Le "Refus global"


Refus global est un manifeste qui a été publié en 1948 et signé par 16 membres de la communauté artistique québécoise. Il remet en cause les valeurs traditionnelles du Québec. Il encourage également l’ouverture de la société québécoise à la pensée internationale.




Le Manifeste

du Refus global


 

Riopelle sur le vif. En quête de son mythe


Monique Brunet-Weinmann


Jean-Paul Riopelle est un expressionniste abstrait canadien surtout connu pour ses paysages non figuratifs. Artiste visuel farouchement expérimental, il a repoussé les limites de la créativité et capté l’attention du monde entier. Jamais auparavant un artiste canadien n’avait été célébré de cette manière. Né le 7 octobre 1923 à Montréal au Canada, Riopelle étudie à la fois à l’École des Beaux-Arts et à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie de la ville dans les années 1940. Son professeur, Paul Émile Borduas, est un des membres fondateurs du groupe appelé Les Automatistes, une émanation du mouvement surréaliste. Après un voyage à Paris en 1947, Riopelle devient l’un des membres de l’École de Paris, dont fait partie Joan Mitchell, avec laquelle il vit et travaille pendant près de 15 ans.
Dans Riopelle sur le vif, Monique Brunet-Weinmann nous amène par de grandes entrevues inédites, des souvenirs personnels, des réminiscences biographiques et par l’analyse de l’oeuvre de Riopelle à comprendre les liens intellectuels et émotifs qui unissent l’oeuvre à l’être. Elle révèle un portrait de Riopelle évoluant au gré des figures mythiques qu’il met en scène et incarne lui-même. Elle réussit à explorer les multiples pistes de l’expression artistique de Riopelle, dans sa diversité étonnante et sans cesse renouvelée. Elle se livre aussi, et c’est là où son apport est le plus profond, à la recherche des jalons qui ont amené Riopelle à son mythe personnel, et au projet d’une mythologie commune.



Refus global


Paul-Émile Borduas


“Des consciences s’éclairent au contact vivifiant des poètes maudits : ces hommes qui, sans être des monstres, osent exprimer haut et net ce que les plus malheureux d’entre nous étouffent tout bas dans la honte de soi et la terreur d’être engloutis vivants.”

En 1948 paraissent secrètement au Québec quatre cents exemplaires d’un manifeste explosif : Refus global, qui brosse un portrait au scalpel d’une société bigote et renfermée, et appelle, dans une langue virtuose, à une révolution poétique. Borduas y dénonce les peurs qui enserrent les individus, et appelle à une révolte poétique et anthropologique pour faire naître un “nouvel espoir collectif”.

C’est bien d’un refus global dont il s’agit : les Automatistes, qui se réunissent à l’atelier de Borduas, contestent non seulement l’emprise du catholicisme sur les consciences mais aussi la raison marchande, le calcul égoïste, qui a d’ailleurs partie liée avec la foi catholique mortifère. Cet appel à l’insurrection, raillant le règne de l’argent et de la prudence, ne saurait être coulé dans une langue sage et policée. Certains passages glissent vers le poème en prose et l’écriture automatique, dans la lignée des surréalistes français. La forme elle-même sert ici la pulsion, la spontanéité et la libération.

Dense, sec et radical, ce pamphlet universel vise toujours juste et adopte une multiplicité de tons toujours maîtrisés. Dans la lignée d’un Lautréamont et des grands manifestes dada, lettristes et situationnistes, Refus global est l’un des grands textes subversifs du XXe siècle.



La Femme qui fuit


Anais Barbeau-Lavalette


Elle s'appelait Suzanne Meloche. Était aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus global en 1948. Fonda une famille avec le peintre Marcel Barbeau. Abandonna très tôt ses deux enfants.
Afin de remonter le cours de la vie de sa grand-mère, qu’elle n’a pas connue, l'auteur a engagé une détective privée et écrit à partir des indices dégagés. À travers ce portrait de femme explosive, restée en marge de l'histoire, Anaïs Barbeau-Lavalette livre une réflexion sur la liberté, la filiation et la création d’une intensité rare et un texte en forme d’adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais.



Les enfants de Refus global


Documentaire personnel de Manon Barbeau, fille de l'un des signataires. En 1948, le manifeste du Refus global de Paul-Émile Borduas proclame la fin du «règne de la peur multiforme» incarné par le régime duplessiste.
Cinquante ans plus tard, tous les livres d'histoire font état de ce document qui jeta les bases du Québec moderne. La cinéaste est allée à la rencontre des fils et filles des Barbeau, Borduas, Mousseau et Riopelle,
«enfants de Refus global» qui ont subi comme elle les conséquences du geste révolutionnaire de leurs parents.
Aucun n'est sorti indemne d'une enfance faite d'inquiétudes et d'abandons, mais aussi d'une richesse que l'art seul peut apporter.



Anaïs Barbeau-Lavalette : la femme qui reste


Un article de Pascale Millot dans la « Gazette des Femmes », le 7 juillet 2016


Avec La femme qui fuit, roman sur sa grand-mère, Anaïs Barbeau-Lavalette redonne vie à une absence. Et met en lumière les déchirements des femmes artistes à l’époque de Refus global.
Quand elle a entrepris d’écrire La femme qui fuit, un roman sur sa grand-mère, Anaïs Barbeau-Lavalette était remplie de colère contre cette femme dont elle ne connaissait que l’absence : un trou noir dans l’histoire familiale, une maille filée dans le tricot de la filiation. En 1952, la poète et peintre automatiste Suzanne Meloche a en effet abandonné ses deux enfants, alors âgés de 5 et 3 ans : Manon, alias Mousse (mère d’Anaïs), et François. « Tu as fait un trou dans ma mère et c’est moi qui le comblerai », écrit la romancière.
...



Anaïs Barbeau-Lavalette : le fantôme de la liberté


Un article de Mario Cloutier, publié dans « La Presse » le 18 septembre 2015 à 13h07


Anaïs Barbeau-Lavalette a osé. La femme qui fuit, c'est sa grand-mère, Suzanne Meloche,
femme de Marcel Barbeau, mère de Manon. Anaïs ne savait presque rien d'elle. Alors, elle
l'a inventée en écrivant le roman de sa vie et en revisitant l'époque charnière de Refus
global. Marchant sur un fil mince entre réalité historique et pure fiction, la cinéaste-écrivaine
funambule a accouché de son quatrième bébé, sa grand-mère. Elle la tutoie dans ce livre
émouvant pour s'assurer que, cette fois, cette femme libre ne se défilera pas...



Share by: