début du livre se trouve un historique de la présence française en Algérie. Beaucoup d'informations sont données à travers le récit de la vie quotidienne des enfants. Un glossaire fouillé est également présent. Les illustrations sont belles et la présentation est attrayante avec une alternance de textes et de bandes-dessinées. Le récit se veut objectif et montre que les hommes sont capables du pire comme du meilleur dans tous les camps. Le drame Harki est bien évoqué.



Misère de la Kabylie 


Livre d'Albert Camus


Voici le double projet - jamais encore réalisé - de cette édition : publier de façon autonome et dans son unité mots-photos « Misère de la Kabylie », enquête d'Albert Camus parue dans Alger républicain du 5 au 15 juin 1939 : onze articles du reporter, accompagnés des vingt-trois photographies qui depuis quatre-vingt ans échappent au regard du lecteur de Camus. Or, très loin de célébrer un pays pour touristes, l'iconographie de 1939 montrait l'insoutenable misère et interpellait le lecteur indifférent :

« Vois où ta politique a mené la Kabylie. Agis. Tout peut changer ! » Notre publication souhaite donc présenter ces clichés, en dépit d'un difficile rendu, dans un format proche de l'original. Choisis, intégrés avec soin dans la composition du journal, ils apportent un point de vue inédit tant sur le texte que sur le travail de journaliste en période de censure coloniale (décret Régnier). Par ailleurs, la présente édition tente de répondre à l'interrogation du lecteur curieux d'aujourd'hui : Qui tenait l'appareil photo ?



Résister à la guerre d’Algérie par les textes de l’époque

                   

Ils étaient soldats, avocats, éditeurs, écrivains, ouvriers. Chrétiens, communistes ou tiers-mondistes. Dans une France imprégnée de discours colonial, ils ont résisté à la guerre d’Algérie en refusant de porter les armes, en prenant la défense des militants condamnés, en témoignant des atrocités commises, en diffusant les textes interdits. Minoritaires dans un pays où « l’Algérie c’est la France », ces insoumis ont pris le parti de leurs frères algériens au péril de leur liberté ou de leur vie.

Ce livre présente des textes de l’époque – lettres de déserteurs, appels au refus ou manifestes anticolonialistes – ainsi qu’une liste de tous les acteurs de cette résistance. Autant de témoignages brûlants ou poignants éclairés par l’analyse de l’historien Tramor Quemeneur et par le regard de l’éditeur Nils Andersson, témoin engagé de l’opposition au conflit.

À l’heure où l’on célèbre le 50e anniversaire de l’indépendance algérienne, cette mémoire anticoloniale, nous dit l’association Sortir du colonialisme, qui a coordonné cet ouvrage, peut contribuer aux combats d’aujourd’hui.



LA SAS DES BENI-DOUALA -  UN ADOLESCENT DANS LA TOURMENTE


Livre de Max DRIDER [Auto-édition]


Un ouvrage qui relate la guerre d’Algérie, dans le détail et dans toute sa cruauté, à Tizi-Hibel, petit village de Grande Kabylie.

L’horreur ne fait que commencer, car, dès cet instant et jusqu’en 1959 il assistera aux pires cruautés que cette guerre a charriées avec ses victimes, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants.

En 1959, la terreur vide les villages. Il réussit à fuir les exactions de l’armée et arrive à Alger, chez sa tante à Diar El Mahçoul. Il trouve un travail chez M. Conne, expert-comptable. Il y reste durant une année. Pendant ce temps, la guerre en Kabylie fait rage et Tizi-Hibel n’est pas épargné.

Rentré d’Alger pour une convalescence de quelques jours au village, le capitaine Oudinot lui refuse l’autorisation de reprendre son travail à Alger.

Sous prétexte de service militaire, il est engagé d’autorité, par ce dernier, à la SAS (Section Administrative Spéciale) de Béni-Douala. Il a un peu plus de 17 ans. Il y sera employé pour toutes sortes de travaux de bureau de juin 1960 jusqu’à juillet 1962, fin de la guerre d’Algérie.
Dans ce récit, Max DRIDER a convoqué ses souvenirs d’adolescent pour raconter un épisode de son existence qui a marqué à jamais sa vie d’adulte.

Des moments tragiques qui ont fait dans ce secteur, sous le commandement du capitaine Georges Oudinot, plus de 600 victimes.



La vie des soldats bretons dans la guerre d’Algérie 1954-1962


Livre de Jean Yves Jaffres

                   

Ces cas indiquent une grande diversité des situations entre les militaires en Algérie entre 1954 et 1962. Des soldats n'ont pas connu le combat ni pris beaucoup de risque pour leur vie ; d'autres furent durement éprouvés tels les commandos, les prisonniers, ceux qui furent victimes des embuscades ou d'accrochages importants et nombreux. 

En ce livre, des appelés voyagent à travers faits, sentiments et réflexions pour analyser cette guerre, mais à leur manière. Ils la décrivent avec leurs mots, leurs photos, leurs histoires gaies ou tristes vécues là-bas.

Cette synthèse basée sur 110 témoignages de Bretons, permet de rappeler ceux qui ont souffert, ceux qui sont morts et à la peine de milliers de famille. Il est à noter que beaucoup d'entre eux conservent des séquelles dans leur cœur, dans leur corps et dans leur esprit. 

Presque chaque appelé retrouvera ici, des faits semblables à ceux qu'il a vécu là-bas. Les épouses et enfants de ces anciens combattants connaîtront mieux cette période de la vie qui a marqué leurs mari et père (ils en parlent si peu ou pas du tout). Beaucoup de jeunes veulent en savoir plus sur cette tranche d'histoire et les enseignants possèdent peu d'informations concrètes sur cette guerre vue de l'intérieur.

Ce livre permet aussi de mieux connaître et de mieux comprendre les "Anciens d'Algérie", car il rompt leur silence et parle pour eux.



Souvenirs de la guerre d’Algérie - Un intellectuel sur le terrain face à la répression


Livre de Jean-Marie Mathieu

                     

Les souvenirs racontés ici concernent les années 1957 et 1958. Intellectuel, l'auteur était partisan de la décolonisation et profondément hostile à la torture. Patriote critique mais discipliné, il refusa d'accomplir des fonctions autres que celles auxquelles il fut employé. La lecture de la presse algéroise pendant la bataille d'Alger, son détachement à l'état-major divisionnaire de Bône, sa présence dans un bureau chargé administrativement de l'application des "pouvoirs spéciaux" lui firent observer de près la brutalité systématique de la répression.



Sur les traces du père – Questions à l’officier tué en Algérie


Livre de Jean-Claude Escaffit

                     

Il n'est de devoir de mémoire sans devoir de vérité. C'est ce qui a guidé l'auteur dans ce récit émouvant. Ancien journaliste à La Croix, puis à La Vie, Jean-Claude Escaffit revisite de façon vivante toute la guerre d'Algérie, à partir d'une histoire singulière. Il est parti sur les traces de son père, tué en Petite Kabylie. Un demi-siècle après ! Pourquoi de l'enfance à la retraite, ai-je traversé les strates du temps, sans chercher à en savoir davantage sur ton rôle d'officier dans cette guerre ? Etais-je prêt à prendre le risque de faire vaciller ton piédestal de héros familial ? L'auteur a fouillé les archives, a recueilli de nombreux témoignages, des deux côtés, a fait le voyage en famille dans une zone contrôlée aujourd'hui par les djihadistes. Et par un incroyable hasard a rencontré l'un des meurtriers du capitaine Escaffit, chef de poste SAS, dont la mort lui avait été annoncée. Quand il a entrepris ce récit, l'auteur ne savait pas ce qu'il allait trouver au bout du chemin. Un chemin bordé de larmes, de révélations bouleversantes, mais balisé par une étonnante chaîne algérienne de solidarité. A la veille du 60ème anniversaire d'un conflit resté traumatisant, ce récit passionnant (qualificatif ?) veut être, un message de réconciliation et de paix de part et d'autre de la Méditerranée.



Le Passager de la nuit


Maurice Pons (Réédition au format poche - Préface de Valérie Zenatti)


« Sur la route devenue large et lisse, les lignes jaunes, tout au long des courbes, traçaient leurs messages en morse rapide. » Un jeune homme au volant d’une décapotable. À ses côtés, un inconnu embarqué pour rendre service à une amie et qui ne se sépare jamais d’un mystérieux sac. Au fil des kilomètres parcourus à toute vitesse, quelques mots, des silences et des malentendus, semblables à ceux ayant cours dans une guerre qui ne porte alors pas son nom. Et comme une compréhension qui s’ébauche…


Maurice Pons (1927-2016) était romancier, nouvelliste et traducteur. Pendant la guerre d’Algérie, il a été un des signataires du Manifeste des 121. Voulant marquer son engagement dans ses travaux d'écriture, il a écrit Le Passager de la nuit en hommage aux porteurs de valises, ces hommes et ces femmes transportant des fonds pour le compte du FLN.



Un dernier regard


Livre de Jean Viegas Pires 

                   

Un dernier regard : celui porté par l’auteur, après tant d’années, à travers la lecture des lettres, oubliées dans une boîte à chaussures, d’un frère appelé sous les drapeaux durant vingt sept mois, dont une grande partie en Algérie.

Ces lettres font ressurgir les souvenir d’une enfance heureuse en famille avant le départ du père provoquant ainsi les angoisses d’une mère devant assumer seule la conduite de la famille : s’occuper de l’éducation du cadet et vivre dans l’attente interminable et inquiète du retour de l’aîné.


L’histoire :

Il s’agit d’un livre-témoignage écrit à partir de lettres retrouvées au fond d’un placard dans une boîte à chaussures. Ce livre couvre une période de deux ans : de 1958 à 1960.

Les parents de Jean, immigrés portugais, ont acquis une épicerie-café à Bagnolet. Ils travaillent durs tous les deux et élèvent leurs trois enfants : Jacques, Robert et Jean.

Jacques, l’aîné, devient instituteur puis part au service militaire. Robert décède en bas âge et Jean n’a que 11 ans lorsqu’arrive la première lettre de son frère Jacques. Entre temps, le père, atteint d’une grave maladie, s’en est allé dans des conditions effroyables.

Jacques devenu sous-lieutenant et toujours sous le drapeau écrit régulièrement à sa mère et à son petit frère Jeannot. On le sent attentionné, aimant, protecteur, raisonnable et pondéré. Il parle à Jeannot comme parlerait un père à son fils l’encourageant à faire des efforts à l’école, à entrer chez les scouts: « tes efforts me réconfortent » l’encourage-t-il… et lorsqu’il lui donne ses consignes, il se met à la portée de son frère afin de bien se faire comprendre. Le bien-être des siens est primordial pour lui, même s’il est conscient que sa mère peine à joindre les deux bouts : il l’exhorte à acheter une télévision, un chauffe-eau pour que leur vie soit plus facile. Il les aide comme il peut financièrement en leur faisant parvenir une partie de sa solde. Par contre, il minimise le danger qu’il vit au quotidien afin de ne pas inquiéter sa mère.

Cette mère justement, est une mère-courage. Elle fait tourner toute seule la boutique et se bat pour élever seule son fils Jeannot parfois au prix de gros sacrifices. Elle n’oublie pas son aîné et lui envoie tablettes de chocolats, biscuits… Combative, elle fait face en toutes occasions et ne montre pas sa tristesse, son inquiétude, sa peur : (p.82… il faut se dire que Noël prochain ne sera que plus beau). Et pourtant, l’amour d’une mère est telle qu’une nuit elle se réveillera affolée par le cauchemar qu’elle vient de faire.



Une enfance dans la guerre

Algérie, 1954-1962


Textes inédits recueillis par Leila Sebbar

 

Nés dans les années 1940 et 1950, quarante-quatre auteurs issus des différentes populations de l'Algérie d'avant l'indépendance racontent leur enfance dans la guerre d'Algérie. C'est inédit. C'est le bon moment puisqu'ils sont les derniers témoins directs du douloureux épilogue de la longue histoire com­mune à la France et à l'Algérie. Et c'est nécessaire?: en puisant dans l'intime et l'opacité de l'enfance, leurs récits se chargent d'une incan­descence qui agit comme un révélateur de cette guerre singulière. Une guerre longtemps innommée à Paris, alors qu'elle fut meurtrière, fondatrice de l'Algérie nouvelle et constitutive de la France actuelle, annonciatrice enfin des conflits qui s'écrivent avec les mêmes mots? : guérilla urbaine, tortures, exécutions, bombes dans les cafés...



Vie d’une Pied-noir avec un Indigène

Carnets d’Algérie 1919-1962 - Mourir chambre 58


Livre de Jean-Philippe Nottelet

 

Comme l’a écrit Albert Camus dans Noces – dont l’héroïne de ces pages évoque cette grande figure d’humanité dans un de ses échanges épistolaires avec Paulette Roblès – « Comment faire comprendre pourtant que ces images de la mort ne se séparent jamais de la vie ? »


Mais tel que le dénonce son fils Jean-Philippe : la vie ou la fin de vie ne peut admettre, tolérer, banaliser ni l’injustice et ni l’incurie de quelques médecins passant aux pertes et profits dans la morgue de leur statut, les volontés écrites de la malade Gisèle Nottelet. L’ignominie de sa souffrance nous devient insupportable et ces enfants accourus pour la soutenir, l’aider de leur amour nous brisent encore plus l’âme sur notre vérité d’humanité. Ce livre nous fait découvrir cruellement la fin de parcours de Gisèle mais aussi sa naissance, son enfance, son adolescence au sein d’une famille pauvre dans une Algérie colonialiste. Nous vivons grâce à son journal que son fils nous fait appréhender dans cet ouvrage, sa rencontre, son amour et sa volonté d’unir sa vie avec un Indigène. Cet Indigène fils d’une famille d’élite kabyle catholique dont le grand-père fut un avocat et homme politique incontournable dans les premières années de la tragédie algérienne. Et son époux Salah, Henri, cet Indigène mort d’un crime jamais jugé.

Il faut lire la passionnante histoire de cette Pied-noir, rare européenne à choisir d’épouser un Indigène et qui nous offrira malgré la bêtise cruelle, une histoire d’un romantisme et d’un romanesque à imiter.



Quand il neigeait sur le Djebel Amour… 1959-1960


Livre de René Knégévitch


« Je sais ce que je vais trouver en Algérie mais j’y pars néanmoins avec une certaine curiosité et la volonté de pouvoir être militant de l’Homme, malgré l’étau militaire et la perte de ma liberté d’expression. Savoir mais aussi voir constitue ma disposition d’esprit. »

 

Au travers de son journal de bord, tenu entre 1959 et 1960 en plein coeur de la guerre d’Algérie, René Knégévitch nous présente son parcours d’appelé sursitaire, affecté au 403e R.A.A., à Aflou, dans le Djebel Amour.

De cette guerre violente découle un témoignage violent. Lorsque le quotidien est rythmé par des ratissages, des accrochages, des sévices, la torture, mais aussi par la peur et la mort, que reste-t-il pour un humaniste pacifiste ?

 

Sans tabou, l’auteur nous livre ses émotions et ses réflexions tandis que le djebel tonne et que le sang coule. Un récit nécessaire et intime qui offre un regard de l’intérieur sur la guerre qui a bouleversé l’Algérie.



Nanterre en guerre d'Algérie - Chroniques du bidonville 1959-1962



Livre de Monique HERVO (réédition en 2012 chez Actes Sud)


“La guerre d'Algérie, l'auteur l'a rencontrée dans toute son horreur. En France. À Nanterre, dans le bidonville de La Folie.” Le Monde diplomatique


“Des milliers de tôles enchevêtrées se mêlent à des briques cassées : La Folie. Des moutons broutent l’herbe alentour. Gravats et vieilles ferrailles traînent aux abords de cette étrange cité, reliquats des déchets déversés ici par des entreprises : une décharge publique ! Je contourne le bidonville. Je n’ose y pénétrer. Je suis une intruse. Par une sorte de boyau, je me faufile à l’intérieur de cette agglomération en papier goudronné et cartons aplatis, bouts de bois vermoulus et tôles rouillées. Situées derrière le palais de La Défense en construction luisant de blancheur, les baraques s’agrippent les unes aux autres dans un décor de débris de matériaux usés. Les chemins sont vides. Tout semble inerte.” (Monique Hervo, La Folie, 1959)

 

“Si je peux maintenant livrer ce témoignage de mes trois années de guerre passées au bidonville de La Folie, c’est grâce à toutes les notes accumulées, observations consignées souvent journellement. Griffonnées sur des bouts de papier. Entassées en vrac dans des cantines. En les relisant, j’avoue avoir eu un choc : c’était l’horreur. Mon étonnement fut si fort qu’il me sembla que mes amis algériens n’avaient pu vivre pareil enfer. Avec le temps, mes souvenirs s’étaient atténués même si je gardais une blessure ineffaçable. On ne peut oublier.” (Monique Hervo, 2001)



Itinéraire D'une Femme Française - Clamart, Bab-El-Oued, Epinay-sur-Seine


Livre d'Hamida Ben Sadia


Le récit d'Hamida Ben Sadia est unique. Elle a été élevée par des parents venus d'Algérie, parfaitement intégrés dans la société française et éloignés de toute préoccupation religieuse.

Pourtant ils n'ont pas su résister à la pression culturelle de la famille restée au pays. Le mariage forcé de leur fille en Algérie a provoqué son malheur et le leur.

Ce récit n'est pas un livre de revendications. C'est l'histoire d'une femme aujourd'hui apaisée, qui s'est opposée avec force aux traditions, a réussi à imposer un divorce à son mari, puis est revenue en France en étant obligée d'abandonner ses enfants.

Elle finira par les retrouver après s'être battue avec l'énergie d'une mère et la force de la militante politique et associative qu'elle est devenue. Pour la première fois, avec ce texte fort et humain, une représentante d'une génération de femmes issues de l'immigration raconte.

Elles n'ont pas vécu dans la soumission comme leurs mères, elles ne se sont pas révoltées dans la violence contre leurs pères, elles ont dû, par leur seule ténacité et en combattant toutes les dominations, trouver une place entre deux cultures qui ne parvenaient pas à se rencontrer.

Elles ont ouvert la voie de l'émancipation à ces " beurettes " qui aujourd'hui sont l'une des promesses de la France.



Un algérien s'adresse aux français, ou L'histoire d'Algérie par les textes : 1943-1961


Livre de Jean El-Mouhoub Amrouche


Les écrits de Jean Amrouche transportent le lecteur au coeur de l'histoire de l'Algérie de 1945 (début des émeutes de Sétif, Kherrata, Guelma) jusqu'à la veille de la fête de l'indépendance de l'Algérie (1962). Jean El-Mouhoub poète brillant, reconnu dans le milieu des lettres françaises, se transforme au gré des événements extérieurs : il change de statut, il se fait journaliste, porte-parole des masses dominées, traquées, muettes, au risque de sa vie. Il mettra sa double culture algérienne et française au service du dialogue entre le FLN et la France, entre le GPRA et le général de Gaulle. Les articles ici réunis (1943-1962) nous permettent de connaître une histoire de la guerre d'Algérie telle qu'elle est vécue et perçue par le grand poète, l'homme de coeur et de raison qu'était Jean El-Mouhoub Amrouche. Outre la volonté d'informer, Jean Amrouche témoigne. Il exprime sa douleur, celle de son peuple confronté au génocide culturel. Grâce à l'introduction de Tassadit Yacine le lecteur d'aujourd'hui peut comprendre comment un " petit " indigène défavorisé peut s'élever dans la société française et quel sera le prix de son émancipation. Loin d'être " assimilé " ou " renégat " (comme essaient de le présenter les militants de la culture de dernière heure), Jean El-Mouhoub est un patriote et un savant algérien enraciné dans l'africanité la plus profonde, et ouvert sur l'universalité.



Un article de

Jean El-Mouhoub Amrouche


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