Tous les livres - mars 2024






Les livres présentés en

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de livres

en librairie ou en ligne, ayez le réflexe

 

Premières à éclairer la nuit


Cécile A. Holdban


L’amour d’Edith Sodergran pour les chats, les galets ramassés sur les plages sud-africaines par Ingrid Jonker ou le regard porté par Forough Farrokhzad sur les lépreux : tout cela est le témoignage d’une attention à la beauté du monde.

Cécile A. Holdban imagine quinze lettres de femmes. Quinze poétesses dont les vies ont été marquées par les forces destructrices du XXe siècle, la terreur stalinienne, la Shoah, l’apartheid ou le fonda­mentalisme religieux, mais leurs œuvres sont portées par un élan vital d’écriture. 
Quinze femmes, qui sont aussi mère, fille ou amante. Dont les poèmes demeurent de vivants témoignages de leur tendresse ou mouvement de révolte. Leur courage et leur soif de liberté bravent les ténèbres.






Ces femmes là


Ivy Pochoda


West Adams, un quartier délabré de Los Angeles divisé par l’autoroute qui mène à la mer et où persistent les traces des émeutes raciales de 1992.
Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, bâillonnées par le mépris et le souvenir d’un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées dans l’indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent. En l’espace de dix-huit mois, quatre femmes sont retrouvées la gorge tranchée et la tête recouverte d’un sac plastique dans une ruelle du quartier.

Dans ce roman noir, qui bouleverse tous les codes du genre, Ivy Pochoda place les victimes au centre de l’histoire et fait entendre la voix de celles que personne n’écoute, dans un monde qui veut détruire leur corps et les réduire au silence.




Une note de lecture

sur le site

Mouvement du Nid




Elles écrivent - Les plus belles lettres de femmes au XVIIIe siècle


Cécile Berly


Madame du Deffand, Catherine II, Julie de Lespinasse, Madame Roland, Marie-Antoinette, Germaine de Staël… Les neuf femmes réunies dans ce livre ont vécu la plume à la main. Qu’elles soient aristocrates ou bourgeoises, favorites ou chefs d’État, richissimes ou de condition modeste, intellectuelles ou frivoles, toutes ont, par goût ou par nécessité, écrit des centaines de lettres. Le XVIIIe est bien le siècle des épistolières.

Ces femmes, qui écrivent lettre sur lettre, ont néanmoins intériorisé un contrat social construit sur des inégalités : elles peuvent écrire dans l’espace de leur chambre, de leur cabinet, mais leurs mots ne doivent en aucun cas occuper l’espace public, alors exclusivement masculin. Par la lettre, ces femmes magnifient leur seul espace de liberté. C’est pourquoi Cécile Berly propose un livre tout à fait inédit : réunir les épistolières incontournables de ce siècle et dresser le portrait de chacune. Toutes, et chacune à sa manière, incarnent une forme de modernité. Les lire, c’est leur donner enfin la place qu’elles méritent : celle de la postérité.





Adieu ma pauvre guerre - André Pézard à Vauquois


Philippe Lejeune


Salué comme un chef-d’œuvre et plusieurs fois réédité, Nous autres à Vauquois, 1915-1916, d’André Pézard, est un témoignage sur la Grande Guerre parmi les plus forts et les plus émouvants. Mais personne ne connaissait l’ensemble des archives et carnets de tranchées de l’auteur à l’origine du livre, à l’exception de… Philippe Lejeune qui a mené l’enquête avec passion. « J’ai voulu raconter ici une double histoire, explique-t-il, d’abord celle de l’écriture même du livre, étude “génétique” du travail de l’écrivain, mais aussi l’aventure personnelle que fut pour moi l’exploration du fonds André Pézard aux Archives nationales. André Pézard était mon parrain, cousin germain de ma mère, homme impressionnant, grand spécialiste de Dante. Je suis allé l’interviewer sur notre histoire familiale commune en 1981, sans dire un mot de sa guerre, et sans l’interroger sur Nous autres à Vauquois, que je n’avais pas lu ! Mon journal raconte ma tardive conversion, mon coup de foudre, puis la découverte progressive des carnets, brouillons et correspondances émergeant des cartons, l’éblouissement devant son art, mais surtout l’attendrissement devant la pratique de la valeur suprême révélée par la guerre : l’amitié. »

Ce « remords » de Philippe Lejeune, qui consacre sa vie de chercheur à l’autobiographie, à la génétique et aux écritures ordinaires, donne naissance à un de ses livres les plus personnels, exploration sensible et vertigineuse. Il enthousiasmera ses fidèles, ainsi que les historiens et passionnés d’archives et d’écriture de soi.




Un communiqué de presse des éditions du

Mauconduit




Adopte un soldat ! Correspondances de marraines de guerre 1915-1922


Aliénor Gandanger


« Si j’ai bien compris ce que vous m’écrivez, vous désireriez simplement une petite lettre de temps aÌ autre pour vous distraire un peu dans la rude vie que vous menez et vous encourager dans les moments de tristesse. » Yvonne Fleury, comme nombre de femmes pendant la Première Guerre mondiale, décide d’être marraine d’un soldat. Féministes ou conservatrices, catholiques ou athées, de droite ou de gauche, beaucoup se mobilisent pour créer et entretenir une correspondance avec un filleul afin de le soutenir, de l’écouter, de le divertir. 

Ces lettres inédites, découvertes par l’historienne Aliénor Gandanger dans divers centres d’archives dont celui de l’Association pour l’autobiographie et le Patrimoine Autobiographique, sont une mine de renseignements sur les relations femmes/hommes pendant la Grande Guerre. Entre confrontation de deux quotidiens radicalement différents et partage d’émotions, ces récits racontent le dur quotidien de la guerre des tranchées mais aussi l’importance du lien avec l’arrière. Malgré la violence des combats, se tissent ainsi d’étonnantes histoires d’amitié et d’amour qui se terminent parfois par des mariages. Des lettres entre le front et l’arrière qui ne sont pas sans rappeler, hélas, celles qui s’échangent aujourd’hui dans les pays en guerre.




Un communiqué de presse des éditions du

Mauconduit



Charly et la beauté des défis


Annemarie Trekker


Marie et Phil vivent en couple dans une vieille ferme de l’Ardenne. Ils ont choisi de s’éloigner des grandes villes pour s’ouvrir au monde de la nature. Découvrir une autre manière de concevoir la vie et l’avenir, malgré l’avancée en âge avec les soucis de santé. Leurs projets sont confrontés à plusieurs défis. Comment garder le désir d’encore affronter l’inconnu ? L’arrivée de Charly, un jeune chien, mais aussi la rencontre d’un potier-magnétiseur vont les motiver. Peu à peu, s’insinue en eux cette aspiration de l’enfance de retrouver les saveurs de l’inconnu. Le chemin de l’audace et du défi reprend sa place et les incite à oser réaliser leurs rêves.




Un article dans le journal

L'AVENIR

(Luxembourg - 15 mars 2024)




L’Ami du Prince


Marianne Jaeglé


12 avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome.
Des soldats en armes envahissent la villa de Sénèque, porteurs d’un ordre de l’empereur : le philosophe doit se donner la mort.
Sénèque écrit alors une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant pour lui le bilan de sa vie. Durant quinze années, il a été le précepteur, puis le conseiller, puis l’ami de celui qui exige désormais sa mort : l’empereur Néron.
Parce qu’il vit ses dernières heures, Sénèque peut enfin tenir un discours de vérité sur son élève. Dans cet ultime moment d’introspection, le philosophe interroge la réalité du pouvoir, mais affronte aussi ses propres erreurs et sa compromission.
L’Ami du Prince raconte comment Sénèque s’est retrouvé prisonnier d’un idéal de l’Empire, de ses illusions et d’un jeune homme imprévisible dont la vraie nature s’est révélée peu à peu.
Après Vincent qu’on assassine et Un instant dans la vie de Léonard de Vinci, Marianne Jaeglé fait revivre le stupéfiant face-à-face entre un philosophe épris de vertu et un jeune tyran sans merci.



Comme des bêtes


Violaine Bérot


La montagne. Un village isolé. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée "la grotte aux fées". On dit que, jadis, les fées y cachaient les bébés qu'elles volaient.

A l'écart des autres habitations, Mariette et son fils ont construit leur vie, il y a des années. Ce fils, étonnante force de la nature, n'a jamais prononcé un seul mot. S'il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes.

En marge du village, chacun mène sa vie librement jusqu'au jour où, au cours d'une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre une petite fille nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de tous...

Violaine Bérot, dans ce nouveau roman à l'écriture poétique, décrit une autre vie possible, loin des dérives toujours plus hygiénistes et sécuritaires de notre société. Un retour à la nature qu'elle-même expérimente depuis vingt ans dans la montagne pyrénéenne.




Rencontre avec

Violaine Bérot

le 18 avril 2024

à Angers


 

Jeunesse [Tome 2 de la Trilogie de Cpenhage]


Tove Ditlevsen


À quatorze ans, il est temps pour Tove de quitter l'école afin de travailler et gagner sa vie. Placée dans une famille, puis dans une pension, elle enchaîne les maladresses et les petits boulots mal payés jusqu'à être embauchée comme sténographe. Désormais, la jeune fille tape à la machine toute la journée, mais son quotidien est bien dépourvu de poésie.

À l'âge où l'on rêve d'amour et d'une chambre à soi, Tove se démène pour construire son indépendance. Alors que l'Europe s'enfonce dans la Seconde Guerre mondiale, elle vit ses premières expériences amoureuses et littéraires, celles qui forgent le caractère et signent la fin de l'enfance.

Après Enfance, dans lequel Tove Ditlevsen évoquait avec acuité et autodérision ses origines, Jeunesse est le deuxième volume de La Trilogie de Copenhague, une autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971. Dans cette autofiction des débuts, elle raconte le combat à mener pour s'affranchir de sa condition sociale et devenir écrivain.



 

L'art de la résistance : Quatre ans dans la clandestinité en France


Justus Rosenberg


Comment résister quand on a 19 ans ? Telle est la question qui se pose à Justus Rosenberg, jeune juif de culture allemande étudiant à la Sorbonne lorsque les nazis lancent la campagne contre la Belgique et imposent bientôt l'Occupation au nord de la France, le régime antisémite de Vichy dans la zone sud. Porté par son courage et le hasard des rencontres, Justus se fraye un chemin vers la Résistance. D'abord à Marseille, où il organise l'exil d'artistes, d'écrivains et d'intellectuels menacés par le nazisme au sein du réseau Varian Fry, tels Heinrich Mann, Marc Chagall, Alma Mahler et André Breton. Puis depuis le maquis, et jusque dans les bataillons de la Libération.




 

Chronique de la guerre d'Algérie 1958-1959


Pierre Molin


Cet ouvrage est le journal d’un prêtre mobilisé comme lieutenant en 1958 pendant la guerre d’Algérie, écrit sous les balles et sur les mines, en Kabylie, où il a été lieutenant, puis capitaine. 
C’est un texte brut et dur, mais manifestant un amour inconditionnel pour les Algériens. Certains épisodes sont proprement insoutenables, et à chaque instant transparaît le cruel dilemme entre la foi de l’auteur et sa fonction. 
La fin est marquée par la lettre des prêtres mobilisés à leurs évêques, qui a causé de vives polémiques dans la presse et au ministère en 1959. 



 

Herbier de prison


Rosa Luxemburg



Quoi de plus iconoclaste qu’un herbier composé entre quatre murs, sans l’étendue de la nature ? Au-delà des quelques fleurs et mauvaises herbes glanées dans la cour de la prison, Rosa Luxemburg reçoit par lettres de ses amies intimes des spécimens séchés ou des bouquets de fleurs fraîches qu’elle-même pressait. Aux planches de l’herbier répond ainsi tout une correspondance où il est question de botanique, de nature, de romantisme allemand, d’amour de toutes créatures, et cela, « en dépit de l’humanité ». Rosa Luxemburg ne cesse d’encourager ses proches à garder leur joie de vivre et leur gaieté alors que les nuages qu’elle entraperçoit par une fenêtre à barreaux se chargent des couleurs de la guerre et de l’acier.

L’herbier de Rosa Luxemburg est une archive sans équivalent. Composé de sept cahiers, datés d’avril 1915 à octobre 1918, sa fragilité et son histoire en font un témoignage de résistance et d’évasion, une fabrique de formes et de joie, un document sur le sentiment politique de la nature, fondement de toute écologie.

Herbier de prison est constitué de 133 planches botaniques accompagnées de la traduction des légendes manuscrites de celles-ci. Cet ouvrage recueille également une soixantaine de lettres, dans lesquelles la révolutionnaire évoque sa passion pour les plantes, ainsi que pour les animaux. Des documents inédits en français complètent le volume, notamment un journal où Rosa Luxemburg consigne les faits et gestes de sa vie d’incarcérée.




Une note de lecture de

EN ATTENDANT NADEAU



Présentation d'un téléfilm sur

Rosa Luxemburg

diffusé sur ARTE

en septembre 2023



 

La Fracture et autres textes


Charles Juliet


Pendant 20 ans, Charles Juliet a traversé une crise existentielle profonde : « Dans les nombreuses causes qui l’ont provoquée, écrit-il, je ne saurais démêler ce qui revenait à la fracture survenue dans ma petite enfance et ce qui pouvait être imputé soit aux années où je fus enfant de troupe, soit aux multiples problèmes que me posaient mon aventure et mon travail d’écrivain, soit encore à ce besoin que j’avais eu de me détruire pour me reconstruire en fonction de certaines exigences. »

Voici cinq textes magnifiques de Charles Juliet, certains épuisés, et rassemblés pour la première fois dans ce petit volume, qui tous évoquent la lente maturation qui a conduit à un choix d’existence. Avec Le Déclic, Charles Juliet propose une nouvelle sur « l’enrichissement de la vie » ; dans La Fracture et Souvenirs d’une lointaine enfance, il reprend l’exercice intime de relecture de son passé, et approfondit ainsi depuis les déchirures de son enfance le cheminement qui lui fut nécessaire pour maîtriser un destin difficile et trouver sa vocation d’écrivain qui aboutira à la réussite de Lambeaux, en 1995 : « Avec mes mots, tirer ma morte de sa tombe. La faire vivre à nouveau. Lui murmurer qu’elle m’habite encore », écrit Juliet dans La Fracture à propos de sa mère. Textes suivis de deux hommages à deux livres qui ont marqué et influencé sa vie : L’Étranger d’Albert Camus et Le Dieu nu de Robert Margerit.




Une note de lecture

sur le site

NONFICTION.fr


Nuits de noces


Violaine Bérot


Envoyée à l’église par son père, dont elle craint la fureur et qui est convaincu que, là, il n’y aura aucune tentation, la narratrice tombe immédiatement amoureuse du prêtre.
Il faudra beaucoup de patience à la jeune fille pour vivre enfin, pleinement, son histoire d’amour. Beaucoup tenteront de lui mettre des bâtons dans les roues, les obstacles seront nombreux... Les amitiés et les soutiens aussi, qui l’aideront à traverser les épreuves.
Six ans, et encore une année. Six ans plus un pour que le prêtre prenne conscience que cette histoire doit être vécue, malgré l’Église, malgré tout...
Poignante histoire d’amour, Nuits de noces a été écrit dans une prose poétique qui s’est immédiatement imposée à l’autrice : des vers libres pour jouer des répétitions, des ressassements, des ruptures. L’amour, les sentiments, les émotions... autant de sujets qui sont comme la marque de fabrique de Violaine Bérot, qui excelle à les mettre en mots et en rythme.





Rencontre avec

Violaine Bérot

le 18 avril 2024

à Angers


C'est plus beau là-bas


Violaine Bérot


"Mais s'il ne s'agissait pas d'un jeu ? Si à force de leur donner matière à y croire tes étudiants t'avaient pris au mot, s'ils avaient voulu appliquer à la lettre le contenu de ce texte que tu leur offrais en fin de cycle, ce texte dans lequel tu détaillais point par point la mise en actes des théories étudiées pendant leur cursus ? Serait-il alors envisageable qu'ils aient réussi, comme tu le préconisais, à renverser le pouvoir en place ? Non, tu ne peux l'envisager, pas dans la vie réelle, car sans doute, et c'est la seule explication plausible, sans doute rêves-tu, sans doute patauges-tu dans un mauvais sommeil, et tout s'arrêtera net quand ton réveil sonnera, quand ta femme se retournera dans le lit, et enfin cessera ce grand n'importe quoi dans lequel tu t'enlises et t'épuises."

Enigmatique et poétique, C'est plus beau là-bas confirme le talent de Violaine Bérot. En ce début de millénaire, une autre vie est-elle encore possible ?




Rencontre avec

Violaine Bérot

le 18 avril 2024

à Angers


 

Kaddour


Rachida Brakni


« Au moment de la mort de mon père, m’est revenu comme un boomerang le texte La Place d’Annie Ernaux. Ce livre que j’ai découvert à l’âge de vingt-cinq ans m’avait bouleversée et avait trouvé une résonance très forte en moi. Nos histoires, notre passé, nos trajectoires n’étaient pas les mêmes et pourtant un socle commun nous constituait. Celui fait d’une volonté farouche de s’extraire de sa condition sans jamais se couper de ses racines ni se renie

De l’annonce de la mort de mon père, Kaddour, le 15 août 2020, à sa mise en terre six jours plus tard, mon deuil me paraît confisqué tant la maison ne désemplit pas d’un flot ininterrompu de visites. Ce sont aussi six jours de crainte tant la complexité de la situation liée au covid rend incertaine la possibilité que son corps puisse être rapatrié en Algérie comme il le souhaitait. Six jours durant lesquels je m’échappe pour convoquer nos souvenirs. Ce que je sais de son enfance misérable en Algérie, de son arrivée en France qu’il sillonnera au volant de son camion, jusqu’à la chute, corps meurtri. Mais aussi ce qu’il m’a transmis, le rapport à la terre, au langage, et aux livres.

J’ai dressé son portrait pour donner de la chair et sortir de l’anonymat ces hommes déracinés réduits à leur condition d’ouvriers, tiraillés entre deux pays. Et avant tout, j’ai voulu rendre hommage à l’homme sans qui je ne serais pas la femme que je suis. » (RB)



 

Le rêve du pêcheur


Hemley Boum


Zack a fui le Cameroun à dix-huit ans, abandonnant sa mère, Dorothée, à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié et père de famille, il est rattrapé par le passé alors que la vie qu’il s’est construite prend l’eau de toutes parts... À quelques décennies de là, son grand-père Zacharias, pêcheur dans un petit village côtier, voit son mode de vie traditionnel bouleversé par une importante compagnie forestière. Il rêve d’un autre avenir pour les siens…
Avec ces deux histoires savamment entrelacées, Hemley Boum signe une fresque puissante et lumineuse qui éclaire à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission.




Entretien avec

Hemley Boum

Propos recueillis par Georgia Makhlouf


 

Récits de rescapés du génocide des Tutsi en préfecture de Gikongoro


Sous la direction de Catherine Coquio et Emmanuel Bouju


« Cette chose-là est encore en vie », déclare un milicien à propos de Verena qui gît cruellement blessée parmi les cadavres à Kaduha. Cette expression n'est pas sans rappeler le terme Stück, utilisé par les nazis qui faisaient le décompte des Juifs à leur arrivée dans les camps. Le processus de déshumanisation propre à tout génocide envahit tout l'espace. Toute humanité est niée et profanée. En avril 1994, au Rwanda, dans l'ex-préfecture de Gikongoro, dans les églises et les écoles, lieux où des dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants se réfugient au nom d'une prétendue sécurité, toute issue est définitivement barrée. Ils seront systématiquement rassemblés, encerclés et exterminés. Écoutons les voix de celles et ceux qui ont échappé à la mort et tentent de vivre à nouveau.



 

Espèces dangereuses


Sergueï Shikalov

 

Un soir d'automne, un trentenaire russe est visité par des fantômes. Fantômes de sa jeunesse et de toutes les autres : celle et ceux qui crurent un temps que leur pays ne les rangeait plus dans la catégorie des espèces dangereuses, des "pervers sexuels".
Il décrit une Russie peu connue des Occidentaux, une Russie progressiste qui, le temps d'une décennie, a cru aux droits de l'homme et à l'amour libre.

Il évoque l'espoir frémissant des jeunes Russes de ne plus faire semblant, d'être enfin acceptés par leur famille et par la "patrie". Pouvoir se tenir la main dans les rues de Moscou, oser embrasser son amoureux lors du premier concert de Mylène Farmer à Saint-Pétersbourg, s'éblouir de l'Europe et des United States, ouvrir grand les yeux sur les opportunités d'un monde nouveau.
Espèces dangereuses est le récit polyphonique d'un rêve auquel "on" a cru ensemble. "On", ce pronom qui n'existait pas dans sa jeunesse russe mais qui lui permet aujourd'hui d'y retourner en y emmenant tous les autres : les disparus, les oubliés, les gommés.


 


 

Bergère


Florence Debove


Trois mois par an, Florence Debove vit en pleine nature, dans une simple yourte sans eau ni électricité. Avec son chat et sa chienne pour seuls compagnons, elle veille sur un troupeau de brebis au cœur des Pyrénées. L’estive est son domaine, bergère son métier. Le soir venu, ou au calme dans la journée, elle témoigne de sa vie quotidienne, des sentiments qui la traversent au cours de cet éloignement actif et désiré de la vallée. Anecdotes, pensées, emplies de bonheurs simples et d’émerveillement, de saine fatigue et de contemplation, mais aussi, parfois, d’inquiétude lorsque l’ours approche ou que l’orage gronde, deviennent alors l’apprentissage d’un autre rapport à la montagne, aux bêtes et finalement à soi.




Moisson de crânes


Abdourahman Waberi


À la suite du prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka, dix écrivains africains se rendirent à Kigali, après le génocide de 1994. Ce texte est l’un de ces témoignages.
Avec une exemplaire humilité face à l’horreur des faits rapportés, Abdourahman Waberi nous transmet les paroles entendues, les choses vues, les confidences recueillies.







1994-2024

30 ans après


COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE PERPÉTRÉ CONTRE LES TUTSI

souvenir, transmettre, rendre justice

(région de Bordeaux)


 

Autobiographie d'une femme sexuellement émancipée


Alexandra Kollontaï


« J’ai toujours cru qu’inévitablement le temps viendrait où la femme sera jugée avec les mêmes critères moraux que ceux qu’on applique aux hommes. »
Alexandra Kollontaï (1872-1952) a vécu mille vies, en femme libre ; ses textes autobiographiques retracent les grands moments de l’icône bolchevique à travers son action, en particulier pour la condition féminine.



 

Souvenirs du Tonkin - 27 août 1886–15 février 1909


Émile Bonnetain


Jusqu’ici inédits, ces Souvenirs du Tonkin 1886-1909, en sommeil dans les archives d’Émile Bonnetain, agent des services civils de l’Indochine, offrent un panorama remarquable de cette région sous protectorat français. Les scènes de la vie quotidienne : marché, croyances, enseignement… alternent avec de solides analyses des structures du pays, du rôle des mandarins, de la persistance du sentiment national. L’auteur livre une réflexion critique sur le système colonial et sur son fonctionnement durant la période d’organisation qui suit celle de la conquête.

« Mais il faudrait aussi soigneusement se garder de parler d’un idéal ou d’un critérium de civilisation lorsque nous nous trouvons en face d’un peuple qui possède lui-même une culture appréciable, laquelle, pour si figée qu’elle puisse nous apparaître, n’en demeure pas moins à ses yeux supérieure à celle qu’on voudrait lui imposer a priori. »
Émile Bonnetain, Souvenirs du Tonkin



 

Nucléus - ce qui reste quand il n’y a plus rien


Zinaïda Polimenova


Une fresque sensible et haletante dans la Bulgarie des années cinquante.
Un groupe d’amis, ingénieurs et architectes, travaille à la construction d’une usine qui devra être le symbole de la modernité du pays. L’histoire commence quand le groupe part pour un échange en Allemagne de l’Est, fleuron industriel du bloc communiste. Parmi eux, Theodor, étroitement surveillé par le régime, se lie d’amitié avec Emil, fils d’un artiste allemand dont l’œuvre est désormais interdite car jugée subversive. À son retour, Theodor est arrêté et déporté à Béléné, l’un des plus terribles camps du pays...
Zinaïda Polimenova signe un roman poignant sur l’arbitraire du régime communiste bulgare et son absurdité technocratique. À l’origine du livre, un album de photographies anonymes, chiné aux puces de Sofia qui semble documenter un voyage professionnel ou syndical en RDA, un échange entre deux délégations communistes. À partir des photographies de ces hommes et femmes souriants, elle imagine quelle aurait pu être la « véritable » histoire de ce voyage, en-deçà et au-delà des apparences, pour retracer l’histoire de son pays dans les plus dures années du totalitarisme.en parallèle dans la contemplation des abîmes informels dont Armelle de Sainte Marie ponctue le texte. Ses formes se déploient, se diluent, troublent notre perception des échelles, du temps.



 

Les continents sont des radeaux perdus


Yvon Le Men


Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.



 

Grand Seigneur


Nina Bouraoui


Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »
Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour. 


La fiche du livre


 

Torture blanche


Narges Mohammadi


« Le 16 novembre 2021, pour la douzième fois de ma vie, j'ai été arrêtée et pour la quatrième fois condamnée à être placée en cellule d'isolement. Cette fois, mon chef d'accusation, vous le tenez entre vos mains : c'est ce livre, Torture blancheOn m'enfermera encore. Mais je continuerai de me battre jusqu'à ce que les droits humains et la justice règnent dans mon pays. » Narges Mohammadi


Infatigable militante des droits humains, Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix 2023, livre depuis la prison de Zanjan où elle est incarcérée le tableau terrifiant du traitement infligé par la République islamique d'Iran aux prisonnières politiques et aux militantes, soumises à la « torture blanche », une peine d'isolement total. Les entretiens qu'elle a menés, dans des conditions particulièrement dangereuses, avec treize détenues constituent un témoignage de résistance unique et un acte de courage qui s'inscrit dans le sillage du mouvement « Femme, vie, liberté ».




Un extrait de la préface à son livre

Chekandjé-yé Séfid

(La Torture Blanche),

qui revient sur son expérience des prisons iraniennes, celle d’un monde de trois pas sur trois dans lequel tout est fait pour briser les corps et les âmes.



 

50 choses qu’il ne faut tout de même pas oublier de faire avant de mourir



Jacques Bens & Georges Perec


À l’automne 1981, sur France Culture, l’oulipien Jacques Bens inaugure une nouvelle forme d’inventaire qu’il a lui-même créée, les « 50 choses qu’il ne faut tout de même pas oublier de faire avant de mourir ». Bertrand Jérôme, producteur de l’émission « Mi-fugue mi-raisin » et animateur complice, lui propose de convier des artistes à faire de même. Georges Perec est l’un des premiers invités. Ce sont les « 50 choses… » des deux écrivains qui sont re- transcrites ici dans leur version radiophonique, accompagnée des tapuscrits originaux.




 

Trajet Perec


Thierry Bodin-Hullin


À l’automne 1981, sur France Culture, l’oulipien Jacques Bens inaugure une nouvelle forme d’inventaire qu’il a lui-même créée, les « 50 choses qu’il ne faut tout de même pas oublier de faire avant de mourir ». Bertrand Jérôme, producteur de l’émission « Mi-fugue mi-raisin » et animateur complice, lui propose de convier des artistes à faire de même. Georges Perec est l’un des premiers invités. Ce sont les « 50 choses… » des deux écrivains qui sont re- transcrites ici dans leur version radiophonique, accompagnée des tapuscrits originaux.



 

L’espace commence ainsi


François Bon


Depuis plus de quarante ans, François Bon vit avec "Espèces d'espaces"


« C’est ma dette que je vais chercher à dire », annonce-t-il. Des notes pour une lecture, aussi pointue que rêveuse, de l’essai de Georges Perec. François Bon nous plonge dans la profondeur cachée du texte et dévoile comment l’écriture, avec ses références, ses digressions et ses manques, ébauche une géographie éclatée de toute l’œuvre en cours ou à venir. Et comment, lui, redécouvrant sans cesse Espèces d’espaces , est renvoyé à sa propre géographie intérieure.



 

Permutation


Yokna


Permutation est le caractère sur mesure des éditions L’œil ébloui pour la « titraille » de la collection 53. Il a été pensé, dessiné, articulé par Thierry Fétiveau, Clément Le Priol & Benjamin Reverdy de l’agence Yokna. Inspiré par l’œuvre de Georges Perec, sa singularité est que les principales voyelles (a, e, i, o, u) affichent chacune trois formes qui permutent de façon automatique. Elle comprend également une série de vingt et un ornements. En voici son « spécimen typographique », une mise en scène de son fond et de sa forme.



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