Tous les livres de septembre 2023






Les livres présentés en

(mois par mois)

Pour vos achats

de livres

en librairie ou en ligne, ayez le réflexe

 

La mémoire délavée


Livre de Nathacha Appanah


Ce poignant récit s’ouvre sur un vol d’étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d’aïeux, partis d’un village d’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice.
C’est alors le début d’une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître  autant l’histoire collective des engagés indiens que l’histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d’un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d’une terrible déshumanisation dont l’autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien.
La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l’écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l’un de ses plus beaux livres, essentiel.




Une recension d'

Hélène Gestern




Sarah, Susanne et l’écrivain


Livre d'Éric Reinhardt


Sarah a confié l’histoire de sa vie à un écrivain qu’elle admire, afin qu’il en fasse un roman. Dans ce roman, Sarah s’appelle Susanne.
Au départ de ce récit, Susanne ne se sent plus aimée comme autrefois. Chaque soir, son mari se retire dans son bureau, la laissant seule avec leurs enfants. Dans le même temps, elle s’aperçoit qu’il possède soixante-quinze pour cent de leur domicile conjugal. Troublée, elle demande à son époux de rééquilibrer la répartition et de se montrer plus présent, en vain. Pour l’obliger à réagir, Susanne lui annonce qu’elle va vivre ailleurs quelque temps. Cette décision provoquera un enchaînement d’événements aussi bouleversants qu'imprévisibles…
Réflexion sur le lien troublant et mystérieux qui peut apparaître entre lecteurs et écrivains, ce roman puissant, porté par la beauté de son écriture, fait le portrait d’une femme qui cherche à être à sa juste place, quelque périlleux que puisse être le chemin qui y mène.




Un entretien avec l'auteur

sur le site

LIVRESHEBDO




Journaux d'adolescence 1915-1981


Textes réunis et présentés par Claudine Krishnan


Les huit journaux inédits proposés dans ce livre ont été écrits par des adolescents et adolescentes entre 1915 et 1981. Ces jeunes, confrontés à une société bien différente de celle d’aujourd’hui – certains vivent par temps de guerre – y livrent leurs émotions et leurs réflexions sur l’amour, l’amitié, les premières fois, la sexualité, la norme, la famille… Ce qui frappe, c’est la gravité des confidences. Rimbaud se serait-il trompé ? On est souvent très sérieux quand on a dix-sept ans, et on se préoccupe de sujets importants : amour, religion, engagement… Un regard sans complaisance est porté sur le monde adulte et sur une société qui apparaît comme peu désirable. Se tissent ainsi de troublants échos avec ce qu’écrivent de nos jours les adolescents, sous une autre forme et sur d’autres supports (Internet, réseaux sociaux…).



 

Agriculteurs - Témoignages 1900-2023


Textes réunis et présentés par Hélène Parisot


Les paysans représentent aujourd’hui en France 2,5 % de la population active alors qu’ils étaient 42 % en 1901. Les huit témoignages inédits d’agriculteurs et d’agricultrices publiés dans ce livre, provenant des archives de l’Association pour l’autobiographie et le Patrimoine Autobiographique, traversent le xxe siècle et racontent cette gigantesque évolution. Ces témoins ont connu l’agriculture traditionnelle puis participé à la mutation agricole des Trente Glorieuses qui a nourri la France et l’a placée au rang des grandes puissances exportatrices. Avec humilité, ils évoquent leur métier, qui est une véritable vocation, et le travail acharné au contact de la nature qu’ils contribuent à modeler et à exploiter. Tous sont poussés par l’urgence de raconter des existences qui, à peine vécues, semblent déjà appartenir au passé, emportées par l’exode des campagnes et le bouleversement des modes de vie ruraux. Pour mettre en perspective ces témoignages d’hier, la directrice d’ouvrage, Hélène Parisot, donne la parole à un exploitant vosgien en activité, confronté aux défis colossaux de l’agriculture d’aujourd’hui.



 

Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie


Livre d'Élise Goldberg


Un grand-père meurt. Une petite-fille récupère son frigo et l’installe dans sa cuisine. La porte à peine ouverte, nous franchissons la frontière de la Pologne juive, et c’est un monde qui se découvre, un monde de foie de volaille, d’« ognonnes », de gefilte fish, la carpe farcie en yiddish.

La cuisine ashkénaze n’est peut-être pas la plus sexy, et le yiddish n’a pas toujours été une langue bien normée. Mais ce sont autant de saveurs et de couleurs, de mots et de sonorités, toute une culture et une histoire qu’Élise Goldberg nous restitue ici, dans ce premier livre aussi drôle qu’émouvant.

L’histoire familiale, dit la narratrice, est « un récit sans chair, dont ne subsisterait que la colonne, quelques arêtes » – une carpe, en quelque sorte, qu’il faut réussir à farcir si on veut l’aimer.




Entretien avec l'auteure

sur le site

DIACRITIK



Une recension sur le site

En attendant Nadeau


 

Appelés et guerre d'Algérie à l'écran


Livre d'Ali Aid


1er novembre 1954. La guerre commence en Algérie. Des milliers de jeunes de 20 ans y sont envoyés pour le « maintien de l ordre ». Leurs résistances butent contre les murs de la propagande, du mensonge. L image, alliée, asservit le visible aux sons ordonnés. Dans ce contexte où tout mine la relation des faits, des consciences s élèvent. Les mobilisés témoignent. Malgré la censure, l interdit, la crainte, quelques cinéastes agissant en lanceurs d alerte, tentent de transmettre des vues différentes des réalités. 1962. La guerre est officiellement finie, mais toujours pas reconnue. Dix ans après, la fiction emplit l écran de quelques aspects du visage des mobilisés. Avec le temps, beaucoup d entre eux brisent le silence. Au gré des nécessités, des circonstances, ils livrent à la presse, et aux différents formats du septième art : documentaires, reportages, émissions, qui leur ouvrent leur lucarne, quelques bouts inédits de leur histoire, de l Histoire, de la guerre d Algérie.





Georgette


Livre de Dea Liane


« Georgette était notre bonne, mais le mot était imprononçable. »

Georgette veille sur les rituels qui scandent la vie de la narratrice et de son frère : le bain, les repas, le lever et le coucher, les fêtes, les voyages. Elle est aussi la seule à savoir comment se débarrasser des serpents et des scorpions.

Georgette est une seconde mère. Elle est indispensable. Mais socialement, elle demeure une fille, c’est-à-dire une domestique. Telle est la contradiction présente au cœur de ce récit subtil et déchirant.

En vingt-six séquences, Dea Liane décrit la vie quotidienne d’une famille sur le modèle du film amateur tel qu’il existait encore dans les années 90. En substituant des mots à des images, elle propose une nouvelle manière de raconter – sensible, précise. Sans oublier pour autant ce qu’elle doit à son autre langue maternelle : l’arabe.




Une recension sur le site

DIACTITIK



Un recension sur le site NONFICTION



Une recension de

Pierre Ahnne


 

Le plus court chemin


Livre d'Antoine Wauters


Que se passe-t-il lorsqu’un auteur, qui a beaucoup écrit sur l’enfance, remonte le fil d’argent de sa propre enfance ?

Le Plus Court Chemin est un hommage aux proches et la tentative de revisiter avec les mots ce vaste monde d’avant les mots : les êtres, les lieux, les sentiments et les sensations propres à cette époque sur le point de disparaître, les années d’avant la cassure, d’avant l’accélération générale qui suivra la chute du mur de Berlin.

Raconter l’existence dans les paysages infinis de la campagne wallonne, dire l’amour et le manque. Car écrire, c’est poursuivre un dialogue avec tout ce qui a cessé d’être visible. Par-delà la nostalgie.




Une recension sur les site

DIACRITIK


 

Portraits de travailleuses handicapées


Livre sous la direction de Mathéa Boudinet et Anne Revillard


Marginalisées sur le marché du travail, les femmes handicapées font face à de multiples difficultés : limitations liées à l’état de santé, discriminations, inadaptation des environnements de travail, mais aussi contraintes liées à la division sexuée du travail. Préparé dans le cadre d’une recherche sociologique participative, cet ouvrage vise à rendre compte de ces réalités et de ces difficultés, mais aussi de la résilience, de la ténacité et de la créativité des femmes en prise avec ces obstacles. Les 24 portraits ici réunis mettent en lumière leurs initiatives, bricolages, négociations, en bref leur agentivité pour se faire une place sur le marché du travail et dans la société.



Le livre est disponible gratuitement





Les conditions idéales


Livre de Mokhtar Amoudi [prix « Envoyé par La Poste »]


« En quelques trimestres j’avais tourné casaque. Les Français m’évitaient, avertis par leurs parents des risques de mauvaise influence qu’ils couraient à me fréquenter. Pire, mes bulletins scolaires, ombre bien obscure, me qualifiaient de décadent et d’insolent. Devenu inapte à représenter ma classe, je laissai les professeurs m’achever lors du dernier conseil de l’année. On comparait mon apogée scolaire à la Renaissance ; un bon souvenir qui ne reviendrait jamais. »

Placé à l’Aide sociale à l’enfance dès son plus jeune âge, Skander est un garçon curieux de tout, passionné par la lecture. Mais son destin bascule lorsqu’il atterrit à Courseine, en banlieue parisienne, chez la redoutable Madame Khadija. Au collège, il est entraîné malgré lui par les jeunes du Grand Quartier, qui abolissent sa boussole morale. La rue devient son royaume, et l’éloigne chaque jour davantage de ses rêves d’enfant…
Avec Les conditions idéales, Mokhtar Amoudi signe un roman d’apprentissage au charme irrésistible.



 

Des paroles (presque) ordinaires - Récits de jeunes aidants


Livre de Blandine Bricka


Léa, Perrine, Adrien, Marlène, Eva et Amélia racontent chacune et chacun, dans des récits personnels et sensibles, leur vie de jeunes aidants aux côtés d’une mère, un frère ou une sœur malade, autiste, handicapé·e… Blandine Bricka a recueilli les paroles de ces jeunes aidants, confrontés à la difficulté de grandir avec cette responsabilité qu’ils n’ont pas choisie. Ils décrivent ce quotidien où l’aide grignote le temps qu’ils devraient consacrer à leurs études, à leurs amis ou à leurs loisirs, cette préoccupation constante qui leur interdit toute insouciance, ce décalage avec les autres jeunes de leur âge.

Vivre avec un proche malade ou handicapé·e, c’est s’en occuper chaque jour, quand on est encore enfant, adolescente, jeune adulte : c’est le quotidien d’un grand nombre de jeunes qui, la plupart du temps, n’ont pas même conscience d’être des aidants. La plupart ont découvert ce mot à l’occasion d’une rencontre avec d’autres jeunes aidants, au sein d’une association, ou bien en livrant leur témoignage.

Or ce ne sont pas des aidants comme les autres. Ce sont des personnes au seuil de la vie, qui ont une existence à inventer, à construire : ce dont ils témoignent dans ces récits, c’est combien il est difficile de se projeter dans l’avenir quand le quotidien est si prégnant, parfois si pesant, et quand un fil invisible vous attache à un parent : qui s’occupera de mon frère handicapé quand mes parents seront morts ? Et même, bien avant : puis-je m’éloigner du foyer alors que ma sœur a besoin d’une assistance permanente, et que ma présence permet à mes parents d’avoir quelques heures de répit ?

Ces récits montrent la difficulté d’être jeune aidant, mais également la richesse et les moments de joie que procure l’expérience d’une telle relation. Un apprentissage anticipé de la vie qui peut peser, mais qui peut aussi porter, voire devenir un projet de vie. Un livre qui nous offre des parcours de vie extraordinaires pour des jeunes presque ordinaires…



 

Lettres à un jeune romancier sénégalais


Livre d'Alain Mabanckou


« Nous sommes dans l’ère de la mutation, cher Alioune, et ce sont les rencontres, comme la nôtre, qui définissent de plus en plus nos rapports. Les nationalités ne veulent plus rien dire. Tu es Sénégalais, je suis Congolais. Et alors ? Notre fraternité est liée à la complicité que nous éprouvons en nous lisant les uns les autres. »

Après Rainer Maria Rilke et ses Lettres à un jeune poète, Mario Vargas Llosa et ses Lettres à un jeune romancier, Alain Mabanckou répond aux questions posées par Alioune, jeune Sénégalais de 18 ans apprenti romancier. L’enfance grande ouverte sur les mots, l’épiphanie de la vocation, les joies de la création, mais aussi les tourments de la solitude et de l’angoisse…
Alain Mabanckou se raconte avec la sagesse et l’humanité qui caractérisent toute son œuvre.


La fiche du livre



Etre à sa place


Livre de Claire Marin (réédition en format poche)


Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage. On a le sentiment de ne pas « être à sa place ». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ?

C. M.

Cet ouvrage interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Et si, comme nous le suggère Claire Marin, le propre d'une place était de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer ?




 

La libraire du Caire


Lvre de Nadia Wassef


Dans les rues du Caire résonne une étrange musique : l’écho des appels à la prière, les insultes furieuses lancées entre les conducteurs, les cris des vendeurs ambulants. Nadia Wassef connaît cette chanson par cœur. C’est là qu’elle a grandi, et c’est là, dans le quartier de Zamalek, cette île fluviale entourée d’un désert que, le 8 mars 2002, avec sa sœur Hind et son amie Nihal elle a inauguré Diwan, la première librairie moderne et indépendante d’Égypte.
 

Alors que la culture traversait une mauvaise passe, les trois femmes décidèrent de tenter l’impossible et se jurèrent de redonner aux Cairotes le goût de la lecture. Sans formation ni expérience professionnelle dans ce domaine, elles durent affronter la censure, le patriarcat, les clients excentriques, les employés rebelles et donner tort à tous les tristes sires qui leur serinaient qu’elles ne réussiraient pas et feraient mieux de rester dans leur cuisine.
 

Vingt ans après, avec plus d’une dizaine de succursales à travers le pays, 150 employés et des clients assidus, Diwan est une véritable institution en Égypte. Comment en sont-elles arrivées là ?

 

Nadia Wassef nous raconte ici l’incroyable histoire de cette aventure entrepreneuriale, humaine, et littéraire. Au fil de ses mémoires, on croise des habitués hauts en couleur, comme l’exigeant docteur Medhat, Samir le chauffeur qui a un avis sur tout, et on tombe à notre tour sous le charme des trois femmes de Diwan : Nihal la sérieuse contemplative, Hind la taiseuse pleine de sagesse et Nadia, la perfectionniste aux accents parfois dictatoriaux.
 

La Libraire du Caire est le portrait détonnant d’une Égypte moderne, loin des guides touristiques, un cri de ralliement féministe, ainsi qu’une magnifique déclaration d'amour aux librairies du monde entier.



 

Femme Vie Liberté


Roman graphique de Marjane Satrapi et collectif


Joann Sfar - Coco - Mana Neyestani - Catel - Pascal Rabaté - Patricia Bolanos - Paco Roca - Bahareh Akrami - Hippolyte - Shabnam Adiban - Lewis Trondheim - Deloupy - Touka Neyestani - Bee - Winshluss - Nicolas Wild - Hamoun


Femme, vie, liberté : avoir vingt ans en Iran et mourir pour le droit des femmes.
Le 16 septembre 2022, en Iran, Mahsa Amini succombe aux coups de la police des moeurs parce qu'elle n'avait pas bien porté son voile. Son décès soulève une vague de protestations dans l'ensemble du pays, qui se transforme en un mouvement féministe sans précédent.

Marjane Satrapi a réuni trois spécialistes : Farid Vahid, politologue, Jean-Pierre Perrin, grand reporter, Abbas Milani, historien, et dix-sept
des plus grands talents de la bande dessinée pour raconter cet évenement majeur pour l'Iran, et pour nous toutes et nous tous.




L'enfant dans le taxi


Livre de Sylvain Prudhomme


« Je sais seulement que cela fut. Que ces deux bouches un jour de printemps s'embrassèrent. Que ces deux corps se prirent. Je sais que Malusci et cette femme s'aimèrent, mot dont je ne peux dire exactement quelle valeur il faut lui donner ici, mais qui dans tous les cas convient, puisque s'aimer cela peut être mille choses, même coucher simplement dans une grange, sans autre transport ni tendresse que la fulgurance d'un désir éphémère, l'éclair d'un plaisir suraigu, dont tout indique que Malusci et cette femme gardèrent longtemps le souvenir. Je sais que de ce plaisir naquit un enfant, qui vit toujours, là-bas, près du lac. Et que ce livre est comme un livre vers lui. ».




Lecture et rencontre à

La Maison de la Poésie

le 18 septembre 2023


 

Récits d'Algérie - Témoignages de nos aînés, de la colonisation à l'indépendance


Livre de Farah Khodja


Portée par la nécessité de sortir du tabou historique que représentent la colonisation en Algérie et la guerre d’indépendance, Farah Khodja est allée à la rencontre d’hommes et de femmes ayant combattu ou subi cette histoire, ainsi que de leurs descendants. Avec un peu plus de vingt témoignages d’Algériens et de quelques anciens appelés français, ce recueil offre une transmission des mémoires de la guerre d’Algérie, à travers des récits directs ou retranscrits par les enfants et petits-enfants des acteurs et des témoins. Entremêlant histoires intimes et grandes dates historiques, cet ouvrage souhaite apporter un regard intime et renouvelé sur cette période importante.

Fondé en février 2020 par Farah Khodja, Récits d’Algérie est un projet collaboratif et intergénérationnel qui vise à collecter et transmettre les mémoires de personnes ayant vécu la guerre d’indépendance algérienne.




Un site

correspondant


 

Le Château des Rentiers


Livre d'Agnès Desarthe


En levant les yeux vers le huitième étage d’une tour du XIIIe arrondissement de Paris, Agnès rejoint en pensée Boris et Tsila, ses grands-parents, et tous ceux qui vivaient autrefois dans le même immeuble. Rue du Château des Rentiers, ces Juifs originaires d’Europe centrale avaient inventé jadis une vie en communauté, un phalanstère.

Le temps a passé, mais qu’importe puisque grâce à l’imagination, on peut avoir à la fois 17, 22, 53 et 90 ans : le passé et le présent se superposent, les années se télescopent, et l’utopie vécue par Boris et Tsila devient à son tour le projet d’Agnès. Vieillir ? Oui, mais en compagnie de ceux qu’on aime.

Telle est la leçon de ce roman plein d’humour et de devinettes – à quoi ressemble le jardin d’Éden ? quelle est la recette exacte du gâteau aux noix ? qu’est-ce qu’une histoire racontée à des sourds par des muets ? –, qui nous entraîne dans un voyage vertigineux à travers les générations.




Une note de lecture de

Pierre Ahnne


 

Paysannes


Livre d'Anne Lecourt 


Comme pour ' Les Discrètes ', Anne Lecourt est allée à la rencontre des femmes du monde agricole. Et comme à son habitude, Anne pour approcher un univers rural complexe et secret s'est tournée vers le sensible. Entre guerre des prix, écologie, réchauffement climatique, la profession est sur la défensive ou au bord du gouffre. Les agricultrices interrogées sont à fleur de peau, leurs paroles sont fortes, émouvantes, souvent dures, parfois emportées. Il est question ici de vaches laitières bien sûr, et de cochons, de poules, de veaux et même de chèvres. De maraîchage aussi, de seigle et de fleurs coupées. Elles ont 30 ou 70 ans, elles sont dans le conventionnel ou dans le bio, et travaillent dans le Grand ouest. Toutes ont en commun une manière de vivre et une même volonté de défendre leur métier, pour aujourd'hui et pour demain. ' Agricultrice ' est un terme technique. Femmes de la terre, femmes d'une génération, femmes d'un territoire, d'un pays, femmes en colère, femmes volontaires, elles sont ici rassemblées sous le vocable ' Paysannes ', qui dit toute la noblesse et la fierté.




Présentation sur le site de

Ouest France



Rencontre avec l'auteure

à la librairie

DIALOGUES

à Brest, le 14/09/2023

à 18h00


 

Triste tigre   

[Prix en 2023 : les Inroks, Femina, Le Monde, le Goncourt des Lycéens]


Livre de Neige Sinno


« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »

Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrison, Christine Angot, Virginie Despentes). Comment raconter le « monstre », « ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : « Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ? » (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu « l’autre lieu », celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats. »




Une recension sur le site

En Attendant Nadeau



Neige Sinno

présente son livre



"Je ne peux pas dire que la littérature m'a sauvée"

 témoigne Neige Sinno



Entretien avec l'auteure.

Propos recueillis par

Georgia Makhlouf


 

La Source des fantômes


Livre de Yamina Benahmed Daho


« Il commence à chanter en arabe. Je saisis quelques mots comme benti, goulti ou jbel et, évidemment, tous les mots que la colonisation a influencés tels que Francia, musiqa, immigri, faliza, miseria, carta. Je devine, à ses yeux qu’il ferme de temps à autre, à la tonalité de sa voix, aux notes qui viennent du fond de sa gorge, aux voyelles qu’il étire à en perdre le souffle, qu’il parle de l’Algérie, de son village, de sa famille, de sa culture, de tout ce que la guerre l’a contraint à laisser loin derrière lui. »

Après la guerre d’Algérie, après l’errance, les parents de la narratrice s’installent en Vendée, à Fontayne, dans un lotissement qui regroupe neuf familles. Les petits jouent, les grands s’interrogent sur l’avenir, les parents travaillent et aménagent leur maison pour oublier le passé.
Chez les Benali, il reste des traces d’avant l’exil : les souvenirs incomplets du père, les portraits de proches inconnus, un uniforme de l’armée française, la langue arabe qui revient parfois.
Enquête familiale et sociologique, La source des fantômes raconte une enfance des années 1980, sans cesse interrogée par la narratrice adulte.




Un entretien

avec l'auteure dans

DIACRITIK

le 29/08/2023


 

Cow-boy noir - Une autobiographie


Livre de Nat Love


Nat Love fut le plus célèbre des nombreux cow-boys noirs qui écumèrent les Grandes Plaines. Son autobiographie en est sans doute la raison, mais aussi la facture de ce livre, un roman populaire raconté avec la gouaille des rudes gars de la piste.

Ce western se fonde néanmoins sur l’existence véritable de celui qui, d’esclave à l’origine, devint cow-boy puis finit ses jours comme porteur de bagage dans une compagnie de train.
Nat Love n’évoque pourtant jamais la « question de la race » en faisant le récit de sa vie mouvementée. Mais par cette insouciance même, il révèle l’ordinaire de la présence des cow-boys noirs sur les pistes, et témoigne simultanément de leur effacement de l’histoire.



 

Donato


Livre de Éléonore de Duve 


Des bras contre du charbon ». Dans l’immédiat après-guerre, la Belgique cherche de la main-d’œuvre pour exploiter ses mines. Elle scelle, en 1946, un accord avec l’Italie qui, en échange de l’achat prioritaire de charbon, enverra des milliers de jeunes travailleurs dans les mines belges.

Originaire des Pouilles, Donato est l’un de ces ouvriers mineurs ayant tout quitté pour venir vivre et travailler au Pays noir. Ce livre raconte son histoire, ou plutôt il l’imagine à travers les yeux de Clio, la petite-fille de Donato, partie à la recherche de cette vie que son grand-père n’a jamais racontée.


Dans ce premier roman d’une extraordinaire inventivité langagière, Éléonore de Duve ravive tout un monde de sensations, de rencontres, d’existences entremêlées. Elle nous plonge, avec une prodigieuse force d’évocation, au cœur de la jeunesse italienne de Donato, dans les collines lumineuses des Pouilles jusqu’au noir sans fond de la mine. C’est une quête, aussi prudente qu’aimante, que Donato donne à lire : restituer la consistance d’une vie, en affirmant la capacité de la littérature à dire ce qui a été arraché et tu.




Le coup de coeur de

Le Carnet et les Instants

Le blog des Lettres belges francophones



Un article de

DIACRITIK


 

Des femmes contre Pinochet. Odile Loubet et les résistantes de l'ombre (Chili 1973-1990)


Livre de Samuel Laurent Xu


11 septembre 1973, Santiago du Chili. Le coup d’État des Forces Armées chiliennes renverse le président socialiste Salvador Allende. La dominicaine française Nadine Loubet (soeur Odile) prend la plume pour témoigner de l’horreur de la situation depuis les poblaciones de la capitale chilienne.

Fruit d’une longue enquête menée dans les quartiers populaires de Santiago, ce livre retrace l’histoire méconnue de la religieuse française et des femmes engagées à ses côtés contre la dictature civilo-militaire (1973-1990). De son arrivée en Amérique latine à son engagement dans la résistance anti-Pinochet, nous plongeons dans le quotidien de soeur Odile et des réseaux souterrains qui ont fait le choix de défendre les persécutés malgré les risques encourus.

Par la désobéissance civile et les actions clandestines, de nombreuses femmes chrétiennes ont combattu sans relâche, pendant dix-sept années, l’autoritarisme, la torture et les disparitions forcées. Ces actrices de premier plan n’ont pourtant jamais été entendues et ont même parfois été réduites au silence au sein de leur propre Église.

En leur donnant la parole, souvent pour la première fois, ce livre offre une perspective inédite sur un aspect méconnu de la dictature chilienne et rend hommage au courage de ces soeurs de l’ombre.

Samuel Laurent Xu est chercheur en histoire et le réalisateur du documentaire « Au nom de tous mes frères » (2019), primé au Festival international Atlantidoc de Montevideo. Il publie son premier ouvrage dans la collection « Signes des Temps », fruit d’une enquête menée en collaboration avec Gaspard Marcacci Thiéry, chercheur en histoire spécialisé dans l’étude des sources manuscrites.




Le mardi 12 septembre 2023 de 19h30 à 22h00

projection du film

Au nom de tous

mes frères

Dans le cadre de la commémoration des 50 ans du coup d’Etat au Chili, la projection sera suivie d'un débat avec Samuel Laurent Xu et Gaspard Marcacci Thiéry, et d'une vente dédicace du livre "Des femmes contre Pinochet"

  • Informations ICI
  • La vidéo du film est disponible ICI




Une jeunesse sous l'occupation


Livre d'Alice Mendelson & Laurent Joly


« Je ne lui ai pas dit au revoir ». Ces simples mots restent comme une cicatrice indélébile pour Alice Mendelson, qui voit son père partir pour Drancy, le 17 septembre 1941. Elle a alors 16 ans.
À l’aube de ses 98 ans, accompagnée de son ami l’historien Laurent Joly, Alice nous confie le récit de sa vie durant la Seconde Guerre mondiale en France, ce pays qui l’a vu naître et qu’elle aime tant, sa « terre promise », où ses parents, d’origines polonaises, l’ont élevée.
Alice grandit dans le 18ème arrondissement de Paris. Dans le salon de coiffure de ses parents ou le soir à la maison, elle les écoute refaire le monde avec leurs amis. Ils sont communistes, cultivés, mélomanes.
Lorsque la guerre éclate, alors que la famille s’accroche à son quotidien, leur voisin coiffeur et concurrent les dénonce au commissariat général aux Questions juives.
Le père d’Alice est déporté. Le salon de coiffure leur est confisqué. Alice et sa mère échappent de peu à la rafle du Vel d’Hiv, aidées par des voisines. Commence alors un long chemin semé d’embûches et de périls, mais aussi d’espoirs : passée en zone sud, Alice s’engage dans la Résistance.
Après la Libération, sa mère, durement éprouvée par deux années de vie traquée, doit se battre pour obtenir justice et réparation.
Alice deviendra une merveilleuse enseignante, mais aussi une conteuse et une poétesse.

Aujourd’hui, portée par le désir impérieux de transmettre, avec son écriture gracieuse et libre, Alice Mendelson nous livre un témoignage essentiel sur la vie des Juifs sous l’Occupation.




Une note du site

Tribunejuive.info


 

Le corps des pays


Livre de Luc Baptiste (photographies) et Marie-Hélène Lafon


Ce livre est une rencontre. Il part de l’invitation faite à Marie-Hélène Lafon (Prix Renaudot 2020) de mettre ses mots sur un chemin d’images composé pour elle par le photographe et écrivain-voyageur Luc Baptiste. Des images saisies dans la haute vallée du Cantal où elle a passé son enfance, et ailleurs dans le monde. Marie-Hélène Lafon, qui sait Luc Baptiste né comme elle les pieds dans la terre, voit dans les paysages qu’il photo­graphie « le corps des pays ».



 

Proust, roman familial


Un livre de Laure Murat 


Un texte qui médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec la vie.
 

 oute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman. 
J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie à changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles. 
Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps. 




Un entretien avec

Laure Murat

(Les Inrocks du 25/08/2023)



Rencontre le 14/09/2023 avec l"autrice à la

Maison de la Poésie


 

Stupeur


Livre de Zeruya Shalev


Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l’a élevée avec sévérité. Il l’appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s’adresse à elle par une vibrante déclaration d’amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n’a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l’État d’Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd’hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin.
En sondant magistralement l’âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l’histoire collective d’une société fracturée bouscule les liens privés. De sa plume délicate et précise, elle interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies.


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