Droit d'expression - Laïcité
L'affaire Meurice vue depuis le Québec :
excès de rire ou excès de condamnation ?
Article sur le blog de Pierre Rainville, Professeur titulaire, cotitulaire de la Chaire de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression (FRQ / CNRS) - COLIBEX - Faculté de droit - Université Laval à Québec
En temps de crise, l'humour est une vigile et un suspect. L'humour dénonce, mais il expose également son auteur. En dit-il trop, s'exprime-t-il trop mal ? Comment dénoncer sans se faire dénoncer ? Où situer la liberté d'expression ? Comment l'humour peut-il réformer, décrier, sans être emporté par l'interdit ? Le cas Meurice convie tous les acteurs du rire et ses contempteurs.
L’aspiration émancipatrice vers la liberté et l’égalité qui sous-tendait la laïcité historique s’est métamorphosée au cours des dernières décennies en son contraire. Après avoir, dès les lendemains de la Grande guerre, évolué vers une catho-laïcité, elle se transforme désormais aussi en une néo-laïcité identitaire et discriminante. Cette reconfiguration vise principalement à discriminer les musulmans, et parmi eux en premier lieu les femmes. Elle tourne clairement le dos aux principes de liberté et d’égalité et à la séparation des Églises et de l’État qui ont été aux fondements même de la laïcité historique.
Compte tenu de la kyrielle d’assouplissements obtenus par l’enseignement catholique dès 1919, surtout depuis 1959, et au regard des multiples manifestations symboliques d’allégeance au catholicisme, qui éloignent tant de l’esprit que de la lettre des lois scolaires laïques des années 1880 et de la loi de 1905, on ne peut qu’être stupéfait par le déclenchement en 1989, année du bicentenaire de la Révolution, d’une campagne politico-médiatique délirante autour d’un « voile islamique » dont le port serait constitutif d’une insupportable atteinte délibérée à la laïcité. Une campagne qui aura abouti à l’adoption de la loi « antivoile » du 15 mars 2004 et à l’exacerbation de l’islamophobie. Avec la loi « séparatisme » de 2021 on assistera de surcroît non seulement à la mise sous tutelle étatique du culte musulman, mais encore et plus largement de toutes les structures associatives quel que soit leur objet, culturel ou environnemental par exemple.
Hantise de l’islam, jusqu’où oseront-ils aller ?
Une tribune dans ENTRELESLIGNESENTRELESMOTS, le 18/09/2023
Pour la première fois un responsable politique de haut niveau, Edouard Philippe, envisage expressément un traitement différencié de l’islam. Dans cette tribune, une cinquantaine de personnalités (dont Bertrand Badie, Jean Baubérot, Annie Ernaux…) dénoncent cette dérive dangereuse.
Interdiction des abayas à l’école : faisons front face aux attaques islamophobes
Une tribune parue dans POLITIS le 15 septembre 2023
Quelque 350 organisations, personnalités – parmi lesquelles Étienne Balibar, Annie Ernaux, Frédéric Lordon, Médine, Adèle Haenel… –, figures politiques et militantes antiracistes, féministes ainsi que de nombreux enseignants, signent un texte en exclusivité pour Politis, dénonçant cette nouvelle offensive raciste, islamophobe, sexiste et patriarcale du gouvernement, sous couvert de laïcité.
Avec l’interdiction du port de l’abaya à l’école annoncée par Gabriel Attal le 27 août dernier, le gouvernement a décidé de lancer une nouvelle attaque islamophobe contre les jeunes femmes musulmanes ou assimilées comme telles dans les écoles. Concrètement, le gouvernement exige des personnels de l’éducation, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des enseignants, de déterminer, selon le faciès, le patronyme, et l’appartenance réelle ou supposée à l’islam des élèves si leurs tenues sont des abayas ou non et si elles doivent donc être interdites d’entrer dans leur établissement....
Un pacte laïque ?
Un article de Jean Baubérot sur le site de MEDIAPART (9/12/2022)
Tout est à repenser, de la réparation de la planète à l’élimination des différentes formes de domination.
Cela nécessite l’implication de tous : pourtant, aucun parti ne s’est engagé à la participation réelle et immédiate de la population.
Difficile d’aller à l’encontre des espoirs d’un grand nombre d’entre nous, mais il me semble plus que nécessaire d’ouvrir une brèche critique dans l’enthousiasme mesuré au soir du second tour des élections législatives .
Tout d’abord, un constat d’échec accablant dont les effets délétères sont à venir : l’entrée en force de l’extrême-droite à l’Assemblée nationale quand la victoire électorale revient aux abstentionnistes ! Certes, la majorité présidentielle a subi un désaveu. Mais force est de constater que la démocratie électorale se révèle telle qu’en elle-même, non représentative, tous partis confondus. ...
Un article d'Edwy Plenel paru dans MEDFIAPART le 5 avril et repris dans ENTRE LES LIGNES ENTRE LE MOTS le 20 avril 2021"
La récente polémique sur le droit de se réunir exclusivement entre personnes concernées par une discrimination est la nouvelle étape d’une offensive généralisée contre l’auto-organisation des dominé·e·s. Que ce soit en raison de leur apparence, de leur croyance, de leur genre ou de leur condition. Démonstration...."
Le populisme est sans doute une des notions les plus controversées du moment, chargée de préjugés et de stigmates négatifs. Prendre le populisme au sérieux, y compris dans ses ambivalences, permettrait d’y retrouver son essence démocratique. ...
Une vidéo sur la loi de 1905 (9/12/2020)
A l'occasion de la journée de la laïcité qui se déroule en ce jour, discutons de ce dogme juridique immuablement lié à la République française. Alors que le texte de loi sur les principes républicains doit être examiné en Conseil des ministres ce matin, le gouvernement veut redessiner la laïcité, sans cesse au cœur des sujets sociétaux depuis la mise en place de la loi de 1905. Symbole de cela, la notion de séparatisme religieux qui depuis le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux en octobre dernier et après la mort tragique de l’enseignant Samuel Paty est au centre de la nouvelle politique du gouvernement en la matière. Pourquoi aujourd’hui la loi de 1905 ne fait plus consensus ? Pourquoi le principe de laïcité est-il autant lié à la République française ?
Sur le site "LA VIE DES IDEES", un article de Charles Girard , le 8 décembre 2020
Le droit d’offenser est partie intégrante de la liberté d’expression. Sa justification repose sur la distinction entre les dogmes, qui peuvent faire l’objet de critiques ou de moqueries, et les individus qui peuvent y adhérer. Sans elle, les désaccords moraux et religieux ne pourraient plus s’exprimer dans l’espace public.
Titre complet : Lettre aux professeurs d’histoire-géographie. Ou comment réfléchir en toute liberté sur la liberté d’expression
Une lettre de François Héran, parue dans laviedesidees.fr le 30/10/2020
"Comment enseigner la liberté d’expression ? Par son histoire, propose François Héran, moins républicaine qu’on ne croit et plus respectueuse des croyances. Au lieu d’en faire un absolu, il est temps d’observer que ses conditions d’exercice se déploient dans un temps et un espace déterminés.
Des professeurs d’histoire-géographie m’ont consulté au sujet du cours d’éducation civique et morale qu’ils devront dispenser à l’issue des vacances de la Toussaint. Comment rendre hommage à Samuel Paty, odieusement assassiné le 16 octobre par un jeune djihadiste tchétchène parce qu’il avait commenté en classe des caricatures de Mahomet ? Quel sens donner à la liberté d’expression ? Comment défendre les valeurs républicaines sans nous isoler du reste du monde ? Certes, les enseignants bénéficieront du « cadrage » préparé par l’Éducation nationale. Certes, ils pourront s’inspirer du fervent hommage rendu par le président Macron dans la cour de la Sorbonne. Et, s’ils le souhaitent, ils pourront revenir sur la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs. Mais, si la liberté d’expression nous est chère, nous devons pouvoir lui appliquer aussi notre libre réflexion, à condition de l’appuyer sur des données avérées. C’est le sens des conseils que je me permets de donner ici. ..."
[Titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, François Héran a longuement enseigné la statistique appliquée, la démographie et la sociologie, principalement à l’ENSAE (École nationale de la statistique et de l’administration économique), à SciencesPo, à l’École des Ponts et à l’École doctorale européenne de démographie. Il dirige l’Institut convergences Migrations financé par les Investissements d’avenir et coordonné par le CNRS].
Un article paru dans LE MONDE le 21 novembre 2020
« Cette affaire amplifie le développement de la pensée manichéenne, unilatérale, réductrice », déplore le sociologue et philosophe, dans un entretien au « Monde ».
Analysant le raidissement des antagonismes entre deux France – l’une humaniste, l’autre identitaire –, il explique comment y résister..."
L'introduction au livre « La loi de 1905 n’aura pas lieu. Une histoire politique des Séparations des Eglises et de l’Etat (1902-1908) »
Cette introduction, écrite par Jean Bauberot, auteur du livre et historien de la laïcité a été publiée le 26 septembre 2019 dans BIBLIOBS