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Il était une fois ... trois Corées
Anthologie littéraire - Collectif
Dans ce recueil de nouvelles, nous avons sélectionné treize auteurs coréens, treize textes, pour replacer la question coréenne sous le signe de la pluralité, de la diversité, voire des contradictions. Des auteurs et des textes de Corée du Nord, de Corée du Sud et des Coréens qui vivent sur un territoire contigu, débordant sur la Chine. Tout cela forme les trois Corées.

De proche en proche - Une famille ordinaire dans l'histoire de France*
Emma Rothschild
Par une sombre après-midi d’hiver, en 1764, dans la ville paisible d’Angoulême, 83 personnes se réunissent pour signer un contrat prénuptial pour la fille d’une certaine Marie Aymard, une veuve illettrée. Ce même nom apparaît sur une procuration concernant les biens de son défunt mari, un menuisier parti travailler sur l’île de Grenade. Deux documents conservés dans les archives : voilà tout ce qu’il reste de son existence. C’est peu au regard de l’épaisseur d’une vie, mais, pour qui sait les lire attentivement, ce point de départ est suffisant pour essayer d’écrire l’histoire de Marie et de ses descendants. Emma Rothschild se lance dans l’aventure et plonge le lecteur dans une enquête historique de grande ampleur, sur cinq générations.
Les membres de l’obscure famille Aymard n’ont laissé derrière eux presque aucune lettre personnelle. Certains ont voyagé jusqu’en Syrie, au Mexique et à Tahiti, d’autres sont restés à Angoulême. Leurs fortunes sont diverses : à la dernière génération, celle que l’on suit jusqu’en 1906, on trouve une couturière impécunieuse demeurant à Paris, et le cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger.
Qu’est-ce que le destin d’une famille ordinaire peut nous dire sur les mobilités sociales et les mutations économiques d’un long XIXe siècle ? Beaucoup, c’est le pari des romanciers. C’est aussi celui que relève avec brio Emma Rothschild, en historienne.

Les Républicains espagnols de Buenos Aires. Fraternités - Souvenirs d'enfance
Carmen Munoz Bernand & Tonica Munoz Malajovich
Carmen Bernand, anthropologue et historienne, délaissant ses outils conceptuels, a choisi ici la voie de la transmission sensible pour privilégier en elle les souvenirs de l’enfant débarquée le 5 novembre 1939 à Buenos Aires, avec ses parents, d’un paquebot français, le Massilia, et faire entendre la voix de sa sœur, Tonica, née cinq ans plus tard en terre argentine.
Guerre civile, défaite de la République, mort de proches et perte de leur patrie, Gori et Maricarmen ont vu leurs projets s’effondrer et la nostalgie les tenaille. À Buenos Aires cependant, autour du couple, un monde de générosité, de solidarités et de tolérance se reconstitue. Personnalités connues – Neruda, Alberti –, ou promises à la célébrité – Eva Duarte –, compagnons de toutes les Espagnes, de France et d’ailleurs, représentants d’une Babel populaire pleine de vie accompagnent les apprentissages des enfants, Carmen et Tonica.
Portés par une plume alerte, de solides convictions et un humour tonique et réjouissant, ces épisodes embarquent le lecteur au sein de la « tribu des Nocturnos » où prédominent la politique, l’art et la littérature, et dont le quotidien est mis en scène dans toutes ses couleurs et ses accents.
Aujourd’hui, depuis Paris et Rio, les deux sœurs disent l’essentiel : elles ont grandi entourées de gens de bien.

Celle qui
Danièle Pétrès
Ce poème épique écrit d’une seule traite fait entendre la voix de celle qui est venue vider la maison de son père des objets qu’elle contient. Alors que la vente approche, elle retrouve au fur et à mesure la mémoire de ce qu’elle y a vécu. Mais avant d'en partir, la maison va lui délivrer ce qu’elle ne pensait pas y trouver.
Danièle Pétrès a publié chez Denoël (Gallimard): Tu vas me manquer, recueil de nouvelles, 2008, La Lecture, roman, 2005, Le Bonheur à dose homéopathique, recueil de nouvelles, 2002. Plus récemment : L’Homme au sanglier, éd. L’Ourse brune, nouvelle, 2023, La Grande Maison, éd. L’Ourse brune, nouvelle, 2022. D'abord réalisatrice, puis juriste dans une maison de haute-couture, elle a été responsable éditoriale dans un cabinet de tendances. Elle a fondé et dirige actuellement L’Inventoire, revue littéraire d’Aleph-Ecriture

Petite-Ville
Mélikah Abdelmoumen
Simon, célèbre journaliste et écrivain engagé est retrouvé mort à 40 ans dans le parc aménagé sur les ruines de la Zone. C'est dans cette banlieue pauvre de Petite-Ville qu'il a grandi avec Mia, tous deux adoptés par Annick Mesplède, travailleuse sociale. Qui a tué Simon ? Petite-Ville dresse le portrait de nos villes minées par l'exclusion, l'injustice et les inégalités.

Alors nous irons trouver la beauté ailleurs
Corinne Morel Darleux
« Cette déambulation littéraire, politique et géographique navigue entre l’essai, le récit de voyage et le journal. Elle parle d’Inde et du Rojava, de romans, de prison et de broderie, de tropiques et de subsistance, de folie, de décroissance et de rêves.
Des vaches et des écureuils tigrés s’y promènent en toute liberté au milieu de réflexions sur l’activisme politique. Elle mélange allègrement les genres. J’espère qu’elle saura aussi brouiller les frontières. »
Installée au pied du Vercors depuis quinze ans, Corinne Morel Darleux est essayiste et romancière. Engagée dans de nombreux réseaux écologistes, libertaires et paysans, elle se consacre au militantisme de terrain et à l’écriture. Depuis 2019 et le très remarqué Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, elle développe une œuvre singulière, à la fois poétique et affûtée, qui questionne notre rapport au monde et en appelle à la dignité.

Le bon Denis
Marie NDiaye
« Elle entendait la voix égale et limpide du garçon, ni lion ni souffle n’en altérait la placide assurance.
Il semblait, lui, aussi, ce Denis, pareil aux petites feuilles du lilas, se consumer sans brûler.
Il s’écarta brusquement, tournant le dos au père, puis il prit la main de la fille dans un geste d’une telle tendresse qu’elle s’en trouva presque déconcertée.
Ils revinrent vers l’hôtel, leurs pas unis, sans un coup d’œil derrière eux.
Il ne veut pas nous reconnaître, il ne veut pas de nous le pauvre homme, nous sommes libres ! chuchota le garçon avec joie.
Il sembla à la fille qu’une joie de même nature exactement la grisait en toute lucidité.
Libres, enfin libres ! répétait Denis en riant. »

Le Livre noir de Gaza
Directrice d'ouvrage : Agnès Levallois - Préface de Rony Brauman
La guerre menée par Israël à Gaza en riposte à la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 est la plus destructrice jamais conduite par l’Etat hébreu dans ce territoire palestinien. Et pourtant, le blocus absolu imposé à la presse (y compris israélienne), aux humanitaires et aux observateurs internationaux sur le terrain la rend paradoxalement invisible, donnant prise à toutes les désinformations.
Un an après le début de l’offensive israélienne, ce livre voudrait donc revenir aux faits. Les principaux rapports des ONG internationales, palestiniennes et israéliennes, ainsi que des enquêtes d’experts et des articles de presse, ont été sélectionnés et présentés par la spécialiste du Moyen Orient Agnès Levallois, avec les contributions inédites de consultants indépendants et responsables d’ONG. Sont ainsi documentés et mis en perspective les faits qui ressortissent du droit de la guerre et du droit humanitaire international : le sort des victimes civiles, l’ampleur des destructions du territoire, les attaques contre les journalistes, les humanitaires et les personnels de santé, l’arsenal utilisé…
Bilan provisoire d’une guerre qui s’annonce sans fin.

L'Étoile de la mer
Elias Khoury
Adam, né en 1948, a grandi dans le ghetto de Lod, où ont été enfermés les Palestiniens restés sur place après la conquête de la ville par l’armée israélienne. À l’âge de quinze ans, il quitte seul la maison de sa mère, fuyant les traumatismes d’une enfance captive. Dans la belle ville de Haïfa, au gré de rencontres fortuites qui l’amènent à naviguer entre les langues, les souvenirs, les histoires et contre-histoires, Adam se façonne, change de quartier, d’amour, de voie… Il s’efforce, inlassablement, d’incarner celui que les autres voient en lui, se gardant de dissiper les malentendus quant à ses origines, sa confession.
À travers les vies successives de ce personnage fantasque, hanté par la perte et le déracinement, Elias Khoury poursuit, avec une acuité et un talent éblouissants, l’exploration de tout ce qui fonde son
œuvre : l’identité, la mémoire, l’amnésie volontaire, la trahison, le rapport entre la Shoah et la Nakba, et celui de la fiction à l’histoire.
L’auteur de "La Porte du soleil" nous offre avec cette nouvelle épopée palestinienne un brillant roman labyrinthique, tout en poésie, qui vient brouiller nos codes, nos attentes, nos lectures, pour nous ramener au sens – de la beauté, de l’existence, de l’humanité.

Le parfum de notre terre - Voix de Palestine et d'Israël
Kenizé Mourad
Kenizé Mourad donne la parole aux victimes du conflit Israëlo-palestinien, et nous replonge au cœur de la vérité de ce drame...
Kenizé Mourad, auteur de "De la part de la princesse morte", a travaillé pendant quinze ans comme reporter spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient et du sous-continent indien. C'est avec son expérience de journaliste et sa sensibilité de romancière qu'elle aborde aujourd'hui le drame vécu par Israéliens et Palestiniens. Évitant les analyses politiques et les généralités dont nous sommes submergés, ce livre décrit et laisse s'exprimer des hommes et des femmes des deux camps. Jérusalem bien sûr, mais aussi Jénine, Gaza, ou les implantations de colons... Kenizé Mourad est allée à la rencontre de tous. C'est leur histoire qu'elle nous raconte, mais aussi celle de leur famille, car il est impossible de mesurer ce qui se passe aujourd'hui sans remonter le fil des tragédies vécues par les générations successives. Palestiniens, Arabes israéliens, Juifs... Il y a Oript, dont la sœur a été tuée dans un attentat et qui n'arrive plus à vivre; Itaï, l'officier israélien, objecteur de conscience; Naomi, qui chaque jour craint pour la vie de son fils, tout jeune soldat; Mohammed, l'imam emprisonné et torturé; ou encore Leïla, qui voit son plus jeune fils prendre le chemin de l'aîné, tué pendant l'Intifada et dont il porte le prénom... En retraçant leur vie, et celle de leurs parents, rescapés des camps de la mort, ou chassés de leurs villages de Palestine et parqués dans des camps de réfugiés, Kenizé Mourad nous fait comprendre leurs besoins, leurs angoisses, et leurs façons d'appréhender le présent.

Gaza - Y a-t-il une vie avant la mort ? - Anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui.
Textes réunis par Yassin Adnan et traduits par Abdellatif Laâbidate
À Gaza, la poésie se dresse en rempart contre la dégradation de l’humain par l’homme, comme une « arme miraculeuse », selon la formule d’Aimé Césaire. Alors que les bombes pleuvent et que la terreur règne, vingt-six voix gazaouies s’élèvent, crues, effrénées et lucides. Elles crient les horreurs de la guerre, et le silence
du reste du monde. Face à une réalité apocalyptique, dans ce lieu où l’espoir a été aboli, le miracle des mots continue néanmoins d’opérer.

Nos Exils
Voix d’écrivaines francophones
L’expérience de l’exil à travers le regard de vingt autrices de talent issues de la toute la francophonie.
Dans cet ouvrage collectif, vingt autrices du Parlement des écrivaines francophones racontent l’exil subi ou choisi. Ces expériences sont vécues comme une libération ou au contraire comme un arrachement, mais toujours singulières et empreintes d’émotion. Avec une grande délicatesse, ces femmes explorent leurs souvenirs et cicatrices pour tenter de comprendre un peu mieux le monde.
Marie-Rose Abomo-Maurin • Cathie Barreau • Cécile Belleyme • Sophie Bessis • Chochana Boukhobza • Carmen Campo Real • Camilla M. Cederna • Laure Mi Hyun Croset • Ananda Devi • Alicia Dujovne Ortiz • Khady Fall Faye-Diagne • Nancy R. Lange • Georgia Makhlouf • Danielle Michel-Chich • Madeleine Monette • Claudine Monteil • Béatrice Riand • Leïla Sebbar • Pinar Selek • Faouzia Zouari
« Et l’on sait déjà que, pour une femme, chaque frontière franchie est un tabou qui tombe, un pas de liberté conquise, une identité qui refuse d’être uniforme. C’est en cela qu’il est permis de parler d’une spécificité de l’exil féminin. »
F. Z.

Gaza écrit Gaza
Textes réunis par Refaat Alareer (1979-2023)
Voix d'une jeunesse palestinienne à qui l'on a tout volé sauf l'ardent désir de vivre, Gaza écrit Gaza est un livre-mémoire, livre-testament. Guidés par le poète Refaat Alareer, quinze jeunes écrivent depuis Gaza la résistance et l'espérance. Ils conjurent, de récit en récit, l'occupation, la guerre, le génocide. Grâce à Refaat Alareer, grand éducateur en plus d'être écrivain, toute une génération d'auteurs est née à Gaza. Ces récits puissants et émouvants disent le quotidien, les peurs et les drames, mais aussi les rêves et les aspirations de la jeunesse palestinienne. Gaza écrit Gaza, d'une valeur inestimable, représente l'engagement de Mémoire d'encrier à ne pas abandonner ces voix. Traduit par des écrivains de toute la francophonie, Gaza écrit Gaza est l'expression collective d'une solidarité au-delà des frontières.

Voyage oublié
Silvina Ocampo
Une œuvre envoûtante où l’invisible et l’imprévu rodent à chaque page.
Voyage oublié est le premier livre de Silvina Ocampo, publié en Argentine en 1937. Les vingt-huit nouvelles qui composent ce recueil, enfin traduites en français, sont hypnotiques, nous emportant dans des sphères où l’onirique rencontre le quotidien pour créer un monde à la frontière du réel et du fantastique, ce que l’on retrouve dans toute l’œuvre de cette immense écrivaine. Nous découvrons des personnages naviguant entre rêve et cauchemar, à l’endroit où l’innocence et la violence s’entrecroisent. Celestina, petite fille fantomatique, danse pieds nus ; Esperanza s’attache à un jeune garçon qui la manipule ; Miss Hilton, malgré ses nombreux voyages, reste prisonnière des préjugés de sa société.
L’écriture de Silvina Ocampo est un voyage en soi, empreint de poésie et de suspense, où chaque détail en apparence banal tend à basculer vers l’étrange. Les récits évoquent les mystères de l’âme humaine, les souvenirs enfouis et les moments où la réalité se fissure, laissant place à l’impossible, dans un univers unique empreint de fantastique
Et puis, le temps avait passé depuis cette journée, l’éloignant désespérément de sa naissance. Chaque souvenir était une petite fille différente mais avec le même visage. Chaque anniversaire étirait autour d’elle la ronde des petites filles qui n’arrivaient plus à se donner la main. S. O.

Aziza
Valérie Clo
Revenue vivre au bord de la Méditerranée, la narratrice est confrontée à son passé. Des évènements, des scènes refont surface. Personne dans sa famille n'a jamais parlé de la guerre d'Algérie ni de la vie là-bas. En retraçant le parcours d'Aziza (sa grand-mère), Valérie Clo brise le silence et questionne l'histoire des siens. Magnifique portrait de femme, Aziza est le récit émouvant d'une existence incroyablement romanesque.

Eloge de la plage
Grégory Le Floch
Peu de lieux font aujourd’hui autant rêver que les plages. Coquillages et crustacés, criques, atolls, récifs, dunes entourées de falaises… Combien notre imagination est peuplée de tous ces motifs abondamment exploités par le tourisme de masse !
Tournant le dos aux cartes postales, Grégory Le Floch nous propose ici une autre approche de ce lieu idyllique toute personnelle et poétique, nourrie de références choisies. Eugène Boudin et sa plage impressionniste y côtoient la plage intimiste de Rohmer et celle amoureuse de Nanni Moretti. Sans oublier, bien entendu, Proust et ses réminiscences de berges et d’embruns.
L’auteur interroge au passage l’imaginaire collectif qui a peu à peu transformé cet espace de confins au départ inhospitalier, lié à l’errance marine et aux naufragés, en simulacre moderne de paradis offert à tous. Par-delà le tableau historique, il dessine avec brio les contours d’un paysage mouvant, menacé de disparition par les aléas climatiques.

Violences sexuelles : quand la justice maltraite
Carine Durrieu Diebolt
L’affaire Pelicot a été comme un lanceur d’alerte sur la victimisation secondaire des victimes de violences sexuelles. On se remémore les mots de Gisèle Pelicot à propos de l’allégation d’une complicité avec son ex-mari : «J’ai l’impression que la coupable c’est moi et que derrière moi les 50 sont victimes».
Le traitement judiciaire des violences sexuelles est actuellement, plus que pour d’autres infractions, maltraitant pour des victimes déjà fragilisées. C’est la double peine : elles ont vécu des violences sexuelles et elles vivent encore des violences judiciaires au-delà de ce qui est nécessaire. Interrogée par le quotidien Sud-Ouest, Carine Durrieu Diebolt – qui défend entre autres des plaignantes contre Gérard Depardieu – souligne que cette «victimisation secondaire» intervient dans «toutes les affaires», soit du fait de l’avocat de la défense, soit du fait des «acteurs de la justice».
C’est la quête d’une conciliation entre les droits de la défense et la protection des victimes, qui a motivé sa démarche de présenter la maltraitance judiciaire des victimes de violences sexuelles à travers quatre affaires, dans une vision prospective. C’est la première fois qu’une avocate écrit sur le sujet. Le sujet est d’actualité.
Si l’affaire Pelicot a mis en lumière la victimisation secondaire, on attend aussi des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme qui risque de condamner la France pour victimisation secondaire.

Vivre avec les hommes - Réflexions sur le procès Pelicot
Manon Garcia
« Je suis philosophe, je m’intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes : après un premier livre sur la soumission des femmes aux hommes, j’ai écrit un ouvrage sur le consentement et les injustices de genre dans la sexualité hétérosexuelle. Je suis aussi une femme de bientôt quarante ans, qui voudrait pouvoir exister dans le monde sans s’inquiéter sans cesse des violences sexistes et sexuelles dont mes amies, mes filles ou moi pourrions être victimes.
J’ai vu les changements apportés par le mouvement #MeToo, je vois le backlash masculiniste qui s’efforce de renvoyer les femmes à leur position de deuxième sexe. Lorsque je découvre les crimes commis sur Gisèle Pelicot, je sais que se condensent dans cette histoire toutes les questions philosophiques qui sont les miennes. J’hésite à aller au procès de Mazan. Puis je me rends à l’évidence : il me faut écrire ce procès et l’expérience que j’en fais, comme philosophe et comme femme. Et tenter de répondre à cette question qui me hante : peut-on vivre avec les hommes ? »

La Chair des autres
Claire Berest
« Trouver la bonne distance est une question qui vous obsède quand vous écrivez. Mais quand vous écrivez sur une tragédie réelle et non fictionnelle, advenue à d’autres, cette réflexion vous harcèle. Rien ne peut être parfaitement honnête, ni le proche ni le lointain.
Pour se donner le droit de parler de l’autre, la politesse serait de dévoiler d’où l’on parle. De faire corps, sans s’effacer. »
Depuis toujours, Claire Berest ausculte le point de bascule de nos vies, que ce soit dans l’espace du couple ou dans l’espace social. En 2024, elle a suivi les audiences du procès des viols de Mazan pour Paris Match.
De cette expérience et de son obsession du fait divers, dans un subtil jeu de miroir entre introspection et enquête, elle signe un récit fascinant sur les coulisses du mal et sur une femme devenue l’emblème du combat féministe.

Ainsi parlait Colette
Textes choisis et présentés par Gérard Pfister
La littérature française classique compte quatre écrivaines majeures : Madame de Sévigné, Germaine de Staël, George Sand et Colette. De ces quatre-là, Colette est la seule dont l’œuvre est très largement lue aujourd’hui encore.
Écrivaine populaire avec les Claudine et les Chéri, Colette est devenue grâce à sa liberté d’esprit et la puissance de son écriture, une sorte d’équivalent féminin de son contemporain Marcel Proust.
Colette aimait à dire pourtant qu’elle n’était devenue écrivaine que par hasard : « Dans ma jeunesse je n’ai jamais, jamais désiré écrire. » Mais à l’âge de 20 ans, elle épouse Gauthier-Villars (Willy) et devient l’un de ses multiples
« nègres ». Sa vocation, nous dit-elle, était tout autre : « Née d’une famille sans fortune, je n’avais appris aucun métier. Je savais grimper, siffler, courir, mais personne n’est venu me proposer une carrière d’écureuil, d’oiseau ou de biche. »
Colette n’a pas fréquenté, comme les autres grands écrivains de sa génération, les grands lycées parisiens.
Sa scolarité s’est arrêtée lorsqu’elle avait 16 ans. Elle a toujours gardé l’accent bourguignon : cette « voix de syrinx, écrivait Aragon, où perchait / Avec toutes les variations d’un / Beaune / Le roulement des r comme un vin dans le chai ».
Sans cesse, écrivait-elle, il faut retourner aux choses : « Nous ne regardons, nous ne regarderons jamais assez, jamais assez juste, jamais assez passionnément. » Ce qui rend vivantes toutes choses, c’est une certaine vibration qui est en elles, un rythme. Colette jouait bien du piano et a écrit le livret de L’Enfant et les Sortilèges de Ravel.
C’est chez sa mère qu’elle a trouvé la force de cette liberté indomptable. « Marcel Schwob, déclarait-elle, m’appelait “la béguine aux scrupules”. Et il est vrai que je mets des scrupules un peu dans tout. Je cache mes scrupules sous un peu de cynisme. »

Aller-retour dans la langue que parlait mon père
Alain Fleischer
Pourquoi cet homme refusait-il de parler sa langue originelle, la langue de son père, celle de ses aïeux et de son peuple décimé ? Pourquoi son fils pense-t-il qu’il aurait dû apprendre cette langue, le hongrois, pour toucher cet homme et l’interroger sur ses silences, sur son incapacité à évoquer autre chose que ce bon temps de naguère. C’est grâce à la sœur, sa tante Lenke, la seule autre rescapée de la famille, qu’il va pouvoir apprendre ce qui est arrivé aux siens que son père tait de manière irréductible.
Ce court texte autobiographique, cette lettre au père aimé mais silencieux, est la tentative pour résoudre une énigme, pour comprendre une fuite, pour savoir au bout du compte ce qui fait qu’un homme devient un artiste et un écrivain.

La Petite Bonne
Bérénice Pichat
Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end-là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d’aller prendre l’air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste accablé d’amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Il faudra cohabiter, le laver, le nourrir. Mais Monsieur a un autre projet en tête. Un plan irrévocable, sidérant. Et si elle acceptait ? Et si elle le défiait ? Et s’ils se surprenaient ?

03/05/2025
Une femme sur le fil
Olivia Rosenthal
Zoé est une enfant poursuivie par un oncle insistant. Elle cherche à fuir. Elle sait qu’il faut ruser, dévier, qu’elle ne peut avancer en droite ligne. Personne ne marche droit. Sauf peut-être les funambules qui n’ont d’autre choix que de vaincre leur vertige en visant la mire de leur câble. Entre le récit de Zoé et les paroles de funambules sur leur métier, un lien se tisse que l’autrice emprunte à son tour, parce qu’en écrivant, elle avance elle aussi sur un fil, prête à basculer dans le vide.
Ce texte hybride, tantôt récit, tantôt essai, parfois making-of, devra, malgré ou grâce à ses mille dérives, aller au bout du chemin et toucher sa cible, racontant par quels moyens Zoé réussit à se libérer de l’emprise.

Le convoi
Beata Umubyeyi Mairesse [Réédition au format poche - Postface inédite]
Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse. Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l’équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence une enquête acharnée pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes.
Nourri de réflexions sur l’acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d’archives et écriture de soi, Le convoi offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.