Anne Baatard
J’aime : Modiano, Cendrars, Apollinaire, Robert Walser, Murakami, la littérature scandinave… J’aime l’Oulipo et tous les textes qui me font rire ; la voix, la danse, les carnets de voyage et faire feu de tout bois pour écrire.
Je n’aimerais pas : ne plus rien découvrir, mais ça n’arrivera pas.
Invitée tôt à la lecture et à l’écriture – une chance que j’aime avant tout partager – j’ai pu explorer et transmettre ma curiosité de la littérature dans mon métier de libraire. Animer des ateliers, pour moi, c’est le plaisir d’accompagner l’affirmation du désir qui fonde toute écriture.
[extrait de la présentation sur le site d’Aleph Ecriture]
01/07/2024
Poésies proposées par Anne Baatard
Geoffrey Squires, Choix de poèmes, éditions Unes, bilingue (2024)
Ce recueil de Geoffrey Squires – dont les éditions Unes ont publié l’œuvre traduite en français par François Heusbourg – rassemble un choix de poèmes dont quelques inédits. Le poète irlandais contemporain s’écarte du lyrisme. Le poème prend appui sur une palette de couleurs vives et nuancées. Le langage cherche la clarté, voire la transparence, l’éclat d’un paysage, l’émotion d’un visage, la douceur de moments intimes et universels.
Dans la pénombre inhabituelle de la chambre
Une brise creuse les rideaux
Le son de la mer la mer
Où tu où je où nous
Le je, le nous conduisent la scène poétique dans un équilibre où le sujet ne prend pas le pas sur la présence du monde. Le vers libre porte le rythme des images, la précision et la profondeur des sensations : « Et l’air à l’intérieur comme du marbre ». Les derniers poèmes sont plus abstraits, mais l’abécédaire du poète y reste composé de mots simples : monde, son, feuilles, lumière, arbre, rivières, nuit, chambre, silence, maison, sommeil, air, lac, vent…
Je suis heureux de trouver
Le monde à ce point absorbé en lui-même
Comme quelqu’un s’apprêtant à dormir
Ce recueil est à lire au bord d’une rivière en été.
Yannis Ritsos, Les jeux du ciel et de l'eau, éditions Bruno Doucey, bilingue (2024)
Dans Les jeux du ciel et de l'eau, le poète grec Yannis Rítsos nous offre un lyrisme fluide et les couleurs de la méditerranée.
Les tuiles couleur d’abricot sur les toits (…)
les chevaux blancs dans le vert
les balcons resplendissants d’or et de mer I
Il compose ce recueil durant l'été 1960 sur l'île de Samos, dans la maison de sa femme. C’est un moment de joie et de simplicité pour le poète qui connaîtra la prison pour ses engagements contre le fascisme. Cet été-là, l’île est un refuge aux parfums de jasmin et de sel.
Le rivage est plein d’étoiles
ton tablier est comblé de fleurs.
L’heure, douce, est à la plage et au jardin, à l’évidence du bonheur et de l’écriture : Parfois les mots viennent tout seuls presque comme les feuilles aux arbres (Dilution)
La poésie dans l’air du temps : une alchimie du quotidien
Un article (30 mai 2022)
Le Marché de la Poésie ? Un rendez-vous de première nécessité ! Faire son marché, voilà qui remet la poésie au centre du quotidien. Et si la poésie n’était pas une discipline savante, presqu’aussi obscure que les mathématiques, si elle s’accommodait de nos vies, de nos fiertés et nos défaites, des fous rires et des rages de dents, des courses à faire, des bouquets sur la table et des silences qui nous encombrent ? Si elle esquivait les territoires du grandiose pour jouer ses coups d’éclats à l’abri de ces jours que l’on dit ordinaires, si elle s’intéressait à tout, à nous ?
D’une allée l’autre, découvrons le Castor Astral, La Boucherie littéraire, L’Ourse Blanc, L’Ail des ours, Lettres Vives, Héros-Limite, Le Silence qui roule, Tarabuste, Le temps qu’il fait… je sais bien, il faudrait citer tout le monde.