Des Mondes juifs


Cette page est limitée aux livres en Français ou traduits en Français.

Manquent tout particulièrement les oeuvres non traduites de la littérature yiddish, langue en grande partie disparue avec l'assassinat de celles et ceux qui la parlaient.




Nous vivrons - Enquête sur l'avenir des Juifs


Joann Sfar (BD)


Un roman graphique puissant et intime.

Après le 7 octobre 2023, des millions de Juifs se sont réveillés avec une cible sur la tête. Même les plus éloignés de la tradition ou d’Israël ont été rattrapés par l’onde de choc. Le traumatisme des pogroms millénaires et de l’extermination des Juifs d’Europe a refait surface. Que faire ? Effacer son nom sur la boîte aux lettres ? Avoir peur pour les enfants ? Où aller si « cela » recommence ?

Dans ce livre fondateur, Joann Sfar mène l’enquête. Il discute avec ses amis, convoque son père et son grand-père, cherche des réponses dans les livres et dans l’humour. Il se rend en Israël à la rencontre des Juifs et des Arabes, avec toujours la même question, obsédante : quel avenir pour les Juifs ?





Et une BD parue en 2011


Et une note du site

M@ppemonde



 

L'art de la résistance : Quatre ans dans la clandestinité en France


Justus Rosenberg


Comment résister quand on a 19 ans ? Telle est la question qui se pose à Justus Rosenberg, jeune juif de culture allemande étudiant à la Sorbonne lorsque les nazis lancent la campagne contre la Belgique et imposent bientôt l'Occupation au nord de la France, le régime antisémite de Vichy dans la zone sud. Porté par son courage et le hasard des rencontres, Justus se fraye un chemin vers la Résistance. D'abord à Marseille, où il organise l'exil d'artistes, d'écrivains et d'intellectuels menacés par le nazisme au sein du réseau Varian Fry, tels Heinrich Mann, Marc Chagall, Alma Mahler et André Breton. Puis depuis le maquis, et jusque dans les bataillons de la Libération.




 

L'Affiche rouge


Benoît Rayski [Nouvelle édition, revue et augmentée]

 

Ils étaient jeunes, à peine sortis de l’adolescence, beaux, courageux bien sûr, et juifs pour la plupart. Ils étaient vingt-trois et vingt-deux d’entre eux furent fusillés par les nazis le 21 février 1944 au mont Valérien, tandis que la seule femme du groupe, Olga Bancic, sera décapitée quelques mois plus tard à Stuttgart. L’affiche aux couleurs de sang, placardée sur les murs de France par la propagande allemande, montrait leurs visages torturés et les stigmatisait comme une repoussante «armée du crime». De leur combat héroïque, Aragon fit un poème chanté par Léo Ferré. Un mythe était né.
Ce récit superbe évoque le monde d’où ils venaient : le 11e arrondissement de Paris, quartier populaire juif et rouge, les bals du 14-Juillet, les jeunesses communistes, le yiddish qu’ils apprenaient après l’école. Et surtout la France qu’ils aimaient tant. Immigrés certes, étrangers évidemment, mais français, très français, comme plus personne n’ose l’être aujourd’hui.
En veilleur inlassable doublé d’un essayiste brillant, Benoît Rayski, dont le père dirigeait la section politique des FTP-MOI, l’organisation militaire du Parti communiste pour les étrangers, ressuscite, le temps d’un livre, ce monde englouti, bouleversant de chaleur et de générosité. Un voyage qui permet de capter un peu de la lumière qui illuminait les vingt-trois de l’Affiche rouge.




 

Vivre


Roman graphique de Ken Krimstein


Avant l´Holocauste, la vie…
En 2017, au sous-sol d’une église de Vilnius, en Lituanie, des cahiers d’écoliers sont miraculeusement retrouvés, dans lesquels des adolescents juifs du Yiddishland avaient consigné leurs autobiographies. Près de quatre-vingts ans auparavant, ils participaient à un grand concours d’écriture, dont le prix devait être remis le 1er septembre 1939.
Ce jour-là, l’armée allemande envahit la Pologne…

Vivre est l’adaptation graphique des témoignages de six d’entre eux. Comme Anne Frank, ces jeunes hommes et femmes ont écrit leurs ambitions, leurs appréhensions et leurs espoirs avec l’humour et l’aplomb qui caractérisent la jeunesse, sans imaginer que leur monde allait bientôt être annihilé. Leurs récits s’animent sous la plume tendre et le trait vif de Ken Krimstein, qui compose ainsi un remarquable travail de mémoire.

Vivre est une ode à la vie et à la jeunesse, un hommage au coeur battant de la culture yiddish, dont les visages et les voix se rappellent à nous avec fraîcheur et sincérité.




Présentation

sur le site de la

Fondation pour la Mémoire de la Shoah


 

Qui-vive


Valérie Zenatti


Mathilde est devenue insomniaque. Puis elle a perdu le sens du toucher. Il y a eu d’autres signes : des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, le retour de la guerre en Europe. Mathilde est désorientée.

Est-ce pour cela qu’elle décide subitement de prendre un avion pour Israël ? Comme si la réponse aux questions qu’elle se pose l’attendait là-bas depuis toujours.

De Tel-Aviv à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus – et quelques fantômes – ne font qu’approfondir le mystère.

Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît. Prenant l’Histoire à bras-le-corps, Qui-vive est aussi l’itinéraire d’une femme qui cherche à réconcilier son paysage intérieur avec le monde qui l’entoure. Un roman aux multiples facettes qui confirme de manière éclatante le talent de son auteure.




Un entretien avexc

Valérie Zenatti

sur France Culture

- janvier 2024 -



Une critique sjur le blog de

Pierre Ahnne


 

Les Effinger - Une saga berlinoise


Gabriele Tergit


Les dernières années du xixe siècle offrent de nombreuses opportunités aux ambitieux, dans une Allemagne unifiée et triomphante. Paul Effinger, fils d’horloger, fait partie de ceux qui saisissent leur chance. Il quitte la province allemande pour chercher fortune à Berlin, se lance dans l’industrie. Une alliance est nouée avec une autre famille, les Oppner, et le succès est au rendez-vous. On mène grand train, on traverse même la Grande Guerre sans trop de mal et fort d’un patriotisme assuré. Puis viennent les années folles, dans une capitale allemande plus cosmopolite que jamais. Mais derrière les apparences, l’antisémitisme progresse et menace…

Quatre générations des Effinger et de leurs alliés sont ainsi évoquées, dans un roman-fleuve qui plonge le lecteur au coeur d’un monde disparu, entre 1870 et 1948. Les divisions qui ont déchiré la nation allemande et précipité toute l’Europe vers l’horreur sont incarnées dans une galerie de personnages inoubliables. Le talent de Gabriele Tergit, le rythme rapide des chapitres et la vivacité des portraits rendent cette histoire de famille épique absolument irrésistible.

La découverte d’un roman majeur de la littérature européenne.





Une note de lecture parue

dans

En Attendant Nadeau


 

Cinq femmes - Sur la scène intérieure, II


Marcel Cohen


« Il m’est arrivé de rencontrer des hommes admirables, cependant les seuls êtres à qui j’ai conscience de tout devoir sont des femmes. Elles se sont comportées à mon égard avec tant de naturel, de détermination et l’une d’elles de courage, que j’ai pu sous-estimer longtemps à quel point rien n’allait de soi.
Orphelin et enfant caché pendant la guerre, je n’acceptais ni l’autorité des hommes qui se substituaient à mon père, ni l’attachement des femmes qui avaient les gestes de ma mère. Que l’on tentât de m’imposer une volonté ou que l’on fît preuve à mon égard de trop d’affection revenait au même : c’était insupportable et je prenais la fuite. La bonne volonté ne suffisait donc pas et, aujourd’hui encore, l’opiniâtreté des femmes dont il est question dans ce livre ne va pas sans étonnement. Tout cela a-t-il bien eu lieu comme j’en ai pourtant le souvenir très exact ? »



 

La résistance des bijoux - Contre les géographies coloniales

Livre d'Ariella Aïsha Azoulay​

À la mort de son père, Juif d’Oran naturalisé français puis israélien, Ariella Azoulay découvre dans un document que sa grand-mère portait le prénom Aïcha. En deux récits mêlant autobiographie et théorie politique, l’autrice serpente entre les catalogues de bijoux, les photos trouvées et les collections d’objets pillés, pour déployer par fragments l’histoire de sa famille et mettre en parallèle les colonialismes français en Algérie et sioniste en Palestine. Entre ces projets impériaux, elle saisit bien des continuités, à commencer par la volonté obstinée de détruire l’enchevêtrement séculaire des mondes juifs, arabes et berbères, un entrelacs qu’elle revendique pour mieux le restaurer.





Un article de

EN ATTENDANT NADEAU


 

Grâce à ma mère - Du ghetto de Wilno aux marches de la mort (1941-1945)


Schoschana Rabinovici


Susie Weksler n’a que 9 ans quand, avec une brutalité inouïe, les nazis font irruption dans son monde, à Vilnius « la Jérusalem du Nord ». Si les récits et les noms de Jorge Semprun, Simone Veil, Charlotte Delbo ou Primo Lévi résonnent familièrement à nos oreilles, beaucoup plus rares sont les récits émanant de témoins qui ont survécu enfants à l’enfer de la Shoah. 

Et c’est grâce à sa mère, qui a très vite l’intuition qu’il faut la faire passer pour une adulte, en la déguisant, avec la complicité d’autres femmes, grâce à son courage, son incroyable détermination à sauver sa fille, que Suzie va survivre au ghetto, aux camps de Stutthof et Kaiserwald, aux terribles marches de la mort et, finalement, nous livrer l’un des plus incroyables témoignages d’un survivant de la "solution finale".





Un article de

NONFICTION.FR

du 13/11/2023


 

Le Retournement


Livre de Manuel Carcassonne


Le Retournement tient à la fois de l’archéologie familiale, de la généalogie historique, du questionnement identitaire et de la fouille existentielle : un texte autobiographique qui semble emprunter au genre littéraire de l’autofiction et aux sujets d’actualité (l’identité, le genre, la religion…) pour mieux les subvertir.
Comment le juif honteux de l’enfance est-il rendu à son judaïsme par la rencontre amoureuse avec son double inversé ?
Manuel est un descendant de Juifs alsaciens par la mère et de la communauté judéo-provençale des Juifs du Pape par le père ; Nour est une arabe d’Achrafieh, née à Boulogne, d’origine grecque-catholique. D’un côté, des minorités persécutées; de l’autre, une minorité schismatique et persécutée : la rencontre improbable et fusionnelle de Carpentras et de Beyrouth ! ls ont en partage l’aristocratie des opprimés qui ont retourné la persécution en distinction, mais doivent composer avec des univers culturels si différents que tout leur est sujet de querelle, source d’une histoire d’amour souvent drolatique. Et voilà que celui qui voulait être Swann, à naviguer habilement dans les eaux hostiles du beau-monde (sa belle-famille d’Ormesson par la grâce d’un premier mariage) et du Paris des lettres, se retrouve appelé au Liban « Abou Hadri » : le père d’Hadrien.
L’auteur ressuscite ici les mondes engloutis : les fantômes de sa famille sur laquelle plane l’ombre de morts plus présents que les vivants, le génie de la Jérusalem du Comtat-Venaissin, sa lignée d’ancêtres improbables où Nostradamus côtoie Maimonide et Bernard Lazare donne la main à Adolphe Crémieux.
Placé sous le signe d’une inquiétude mêlée d’ironie, ce récit est la plus merveilleuse réfutation qui se puisse imaginer à l’assignation identitaire qui caractérise nos temps modernes.
 


 

Stupeur


Livre de Zeruya Shalev


Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l’a élevée avec sévérité. Il l’appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s’adresse à elle par une vibrante déclaration d’amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n’a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l’État d’Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd’hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin.
En sondant magistralement l’âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l’histoire collective d’une société fracturée bouscule les liens privés. De sa plume délicate et précise, elle interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies.




Un article

Résignations israéliennes

 in En attendant Nadeau


Se souvenir ensemble


Livre de Evelyn et Claude Askolovitch


C’est l’histoire d’Evelyn, qui a 85 ans et fut déportée de Hollande à l’âge de quatre ans, jusqu’à Bergen-Belsen en Allemagne. Aujourd’hui, elle raconte aux enfants des écoles des souvenirs qui lui échappent souvent - elle était si petite là-bas, et elle s’est protégée des années dans l’oubli et le déni. 
Et c’est l’histoire de Claude son fils, journaliste parisien de soixante ans et qui n’aime pas vraiment que sa mère - qu’il a connue un peu drôle et normale, et qui n’embêtait pas son monde avec sa tragédie – devienne sur ses vieux jours un des derniers témoins. Il redoute qu’elle se blesse à chercher son enfance, ce qu’elle a perdu à l’aube de sa vie. Il redoute qu’à s’obséder des morts, elle oublie les vivants. Il redoute qu’elle meure à force de raconter, ou s’il lui fait enfin la grâce de l’écouter : car le plus souvent, il ne l’écoute pas ; pas plus qu’elle ne lui parle, en vérité.
C’est l’histoire d’Evelyn et Claude qui enfin se parlent et se cherchent et s’agacent aussi, se blessent et se consolent, et qui écrivent ce livre ensemble. Se souvenir ensemble passe par le judaïsme allemand dévasté, la Hollande juive annihilée, la France d’un bonheur possible. « Que faire d’une petite fille souriante en cardigan de laine qu’on a photographiée quelques semaines avant qu’elle ne soit déportée ? Que faire d’une fillette qui n’est pas morte et qui est votre mère ? Que faire d’un fils qui veut savoir ce qu’on ne peut pas dire et qui rejette ce qu’on veut bien livrer ? Que t’est-il, que nous est-il arrivé, de quoi te souviens-tu en fait, sommes-nous une famille ? »
Un échange unique et beau, traversé par l’amour, le doute, le judaïsme, l’impossible mémoire, Israël, les fêtes et les vivants, les morts aussi. Se souvenir est un impératif douloureux et magnifique, ici donné par les mots, parfois doux, parfois rieurs, souvent angoissés.




Famille Askolovitch

Le livre raconte comment une famille se rassemble pour parler de ses traumatismes


 

Sonderkommando Birkenau 1944 - Thessalonique 19471947


Livre de Marcel Nadjari


“Si l’un de nous parvenait à sortir vivant de là, il pourrait témoigner…”

Marcel Nadjary (1917-1971), juif grec originaire de Thessalonique, déporté à Auschwitz au printemps 1944, est affecté au Sonderkommando. Il écrit une lettre à des amis chers pour leur faire ses adieux et décrire la besogne effroyable qu’il effectue sous la contrainte. Puis il enfouit son manuscrit clandestin dans le sol de Birkenau. Ce document sera retrouvé trente-six ans plus tard, le 24 octobre 1980.

Ce témoignage, écrit à “l’épicentre de la catastrophe”, est pour la première fois traduit et publié en français, ainsi qu’un second manuscrit, que Marcel Nadjary rédigea en 1947 pour garder une trace de son expérience au coeur de l’enfer de Birkenau.

Des textes de Serge Klarsfeld, Nelly Nadjary, Alberto Nadjary, Fragiski Ampatzopoulou, Georges Didi-Huberman, Tal Bruttmann, Loïc Marcou et Andreas Kilian accompagnent et éclairent ces deux documents exceptionnels.



Rencontre autour

du livre

Dimanche 22 octobre 2023, à partir de 10h

Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy L'Asnier
75004 Paris


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