La ligne
Aharon Appelfeld
Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz en Bucovine. Ses parents, des juifs assimilés influents, parlaient l’allemand, le ruthène, le français et le roumain. Quand la guerre éclate, sa famille est envoyée dans un ghetto. En 1940 sa mère est tuée, son père et lui sont déportés et séparés. À l'automne 1942, Aharon Appelfeld s'évade du camp de Transnistrie. Il a dix ans. Il erre dans la forêt ukrainienne pendant trois ans, « seul, recueilli par les marginaux, les voleurs et les prostituées », se faisant passer pour un petit Ukrainien et se taisant pour ne pas se trahir. « Je n'avais plus de langue. »
La promesse
Marie de Lattre [réédition en collection poche]
" J'ai trois prénoms, Marie, Madeleine, Frida.
Un qui dissimule. Un qui protège. Un qui révèle. "
Longtemps, elle a tout ignoré du secret de son père. Et puis un soir, il lui a raconté. L'histoire de ses quatre grands-parents paternels, et la promesse qu'il se sont faite à Drancy. Celle de veiller sur lui. Lui l'enfant du brouillard, du silence, l'enfant de l'amour interdit.
C'était en 1942. Deux des quatre amants ne devaient jamais revenir.
Entre le devoir de taire et la nécessité de dire, Marie, elle, a choisi. Pour ses filles, elle l'écrit.
Ce que j'ai vu à Auschwitz - Les Cahiers d'Alter
Alter Fajnzylberg
La publication des cahiers d’Alter Fajnzylberg, détenu à Auschwitz-Birkenau d’avril 1942 à janvier 1945, forcé d’intégrer pendant dix-huit mois le Sonderkommando, constitue une contribution exceptionnelle à l’histoire de la Shoah. Ces écrits inédits, rédigés en polonais à son arrivée en France, entre l’automne 1945 et le printemps 1946, dans l’urgence de dire ce qu’il avait vu dans les camps, furent alors enfouis dans une boîte à chaussures — comme un secret brûlant. Il a fallu des décennies à son fils unique Roger pour les extirper du passé, les faire transcrire, traduire, et les contextualiser grâce à l’aide de l’historien Alban Perrin.
Un témoignage d’autant plus important que les rescapés du Sonderkommando sont très rares, les nazis ayant veillé à éliminer tous les témoins directs de leur abominable entreprise.
Né en 1911 à Stoczek, en Pologne, dans une modeste famille juive, militant communiste dès son plus jeune âge et emprisonné pour cela, Alter Fajnzylberg s’engage dans les Brigades internationales en Espagne en 1937, y est blessé et reprend le combat. Interné par la suite dans les camps d’Argelès, Gurs et Saint-Cyprien, il finit par s’échapper, est arrêté en 1941 à Paris par la police française, emmené à Drancy puis Compiègne, et fait partie du premier convoi de déportés juifs envoyé de France vers Auschwitz fin mars 1942. Il survit à tout, témoigne, et s’éteint en 1987.
Quand la terre était plate
Jean-Claude Grumberg
« Je m’aperçois à quel point il est difficile de raconter une histoire vraie, surtout quand on ne la connaît pas. » Comment écrire quand les protagonistes d’un récit ont disparu ? Jean-Claude Grumberg rassemble son absence de souvenirs, les rares histoires racontées par Suzanne, sa mère, et les récits parcellaires arrachés à Maxime, son frère aîné.
En revenant sur la vie de Suzanne, née à Paris en 1907 de parents originaires de Brody en Galicie (aujourd’hui en Ukraine), ce sont deux guerres mondiales et un siècle de soupçons, d’expulsions, d’exils et pogroms qu’il retrace, à sa manière si singulière, pointant l’absurdité sous l’horreur. C’est le portrait d’une femme qui élève seule ses deux fils lorsqu’elle comprend que leur père, Zacharie, ne reviendra pas d’« on ne sait où ».
Tout l’art de Jean-Claude Grumberg dans un récit bouleversant, aussi tendre que cruel.
Variations pour Anna
Henri Raczymow
Elle s’appelait Anna Dawidowicz. Quand elle est née, en 1928, ses parents venaient d’arriver de Pologne et avaient posé leurs valises dans le quartier populaire de Belleville, à Paris. Anna devint cette mère juive qui fut la mienne. Une mère juive superlative. C’était une femme simple, dont la simplicité n’excluait pas des traits singuliers : elle était enjouée, timide, colérique, jalouse, coquette, possessive, émotive. Je ne l’ai jamais vraiment comprise. Quelques décennies après sa disparition, je me suis mis au défi de parler d’elle, enfin, avec un peu de sérénité. Peut-être d’amour.
Rue Ordener, rue Labat - suivi de Autobiogravures
Sarah Kofman
(Édition augmentée, établie et annotée par Isabelle Ullern)
« De lui, il me reste seulement le stylo. Je l’ai pris un jour dans le sac de ma mère où elle le gardait avec d’autres souvenirs de mon père. Un stylo comme l’on n’en fait plus, et qu’il fallait remplir avec de l’encre. Je m’en suis servie pendant toute ma scolarité. Il m’a “lâchée” avant que je puisse me décider à l’abandonner. Je le possède toujours, rafistolé avec du scotch, il est devant mes yeux sur ma table de travail et il me contraint à écrire, écrire. »
La philosophe Sarah Kofman est une enfant de sept ans lorsque a lieu la rafle du Vél’ d’Hiv’. Le 16 juillet 1942, la police se présente au domicile familial et arrête son père, rabbin d’une petite synagogue du 18e arrondissement de Paris – il ne reviendra jamais.
Commence alors cette période où la famille doit se cacher, se séparer. Pour la fillette, qui vivait tout dans la découverte permanente, c’est comme une épopée, dont l’envers est un déchirement : entre le domicile familial et le lieu de refuge, entre sa mère et la « dame de la rue Labat » – entre deux langues, deux mondes que sépare à peine une rue, un abîme pourtant.
Paru en 1994, ce souvenir d’enfance témoigne de ce que fut la vie des Juifs sous la collaboration, l’Occupation, la guerre. Sarah Kofman en retrace aussi leur traversée comme un récit d’éducation et de rencontres, avec une simplicité et une concision remarquables. Cette nouvelle édition, annotée, est enrichie d’un inédit et des courts textes qu’elle avait le projet, inabouti, de réunir sous le titre : Autobiogravures.
16 ans, résistant
Robert Birenbaum
Le lendemain de la rafle du Vel d’Hiv., le 17 juillet 1942, alors qu’il allait rentrer dans l’épicerie familiale, Robert Birenbaum, jeune Français juif de bientôt 16 ans (ses parents sont Français comme lui, bien que nés en Pologne) rencontre sa tante Dora, avenue Secrétan.
C’est lui qui raconte : « Elle était jeune, trente-deux ou trente-trois ans, et très belle ; c’était ma tante préférée. Elle me raconta pourquoi mon oncle avait été arrêté et mis en prison. Il était résistant. Sur sa lancée, elle me demanda si elle pouvait avoir confiance en moi. Si je le voulais, elle pouvait me faire entrer en contact avec des jeunes juifs communistes, des résistants. Mais ce devrait être un secret entre nous deux. Jamais je ne devais dire à mes parents qu’elle avait été mon instigatrice. J’acceptais sans hésiter. Elle me fit comprendre en très peu de phrases qu’il était toujours préférable de se battre, de vivre debout et dans la dignité, et de ne pas se coucher devant l’ennemi. Elle avait comme son mari un poste de responsable au sein du MOI (Mouvement Ouvrier Immigré) et me donna tout de suite un rendez-vous avec un camarade de la Jeunesse communiste. C’est ainsi que j’entrai dans la Résistance, le 17 juillet 1942. »
...
Le 21 février 2024, le couple Manouchian sera rapatrié au Panthéon. Les Manouchian, c’est l’Affiche rouge du nom de l’affiche placardée dans tout le pays par les nazis qui recherchaient ces résistants. Arrêtés, les 22 hommes membres de l’Affiche Rouge, ces Francs-Tireurs Partisans de la MOI, seront fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, sera décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart.
Robert Birenbaum, malgré son très jeune âge, fit partie de 1942 à 1944 (sous le pseudo de « Guy ») de ceux qui recrutaient justement ces résistants FTP MOI. Triste ironie de l’Histoire, il devait intégrer ces FTP lorsque les membres de l’Affiche rouge furent pris. Son livre raconte à la première personne ses deux années incroyables au cours desquelles, avec d’autres jeunes gens, français et étrangers, juifs, communistes, parfois de simples adolescents comme lui, ils tinrent en respect collabos et nazis dans Paris et ses alentours. Lancers de tracts, vols d’armes, de machines à écrire, planques, attentats, sabotages et arrestations…
Un récit palpitant qu’il délivre enfin à 97 ans. Raconter. Encore et encore. Pour que personne n’oublie jamais…
Ces temps-là
Oeuvres autobiographiques : Porteurs d'eau - Le Pont inachevé - Au-delà de l'oubli
Manès Sperber (réédition 2024)
Manès Sperber vit les grands évènements de son époque bouleverser son existence : la chute de l’Empire austro-hongrois qui le contraignit à fuir le shtetl de Zabotów, en Ukraine ; la montée du fascisme en Allemagne où il fut emprisonné par les nazis pour son activité de militant communiste ; les purges de Moscou qui l’éloignèrent de cette idéologie.
À travers les guerres qui embrasèrent l’Europe, les luttes politiques ou la remise en question de tous les idéaux dont il fut contemporain, Manès Sperber resta un témoin infatigable de son siècle, qu’il restitua avec lucidité et poésie dans Ces temps-là, ses mémoires, publiés pour la première fois en trois tomes de 1976 à 1979..
Ce récit d’un monde disparu, où l’intime se mêle à l’Histoire, demeure une œuvre littéraire puissante.
« Ce recueil d’articles et de discours exprime les réflexions et les sentiments d’un individu qui n’a pas connu un seul jour de paix véritable dans son pays, et c’est sans doute parce qu’il n’a jamais connu un tel jour qu’il se bat depuis des décennies pour y parvenir. » D.G.
À l’occasion du premier anniversaire du pogrom perpétré le 7 octobre 2023 par le Hamas en terre d’Israël, voici réunies sous un titre inspiré desÉcrits d’Etty Hillesum dix interventions virulentes d’un intellectuel dont la voix puissante ébranle régulièrement l’opinion israélienne et internationale. Certaines, prémonitoires, ont précédé le massacre de juifs le plus important depuis la Shoah et dénonçaient déjà les décisions désastreuses quiallaient conduire le pays à la catastrophe. D’autres ont aussitôt suivi, cris d’horreur et de désespoir condamnant l’insouciance criminelle d’un gouvernement qui a gravement compromis la sécurité de ses propres citoyens. Passé le choc initial, David Grossman, défenseur infatigable de la paix avec le peuple palestinien, n’a cessé d’interpeller les consciences.
Aimer Israel, soutenir la Palestine - Histoire d'un israélien d'aujourd'hui
Nir Avishai Cohen
Ce livre, qui est à la fois un récit autobiographique et un témoignage militant, interroge l’histoire, l’actualité et l’avenir d’Israël et des Territoires occupés ainsi que de leurs habitants.
Nir Avishai Cohen remet en question le récit israélien dominant qui laisse de côté de nombreuses questions, dérives et contradictions de la société israélienne. Il confronte le lecteur à ses identités plurielles et antagonistes : son héritage de trois générations de bâtisseurs et défenseurs d’Israël, et de petit-fils de survivants de la Shoah, sa jeunesse comme agriculteur, sa vie d’officier qui prend les armes pour son pays, et en même temps son combat de citoyen luttant pour les droits des Palestiniens et dénonçant l’occupation, la colonisation et les dérives militaires de son pays.
Sa vie de militaire dans les Territoires, son engagement politique, associatif et médiatique fondent sa légitimité singulière pour défendre ses positions de l’intérieur d’Israël et proposer des solutions de paix.
Les Enfants cachés de l'île aux Moines. Un secret enfoui sous l'Occupation
Julie Schittly
L’histoire vraie de cinq enfants juifs cachés sur l’île aux Moines qui, en 1940, fut le théâtre de la fraternité et de l’humanité. Sur la trace d’une mémoire cachée, une enquête sur les lieux avec des témoins de l’époque.
Ils s’appelaient Irène, Ilona, Georges, Daniel, Robert.
Cinq enfants juifs accueillis, à partir de 1940, « au meilleur des endroits », qui ont eu la vie sauve grâce aux habitants de l’île aux Moines. Un secret resté enfoui depuis, dans la perle du golfe du Morbihan.
Au décès d’Irène, fin 2022, la plupart des Îlois découvrent le récit de ces sauvetages courageux et la rafle de 1943. Pour Julie Schittly, il était impensable que l’on ignore ou que l’on oublie que l’île aux Moines fut un refuge et un havre de fraternité pour des familles traquées.
Mais qu’il y eut là, aussi, des destins inachevés…
Vie ? ou Théâtre ?
Charlotte Salomon [une édition incomplète a été publiée en 2017]
Vie ? ou Théâtre ? constitue un cas unique dans le champ de la création du XXe siècle. Il s'agit de la seule œuvre de son autrice, Charlotte Salomon, jeune Allemande juive née en 1916 et assassinée à Auschwitz en 1942. Réfugiée en 1939 dans la région de Nice, elle assiste au suicide de sa grand-mère, qui se défenestre sous ses yeux. Elle découvre alors qu'elle est issue d'une lignée maternelle marquée par les suicides depuis plusieurs générations. Confrontée par ses origines à la double menace du nazisme et d'une tragédie familiale, Charlotte Salomon choisit d'y répondre en créant, entre 1940 et 1942, un roman graphique composé de 781 planches et de plusieurs centaines de calques. L'ensemble - mêlant gouaches, textes et annotations musicales - remet en scène l'histoire de sa famille depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à 1940. À la lecture, Vie ? ou Théâtre ? se présente tout à la fois comme un document historique de premier ordre, une réflexion poussée sur la création artistique et le sens de l'existence, une comédie humaine sur le jeu des passions et un bouleversant roman d'apprentissage d'une jeune femme qui sait sa vie menacée, enfin une œuvre totale qui ne présente aucun équivalent.
L’Auteure
Charlotte Salomon est une jeune Allemande juive née en 1916 et assassinée à Auschwitz en 1942. Réfugiée en 1939 dans la région de Nice, elle assiste au suicide de sa grand-mère, qui se défenestre sous ses yeux. Elle découvre alors qu'elle est issue d'une lignée maternelle marquée par les suicides depuis plusieurs générations. Confrontée par ses origines à la double menace du nazisme et d'une tragédie familiale, Charlotte Salomon choisit d'y répondre en créant, entre 1940 et 1942, un roman graphique composé de 781 planches et de plusieurs centaines de calques :
Vie ? ou théâtre ?. L'ensemble - mêlant gouaches, textes et annotations musicales - remet en scène l'histoire de sa famille depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à 1940.
Géographie des ténèbres : Bucarest-Transnistrie-Odessa 1941-1981
Marta Caraion
Dans un récit terrible et personnel, Marta Caraion raconte la trajectoire de sa famille, de sa mère et de sa grand-mère qui se sont faufilées entre les mailles de l’histoire du XXe siècle. Une mémoire saisie sur le vif qui laisse transparaître le destin tragique des centaines de milliers de victimes de la Shoah roumaine.
Une histoire familiale, d'est en ouest de l'Europe, au xxe siècle : Odessa, Bucarest, Paris, Chisinau, Lausanne longtemps après. Au centre du drame, le récit occulté de la déportation des Juifs d'Odessa en Transnistrie, ce territoire qui, le temps de la guerre, entre le Dniestr et le Bug, a servi de laboratoire d'extermination ethnique à la Roumanie de Ion Antonescu. Isidor, le père, assassiné au bord d'une fosse, au printemps 1942.
Toute la complexité de la survie des deux femmes, la mère, Sprinta, et sa fille, Valentina, qui attendra cinquante ans avant de raconter. Un témoignage et une trajectoire que le récit déplie, pour leur restituer une épaisseur historique et intime, du pogrom d'Odessa, en 1905, à travers la succession des dictatures et des répressions, jusqu'à l'exil en Suisse, en 1981. Une mémoire familiale saisie sur le vif par une écriture sans fard et sensible qui laisse transparaître le destin tragique de plusieurs centaines de milliers de victimes de la Shoah roumaine.
Une histoire de femmes, sur trois générations.
Le crématorium froid
József Debreczeni
Ce texte essentiel, inédit en français à ce jour, prend sa place aux côtés de Si c’est un homme de Primo Levi et d’Être sans destin d’Imre Kertész, chefs-d’oeuvre de la littérature concentrationnaire.
Lorsque József Debreczeni arrive à Auschwitz, son espérance de vie est de quarante-cinq minutes. C’est le temps qu’il faut aux déportés envoyés dans la file de gauche pour se déshabiller et être emmenés dans les chambres à gaz. L’auteur, lui, est dans la file de droite.
S’ensuit un voyage d’horreur de douze mois à travers ce qu’il appelle « le pays d’Auschwitz », jusqu’au camp final de Dörnhau, où il passera sept mois, de novembre 1944 à mai 1945, dans ce « crématorium froid », soi-disant hôpital où les Nazis envoient les prisonniers à bout de forces.
Page après page, le pays d’Auschwitz prend vie : József Debreczeni détaille le système hiérarchique concentrationnaire et l’implacable mécanique d’extermination mise en place par le régime nazi.
Page après page, des visages humains se dessinent. Les prisonniers qu’il côtoie sortent de l’ombre et deviennent des personnages vivants, uniques. Il les délivre ainsi de leur numéro et leur restitue leur humanité.
Gertrud Kolmar est née à Berlin, en 1894, dans une famille de la bourgeoisie juive allemande, cultivée et parfaitement intégrée. Elle est la cousine germaine de Walter Benjamin. Elle était belle, forte, indépendante. Elle parlait couramment français et anglais. Elle vivait dans une maison entourée d’un grand jardin, plein d’arbres et d’animaux de toute sorte. Elle écrivait des poèmes.
Dans les années 1930, la grande culture allemande rencontre la bestiale inculture nazie et son antisémitisme meurtrier. Une épreuve après l’autre, elle est d’abord interdite de publication, dépossédée de ses biens, puis soumise au travail forcé dans une usine, sans jamais perdre sa force. Elle est finalement déportée et assassinée à Auschwitz, en mars 1943.
Elle est l’autrice d’une importante œuvre poétique, encore peu publiée avant sa mort. Tous ses recueils de poèmes et deux récits ont été sauvés par sa sœur, réfugiée en Suisse, et sont parus progressivement après la guerre en Allemagne. Elle est reconnue aujourd’hui comme une des grandes voix poétiques de la littérature allemande. Une grande partie de son œuvre est traduite en français mais encore trop peu connue en France.
La fille qui s'échappa d'Auschwitz
Ellie Midwood [réimprimé en collection de poche]
En franchissant les portes d’Auschwitz, Mala comprend que personne ne quitte jamais le camp vivant. Profitant de sa position d’interprète pour grapiller ce qu’elle peut, elle refuse de laisser la mort triompher et tente d’aider ses codétenues. Mais c’est en rencontrant Edward, ancien combattant et prisonnier politique, que son espoir renaît réellement. Selon lui, malgré les barbelés, les projecteurs et les mitraillettes, il y a une issue. Ils se font alors une promesse : ils s’enfuiront ensemble, ou ils mourront ensemble.
L’histoire vraie de Mala Zimetbaum et Edward Galinski est l’une des plus grandes histoires d’amour du XXᵉ siècle.
Revenir Raconter
Isabelle Cohen
Ni témoignage ni biographie, ce livre est le portrait de ma mère, Marie-Élisa Nordmann puis Cohen, déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943 dans un convoi de femmes à majorité résistantes, parmi lesquelles Charlotte Delbo. Ayant ensuite été, pendant quarante ans, présidente de l’Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie, elle a su quoi en dire et quoi en faire. Mon corps-esprit a été sa chambre d’échos.
C’est un portrait subjectif, malgré ses fondements documentaires, passé par le prisme de ma propre vie et de mes connaissances, un portrait actif, ancré dans le présent aussi bien que dans le passé – visant l’avenir. C’est un poème choral rendant leurs mots aux mortes et aux vivantes revenues et revenantes entre ses pages. Un essai de raconter de A à Z, de passer le témoin fait de douleurs mais aussi de joies. En inventer les mots, les couper en quatre, les associer, les dissocier : écrire cela qui est en moi depuis l’enfance. Je suis allée lentement. Cet alphabet devait faire science, alchimie pour la chimiste qu’était ma mère. Il devait être lumineux pour honorer mon amour pour elle.
Je suis fille d’Auschwitz. Je fais de la résistance, c’est ainsi. Transmettre est ma vie, c’est la vie, c’est l’amour. C’est mettre en transe les traces et l’indicible. I. C.
Il n'y aura bientôt plus personne
Marie Vaislic, Marion Cocquet
Marie Rafalovitch a 14 ans lorsque, le 25 juillet 1944, elle est arrêtée à Toulouse, trois semaines avant la libération de la ville. Elle ne connaît presque rien des origines de sa famille : c’est sa déportation qui lui apprend qu’elle est juive, et que ce mot la condamne.
Elle a été arrêtée sans ses parents ni son frère : elle est la seule adolescente livrée à elle-même dans un convoi de mères et d’enfants déportés vers Ravensbrück, puis Bergen-Belsen. Au camp, Marie découvre les humiliations, l’épuisement, les expériences menées sur le corps des déportées, la mise à mort pour un regard ou pour un geste. Elle apprend l’âpreté des relations qui se nouent entre les êtres lorsqu’ils sont réduits à rien. Elle tient, en dépit de tout. Jamais elle ne pense à la vie qu’elle a laissée, jamais non plus elle ne croit à sa propre mort.
A son retour, comme bien d’autres, Marie se tait. Personne ne songe à écouter les rescapés juifs. Surtout elle a survécu, quand la Shoah a emporté la quasi-totalité des familles polonaises de ses deux parents : de quoi devrait-elle se plaindre ? Des années plus tard, on invite Marie à témoigner. Elle prend la parole. Va dans les écoles à la rencontre des élèves. Elle sait désormais qu’il est impossible de dire, et impossible de se taire.
Aujourd’hui, accompagnée par Marion Cocquet, Marie livre ces pages sobres et inoubliables, dans l’espoir que la Shoah ne devienne pas, ou pas trop vite, une page d’histoire parmi d’autres – aussi lointaine, dit-elle, que la guerre de Cent ans…
Nous vivrons - Enquête sur l'avenir des Juifs
Joann Sfar (BD)
Un roman graphique puissant et intime.
Après le 7 octobre 2023, des millions de Juifs se sont réveillés avec une cible sur la tête. Même les plus éloignés de la tradition ou d’Israël ont été rattrapés par l’onde de choc. Le traumatisme des pogroms millénaires et de l’extermination des Juifs d’Europe a refait surface. Que faire ? Effacer son nom sur la boîte aux lettres ? Avoir peur pour les enfants ? Où aller si « cela » recommence ?
Dans ce livre fondateur, Joann Sfar mène l’enquête. Il discute avec ses amis, convoque son père et son grand-père, cherche des réponses dans les livres et dans l’humour. Il se rend en Israël à la rencontre des Juifs et des Arabes, avec toujours la même question, obsédante : quel avenir pour les Juifs ?
L'art de la résistance : Quatre ans dans la clandestinité en France
Justus Rosenberg
Comment résister quand on a 19 ans ? Telle est la question qui se pose à Justus Rosenberg, jeune juif de culture allemande étudiant à la Sorbonne lorsque les nazis lancent la campagne contre la Belgique et imposent bientôt l'Occupation au nord de la France, le régime antisémite de Vichy dans la zone sud. Porté par son courage et le hasard des rencontres, Justus se fraye un chemin vers la Résistance. D'abord à Marseille, où il organise l'exil d'artistes, d'écrivains et d'intellectuels menacés par le nazisme au sein du réseau Varian Fry, tels Heinrich Mann, Marc Chagall, Alma Mahler et André Breton. Puis depuis le maquis, et jusque dans les bataillons de la Libération.
L'Affiche rouge
Benoît Rayski [Nouvelle édition, revue et augmentée]
Ils étaient jeunes, à peine sortis de l’adolescence, beaux, courageux bien sûr, et juifs pour la plupart. Ils étaient vingt-trois et vingt-deux d’entre eux furent fusillés par les nazis le 21 février 1944 au mont Valérien, tandis que la seule femme du groupe, Olga Bancic, sera décapitée quelques mois plus tard à Stuttgart. L’affiche aux couleurs de sang, placardée sur les murs de France par la propagande allemande, montrait leurs visages torturés et les stigmatisait comme une repoussante «armée du crime». De leur combat héroïque, Aragon fit un poème chanté par Léo Ferré. Un mythe était né.
Ce récit superbe évoque le monde d’où ils venaient : le 11e arrondissement de Paris, quartier populaire juif et rouge, les bals du 14-Juillet, les jeunesses communistes, le yiddish qu’ils apprenaient après l’école. Et surtout la France qu’ils aimaient tant. Immigrés certes, étrangers évidemment, mais français, très français, comme plus personne n’ose l’être aujourd’hui.
En veilleur inlassable doublé d’un essayiste brillant, Benoît Rayski, dont le père dirigeait la section politique des FTP-MOI, l’organisation militaire du Parti communiste pour les étrangers, ressuscite, le temps d’un livre, ce monde englouti, bouleversant de chaleur et de générosité. Un voyage qui permet de capter un peu de la lumière qui illuminait les vingt-trois de l’Affiche rouge.
Vivre
Roman graphique de Ken Krimstein
Avant l´Holocauste, la vie…
En 2017, au sous-sol d’une église de Vilnius, en Lituanie, des cahiers d’écoliers sont miraculeusement retrouvés, dans lesquels des adolescents juifs du Yiddishland avaient consigné leurs autobiographies. Près de quatre-vingts ans auparavant, ils participaient à un grand concours d’écriture, dont le prix devait être remis le 1er septembre 1939.
Ce jour-là, l’armée allemande envahit la Pologne…
Vivre est l’adaptation graphique des témoignages de six d’entre eux. Comme Anne Frank, ces jeunes hommes et femmes ont écrit leurs ambitions, leurs appréhensions et leurs espoirs avec l’humour et l’aplomb qui caractérisent la jeunesse, sans imaginer que leur monde allait bientôt être annihilé. Leurs récits s’animent sous la plume tendre et le trait vif de Ken Krimstein, qui compose ainsi un remarquable travail de mémoire.
Vivre est une ode à la vie et à la jeunesse, un hommage au coeur battant de la culture yiddish, dont les visages et les voix se rappellent à nous avec fraîcheur et sincérité.
Qui-vive
Valérie Zenatti
Mathilde est devenue insomniaque. Puis elle a perdu le sens du toucher. Il y a eu d’autres signes : des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, le retour de la guerre en Europe. Mathilde est désorientée.
Est-ce pour cela qu’elle décide subitement de prendre un avion pour Israël ? Comme si la réponse aux questions qu’elle se pose l’attendait là-bas depuis toujours.
De Tel-Aviv à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus – et quelques fantômes – ne font qu’approfondir le mystère.
Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît. Prenant l’Histoire à bras-le-corps, Qui-vive est aussi l’itinéraire d’une femme qui cherche à réconcilier son paysage intérieur avec le monde qui l’entoure. Un roman aux multiples facettes qui confirme de manière éclatante le talent de son auteure.
Les femmes d’Auschwitz-Birkenau
Chochana Boukhobza
Écrivaine et réalisatrice de documentaires sur la Shoah, Chochana Boukhobza a enquêté durant sept ans sur la déportation des femmes à Auschwitz-Birkenau, créé en mars 1942. Longtemps, leur internement dans ce camp s’est confondu avec celui, tout aussi tragique, des hommes. S’appuyant sur les témoignages des survivantes et à partir des minutes des procès des SS de l’après-guerre, l’auteure reconstitue l’organisation spécifique de Birkenau et redonne vie, dans un récit choral, aux prisonnières venues de toute l’Europe occupée. Pour l’essentiel juives, elles sont aussi catholiques, protestantes, agnostiques ou encore tziganes ; certaines d’entre elles ont été arrêtées pour des faits de Résistance, mais la plupart ne savaient pas ce qui les attendait. Toutes celles qui ont échappé à l’extermination seront soumises à un travail forcé implacable…
Passé la sidération, des réactions se font jour contre le système carcéral, bureaucratique et criminel qui les écrase. Comme ces secrétaires, par exemple, qui tentèrent de sauver des femmes du gazage ou ces doctoresses qui refusèrent de participer aux expérimentations des médecins SS. Et si un four crématoire a explosé le 7 octobre 1944, ce fut aussi grâce à elles… Dans l’adversité, les femmes d’Auschwitz furent sans défense, mais elles se montrèrent courageuses, audacieuses, héroïques. Ce récit dédié à leur mémoire est un hymne à la solidarité et à la liberté, qui s’exprimèrent envers et contre tout.
Les Effinger - Une saga berlinoise
Quatre générations des Effinger et de leurs alliés sont ainsi évoquées, dans un roman-fleuve qui plonge le lecteur au coeur d’un monde disparu, entre 1870 et 1948. Les divisions qui ont déchiré la nation allemande et précipité toute l’Europe vers l’horreur sont incarnées dans une galerie de personnages inoubliables. Le talent de Gabriele Tergit, le rythme rapide des chapitres et la vivacité des portraits rendent cette histoire de famille épique absolument irrésistible.
La découverte d’un roman majeur de la littérature européenne.
Cinq femmes - Sur la scène intérieure, II
Marcel Cohen
« Il m’est arrivé de rencontrer des hommes admirables, cependant les seuls êtres à qui j’ai conscience de tout devoir sont des femmes. Elles se sont comportées à mon égard avec tant de naturel, de détermination et l’une d’elles de courage, que j’ai pu sous-estimer longtemps à quel point rien n’allait de soi.
Orphelin et enfant caché pendant la guerre, je n’acceptais ni l’autorité des hommes qui se substituaient à mon père, ni l’attachement des femmes qui avaient les gestes de ma mère. Que l’on tentât de m’imposer une volonté ou que l’on fît preuve à mon égard de trop d’affection revenait au même : c’était insupportable et je prenais la fuite. La bonne volonté ne suffisait donc pas et, aujourd’hui encore, l’opiniâtreté des femmes dont il est question dans ce livre ne va pas sans étonnement. Tout cela a-t-il bien eu lieu comme j’en ai pourtant le souvenir très exact ? »
La résistance des bijoux - Contre les géographies coloniales
Livre d'Ariella Aïsha Azoulay
À la mort de son père, Juif d’Oran naturalisé français puis israélien, Ariella Azoulay découvre dans un document que sa grand-mère portait le prénom Aïcha. En deux récits mêlant autobiographie et théorie politique, l’autrice serpente entre les catalogues de bijoux, les photos trouvées et les collections d’objets pillés, pour déployer par fragments l’histoire de sa famille et mettre en parallèle les colonialismes français en Algérie et sioniste en Palestine. Entre ces projets impériaux, elle saisit bien des continuités, à commencer par la volonté obstinée de détruire l’enchevêtrement séculaire des mondes juifs, arabes et berbères, un entrelacs qu’elle revendique pour mieux le restaurer.
Grâce à ma mère - Du ghetto de Wilno aux marches de la mort (1941-1945)
Schoschana Rabinovici
Susie Weksler n’a que 9 ans quand, avec une brutalité inouïe, les nazis font irruption dans son monde, à Vilnius « la Jérusalem du Nord ». Si les récits et les noms de Jorge Semprun, Simone Veil, Charlotte Delbo ou Primo Lévi résonnent familièrement à nos oreilles, beaucoup plus rares sont les récits émanant de témoins qui ont survécu enfants à l’enfer de la Shoah.
Et c’est grâce à sa mère, qui a très vite l’intuition qu’il faut la faire passer pour une adulte, en la déguisant, avec la complicité d’autres femmes, grâce à son courage, son incroyable détermination à sauver sa fille, que Suzie va survivre au ghetto, aux camps de Stutthof et Kaiserwald, aux terribles marches de la mort et, finalement, nous livrer l’un des plus incroyables témoignages d’un survivant de la "solution finale".
Le Retournement
Livre de Manuel Carcassonne
Le Retournement tient à la fois de l’archéologie familiale, de la généalogie historique, du questionnement identitaire et de la fouille existentielle : un texte autobiographique qui semble emprunter au genre littéraire de l’autofiction et aux sujets d’actualité (l’identité, le genre, la religion…) pour mieux les subvertir.
Comment le juif honteux de l’enfance est-il rendu à son judaïsme par la rencontre amoureuse avec son double inversé ?
Manuel est un descendant de Juifs alsaciens par la mère et de la communauté judéo-provençale des Juifs du Pape par le père ; Nour est une arabe d’Achrafieh, née à Boulogne, d’origine grecque-catholique. D’un côté, des minorités persécutées; de l’autre, une minorité schismatique et persécutée : la rencontre improbable et fusionnelle de Carpentras et de Beyrouth ! ls ont en partage l’aristocratie des opprimés qui ont retourné la persécution en distinction, mais doivent composer avec des univers culturels si différents que tout leur est sujet de querelle, source d’une histoire d’amour souvent drolatique. Et voilà que celui qui voulait être Swann, à naviguer habilement dans les eaux hostiles du beau-monde (sa belle-famille d’Ormesson par la grâce d’un premier mariage) et du Paris des lettres, se retrouve appelé au Liban « Abou Hadri » : le père d’Hadrien.
L’auteur ressuscite ici les mondes engloutis : les fantômes de sa famille sur laquelle plane l’ombre de morts plus présents que les vivants, le génie de la Jérusalem du Comtat-Venaissin, sa lignée d’ancêtres improbables où Nostradamus côtoie Maimonide et Bernard Lazare donne la main à Adolphe Crémieux.
Placé sous le signe d’une inquiétude mêlée d’ironie, ce récit est la plus merveilleuse réfutation qui se puisse imaginer à l’assignation identitaire qui caractérise nos temps modernes.
Stupeur
Livre de Zeruya Shalev
Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l’a élevée avec sévérité. Il l’appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s’adresse à elle par une vibrante déclaration d’amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n’a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l’État d’Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd’hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin.
En sondant magistralement l’âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l’histoire collective d’une société fracturée bouscule les liens privés. De sa plume délicate et précise, elle interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies.
Se souvenir ensemble
Livre de Evelyn et Claude Askolovitch
C’est l’histoire d’Evelyn, qui a 85 ans et fut déportée de Hollande à l’âge de quatre ans, jusqu’à Bergen-Belsen en Allemagne. Aujourd’hui, elle raconte aux enfants des écoles des souvenirs qui lui échappent souvent - elle était si petite là-bas, et elle s’est protégée des années dans l’oubli et le déni.
Et c’est l’histoire de Claude son fils, journaliste parisien de soixante ans et qui n’aime pas vraiment que sa mère - qu’il a connue un peu drôle et normale, et qui n’embêtait pas son monde avec sa tragédie – devienne sur ses vieux jours un des derniers témoins. Il redoute qu’elle se blesse à chercher son enfance, ce qu’elle a perdu à l’aube de sa vie. Il redoute qu’à s’obséder des morts, elle oublie les vivants. Il redoute qu’elle meure à force de raconter, ou s’il lui fait enfin la grâce de l’écouter : car le plus souvent, il ne l’écoute pas ; pas plus qu’elle ne lui parle, en vérité.
C’est l’histoire d’Evelyn et Claude qui enfin se parlent et se cherchent et s’agacent aussi, se blessent et se consolent, et qui écrivent ce livre ensemble. Se souvenir ensemble passe par le judaïsme allemand dévasté, la Hollande juive annihilée, la France d’un bonheur possible. « Que faire d’une petite fille souriante en cardigan de laine qu’on a photographiée quelques semaines avant qu’elle ne soit déportée ? Que faire d’une fillette qui n’est pas morte et qui est votre mère ? Que faire d’un fils qui veut savoir ce qu’on ne peut pas dire et qui rejette ce qu’on veut bien livrer ? Que t’est-il, que nous est-il arrivé, de quoi te souviens-tu en fait, sommes-nous une famille ? »
Un échange unique et beau, traversé par l’amour, le doute, le judaïsme, l’impossible mémoire, Israël, les fêtes et les vivants, les morts aussi. Se souvenir est un impératif douloureux et magnifique, ici donné par les mots, parfois doux, parfois rieurs, souvent angoissés.
Sonderkommando Birkenau 1944 - Thessalonique 19471947
Livre de Marcel Nadjari
“Si l’un de nous parvenait à sortir vivant de là, il pourrait témoigner…”
Marcel Nadjary (1917-1971), juif grec originaire de Thessalonique, déporté à Auschwitz au printemps 1944, est affecté au Sonderkommando. Il écrit une lettre à des amis chers pour leur faire ses adieux et décrire la besogne effroyable qu’il effectue sous la contrainte. Puis il enfouit son manuscrit clandestin dans le sol de Birkenau. Ce document sera retrouvé trente-six ans plus tard, le 24 octobre 1980.
Ce témoignage, écrit à “l’épicentre de la catastrophe”, est pour la première fois traduit et publié en français, ainsi qu’un second manuscrit, que Marcel Nadjary rédigea en 1947 pour garder une trace de son expérience au coeur de l’enfer de Birkenau.
Des textes de Serge Klarsfeld, Nelly Nadjary, Alberto Nadjary, Fragiski Ampatzopoulou, Georges Didi-Huberman, Tal Bruttmann, Loïc Marcou et Andreas Kilian accompagnent et éclairent ces deux documents exceptionnels.
Rencontre autour
du livre
Dimanche 22 octobre 2023, à partir de 10h
Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy L'Asnier
75004 Paris