Ecrits et entretiens - Catherine Malard

A propos de "Ce que je sais de toi" - Eric Chacour


Très beau roman tout en délicatesse, un roman sur le désir que l’auteur conduit d’une écriture ciselée. Ce jeune médecin, Tarek, issu d’une famille levantine vit au Caire dans les années 1980. Il va créer un dispensaire dans le quartier défavorisé de Moquatam, fuyant ainsi une vie rangée entre héritage familial, une gentille épouse et une mère tutélaire. C’est sa rencontre avec Ali, issu d’une famille pauvre qui va faire tout basculer. Une narration au « tu » maintient le lecteur en haleine et réserve constamment des surprises en même temps que E. Chacour brosse le paysage socio-politique d’une Egypte, en pleine mutation après les années Nasser et ce, jusqu’en 2000. Ce premier roman révèle déjà un écrivain que l’on aura envie de suivre. (09/06/2024)





La fiche du livre

Ce que je sais de toi

d'Eric Chacour


Trois questions à


A l'occasion de la parution du programme de la saison 2023-2024 des BOUILLONS, Catherine Malard (avec Christine Tharel) répond aux questions de Le dire et l'Ecrire


  • L'entretien ICI

"La littérature est une façon de s'engager"


A l'occasion des "Bouillons" du 15 juin 2023 sur l'UKRAINE, un entretien dans le Courrier de l'Ouest du 13 juin 2023

avec Christine Tharel et Catherine Malard




 

Catherine Malard - Au plaisir des mots


Un entretien sur Radio G dans l'émission ENTRE LES PAGES, le 01/02/2023


C'est à se demander si les mots, Catherine Malard elle n'est pas tombée dedans dès sa naissance. Elle écrit, elle forme à l'écriture, elle anime des rencontres avec des autrices et des auteurs...... elle est impliquée dans la très mystérieuse organisation Les bouillons (sous titrée Café littéraire d'Angers), n'en rajoutez plus... Il nous a semblé intéressant de la rencontrer et qu'elle évoque cette passion qui l'anime. Et nous parlerons aussi de plusieurs de ses romans, dont l'étrange Un cheval bleu sur l'horizon (éditions Le petit pavé) dans lequel l'ombre de René Magritte n'est jamais très loin..




Les livres de

Catherine Malard


[Avec Solange Lavoine, Catherine Malard, membre de l'équipe de LE DIRE ET L'ECRIRE, a participé à ce colloque et leur contribution est publiée pages 279-284 : "L’Atelier d’écriture au service des pratiques professionnelles : une expérience d’animation vécue par un personnel soignant de l’hôpital "]


Ecritures créatives - Représentations contemporaines et enjeux professionnels


Livre sous la direction de Anne Prouteau, Anne Pauzet et Dominique Ulma [avec le soutien de l'université d'Angers et de l'UCO (Université catholique de l'Ouest) d'Angers]

 

Cet ouvrage prend sa source dans un colloque international, « Écritures créatives : représentations contemporaines, processus créatifs, nouveaux enjeux professionnels » qui s’est tenu à l’université catholique de l’Ouest (UCO) à Angers les 7, 8 et 9 juin 2018.


Ce livre étudie les processus d'écriture créative à l'œuvre dans les domaines professionnels (insertion sociale, développement personnel, entreprise, domaine thérapeutique), personnels, mais aussi éducatifs (universitaires, scolaires, périscolaires). Il analyse les enjeux contemporains de ces pratiques nouvelles en termes d'évolution des représentations, de transfert de compétences, de processus de création, d'autodidaxie. Il approfondit les perspectives épistémologiques des ateliers d'écriture contemporains en montrant en quoi ces pratiques amènent à penser un changement de paradigme dans les domaines de la formation et dans le monde professionnel. Il revient sur la question, déjà largement étudiée mais ici revisitée, de l'apprentissage de l'écriture. Si écrire s'apprend, quels sont les dispositifs de son apprentissage et quels sont les présupposés théoriques et les résultats de ces dispositifs ? Inscrit dans son temps, cet ouvrage pose la question de la transmission et du transfert de compétences. Mais surtout : au sein de contextes encore peu étudiés, il veut relever le défi d'un « tous capables créateurs ».



 

Beyrouth-Livres, le pari réussi de la capitale littéraire du Moyen Orient 


Un article (7 novembre 2022) de Catherine Malard à son retour du festival du livre de Beyrouth


"Le goût de ce salon, qui n’avait pas pu se tenir depuis 2018, a eu la saveur des mezzés dont ce pays a le secret. Je l’ai pleinement savouré, du 19 au 30 octobre, retrouvant des amis et des auteurs connus des Bouillons angevins parmi les 110 écrivains de 18 nationalités présents. En 2019, la révolution du 17 octobre, la Thaoura, n’avait pas permis au Salon d’ouvrir ses portes. Puis, ce fut l’explosion des silos, le 4 août 2020 qui anéantit tout le centre de Beyrouth, à cela s’est ajoutée la pandémie confinant les Libanais comme le reste du monde. J’ai mesuré à quel point le retour de ce Salon revêtait pour les Libanais une dimension toute particulière. Beyrouth-Livres, oui, s’offre bel et bien comme une percée d’espoir dans une ambiance non seulement laminée par un système corrompu depuis tant d’années, mais aussi comme le signe que la littérature et l’art peuvent à nouveau se faire entendre.

 

« Ce festival était comme un défi et une page d’espoir dans ce pays détruit », me dit une amie libanaise au moment où se clôturaient les rencontres.

 

En voici quelques moments autour d’événements forts, sans prétendre à aucune exhaustivité. ..."




"On vient défendre une qualité d'écriture"


Entretien avec Catherine Malard, paru dans le Courrier de l'Ouest le 24/09/2022


"Depuis 2009, l’association angevine Le Bouillon Cube mijote avec soin des rencontres entre des auteurs contemporains et le public. L’œil aiguisé sur chaque rentrée littéraire, Catherine Malard, modératrice des Bouillons, dit son amour des livres …"




La page des BOUILLONS


Deux voyages insolites pour l’été,

lire Wauters, son dernier roman et ses nouvelles


Le Musée des contradictions

Mahmoud ou la montée des eaux

 

On lit hélas trop peu de nouvelles en France, genre considéré comme mineur alors que la littérature anglaise comme la littérature américaine renferment de grands auteurs qui vont déployer ce genre, lui faisant sauter les frontières, et l’imposant afin qu’il soit aussi prisé que le roman. Il faudra pour ces vacances d’été, partir avec ce précieux recueil qu’est Le Musée des contradictions, ouvrage qui vient de valoir à Antoine Wauters, le Goncourt de la Nouvelle. On parle de plus en plus de ce jeune auteur belge dont la langue musicale et la veine poétique s’emparent des thématiques brûlantes de notre époque avec maestria. Antoine Wauters s’est fait particulièrement remarquer cette année avec Mahmoud ou la montée des eaux, paru aux Editions Verdier, ouvrage qui lui a valu de nombreux prix et tout récemment, le prix du Livre Inter.

 

Le Musée des contradictions brille par ses 12 discours en forme de requête ou de pamphlet. Le genre du discours, celui de la harangue sont rarement usités dans l‘écriture de la nouvelle, d’où la voix si singulière de ce livre et de ce romancier.

 

L’adresse au tu ou au vous nous accroche immédiatement par la manière et le ton avec lesquels il fouille des thèmes à connotation tragique ; ainsi pouvons-nous nous identifier à l’émetteur plutôt qu’au récepteur qui devrait trembler dans cette place inconfortable, et qui se trouve acculé au pied d’un mur où pleuvent des reproches accablants.

Il y a souvent des accents épiques dans ce livre choral, on y retrouve comme des airs de tragédie grecque qui soufflent un verbe puissant et musical. Ce précieux ouvrage s’apparente à un Bureau des réclamations des plus hybrides où défilent des personnages de tous âges et toutes catégories, des jeunes fugitifs, des vieux touchés par la maladie d’Alzheimer fuyant l’Ehpad, des enfants battus, des mères qui abandonnent leurs enfants, etc. Ces textes sont souvent noirs, corrosifs, parfois teintés d’humour portant la voix de ceux qui, oubliant d’être désabusés, gardent encore de la vindicte pour tenter de déciller l’abuseur, l’exploiteur ou l’écervelé.

 

Tous, revendiquant leurs contradictions, prennent la parole, parole désespérée qu’ils lancent tel un projectile bien ciblé, brin d’espoir au cœur des ruines ou échappatoire à la menace qui gagne. La langue mi-poétique, mi-prophétique de l’auteur se déploie comme autant de petites victoires sur la misère, face à un avenir désenchanté.

 

Antoine Wauters comme ses personnages, de livre en livre, ne lâche pas, crie toujours plus fort, et on l’entend et l’écoute avec effroi et bonheur, conscient que la volupté éprouvée à la lecture est, elle aussi, pleine de surprenantes contradictions, mais on en redemande ! 


 



Antoine Emaz, toujours, encore ...


Un article(30/05/2022) de Catherine Malard sur ce poète trop tôt disparu.


Frôler la limite, l’approcher, jouer avec elle pour toujours la repousser par les mots quand la douleur tenaille et que le souffle vient à manquer. Peu à peu, dire peu mais fort, bref et continument, toujours intensément. Chaque jour, faire confiance au délié du poignet pour articuler les mots-signes, ceux tout simples du quotidien qui vont permettre au petit matin, d’encore lever l’ancre et d’avancer, même à petits pas. Cet ouvrage d’Antoine Emaz, poète angevin né en 1955 et décédé en 2019, fait écho à ses précédents recueils et témoigne de sa langue minimaliste tendue sur un fil ténu où le poète cultive son amour du monosyllabe. Ainsi, Peau (Tarabuste 2008), ou Plaie (Tarabuste 2010), ou bien Sauf (Tarabuste 2011), ou encore De peu - Anthologie, (Tarabuste 2014), nous emportent entre impressionnisme et travail minutieux d’un rabot sans relâche qui enlève et râpe pour gagner l’os de la langue, la juste vibration pour s’accrocher à la vie qui s’en va, minée par la maladie, mais les mots résistent encore. ...


 


Lettre à mes amis libanais


Après son séjour à Beyrouth, en novembre 2019, Catherine Malard nous fait part de sa découverte du "nouveau" Liban qui émerge sous nos yeux. (Lettre du 6 décembre 2019)

"Vous m’aviez conviée au Salon du livre francophone mais à cause des « évènements », le Salon fut annulé. Etrange comme vous reprenez cette expression qui, de 1975 à 1990, recouvrait la tragédie de la guerre civile. Les gens de ma génération comme les plus âgés l’ont encore en mémoire, nous Français si liés à votre pays par les liens de l’histoire. Maintenant, vous dites de nouveau « les évènements » pour nommer la révolte sans précédent qui galope du nord au sud, ponctuée de « thaoura - thaoura » (1), l’exaltante formule que scandent des milliers de Libanais de Tripoli jusqu’à Tyr, de Baalbek jusqu’à Nabatiyeh, en passant par Zahlé. « Il y a mieux que le Salon du livre, le Salon de la révolution bat son plein dans les rues. On file place des Martyrs » (2), lance Elias, à ma descente d’avion, samedi 9 novembre.

Depuis 1992 que je fréquente le Liban pour des missions de formation à l’Université, je n’avais jamais entendu vos langues se délier à ce point. Jamais vous n’avez parlé comme vous le faites actuellement, …"

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1) Révolution 

(2) Une des places du centre ville de Beyrouth avec la place Riad Al Solh, proches du Sérail (siège du parlement)



A Naples, via Crispi, on parle français


Un texte de Catherine Malard, avec le précieux concours de Béatrice Pinto et Alain Mauger, suite à sa visite à l'Institut Français de Naples en octobre 2019

Halte à « La Maison de France »

En passant par Naples, comment ne pas s’arrêter à l’Institut français, « Le Grénoble » des napolitains, cette « Maison de la France » née en 1919, superbe palais de style néo-classique, situé au 86 de la via Crispi dans le quartier Chiaia. A l’intérieur de ce palais, sont réunis différentes institutions : l’Ecole Française de Naples, L’Institut Français de Naples (IFN), le Centre Jean Bérard (Centre d’études archéologiques du CNRS), le Consulat Général de France, ainsi qu’une bibliothèque-médiathèque et une librairie. L’Institut (IFN) est chargé de développer des activités culturelles et linguistiques en portant une attention toute particulière à la francophonie. Depuis 1921, il est rattaché à l’Université de Grenoble, ce qui fait que, pour les napolitains, il demeure « Il Grenoble ».

Ecoutons ce que nous dit Alain Mauger, ancien directeur des cours : « Cette année, Le Grenoble célèbre son centenaire, c’est dire qu’il a su et sait encore résister au temps. L’Institut demeure indiscutablement une référence pour la vie culturelle des napolitains qui s’y invitent assidument pour participer aux nombreux événements proposés : conférences, débats d’idées, spectacles et autres vernissages » ...



"Journal de bord d'un tournage inachevé - Theo Angelopoulos"


Note publiée le 20/12/2018 par Catherine Malard (sur le site MOBILIS) - Reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteure

La jeune cinéaste Élodie Lélu a tenu un journal précis et émouvant pendant le tournage du dernier film du grand réalisateur grec Théo Angelopoulos, mort tragiquement avant qu’il ne puisse, hélas, y mettre la dernière touche. Lecture de Catherine Malard.

Si vous aimez plonger dans les coulisses d’un tournage et vous sentir entraînés dans un suspense haletant, emparez-vous vite de ce précieux journal écrit par Élodie Lélu, jeune cinéaste et amie de longue date du grand réalisateur grec qu’était Théo Angelopoulos. Ce journal, elle l’a tenu sur un peu plus d’une année, jusqu’à la mort du cinéaste, fauché par une moto pendant le tournage de L‘Autre mer.

C’est d’emblée une atmosphère que le lecteur, amoureux de la Grèce, pénètre avec une vive émotion. Élodie Lélu place sa caméra-stylo au plus près du travail du réalisateur, nous le montrant en train de créer ce qui devait être son film le plus difficile. Le film arrivera-t-il à son terme ? L’auteure nous fait vivre l’histoire palpitante d’un collectif qui ne peut se déprendre du climat de crise que la Grèce traverse, frappée par ces politiques d’austérité que lui a imposées l’Europe, crise qui nourrira le scénario du film, traversé par L’Opéra de Quat’sous de Bertolt Brecht. 

Le lecteur suit, jour après jour, les affres du tournage : problèmes techniques, matériels, recherche de financement, d’acteurs adaptés aux rôles, pourtant la dimension poétique et politique de cette figure tutélaire qu’est le réalisateur du Pas de la cigogne n’en est pas affectée, bien au contraire. Nous plongeons avec l’équipe dans les rues d’Athènes en crise, maculées de tags, côtoyant les nombreux migrants installés au Pirée et dans la ville. Au fil des pages, nous sommes touchés par l'obstination de Théo Angelopoulos qui ne cède jamais sur son désir de faire un film qui doit “toujours dépasser l’ordinaire”. C’est cette chance unique qu’Élodie Lélu nous fait approcher, chance d’avoir partagé cette école de vie et d’en être désormais forte de ce que cet homme lui aura transmis pour nourrir son travail actuel de cinéaste.



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