Isarël - Palestine
L’agression sexuelle brutale du Hamas le 7 octobre était-elle l’expression d’une lutte anticoloniale ? Ou la description est-elle différente si l’on part de la voix des femmes, plutôt que de réduire le conflit aux deux pôles homogènes de l’antisémitisme et de l’islamophobie, s’interroge Catrin Lundström, professeur adjoint d’ethnicité et de migration à l’université de Linköping.
Après plus de cent jours de bombardements à Gaza, des dizaines de milliers de civil·es tué·es et des millions qui fuient pour sauver leur vie, des maisons et des mosquées rasées, des pénuries désespérées de fournitures, j’ai, comme beaucoup d’autres, été incitée à prendre position par des ami·es et, en particulier des collègues palestinien·nes, internationaux, qui ont soit mis fin à leur amitié, soit été renvoyé·es pour avoir elles et eux-mêmes pris position. Pourtant, je n’arrive pas à oublier l’image du corps à moitié nu de l’Israélienne, allongée sur la plate-forme du camion sous les jambes des combattants du Hamas qui l’acclament, armes à la main. Pour moi, ...
Un article de Gilbert Achcar sur le site de MEDIAPART (blog perso)
Ce texte a pour origine la contribution, le 11 juin 2022, à la conférence « Hijacking Memory: The Holocaust and the New Right » organisée à Berlin par le Einstein Forum et le Centre de recherche sur l’antisémitisme de la Technische Universität Berlin. Il doit paraître dans un ouvrage en allemand issu de la conférence.
Il est aujourd’hui difficile de considérer les Juifs européens comme non blancs. Le mantra selon lequel la très blanche « civilisation occidentale » serait « judéo-chrétienne » est devenu si omniprésent qu’il a acquis le statut d’un préjugé commun, digne du Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert. Ce même mantra a été fortement renforcé ces derniers temps par la façon dont les gouvernements occidentaux, à commencer par l’administration américaine de Joe Biden, ont soutenu inconditionnellement le gouvernement israélien d’extrême droite de Benyamin Netanyahou dans les représailles au centuple qu’il a lancées contre la bande de Gaza, causant la mort d’un très grand nombre d’habitants, dont une proportion terrifiante d’enfants, ainsi que la dévastation de la majeure partie du territoire de l’enclave et le déplacement de la grande majorité des survivants – tout cela en prétendant hypocritement se soucier de la nécessité d’épargner les civils. Ce soutien inconditionnel découle d’une identification occidentale avec les Israéliens face à l’attentat du 7 octobre 2023 fort semblable à la ...
Sionisme, Israël et judaïsme, entre mythes et réalités
Un article Pierre Khalfa (sur le site d'ATTAC - janvier 2024)
Les actes terroristes du Hamas et la réaction israélienne, dont l’objectif de plus en plus explicite
pour une grande partie des dirigeants israéliens est de provoquer par l’emploi de la terreur un nouvel
exode des Palestiniens, avec un risque important de génocide, oblige à revenir sur ce qui est, in fine, à
la racine de cette situation : l’objectif proclamé du sionisme politique de créer un État dans lequel tous
les juifs puissent se retrouver. Il s’agit donc de partir de cet objectif, de voir comment il a été mis en
œuvre, de le confronter à la réalité du judaïsme mondial et à celle de la société israélienne. La thèse
défendue ici s’articule sur quatre points : le point de départ du sionisme est le même que celui de
l’antisémitisme ; la perspective sioniste ne peut être que de nature colonialiste ; fait colonial à sa
création et dans son développement, l’État d’Israël est devenu un fait national et comme tel a le droit à
l’existence ; le fait national israélien est cependant contradictoire avec la perspective d’un État dont
l’objectif est de rassembler les juifs du monde, ce qui entraîne qu’Israël n’a d’avenir que dans une
perspective post-sioniste
...
Alex Gourevitch est professeur agrégé de sciences politiques à l’université Brown (États-Unis).
Les réalités du conflit entre Israël et le Hamas sont déconcertantes et ne s’inscrivent pas dans un ensemble bien défini, pas plus qu’elles ne se prêtent facilement à des slogans hérités ou à des formules morales. Il est difficile de faire face aux réalités actuelles. De nombreuses incertitudes entourent ce qui s’est passé et ce qui se passe encore. La certitude morale est attrayante lorsque la réalité est incertaine. Elle remplace le travail plus difficile qui consiste à essayer de comprendre ce qui s’est passé et où nous en sommes. La certitude morale est également attrayante parce qu’elle ressemble à un guide d’action. Rien ne semble plus concentrer l’esprit et nous inciter à agir que la violence elle-même. Lorsqu’il y a du sang dans l’air, le choix d’un camp a beaucoup plus de poids et d’importance.
Israël-Palestine : penser le conflit d'hier à aujourd'hui
13 vidéos de l'EHESS
En février, l’EHESS propose un cycle de débats, ouverts aux publics, intitulé « Israël-Palestine : penser le conflit d'hier à aujourd'hui », avec des chercheuses et chercheurs en sciences sociales de l’EHESS et d’autres institutions. Pour répondre à la demande d’information et de débat public au sein de l’EHESS, dans le monde académique et plus généralement dans la société, l’EHESS propose à travers ce cycle de débats un espace d’analyse et de réflexion offrant des perspectives de sciences sociales sur le passé et le présent d’Israël et de la Palestine.
Une LETTRE spéciale - N° 16 / version mise à jour le 01 février 2024
■ Condamner la prise d’otages et le meurtre de civils par le Hamas est une nécessité morale et politique.
■ Mais essayer de comprendre comment on en est arrivé là, n’est ni un luxe, ni une justification des actes terroristes
Israël, fait colonial ?
Dans la revue Les Temps Modernes en 1967, numéro consacré au conflit israëlo-arabe, un article (introduction) de Maxime Rodinson.