La Carte postale


Anne Berest (en livre de poche)


La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de vœux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre. A. B.





Une note de lecture du

Gardian


Carnets de Kiev, 1941-1943 : journal d'une bibliothécaire russe pendant l'occupation allemande

 

Livre d'Irina A. Khorochounova


Si notre perception de l’occupation allemande de Kiev pendant la Seconde Guerre mondiale s’est affinée à la lumière de nombreux documents exhumés récemment, elle cerne surtout les aspects militaires, politiques et administratifs de la présence ennemie. Ces Carnets de Kiev donnent au contraire à voir la vie des habitants et de la ville entre 1941 et 1943. 

Jeune bibliothécaire issue de la bourgeoisie russe traditionnelle, Irina Khorochounova a consigné dans son journal, rédigé dans un style sobre et précis, les événements survenus dans la Kiev occupée. Travaillant au contact des Allemands, elle décrit avec force détails des épisodes douloureux tels que la collaboration, le pillage des bibliothèques, les prisonniers de guerre, le marché noir, lesexpulsions et la terreur qu’inspirent dans toute la population les rafles pour le travail forcé en Allemagne par les forces d’occupation. Comme l’arbitraire qui y préside. En leitmotiv revient, depuis le premier massacre dans le ravin dit de Babi Yar (29-30 septembre 1941), le martyre spécifique des Juifs, leur sort singulier dans cet océan de violences, et leur disparition d’un monde empreint de leur présence séculaire et familière.

Compte-rendu au jour le jour de la vie de Khorochounova et de ses compatriotes au cours de ces sombres années, ce journal, conservé dans les Archives des Organes du pouvoir et de direction de la République d’Ukraine et inédit en français, livre un témoignage sensible de la guerre telle que l’ont vécue les civils de Kiev.


[Une note de lecture : L’Ukraine sous la botte allemande - Sur le site NONFICTION.FR – 22 octobre 2018]



Deux pères juifs

 

Livre de Catherine Francblin 


Deux pères juifs est un récit autobiographique qui évoque l'enfance de l'auteure, confrontée à l'absence de son père, disparu dans la Shoah quelques semaines avant sa naissance. Doté de remarquables qualités littéraires, le texte mêle habilement, en un va-et-vient permanent, le récit personnel et l'histoire collective. Élevée par une mère réfugiée dans le silence et un beau-père, rescapé d'Auschwitz, qui aspire à aller de l'avant, l'enfant ne trouve aucune réponse à ses interrogations sur le drame vécu par les siens. Bien des années plus tard, les écrits des historiens et des témoins du génocide viennent emplir ce vide. Ils alimentent un besoin de savoir inassouvi dont la violence sous-tend l'écriture de ce livre, composant une chronique du martyre bouleversante qui s'agrippe au lecteur de toutes parts pour ne plus le lâcher. Profondément originale tant par la position de l'auteure « entre deux pères » que par sa quête des traces de son histoire intime à la lumière des faits et événements relevant de la grande Histoire, la démarche de Catherine Francblin interpelle chacun avec vigueur. Son rappel détaillé, martelé, de la barbarie nazie a valeur de mise en garde dans un monde au sein duquel le travail de civilisation s'avère sans fin.



Retour à Lemberg

 

Livre de Philippe Sands


Invité à donner une conférence en Ukraine dans la ville de Lviv, autrefois Lemberg, Philippe Sands, avocat international réputé, découvre une série de coïncidences historiques qui le conduiront de Lemberg à Nuremberg, des secrets de sa famille à l’histoire universelle.

C’est à Lemberg que Leon Buchholz, son grand-père, passe son enfance avant de fuir, échappant ainsi à l’Holocauste qui décima sa famille ; c’est là que Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin, deux juristes juifs qui jouèrent un rôle déterminant lors du procès de Nuremberg et auxquels nous devons les concepts de « crime contre l’humanité » et de « génocide », étudient le droit dans l’entre-deux guerres.

C’est là enfin que Hans Frank, haut dignitaire nazi, annonce, en 1942, alors qu’il est Gouverneur général de Pologne, la mise en place de la « Solution finale » qui condamna à la mort des millions de Juifs. Parmi eux, les familles Lauterpacht, Lemkin et Buchholz.

Philippe Sands transcende les genres dans cet extraordinaire témoignage où s’entrecroisent enquête palpitante et méditation profonde sur le pouvoir de la mémoire.



Quinze voyages de Varsovie à Londres, 1940-1945

 

Livre de Jasia Reichardt


Jasia Reichardt a six ans quand la guerre éclate et bouleverse l'heureuse vie familiale. Préservée puis séparée des siens restés dans le ghetto de Varsovie, elle dut s'adapter à toutes sortes de situations.
 
Cinquante ans après, elle parvient enfin à lire les lettres de sa mère (assassinée à Treblinka) et de sa grand-mère (suicidée à Otwock) adressées à sa tante, Franciszka Themerson, qui suivit le gouvernement polonais en exil.
 
L'auteure mêle ses mots de petite fille et d'adulte pour évoquer les événements et l'odyssée initiatique qui lui font quitter un monde pour un autre, la mort pour la vie, la sienne et celle des êtres chers, autour de lettres, d'images et de souvenirs. Défilent ainsi visages et lieux, résonnent les voix, de Varsovie à Londres.



Le Bracelet

 

Livre d'Andrea Maria SCHENKEL


Munich, 1938. Le petit Carl Schwarz doit quitter l’Allemagne avec ses parents et sa sœur. Sa mère est catholique, mais le pays est devenu trop dangereux pour son père juif. La famille déniche des billets de bateau pour Shanghai via Gênes, mais au dernier moment le père décide de rester à quai. Lui qui a défendu son pays dans les tranchées de la Première Guerre mondiale ne peut pas croire que l’Allemagne s’en prenne à sa personne.
Au même moment, une jeune fille tombée enceinte d’un soldat sans être mariée est envoyée chez sa tante, faiseuse d’anges ; celle-ci s’occupe d’elle et la recueille. Une femme du monde qui a eu plusieurs fois recours à ses services vient lui demander une nouvelle fois son aide. Mais à présent, elle voudrait adopter un nourrisson – c’est à cette seule condition que Himmler lui accordera le droit d’épouser l’homme avec qui elle vit.
En 2010, aux États-Unis, Carl Schwarz coule une retraite paisible avec Emmi, la femme qui partage son existence depuis plus de soixante ans. Un après- midi, le téléphone sonne. Un homme, mandaté par le musée de l’Holocauste, aimerait lui poser des questions. Soudain tout le passé resurgit…
Saga du plus haut romanesque, Le Bracelet verse une lumière bouleversante sur l’une des périodes les plus sombres de notre histoire.


[Une note de lecture]



Une histoire de France

 

Livre de Nathalie Heinich


 « Si j'ai décidé d'arracher à leur intimité cette histoire de deux familles, c'est parce que l'une et l'autre m'ont paru emblématiques de ce qui fait mon pays. Une mise en relation constante de la petite histoire familiale avec la grande histoire nationale : c'est ce qui a guidé l'écriture de cette histoire de France à hauteur d'individus, contée à travers les efforts déployés par Jacob, par Bentzi, par Stacia, et aussi par Jean, par Charles, par Madeleine, pour arriver dans un pays, et pour ne pas en être exclus - le récit du prix à payer pour devenir, et pour rester, français.
 
Cette narration en images est le fil qui relie tous ces morceaux de vie hérités du passé afin de leur donner, sinon un sens, du moins une continuité, le sentiment qu'il y a bien là une histoire ordonnée, avec un début et une fin : l'histoire d'une famille juive émigrée d'Ukraine, puis enrichie ; l'histoire d’une famille protestante exilée d'Alsace, puis appauvrie - l'une et l'autre unies, après trois guerres, par les liens d'un mariage improbable dans la lumière de Marseille... Deux lignées, deux exils - et, au final, deux façons d'être de son pays. »



Vienne avant la nuit

 

Livre de Robert Bober


Dans les premières années du siècle dernier, l’arrière-grand-père de Robert Bober, Wolf Leïb Fränkel, tenta d’émigrer aux Etats-Unis, en avant-garde de sa famille restée en Pologne. Refoulé à Ellis Island, il décida de s’installer en Autriche, à Vienne, où la vie était pour les Juifs plus facile qu’en Pologne, et il y fit venir sa femme et ses enfants. Wolf Leïb Fränkel est mort en 1929, avant que la nuit nazie ne tombe sur l’Europe. A l’époque, Vienne était une ville cosmopolite, ouverte, une capitale intellectuelle et artistique, effervescente. Modeste ferblantier, il est peu probable que Wolf Leïb Fränkel ait jamais croisé les grands écrivains qui en fréquentaient les célèbres cafés, mais, pour Robert Bober dont l’œuvre se nourrit de cette culture d’Europe centrale qui éclaira le monde, ils sont indissociables. C’est à la recherche de cet arrière-grand-père et de la Vienne d’alors, et pour faire un film de cette recherche, que Robert Bober s’est lancé en 2012. Abondamment illustré, notre livre reprend des images du film ainsi que son titre, des documents historiques, le texte écrit par Robert Bober lui-même et qu’il dit en voix off, mais augmenté par rapport au film. Vienne avant la nuit, le film, réalisé par Robert Bober et produit par « Les Films du Poisson », sortira en salles, comme notre livre, début octobre 2017.



13 ans à Paris en 1942

 

Livre de Maurice Lustyk


Dans ce livre, l’auteur raconte, avec sa gouaille de titi parisien, sa pudeur, mais aussi avec beaucoup de sobriété, son quotidien de gamin du Faubourg Saint-Antoine, pendant l’Occupation allemande.

Doté d’une mémoire stupéfiante, il nous fait vivre au jour le jour les dénonciations, les rafles, toutes les lois anti-juives et, surtout, l’arrestation de sa mère qui sera gazée à Auschwitz. Mais il nous parle aussi de ses copains qui lui resteront fidèles et qui l’aideront à traverser cette tragique période.

Toute sa vie, très régulièrement, il retournera dans son quartier du XIIe arrondissement qu’il adorait.



L'appartement

 

Livre d'André Markowicz


"Nous sommes tous ensemble, tous les cinq (je ne vois pas mon père dans la scène, il doit être à Paris), jusqu'à ce square dans la cour d'un immeuble, à, quoi, cent mètres, l'écorce noire de ces deux-trois arbres l'ombre semée de taches de soleil, et nous nous asseyons sur le banc blanc, "là, on s'assoit", je la sens qui respire vite, le coeur qui bat, l'effort est fait, la dernière sortie de ma grand-mère..."

A Saint-Pétersbourg, André Markowicz a hérité de l'appartement dans lequel vivait sa grand-mère depuis 1918. Cet appartement, devenu propriété de la famille au moment de l'effondrement du système communiste, est le prétexte d'un récit mêlant souvenirs familiaux, réflexions sur le régime communiste, la littérature, les intellectuels russes, dessinant une forme d'autobiographie sensible du poète et traducteur.



Keila la rouge

 

Livre d'Isaac Bashevis Singer


« À trente-deux ans, Yarmi comptait déjà quatre séjours à la prison de Pawiak pour vol – sa spécialité étant de forcer les serrures. Il avait aussi été arrêté plusieurs fois pour traite des blanches. À vingt-neuf ans, Keila la Rouge s’était successivement distinguée dans trois bordels, une rue Krochmalna, une rue Smocza et une rue Tomkes. » Dans ce grand roman inédit, le conteur malicieux de la rue Krochmalna, le magicien des synagogues et des bordels, ressuscite le monde disparu de la culture yiddish, un monde de couleurs vives qui devint après la guerre un monde gris de cendres.




Oneg Shabbat - Journal du ghetto de Varsovie

 

Livre d'Emanuel Ringelblum



Quelques semaines après l’invasion allemande de la Pologne, pressentant que des temps lourds de dangers s’ouvrent devant eux, Emanuel Ringelblum et quelques Juifs de Varsovie mettent en place une équipe de collecte d’informations et de documents qui se réunit chaque samedi sous le nom d’Oneg Shabbat, « la joie du shabbat ».
 
La finalité de cette collecte va changer avec le temps : de preuves pour l’après-guerre, elle devient une accumulation de preuves pour les générations à venir. Témoignage du désastre sans précédent qui prétend éradiquer un peuple décrété « en trop » sur la terre.
 
Dans le même temps, Ringelblum tient un Journal, rédigé en yiddish, de façon intermittente, en un style parfois haché, voire sibyllin. Au fil des mois, la description de l’effroyable misère organisée par les Allemands prend le dessus. S’impose la description (et la colère froide qui l’accompagne) de la trahison d’une partie des classes dominantes juives, de la bassesse de beaucoup, de la trahison d’une poignée. Mais l’auteur met aussi en lumière la solidarité et la vivacité de la résistance culturelle à ce martyre. Réquisitoire implacable, ce texte, par ses notations sèches qui ne cèdent jamais à l’indignation de posture, fustige l’égoïsme de classe qui structure les sociétés juives. Comme les autres.
 
La présente traduction de ce manuscrit retrouvé à la Libération comprend l’intégralité des chroniques quotidiennes de Ringelblum. Après la publication d’une partie des archives d’Oneg Shabbat il y a dix ans, elle complète l’édifice des voix d’outre-tombe venues du judaïsme de Varsovie.


La fiche du livre


Le journal d’Anne Frank - Roman graphique

 

Livre adapté par Ari Folman (scénario) et David Polonsky (dessin)


À Amsterdam pendant la Seconde Guerre mondiale, Anne doit se cacher avec sa famille dans « l’Annexe » d’un immeuble pour échapper aux rafles. Elle y écrit son journal, dans lequel elle raconte son quotidien pendant la guerre : elle ne sait pas que celui-ci sera donné à lire dans les écoles du monde entier. L’adaptation de Folman et Polonsky y est fidèle. Sa lecture, rendue ludique par le traitement en couleurs des planches, offrira aux plus jeunes une nouvelle entrée dans cette sombre période de l’Histoire.


Des jours d'une stupéfiante clarté

 

Livre d'Aharon Appelfeld


Theo Kornfeld a vingt ans lorsqu’il quitte le camp de concentration que ses gardiens viennent d’abandonner à l’approche des Russes. Il n’a qu’un seul but : retrouver la maison familiale. Errant sur les chemins, blessés au plus profond d’eux-mêmes, les déportés qu’il croise lui rappellent l’horreur à laquelle il a survécu, tandis que d’autres figures émergent de son passé. Celle de sa mère, Yetti, une femme à la beauté exceptionnelle, au caractère fantasque, qui aimait les églises, les monastères et l’œuvre de Bach. Celle de Martin, un père trop discret que Theo va apprendre à mieux connaître.

Des jours d’une stupéfiante clarté raconte son voyage à travers les paysages d’Europe centrale baignés de lumière. Chaque rencontre suscite en lui d’innombrables questions.

Comment vivre après la catastrophe ? Comment concilier passé et présent, solitude et solidarité ? Comment retrouver sa part d’humanité ?

Par-delà le fracas de l’Histoire, ce livre admirable est le récit d’une résurrection.



Les Enfants du ghetto - Je m'appelle Adam

 

Livre d'Elias Khoury


À New York où il enseigne la littérature arabe, l’auteur dit avoir rencon­tré un certain Adam Dannoun, mystérieux marchand de falafel israélien ; il aurait réussi à acquérir des cahiers en partie calcinés trouvés dans l’appartement après la mort de ce dernier. Il s’agit de deux romans ina­chevés. Le premier raconte l’histoire d’un poète arabe de l’époque omeyyade, Waddâh al-Yaman, amant de la femme du calife. Celle-ci le cachait dans un coffre du palais ; l’ayant appris, le calife ordonna de déposer le coffre au fond d’un puits, où le poète mourut noyé sans avoir pu ou voulu prononcer un mot. Le second manuscrit, bien plus ample, se présente comme un récit autobiographique. Il rapporte en détail, en retraçant la destinée d’une foule de personnages, les événements tragiques survenus à Lod en 1948, quand presque tous les habitants de la ville furent expulsés ; ceux qui y étaient restés, dont Adam, encore nourrisson, furent regroupés dans un camp sordide auquel les vainqueurs donnèrent cruel­lement le nom de ghetto…
Dans cette nouvelle approche, après La Porte du soleil, de la Nakba palestinienne de 1948, Elias Khoury aborde des thèmes majeurs comme l’identité, la mémoire, le rapport du roman à l’histoire, mais il se pose surtout, en les croisant, cette question : comment restituer en littérature des crimes dont les victimes se sont murées dans le silence ? Il emprunte pour y répondre plusieurs masques, le dernier étant celui d’un témoin oculaire auquel Adam Dannoun, incapable de raconter lui-même l’épisode le plus monstrueux, demande de le relayer.


[Interview de l'auteur dans L'ORIENT LITTERAIRE - mars 2018]



Elles étaient juives et résistantes - Convoi 76

 

Livre de Chantal Dossin


Pendant de longues années, le souvenir de nombreuses femmes résistantes est resté enfermé dans des boîtes d’archives. Leur nom figure rarement dans les livres d’histoire et pourtant, elles ont pris des risques fous et manifestèrent souvent très tôt la même volonté de désobéir. Rita Thalmann, historienne, parlait déjà en 1984 de « l’oubli des femmes dans l’historiographie de la Résistance ». Les résistantes juives en sont la parfaite illustration, le fait qu’elles fussent juives ayant fait oublier qu’elles avaient été résistantes. Catherine Varlin, résistante elle-même, parle à leur sujet d’une « ville engloutie » ! Pourquoi ces femmes ont-elles choisi de résister ? Comment sont-elles entrées en contact avec le milieu clandestin de la Résistance ? Arrêtées pour ce qu’elles faisaient puis déportées pour ce qu’elles étaient, elles ont connu une double peine : la prison d’abord avec leurs camarades résistantes, puis le « centre de mise à mort » d’Auschwitz-Birkenau, où elles furent emmenées le 30 juin 1944 en même temps que les dernières familles juives arrêtées en France. Sur les dix femmes exemplaires évoquées ici, seules quatre ont survécu. Seulement trois ont été reconnues officiellement comme résistantes par la Commission nationale des déportés et internés de la résistance. Leur volonté de désobéir, de se dresser contre l’ordre des choses, leur force de vie militent contre l’oubli et le silence.



Une odyssée : Un père, un fils, une épopée

 

Livre de Daniel Mendelsohn


Lorsque Jay Mendelsohn, âgé de 81 ans, décide de suivre le séminaire que son fils Daniel consacre à l'Odyssée d'Homère, père et fils commencent un périple intellectuel et émotionnel de grande ampleur. Ils s'affrontent dans la salle de classe, puis se découvrent pendant les dix jours d'une croisière thématique sur les traces d'Ulysse. À la fascinante exploration de l'Odyssée d'Homère fait écho le récit merveilleux de la redécouverte mutuelle d'un fils et d'un père.



Monsieur Benny - Dialogues inachevés

 

Livre de Daniel Wagner


Ce récit, inspiré de dialogues réels, restitue la recherche du lien entre Monsieur Benny et son fils Daniel. Le père vit à Bruxelles tandis que le fils est parti en Israël. Leur relation se poursuit en pointillés entre sourires, questionnements et émotions. Une seconde vie s'ébauche pour le fils, à travers le recueil de la mémoire, la recherche des traces, la découverte de documents d'archives, de lieux et de photos. Une quête personnelle sur laquelle se dessine l'histoire d'une famille juive belge avec, en arrière-plan, l'ombre de la Shoah.


 



L'auto des juifs

 

Livre de Franz Fühmann


Dans cette œuvre largement autobiographique, évoquant, au cours de deux décennies, de 1929 à 1949, quatorze journées qui furent aussi des dates marquantes de l’histoire contemporaine, Franz Fühmann relate son long aveuglement face au régime nazi, aveuglement partagé par beaucoup d’Allemands de sa génération. Il est né en 1922 dans cette région des Sudètes, province de la Tchécoslovaquie jusqu’à son annexion par le Troisième Reich en 1938, après que les gouvernements français et anglais eurent honteusement cédé aux exigences d’Hitler. Il a participé aux campagnes de la Seconde Guerre mondiale sous l’uniforme de la Wehrmacht (en Russie, en Grèce, en Bohême) avant d’être fait prisonnier en mai 1945 par les troupes soviétiques. C’est au cours des années de captivité en URSS que Franz Fühmann va remettre en question l’idéologie fasciste qui a imprégné sa jeunesse. Paru en Allemand en 1962, ce livre est un jalon capital dans l’œuvre de l’auteur. Une première édition de ce texte a paru aux EFR en 1975. (dernière édition : septembre 2016).

 

Note de lecture de Michel Ménaché, parue initialement dans le blog « CAHIER CRITIQUE DE POESIE » le 26 janvier 2017 : http://cahiercritiquedepoesie.fr/ccp-33-3/franz-fuhmann-lauto-des-juifs



Une histoire d'amour et de ténèbres

 

Livre d'Amos Oz


" Tu veux jouer à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et les oiseaux aussi. " Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre le récit de l'existence tumultueuse de sa famille et de ses aïeux. De Jérusalem, où il est né, il retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs de cette tragi-comédie familiale. Leurs vies sont parfois broyées par la grande Histoire et toujours marquées par leurs propres drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au cœur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesques jusque-là inconnues dans l'œuvre d'Amos Oz, la disparition tragique de la mère demeure la question à laquelle ce roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres est un livre bouleversant où l'histoire d'un peuple et la vérité d'un homme se confondent.


[Note de lecture



Avant que les ombres s'effacent

 

Livre de Louis-Philippe Dalembert


En guise de prologue à cette fresque conduisant son protagoniste de Łódź, en Pologne, à Port-au-Prince, l’auteur rappelle le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi de naturalisation in absentia, qui a autorisé ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à des centaines de Juifs, leur permettant ainsi d’échapper au nazisme. Avant d’arriver à Port-au-Prince – à la faveur de ce décret – au début de l’automne 1939, le docteur Ruben Schwarzberg, né en 1913 dans une famille juive polonaise, a traversé bien des épreuves. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d’Haïtiens, il a peu à peu tiré un trait sur son passé. Mais, quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que la petite-fille de sa défunte tante Ruth – partie s’installer en Palestine avant la deuxième guerre mondiale – accourt parmi les médecins et les secouristes du monde entier, il accepte de revenir pour elle sur son histoire familiale. Pendant toute une nuit, installé sous la véranda de sa maison dans les hauteurs de la capitale, le vieil homme déroule pour la jeune femme le récit des péripéties qui l’ont amené à Port-au-Prince. Au son lointain des tambours du vaudou, il raconte sa naissance en Pologne, son enfance et ses années d’études à Berlin, où son père Néhémiah avait déménagé son atelier de fourreur, la nuit de pogrom du 9 novembre 1938, au cours de laquelle lui et son père furent sauvés par l’ambassadeur d’Haïti. Son internement à Buchenwald ; sa libération grâce à un ancien professeur de médecine ; son embarquement sur le Saint Louis, un navire affrété pour transporter vers Cuba un millier de demandeurs d’asile et finalement refoulé vers l’Europe ; son arrivée, par hasard, dans le Paris de la fin des années 1930, où il est accueilli par la communauté haïtienne et, finalement, son départ vers sa nouvelle vie, muni d’un passeport haïtien.




Toutes Fenêtres Ouvertes



En 1973, dans La Fenêtre ouverte, Georgette Elgey avait raconté comment, en 1942, son univers s’était effondré. Après avoir échappé miraculeusement à la déportation, elle dormait désormais sans plus jamais fermer la fenêtre de sa chambre afin de pouvoir échapper aux Allemands. 
En 2017, forte d’une documentation d’une rare richesse, Toutes fenêtres ouvertes lui permet de compléter le récit écrit quarante-cinq ans plus tôt. Entre autres comment elle réussit, en 2015, à savoir qui était l’officier allemand à qui elle doit d’être vivante. 
Georgette Elgey trace aussi le portrait émouvant de sa mère, jeune femme follement éprise d’un homme de quarante ans son aîné, sa témérité hors du commun pour obtenir la reconnaissance en paternité de sa fille. 
À travers l’étonnante histoire de sa vie, elle dépeint un monde disparu, de nombreux personnages exceptionnels et des événements qui ne le sont pas moins. Son parcours singulier, son Histoire de la IVe République en six volumes l’ont amenée à rencontrer maintes grandes figures du XXe siècle. Et, à 70 ans, grâce à l’initiative d’un adolescent, à découvrir sa famille paternelle. 
« Il est impossible de lâcher ce livre jusqu’à la dernière ligne dès qu’on l’a ouvert ». Cette constatation faite lors de la parution de La Fenêtre ouverte s’applique à merveille à ce récit.




Une famille juive du temps de l'exode

 

Livre de Anny Bloch


L’exode, juin 1940. Yvonne Dockès n’a pas vingt ans. Avec ses parents, elle quitte les Vosges pour rejoindre Nîmes dans le Sud de la France.

Tous trois voyagent deux jours durant dans leur Citroën, atteignent la Haute Loire et s’arrêtent à Saugues. Pour Yvonne et sa famille, cet arrêt dû au hasard, imposé par la débâcle, dure quatre mois, de juin à octobre 1940. Yvonne écrit alors 150 recettes d’une écriture dense et régulière dans un petit carnet. Celui-ci va l’accompagner tout au long de de son existence, un repère, un guide.

Que s’est-il passé pour qu’Yvonne ait été prise par l’envie d’écrire ?

Est-ce pour ne pas oublier, conserver un héritage menacé de disparaître. Fragments de récits d’une famille juive alsacienne, lorraine. Dans l’exil, la mémoire des nourritures familiales reste un ancrage face au désarroi et à la faim. La cuisine, héritage transmis cahin-caha sur plusieurs générations devient matrimoine, une langue-mémoire, un grenier à souvenirs pour faire face au chaos du présent.

Entre cuisine juive et autres inspirations, nous entrons dans le récit de familles juives ouvertes sur le monde, transportant leur histoire sans dénégation, ni enfermement. Cet ouvrage raconte l’histoire d’une famille juive alsacienne, lorraine patriote qui doit quitter sa région, est soumise aux lois de Vichy et survit en se réfugiant dans un village cévenol. À travers le chaos, la guerre et la Résistance, cet essai transmet un témoignage et un message pour les générations futures. Il traduit les mutations du judaïsme français à travers trois guerres, les déambulations à la suite de la spoliation de biens et du déracinement. La transmission de la mémoire familiale, des rituels et des savoir-faire au féminin contribuent à cette attention à la vie et jouent une large place dans cette destinée familiale.

 

[ Un article du journal DNA, en date du 18/02/2017 ]



Solomon Gursky

 

Livre de Mordecai Richler


Moses Berger est encore enfant quand il entend pour la première fois parler de Solomon Gursky. Ce personnage mystérieux deviendra bientôt pour lui une obsession qui l'incitera à mener une vaste enquête aux quatre coins du monde. Toute sa vie sera consacrée à démêler le vrai du faux dans l'histoire d'un homme et d'une famille dont les origines sont drapées dans le mystère. Nous entraînant dans les bas-fonds londoniens du XIXe siècle, en Arctique avec l'expédition de Franklin, dans l'Amérique de la prohibition, dans les paysages vallonnés des Cantons-de-l'Est d'hier et d'aujourd'hui, des hauteurs de Westmount jusqu'aux ruelles du Mile End, Solomon Gursky est un puissant récit qui nous captive par sa verve et son humour mordant. Des grands romans de Mordecai Richler, il s'agit sans doute du plus ambitieux, car il met en scène une riche mythologie ; certainement un des romans les plus épiques - et les plus hilarants - jamais écrits. Il y est autant question d'Inuits convertis au judaïsme, de la Longue marche de Mao, de la dernière expédition de Franklin dans l'Arctique en 1845, que d'un corbeau maléfique et des six générations de la famille Gursky. Fresque de l'Amérique du Nord sur un siècle, de la fin du Far-West au début de l'industrialisation en passant par la révolution russe, la prohibition, la seconde guerre mondiale et les seventies. Solomon Gursky est un chef-d'oeuvre.



Vie de ma voisine

 

Livre de Geneviève Brisac


Ça commence comme une nouvelle d’Alice Munro : lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine du dessus qui l’a reconnue, et l’invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo.
Ça continue comme un récit d’Isaac Babel. Car les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais membres du Bund, immigrés en France un an avant sa naissance.
Mais c’est un livre de Geneviève Brisac, un « roman vrai » en forme de traversée du siècle : la vie à Paris dans les années 1930, la Révolution trahie à Moscou, l’Occupation – Jenny et son frère livrés à eux-mêmes après la rafle du Vel' d’Hiv, la déportation des parents, la peur, la faim, les humiliations, et l’histoire d’une merveilleuse amitié. Le roman d’apprentissage d’une jeune institutrice douée d’une indomptable vitalité, que ni les deuils ni les tragédies ne parviendront à affaiblir.
Ça se termine à Moscou en 1992, dans la salle du tribunal où Staline fit condamner à mort les chefs de la révolution d’Octobre, par la rencontre improbable mais réelle entre des « zeks » rescapés du Goulag et une délégation de survivants des camps nazis.
À l’écoute de Jenny, Geneviève Brisac rend justice aux héros de notre temps, à celles et ceux qui, dans l’ombre, ont su garder vivant le goût de la fraternité et de l’utopie.



Mon Conservatoire côté cour

 

Livre de Henri Ostrowiecki - Préface de Christophe Dejours


Petit garçon, Henri Ostrowiecki échappe de peu à la mort lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’ le 16 juillet 1942. Après l’assassinat de ses parents à Auschwitz, son refus de l’école le conduit à devenir ajusteur.

Dès son entrée dans la vie active, il entreprend ses premiers cours du soir et passe le brevet professionnel, puis s’inscrit au Conservatoire National des Arts et Métiers. Le CNAM deviendra son fidèle compagnon. C’est cet itinéraire qu’il nous dévoile. « De facto le CNAM, écrit Christophe Dejours dans sa préface, a pendant une bonne partie du XXe siècle formé une anti-élite qui a rendu d’immenses services aux différentes activités industrielles du pays. Modestes, doués d’une capacité de travail hors du commun, loyaux, endurants, c’étaient des ingénieurs de production extrêmement compétents. »
Lire ce livre, c’est aussi l’occasion de méditer sur le travail et son évolution devenue avant tout gestionnaire


[Soirée de présentation du livre, le 29 novembre 2016]




Au fil des fêtes - Récits sur les fêtes juives

 

Livre de Sholem Aleykhem 


Sholem Aleykhem est le plus populaire des auteurs yiddish. Dans ses romans, nouvelles et pièces de théâtre qui ont eu un immense succès, il décrit avec verve et humour le monde traditionnel du shtetl (bourgade à majorité juive d’Europe de l’Est), avec ses juifs misérables, vivant d’expédients, mais qui ne perdent jamais confiance en Dieu. Au-delà d’une description réaliste, il fait de ses personnages des héros, des héros humbles, subissant la misère et l’antisémitisme ; il leur donne la parole, dans une langue qui paraît populaire, mais qui est le résultat d’un processus artistique complexe. 

Les dix récits de ce recueil portent sur le cycle annuel des fêtes juives, fêtes qui s’accompagnent de prières, de rites et de plats spécifiques. Le lecteur les découvre telles qu’elles étaient célébrées à l’époque de Sholem Aleykhem, souvent à travers le regard d’un enfant-narrateur. Des récits émouvants, savoureux, pleins de vie, parfois même d’une fantaisie débridée, qui font revivre un monde qui paraissait immuable, et a été balayé par l’Histoire.


[Note de lecture de Pierre Ahnne, sur son blog]



Judas

 

Livre de Amos OZ


Le jeune Shmuel Asch désespère de trouver l’argent nécessaire pour financer ses études, lorsqu’il tombe sur une annonce inhabituelle. On cherche un garçon de compagnie pour un homme de soixante-dix ans ; en échange de cinq heures de conversation et de lecture, un petit salaire et le logement sont offerts.

C’est ainsi que Shmuel s’installe dans la maison de Gershom Wald où il s’adapte rapidement à la vie réglée de cet individu fantasque, avec qui il aura bientôt des discussions enflammées au sujet de la question arabe et surtout des idéaux du sionisme. Mais c’est la rencontre avec Atalia Abravanel qui va tout changer pour Shmuel, tant il est bouleversé par la beauté et le mystère de cette femme un peu plus âgée que lui, qui habite sous le même toit et dont le père était justement l’une des grandes figures du mouvement sioniste. Le jeune homme comprendra bientôt qu’un secret douloureux la lie à Wald...

Judas est un magnifique roman d’amour dans la Jérusalem divisée de 1959, un grand livre sur les lignes de fracture entre judaïsme et christianisme, une réflexion admirable sur les figures du traître, et assurément un ouvrage essentiel pour comprendre l'histoire d’Israël. Un chef-d’œuvre justement acclamé dans le monde entier.



Le ghetto de Wilno, 1941-1944

 

Livre d'Avrom Sutzkever


Il y avait plus de 60 000 Juifs à Wilno (actuelle Vilnus) à l'arrivée des nazis en 1941. Trois ans plus tard, ils n'étaient plus que 2 000. Avrom Sutzkever était l'un d'eux. Le 27 février 1946, il témoigna devant le tribunal de Nuremberg des atrocités commises par les nazis dans le ghetto de Wilno. 
Chef-d'ouvre oublié de la littérature yiddish et témoignage de première importance, Le Ghetto de Wilno est une contribution essentielle à l'histoire des Juifs d'Europe de l'Est entre 1941 et 1944. Sutzkever y raconte l'horreur et la mort, avec le souci de restituer la sincérité du témoin tout en gardant le recul de l'observateur neutre. Il donne à voir les tentatives désespérées d'une poignée de résistants pour sauvegarder les trésors de la Jérusalem de Lituanie.




La Foi du souvenir : Labyrinthes marranes

 

Livre de Nathan Wachtel


A travers la série de portraits marranes qu'il dresse, Nathan Wachtel retrace les itinéraires de ces juifs du secret, espagnols et portugais, convertis de force à la foi catholique à partir de la fin du XIVe siècle. Certains qui ont fui l'Europe pour chercher refuge en Amérique établissent des réseaux de solidarité transcontinentale et contribuent à la création d'une économie ouvrant les voies à la modernité. Sur le plan religieux, à la fois juifs et chrétiens, dedans dehors, les marranes développent des formes de pensée sceptique qui conduisent à la vision d'un monde moins dogmatique, plus complexe, plus relatif, plus tolérant: penser à Montaigne et à Spinoza.

Du pauvre hère que fut juan Vicente au richissime trafiquant d'esclaves Manuel Bautista Perez, de l'érudit Francisco Maldonado de Silva à la « rustique » Theresa Paes de Jesus, l'auteur explore la condition marrane comme lieu des drames, des angoisses et des mutations de l'Occident moderne.

Au scrupule de l'historien qui restitue le contenu des procès consignés dans les vieilles archives inquisitoriales, Wachtel allie le souci de l'anthropologue: au printemps 2000, il fait le lien entre le passé et le présent, rencontrant au Brésil des marranes contemporains.

Faisant bon usage de l'anachronisme, et tout en soulignant les différences, Nathan Wachtel rapproche la péninsule Ibérique des XVe et XVIe siècles de l'Allemagne nazie du XXe. Dans les deux cas, c'est une « logique du sang » qui a mis un terme à la réussite des processus d'assimilation, rejetant les juifs hors de la communauté des vivants.

Après La Vision des vaincus (1971) et Le Retour des ancêtres (1990), La Foi du souvenir est le dernier volet d'une trilogie dont le fil conducteur serait celui d'une « histoire souterraine » des Amériques, entre mémoire et oubli.



Revenir du silence

 

Livre de Michèle Sarde


Née en Bretagne au seuil de la Seconde Guerre mondiale, Michèle Sarde a longtemps tu ses origines. À travers le récit tardif de sa mère, Jenny, elle reconstitue le parcours de sa famille, de l'exil de Salonique et de l'installation à Paris, en 1921, à l'assimilation réussie dans la France des années trente. Mais les persécutions de l'occupation nazie contraignent Jenny et les siens à se cacher et à dissimuler leur identité. Jenny luttera alors de toutes ses forces pour survivre et protéger sa fille. Un traumatisme qui perdurera dans l'après-guerre et finira par les réduire toutes deux au silence.
Saga hors norme d'une tribu méconnue, les Sépharades de l'Empire ottoman qui, chassés d'Espagne par les Rois catholiques, s'étaient installés quatre siècles durant en terre musulmane avec leur religion et leur langue, ce livre est le fruit d'une démarche littéraire à la fois ambitieuse et originale. Michèle Sarde y entrecroise une enquête fouillée, un témoignage authentique et un roman haletant, poignant, et parfois drôle, sur le destin d'une famille prise dans la tourmente du sombre XXe siècle. Il soulève en même temps des questionnements contemporains sur la migration, l'intégration, la transmission et la résilience.

 

[Note de lecture]

 

  • le 10 Octobre 2016 19 h 30 au MAHJ à Paris À l’occasion de la parution de Revenir du silence (Julliard, 2016), en présence de l’auteure, en conversation avec Natalie Levisalles, journaliste à Libération (réservation auditorium@mahj.org)




Note de lecture de

Paquito Schmidt


Partages

 

Livre de André Markowicz


Partages est le journal de traduction d'André Markowicz, un journal qui court sur une année. André Markowicz y dit notamment la minceur de la ligne de partage entre le métier d'écrivain et celui de traducteur. Il nous plonge, comme jamais, au coeur des questions qui jalonnent une vie d'écriture et de traduction. « Ce pourrait être plusieurs livres tant Partages navigue entre des souvenirs, des établis de traduction, des «dossiers» dépoussiérés, des lectures, des poèmes maison, des histoires juives. Rien n'est bâclé,...



A la trace - journal de Tel Aviv

 

Livre de Carole Zalberg


Carole Zalberg a passé, entre le 16 avril et le 16 mai 2015, un mois en Israël dans le cadre d’une mission Stendhal de l’Institut Français, pour un projet de fiction inspirée de la vie de ses trois cousins germains nés là-bas. C’était la première fois en 30 ans qu’elle revenait sur cette terre magnifique et compliquée.

Pour sa famille installée en Israël, c’était une évidence, elle viendrait un jour s’établir là, chez elle. Mais pourquoi envisager un exil si l’on n’éprouve pas le besoin de se mettre à l’abri d’une hypothétique menace ? Et une terre, quelle qu’elle soit, peut-elle vraiment être synonyme de sécurité ?

À travers ce journal de Tel Aviv, Carole Zalberg explore l’ambiguïté de son lien avec cette terre promise et interroge les malentendus d’une famille que l’exil rassemble et éloigne à la fois.



La cache

 

Livre de Christophe Boltanski


« Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes. De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. Cette appréhension, ma famille me l’a transmise très tôt, presque à la naissance. »

Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d’une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l’héritage de la peur, mais aussi de l’excentricité, du talent et de la liberté bohème ? Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre
qui aurait pu tout engloutir ?

La Cache est le roman-vrai des Boltanski, une plongée dans les arcanes de la création, une éducation insolite « Rue-de-Grenelle », de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Et la révélation d’un auteur.



Clandestine


Livre de Marie Jalowicz-Simon     


« — Tu sors sans étoile ? me demanda l'onde Léo, indigné. — Oui, je suis venue vous dire au revoir. J'irai ensuite voir Recha, répliquai-je. — Tu peux t'en dispenser. Ils l'ont emmenée, dit-il sèchement. Tu nous déranges. Nous n'avons pas le temps. Mes sœurs sont occupées à préparer notre déportation. Elle est imminente. — Excuse-moi. Je ne vais pas vous retenir longtemps. Je voulais seulement vous dire au revoir. — Qu'est-ce que tu t'imagines en ne répondant pas aux convocations ? — Je veux survivre. »


  




Note de lecture de

Paquito Schmidt


et tu n'es pas revenu


Livre de Marceline Loridan-Ivens   


« J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

 

Interview de Marceline Loridan-Ivens à La Grande Librairie le 5 février 2015







Note de lecture de

Paquito Schmidt


Les cahiers d'Ida - Mémoires d'une jeune femme juive, de la Pologne à la France dans la première moitié du XXe siècle


Livre d'Ida Spitzberg 


La voix de sa grand-mère Ida c'était le yiddish ; en lui remettant ces cahiers, écrits semble-t-il d'une traite et sans ponctuation, son petit-fils, Daniel Haber, croit avoir compris qu'Ida, cachée à Varenne, en 1944, son mari déporté, recherchée sans cesse par les polices française et allemande, avait été saisie par une sorte d'urgence d'écrire tout ce qu'elle pouvait avant d'être arrêtée. Grâce à cette traduction son passé redevient héritage, un dernier cadeau inestimable.



Share by: