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Armen

Livre de Jean-Pierre Abraham (réédition en poche)
A l’ouest de l’île de Sein, en mer d’Iroise, se dresse Ar-Men, que les gardiens de phare surnomment « l’enfer des enfers ». Ayant soudain troqué ses études de lettres pour la vie en mer, le jeune Jean-Pierre Abraham, 25 ans, en devient le gardien, en 1961, au terme d’une formation complète de plus de deux années à ce métier. On est très actif dans un phare, mais il reste des moments pour le vide, les rêveries et la peur. Abraham tient avec trois livres qui ne le quittent pas : un album de Vermeer, un autre sur un monastère sistercien, et un recueil du poète Pierre Reverdy. « Pourquoi êtes-vous ici ? », lui demandera-t-on un jour. « Je ne sais pas, répondra Abraham, il me semble que j’avais l’impression que la vie se passait sans moi et à mon insu, si bien que j’ai décidé un beau jour, enfin, de changer. J’ai vu Ar-Men, je suis passé par là en bateau, et puis tout d’un coup j’ai décidé de venir là. J’avais trouvé vraiment mon lieu. Je crois que c’est ce qu’il faut chercher, trouver le lieu où l’on puisse devenir soi-même, s’épanouir, être à sa place, bien dans sa peau. » Livre culte, unique, Armen est un chef-d’œuvre.
Madeleine Bernard - La Songeuse de l'invisible

Lvre de Marie-Hélène Prouteau
Cette jeune fille de dix-sept ans pleine de charme que peint un Gauguin amoureux, c’est Madeleine Bernard. Elle n’est pas un modèle comme les autres. En cet été 1888, la jeune fille est la muse de Pont-Aven. D’autres l’ont peinte, dont Émile Bernard, son frère. Née à Lille en 1871, Madeleine est d’une grande beauté et d’une vive intelligence. Elle voit naître sous ses yeux la formidable aventure de l’art post-impressionniste. Sur les bords de Seine à Asnières, à Saint-Briac, à Montmartre, elle est présente, sans être artiste elle-même ; rencontre Odilon Redon, Van Gogh, grand ami de son frère. Elle s’intéresse à la peinture. Mais aussi à la théosophie, aux spiritualités orientales. Entre ce frère rebelle si doué et une mère tyrannique, il lui faut trouver sa place de femme. Elle aspire à la liberté, choisit de travailler. Supporte mal ce milieu superficiel des ateliers de couture. Au fond, c’est une âme mystique, tendue vers l’invisible. Qui est Madeleine qui mourra à vingt-quatre ans ? Cette jeune femme qui ose poser une rupture radicale avec sa vie d’avant en s’enfuyant à Genève loin des siens ? Sa vie y prendra un tournant romanesque en croisant celle de la jeune Isabelle Eberhardt et de son frère.
Marie-Hélène Prouteau, qui a eu accès à une correspondance abondante, a tenté de cerner cette personnalité remarquable, complexe, attachante dans ses contradictions.
Adultère

Livre de Yves Ravey
Jean Seghers est inquiet : sa station-service a été déclarée en faillite. Son veilleur de nuit-mécanicien lui réclame ses indemnités et, de surcroît, il craint que sa femme entretienne une liaison avec le président du tribunal de commerce.
Alors, il va employer les grands moyens.
[Une note de EN ATTENDANT NADEAU, le 14/04/2021]
Présentation à la librairie Mollat (11/04/2021)
MÉMOIRES D'UN MALGRÉ-NOUS, RESCAPÉ DE LA BATAILLE DE BUDAPEST février 43-mai 45

Livre de René Debs
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, René Debs a 14 ans. Il fera partie des quelque 130 000 incorporés de force à partir de février 1943 pour combattre aux côtés de l'ennemi. Ce qui frappe avant tout dans ce récit, c'est la capacité à se défendre coûte que coûte, à compter sur l'amitié de ses camarades, à crier son incompréhension devant tant de barbarie, tout en gardant la fraîcheur d'âme d'un jeune soldat malgré lui, qui partage ses émotions lors des rares moments de répit. Il sera l'un des rescapés de la terrible bataille de Budapest de décembre 1944, et fêtera ses 20 ans quatre mois après son retour de guerre.
Prison n°5

Une BD de Zehra Doğan
La journaliste féministe turque d'origine kurde a écrit cette BD pendant sa captivité
Ce livre est le fruit d'une détermination, transformant un emprisonnement en une résistance. Zehra Dogan, artiste kurde condamnée pour un dessin et une information qu'elle a relayés, fut jetée dans la prison n°5 de Diyarbakir, en Turquie. Elle nous immerge dans son quotidien carcéral. Découvrir le passé de ce haut lieu de persécutions et de résistances, c'est connaître la lutte du peuple kurde.
Fantômes

Livre de Christian Kiefer
Été 1945 : lorsque le soldat américain d’origine japonaise Ray Takahashi rentre du front, personne n’est là pour l’accueillir en héros sur les terres de son enfance, dans le nord de la Californie. Ses parents, après avoir été expulsés et enfermés au camp de Tule Lake, vivent désormais à Oakland. Mais Ray veut comprendre pourquoi leurs anciens voisins et amis ont coupé les ponts avec eux, et surtout revoir leur fille Helen, sa petite amie. C’est à ce moment-là qu’il disparaît sans laisser de traces.
Printemps 1969 : de retour du Vietnam, et hanté par les fantômes de la guerre, John Frazier cherche son salut à travers l’écriture d’un roman. En s’emparant accidentellement du destin de Ray, le jeune écrivain ignore tout des douloureux secrets qu’il s’apprête à exhumer.
En revenant sur l’histoire méconnue de dizaines de milliers de Nippo-Américains internés dans des camps après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, Christian Kiefer tisse un drame familial poignant et lumineux, qui interroge notre rapport intime à la mémoire et au passé.
Sur l'arrivée de femmes japonaises aux USA au début du 20è siècle :
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Sur l'internement des américains d'origine japonaise pendant la seconde guerre mondiale :
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Combats et métamorphoses d'une femme

Livre d'Edouard Louis
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose.
Entretien avec l'auteur (sur France Culture (5 avril 2021))
"Quand j'ai commencé à écrire, je l'ai fait avec cette idée que, au fond, le monde social reposait en chacun de nous et que, de par une démarche autobiographie, de par l'écriture de soi, on pouvait raconter le monde. J'ai connu dans ma vie des gens des classes populaires. J'ai rencontré des gens de la bourgeoisie. J'ai vu des femmes. J'ai vu des gays. J'ai vu des hétérosexuels. J'ai vu beaucoup de réalités qui m'entouraient. Et ce que j'essaie de faire avec ce livre sur ma mère et avec les autres, c'est au fond de produire une forme de grande fresque du monde social à partir d'une démarche autobiographique. Ce serait produire une forme de geste balzacien."
à la recherche de milan kundera

Livre d'Ariane Chemin
Milan Kundera est l’un des écrivains les plus lus au monde ; il est aussi un disparu volontaire. À force de refuser toute apparition depuis trente-sept ans, il s’est effacé du réel. Le geste de la main d’Agnès au bord de la piscine, le sourire du chien Karénine, ses personnages restent gravés dans les mémoires ; lui est devenu un écrivain fantôme. Il a posé des scellés sur sa propre existence et ce siècle d’histoires qui s’enroule autour de la sienne.
Depuis ses vingt ans, Ariane Chemin rêve de rencontrer l’auteur de La Plaisanterie. Partie sur ses traces, elle voyage d’Est en Ouest, de Prague à Rennes, de la Corse à Belle-Île-en-Mer, rencontre sa femme Věra, remonte le temps à ses côtés, croise des éditeurs et des cinéastes célèbres, une speakerine mystérieuse, des compositeurs et des pianistes assassinés, de vieux dissidents et des espions repentis, entend la poésie de Desnos et celle d’Apollinaire, toujours à la recherche de Milan Kundera. Elle lit la vie dans l’œuvre et l’œuvre dans la vie d’un romancier désormais écartelé entre deux patries – quelque part perdu dans la traduction.
IDISS

Une BD de Robert Badinter & Richard Malka. Fred Bernard (Illustration)
« J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils », écrivit Robert Badinter.
Richard Malka et Fred Bernard s’emparent de ce récit poignant et intime pour en livrer une interprétation lumineuse tout en pudeur et à l’émotion intacte. La voix est tout en pudeur et en sobriété d’un grand homme qui œuvre encore aujourd’hui pour la société française. On retrouve ici le témoignage d’un petit fils à sa grand-mère. Le portrait d’une femme qui incarne l’une des plus grandes tragédies du XXe siècle.
MoMo Basta

Livre de Frédérique Germanaud
Frédérique Germanaud livre ici le récit-journal de sa rencontre avec le fascinant MoMo BasTa, grand brûlé dans son enfance, « lapin écorché » devenu artiste performeur évoluant notamment au sein de squats et collectifs d’artistes tels que l’Art-Cloche.
Marqué à vie suite à un accident domestique resté trouble, MoMo, « gueule cassée au verbe haut », cherche aujourd’hui quelqu’un qui recueillera son histoire. C’est d’abord un refus, presque un rejet, que Frédérique Germanaud oppose à cette entreprise. C’était sans compter sur la force du sujet, « chimère » au « visage illisible » qui travaille clandestinement dans son esprit et finit par s’imposer. Au fur et à mesure de ses recherches, l’autrice s’attache à celui qui, sans jamais se poser en victime, « a retourné sa peau deux fois : brûlé puis exposé », et tente de comprendre ce qui la lie à cet homme.
Pacte ambivalent parsemé de doutes, MoMo BasTa interroge l’écriture et le récit de soi, mettant en scène un double « je », biographique et autobiographique, l’un et l’autre marqués par la douleur, l’âpreté à vivre et la solitude
Pipes de terre et pipes de porcelaine

Titre complet : Pipes de terre et pipes de porcelaine : Souvenirs d’une femme de chambre en Suisse romande, 1920-1940
Livre de Madeleine Lamouille (Nouvelle édition avec une préface Michelle Perrot)
Madeleine Lamouille a raconté ses souvenirs à Luc Weibel, petit-fils des maîtres pour lesquels elle a travaillé de nombreuses années à Genève. Elle parle avec le talent d’une grande conteuse et la sensibilité de ceux qui n’ont pas voulu oublier leur passé. Révélateur d’une société encore toute proche, portrait de mœurs, récit d’une époque, ses souvenirs sont un précieux témoignage pour la compréhension des oubliés de l’histoire.
Paru pour la première fois en 1978, ce récit de vie a connu depuis lors un succès considérable. Ce qui donne à ce livre frémissant sa force c’est la détermination constante de Madeleine Lamouille à être traitée comme un être humain.
Madeleine Lamouille, née à Cheyres (Fribourg) en 1907, est décédée à Genève en 1993.
Boule de juif

Livre de Foulek Ringelheim
Dans ce récit d’enfance, Foulek Ringelheim raconte avec un humour mordant – qui n’est pas sans rappeler Philip Roth – l’histoire émouvante d’un petit garçon tourmenté par sa judéité. Dans les quartiers pauvres du Liège d’après-guerre, il découvre la littérature, fait les quatre cents coups avec les gamins du voisinage et tente de percer les mystères de la féminité.
Distance

Livre de Ivan Vladislavic
Branko sait comment on embrasse les filles, rêve de gagner le Tour de France et aime fouiller dans les affaires de son petit frère Joe. Qui, lui, joue aux billes, invente des langages farfelus et rassemble dans des albums les coupures de journaux qu’il lit sur son idole, Mohamed Ali. Même si, dans cette famille sud-africaine blanche des années 1970, leur père refuse d’appeler le mythique boxeur autrement que Cassius Clay.
Quarante ans plus tard, Joe décide de s’inspirer de ses albums pour son nouveau roman. À l’aide de Branko, il va réduire la distance qui les sépare de leur passé commun.
La narration, qu’assument tour à tour Joe et Branko, est rythmée par le langage flamboyant des reporters sportifs de l’époque. Elle raconte la relation entre deux frères, faite de tendresse et de cruauté.
Si je disparais

Roman graphique de Brianna Jonnie et Nahanni Shingoose
« Mon nom est Brianna Jonnie. J’ai quatorze ans. Je suis autochtone. J’ai plus de chances de disparaître que mes pairs »
En 2016, Brianna a écrit une lettre ouverte de dénonciation pour sensibiliser le public à la négligence des services de police dans la recherche des femmes autochtones disparues.
Si je disparais est un roman graphique coup de poing, basé sur une histoire vraie, ou plutôt sur trop d’histoires vraies.
La disparition et le meurtre de femmes et de filles autochtones ne sont PAS uniquement des problèmes autochtones canadiens. Ce sont des tragédies qui relèvent des droits humains partout dans le monde.
["Au Canada, des femmes autochtones sont tuées dans l'indifférence quasi générale" - site SLATE.fr]
La vérité tue - Agatha Christie et la famille

Livre de
Sur les 66 romans à énigmes écrits par Agatha Christie, plus de 50 sont des crimes familiaux. Mais le meurtre est un écran de fumée ; le vrai sujet de l'oeuvre de Christie, c'est la banalité du mal au coeur de la famille. Malveillance, jalousie, humiliation, inceste... la spécificité du mal familial tient, aujourd'hui encore, à son invisibilité : ceux qui le font se cachent, l'entourage ne voit rien, la victime se tait.
La vérité est tue de peur que la vérité ne tue. Mais la découverte du corps, dans les romans de Christie, force les proches à admettre qu'il y a bien un problème. La vérité ne peut plus être tue.
Sonia Feertchak présente "La vérité tue"
Ce matin-là

Livre de Gaëlle Josse
Un matin, tout lâche pour Clara, jeune femme compétente, efficace, investie dans la société de crédit qui l’emploie. Elle ne retournera pas travailler. Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Des semaines, des mois de solitude, de vide, s’ouvrent devant elle.
Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l’amitié, et aussi remonter à la source vive de l’enfance.
Ce matin-là, c’est une mosaïque qui se dévoile, l’histoire simple d’une vie qui a perdu son unité, son allant, son élan, et qui cherche comment être enfin à sa juste place.
Qui ne s’est senti, un jour, tenté d’abandonner la course ?
Une histoire minuscule et universelle, qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer.
Gaëlle Josse saisit ici avec la plus grande acuité de fragiles instants sur le fil de l’existence, au plus près des sensations et des émotions d’une vie qui pourrait aussi être la nôtre
James & Nora

Livre d'Edna O’Brien
Edna O’Brien n’a jamais caché que James Joyce lui avait ouvert les portes de la littérature. Vibrant hommage à un « mec funnominal » – mot emprunté à Joyce – et à son stupéfiant corps-à-corps avec la langue, James & Nora retrace la vie de l’artiste en couple, depuis sa rencontre à Dublin en juin 1904 avec une belle fille de la campagne originaire de Galway, Nora Barnacle, jusqu’à sa mort, en 1941. Leur fuite en Italie, la naissance de leurs enfants, leur misère matérielle, leur flamboyante vie sexuelle, et aussi leurs deux solitudes, Edna O’Brien les concentre en autant de fulgurants instantanés.
Dans une passionnante postface, Pierre-Emmanuel Dauzat, son traducteur, éclaire sa proximité avec l’écriture réputée si complexe de James Joyce. Le « yiddish de Joyce », ce creuset de langues – dix-sept – qu’il écrivait toutes en anglais, serait « plus familier à Edna O’Brien qu’à d’autres lecteurs européens pour une raison évidente : elle connaît la prononciation de l’anglais dans les différentes régions de l’Irlande […] et pratique aussi, comme une seconde langue maternelle (pourquoi n’y en aurait-il qu’une ?), l’anglais irlandais. »
De fait, ce volume si bref se déploie telle une étoffe précieuse miroitant en d’infinis reflets, dont chacun est une nouvelle invitation à la lecture.
La saga des Cazalet T.3 : confusion

Livre d'Elizabeth Jane Howard
Mars 1942. Polly et Clary, les deux cousines encore enfants dans Étés anglais et qui, adolescentes, avaient la part belle dans À rude épreuve, ont aujourd'hui dix-sept ans et n'aspirent qu'à une chose : échapper à l'étau familial en quittant Home Place pour Londres.
Polly est encore sous le choc du décès de sa mère, Sybil, qui a succombé au cancer qui la rongeait. Clary, dont le père Rupert n'a plus donné signe de vie depuis le mot apporté par un soldat français, est sur le point de perdre espoir. Au chagrin des deux héroïnes s'ajoute la frustration face au silence borné du clan Cazalet: les adultes se refusent à parler des choses graves, et continuent de les considérer comme des enfants.
À quel modèle les deux jeunes filles peuvent-elles bien s'identifier ? Leur cousine Louise abandonne sa carrière d'actrice pour devenir mère de famille. Leur tante Rachel est à ce point dévouée à ses parents qu'elle laisse s'éloigner sa précieuse amie Sid. Et pendant que Zoë, la belle-mère de Clary, s'éprend d'un Américain, les in délités d'Oncle Edward à l'égard de Tante Villy menacent de tout faire voler en éclats.
Malgré les sirènes et les bombardements, Londres est toujours plus attirante que Home Place, où règnent un froid glacial et une atmosphère de plomb.
Journal (1922-1989)

Livre de Michel Leiris [Nouvelle édition, revue et augmentée]
« Un livre qui ne serait ni journal intime ni œuvre en forme, ni récit autobiographique ni œuvre d’imagination, ni prose ni poésie, mais tout cela à la fois. Livre conçu de manière à pouvoir constituer un tout autonome à quelque moment qu’il soit interrompu, par la mort s’entend. Livre, donc, délibérément établi comme œuvre éventuellement posthume et perpétuel work in progress » (Journal, 26 septembre 1966).
C’est par ces mots que Michel Leiris évoque son journal, qu’il a tenu presque sans interruption de 1922 à 1989, et qui deviendra la pierre angulaire de ses écrits à la fois poétiques, autobiographiques et ethnographiques. Prises sur le vif, composées au fil des jours, suivant les événements, au gré des humeurs, des voyages, des rencontres ou des discussions, les notations consignées refl ètent le mouvement des pensées et des inventions de leur auteur. Procédant par touches et retouches, il a cherché non seulement à se peindre à la manière des clairs-obscurs fl amands, mais à épouser la marche du monde, au risque de n’y suivre que des fantômes ou de n’y percevoir que des braises. Comme une conversation « à bâtons rompus » avec soi-même, ce Journal fait voir « du dedans » les attraits – les déconvenues aussi – que Leiris a eus pour le surréalisme, la psychanalyse, l’existentialisme… ou pour les luttes prolétariennes, les révoltes anticolonialistes et les prises de position tiers-mondistes qui ont marqué tout le XXe siècle.
Presque trente ans après sa première publication, cette nouvelle édition, entièrement revue à l’aune des études et découvertes récentes, place désormais l’auteur au premier rang du monde des arts, des lettres et des idées.
Les enfants de la Résistance

BD (pour des enfants de 9 à 13 ans) de Vincent Dugomier (scénariste) & Benoît Ers (Dessinateur)
Le volume 7 est paru le 12 mars 2021
Les enfants de la Résistance raconte la guerre à hauteur d’enfants sans en gommer les aspects tragiques, en rappelant le coût parfois élevé de la liberté. Le récit, mêle romanesque et rigueur historique.
Juin 1940. L’armée française ne parvient plus à repousser les forces militaires allemandes. C’est la débâcle ! Une partie de la population fuit massivement vers le sud. Le maréchal Pétain signe alors l’armistice avec l’Allemagne nazie, avant de devenir le chef de cette France occupée.
Dans un petit village de l'est, François, Eusèbe et Lisa, tout juste âgés de 13 ans, n’ont pas l’intention de rester sans rien faire. Lorsque les soldats allemands défilent dans les rues, ils ne baissent pas les yeux comme la plupart des habitants. À eux trois, ils comptent bien mener quelques petites actions et montrer ainsi à tous les défaitistes que si la France a perdu une bataille, la France n’a pas perdu la guerre…
Deux ouvrages de Deborah Levy

Ce que je ne veux pas savoir
Deborah Levy revient sur sa vie. Elle fuit à Majorque pour réfléchir et se retrouver, et pense à l’Afrique du Sud, ce pays qu’elle a quitté, à son enfance, à l’apartheid, à son père – militant de l’ANC emprisonné –, aux oiseaux en cage, et à l’Angleterre, son pays d’adoption. À cette adolescente qu’elle fut, griffonnant son exil sur des serviettes en papier. Telle la marquise Cabrera se délectant du “chocolat magique”, elle est devenue écrivaine en lisant Marguerite Duras et Virginia Woolf. En flirtant, sensuelle, avec les mots, qui nous conduisent parfois dans des lieux qu’on ne veut pas revoir. Ce dessin toujours inédit que forme le chemin d’une existence.
Ce que je ne veux pas savoir est une œuvre littéraire d’une clarté éblouissante et d’un profond secours. Avec esprit et calme, Deborah Levy revient sur ce territoire qu’il faut conquérir pour écrire. Un livre talisman sur la féminité, la dépression, et la littérature comme une opération à cœur ouvert.
Le Coût de la vie
Un divorce forcément douloureux, une grande maison victorienne troquée contre un appartement en haut d'une colline dans le nord de Londres, deux filles à élever et des factures qui s'accumulent... Deborah Levy a cinquante ans quand elle décide de tout reconstruire, avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d'écrivain. L'occasion pour elle de revenir sur le drame pourtant banal d'une femme qui s'est jetée à corps perdu dans la quête du foyer parfait, un univers qui s'est révélé répondre aux besoins de tous sauf d'elle-même. cette histoire ne lui appartient pas à elle seule, c'est l'histoire de chaque femme confrontée à l'impasse d'une existence gouvernée par les normes et la violence sournoise de la société, en somme de toute femme en quête d'une vie à soi.
Ce livre éblouissant d'intelligence et de clarté, d'esprit et d'humour, pas tant récit que manifeste, ouvre un espace où le passé et le présent coexistent et résonnent dans le fracas incessant d'une destinée. Le Coût de la vie tente de répondre à cette question : que cela signifie-t-il pour une femme de vivre avec des valeurs, avec sens, avec liberté, avec plaisir, avec désir ? La liberté n'est jamais gratuite et quiconque a dû se battre pour être libre en connaît le coût. Marguerite Duras nous dit qu'une écrivaine doit être plus forte que ce qu'elle écrit. Deborah Levy offre en partage cette expérience.
Je suis une fille sans histoire

Livre de Alice Zeniter
« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux... »
Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l’Antiquité. De la littérature au discours politique, elle nous raconte avec humour et lucidité les rouages de la fabrique des histoires et le pouvoir de la fiction.
histoires de vie et récits en formation

Titre complet : Histoires de vie et récits en formation - Pratiques sociales et démarches personnelles
Livre de Hervé Prévost, Marie-Claude Bernard, Davidé Lago [A paraître le 25/03/2021]
L’ambition de cet ouvrage vise à clarifier les nuances entre l’histoire de vie et les différentes formes possibles de récits. Cette clarification n’a pas seulement une finalité théorique. Elle doit permettre aux formateurs, aux personnes, de mieux comprendre les enjeux et les ressorts de démarches encore mal connues. Si les dimensions épistémologiques des termes nous renseignent sur les nuances, les objets et les recherches associés, elles cachent aussi la diversité des finalités axologiques, et éthiques des démarches interpellant l’existence.
Cet ouvrage présente les usages contemporains des récits de vie en formation d’adultes en situant leurs ancrages théoriques. Cela en déployant les aspects méthodologiques afin de caractériser les effets de compréhension qu’ils génèrent à la fois chez les chercheurs, les formateurs et chez les sujets qui
s’impliquent. Par l’exposition de pratiques réfléchies provenant des champs de l’éducation, de la formation et de l’intervention sociale, les auteurs proposent de caractériser et de mettre au jour les dispositifs de formation et de recherche-action qui mobilisent les récits de vie dans une visée compréhensive et
émancipatoire.
L’accent est donc porté sur les pratiques, les démarches ou les dispositifs facilitant les effets de compréhension, d’apprentissage et de formation qui résultent de l’expression et de la réception des formes du récit : cela dans le domaine de la formation et de l’orientation, au sein des collectifs de travail, auprès des apprenants, dans les domaines de la formation d'adultes et de l'alternance.
Fantômes

Livre de Christian Kiefer
Été 1945 : lorsque le soldat américain d'origine japonaise Ray Takahashi rentre du front, personne n'est là pour l'accueillir en héros sur les terres de son enfance, dans le nord de la Californie. Ses parents, après avoir été expulsés et enfermés au camp de Tule Lake, vivent désormais à Oakland. Mais Ray veut comprendre pourquoi leurs anciens voisins et amis ont coupé les ponts avec eux, et surtout revoir leur fille Helen, sa petite amie. C'est à ce moment-là qu'il disparaît sans laisser de traces.
Printemps 1969: de retour du Vietnam, et hanté par les fantômes de la guerre, John Frazier cherche son salut à travers l'écriture d'un roman. En s'emparant accidentellement du destin de Ray, le jeune écrivain ignore tout des douloureux secrets qu'il s'apprête à exhumer.
En revenant sur l'histoire méconnue de dizaines de milliers de Nippo-Américains internés dans des camps après l'attaque de Pearl Harbor en 1941, Christian Kiefer tisse un drame familial poignant et lumineux, qui interroge notre rapport intime à la mémoire et au passé.
[Sur le même sujet, lire le livre "Certaines n’avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka]
Emportée - suivi d’une correspondance de Tina Jolas et Carmen Meyer (1956-1994)

Livre de Paule du Bouchet (Nouvelle édition augmentée - 1ère édition Actes sud en 2011)
Longtemps restée dans l’ombre de l’Histoire intellectuelle et littéraire du XXe siècle, Tina Jolas y a pourtant joué un rôle important, notamment auprès de René Char dont elle a été la compagne pendant trente ans. Elle fut pour sa fille une figure de grâce et de disparition. Avec une douceur et une délicatesse infinies, Paule du Bouchet retrace un parcours de vie : des lieux, des moments, formant cartographie de cette haute figure. Ce récit, paru initialement chez Actes Sud en 2011, est suivi d’une correspondance inédite et passionnante entre Tina Jolas et une de ses plus proches amies, Carmen Meyer. Une correspondance qui se détache des contingences et des vies particulières pour accéder à l’universalité, qui est l’essence même de la littérature.
« Ma mère possédait en propre une aptitude au secret, singulièrement raffinée, laquelle se rapprochait chez elle de l’acception la plus accomplie du mot, le sens du mystère. Dans le même temps, elle restait une grande et droite nature. Alchimie rare entre toutes, haut lieu de son intimité, c’était là sa part infiniment poétique. Celle qui l’a fait aimer des poètes. »
Le livre des hommes

Livre de Nano Shabtai
« Les hommes sont des humains. Les humains sont une variété d'animaux, mais on dit qu'ils sont plus évolués. À vrai dire, les hommes sont parfois très poilus, mais jamais autant que les chiens. » Ainsi commence l'exploration comique et poético-porno de la narratrice qui se déclare conteuse et compteuse d'hommes, de sa tendre adolescence, premières griseries des sens, jusqu'à la recherche éperdue de la jouissance et la terrible solitude du sexe. Dans une série de brefs chapitres, entre farce dont elle est le dindon et autodérision de survie, elle visite l'inventaire de ses aventures, de ses déceptions. Un pompiste cracheur de feu, un employé de banque obèse, une lesbienne londonienne, faux poètes et vraies vedettes des médias, tous défilent dans les draps de cette Bridget Jones trash, qui porte un regard doux-amer sur nos dérisoires espoirs, notre incorrigible quête de l'impossible Amour. Un livre drôle, courageux, insolent, où les genres sont renvoyés dos à dos, faute de pouvoir se regarder en face.
Faux poivre - Histoire d'une famille polonaise

Livre de Monika Sznajderman
Pendant des années, Monika Sznajderman a connu le poids du silence. Son père n’avait jamais voulu parler de sa famille, de son odyssée à travers les camps, de sa fuite et de son retour à Varsovie. Jusqu’à ce que des photos lui parviennent d’Australie, envoyées par des parents dont elle ne connaissait même pas l’existence.
« Faux poivre est un livre extraordinaire qui montre l’enchevêtrement des histoires ayant fait la Pologne. L’auteure reconstitue le destin de ses aïeux juifs, trouvant des traces de leur existence dans les journaux, les archives d’infimes indices éparpillés entre le ghetto de Varsovie, Radom et jusqu’à l’Amérique et l’Australie.
Elle présente avec le même soin les parents et ancêtres de sa mère, issus d’une pittoresque famille de la noblesse polono-saxonne. Leur histoire se déroule à Varsovie, à Moscou, en Volhynie, sur les domaines et les grandes villes que bouleversaient les Années folles.
Monika Sznajderman évoque ces deux mondes avec une égale dévotion, nous faisant prendre conscience à la fois de la fugacité de l’existence et de la complexité des identités polonaises, ainsi que de la valeur et du sens de la mémoire. » (Barbara Engelking)
Tracts de crise

Réunis en un volume les "tracts" édités par Gallimard pendant le 1er confinement du 18 mars au 11 mai 2020 et mis à l'époque gratuitement à disposition
Durant les deux mois de confinement, « Tracts » la collection de brefs essais d'écrivains sur l'actualité s’est enrichie de 69 textes inédits sur la crise.
Selon l’éditeur, on compte au moins 300 000 téléchargements directs depuis le site Tracts ou depuis des sites de librairies.
- Le volume "TRACTS DE CRISE" (18 mars au 11 mai 2020)
- Vente fascicule par fascicule (dont de nouveaux textes parus après le volume "TRACTS DE CRISE")
Je veux me battre partout où il y a de la vie

Livre de Clara Zetkin
En stratège, Clara Zetkin a ouvert la voie vers un monde délivré du suprématisme masculin. Loin d'être une observatrice impartiale, c'était une militante très engagée ; une vraie pionnière.
Angela Davis
En plus d'être féministe, celle qui a inventé la Journée internationale des femmes, célébrée tous les 8mars, était aussi révolutionnaire, pacifiste et antifasciste, députée pendant treize ans et amie fidèle de Rosa Luxemburg. Ce livre, coordonné et introduit par la journaliste Florence Hervé, rassemble des lettres, des discours et des textes théoriques, une biographie et des portraits par différents auteurs de celle qui voulait se battre « partout où il y a de la vie».
Ourika

Livre de Claire Duras (née de Coëtnempren de Kersaint)
Traversée des questions de l’époque — la traite des Noirs, l’éducation des filles, leur réclusion au couvent, la Révolution, la terreur… — et les débats entre « esprits libéraux et éclairés… », Ourika connut un très grand succès au moment de sa publication en 1823.
Sauvée de l’esclavage par un chevalier qui l’a amenée du Sénégal en France la jeune Ourika est élevée dans un milieu privilégié où, « spirituelle et aimable », elle apprend le « bon goût » sans subir le moindre effet de racisme. Une conversation lui révèle cependant l’horreur à laquelle la voue sa couleur dans un tel milieu : « Je me vis négresse, dépendante, méprisée, sans fortune, sans appui, bientôt rejetée d’un monde où je n’étais pas admise ».
- Pour écouter le livre :
- Lire la version numérisée par la BNF-GALLICA (la 3è édition du livre en 1826)
Entre les murs du ghetto de Wilno 1941-1943

Livre de Yitskhok Rudashevski (réédition en format poche)
Enfermé dans le ghetto de Wilno, Yitskhok Rudashevski livre un témoignage poignant de la vie quotidienne et des aspirations d’un adolescent confronté à l’enfermement et aux persécutions.
Véritable « Journal d’Anne Frank », le manuscrit sera retrouvé après la guerre dans la cachette où la famille avait espéré échapper à la traque des nazis.
Ce journal se termine en avril 1943, six mois avant que Yitskhok Rudashevski soit assassiné à Ponar, le lieu d’exécution des Juifs de Wilno, le 1er octobre 1943. Son journal sera retrouvé après la guerre par sa cousine, survivante du ghetto, et confié au Yivo de New York par le grand poète et héros Avrom Sutzkever.
Présentation (diffusion AKADEM)
Bonjour Pa' - Lettres au fantôme de mon père

Livre d' Ariane Ascaride
La découverte d’une voix singulière, drôle, touchante et poétique.
Intimes et universelles, ces lettres d’Ariane Ascaride à son père depuis longtemps disparu mêlent les souvenirs d’enfance de la fille d’immigré italien de Marseille à un regard féroce et tendre sur notre époque. Écrites dans le temps arrêté du confinement, elles tracent l’autoportrait émouvant d’une femme qui a hérité de son père son verbe haut, son humour ravageur et une part de révolte. Elles disent, avec verve et parfois colère, la violence de notre société néolibérale, la bêtise humaine, mais aussi les plaisirs du quotidien et la joie des liens qui nous unissent.
Ariane Ascaride est comédienne. Elle joue notamment dans les films de son mari, Robert Guédiguian, qui se déroulent pour la plupart dans les quartiers populaires de Marseille. À travers ses rôles, elle défend un cinéma social et engagé. Elle a reçu le César de la meilleure actrice pour Marius et Jeannette en 1998 et le prix d’interprétation à la Mostra de Venise pour Gloria Mundi, en 2019. Elle monte régulièrement sur scène, dernièrement dans Le Dernier Jour du jeûne de Simon Abkarian.
Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !)

BD de Florence Cestac
« Si je me suis marié, c'est pour me faire servir ! » Ainsi commence avec fracas cette nouvelle bande dessinée de Florence Cestac. Avec sa faconde habituelle, elle y raconte son père, homme d'une époque (avant 68...), d'un milieu (la petite bourgeoisie de province), et leurs relations tumultueuses. Entre une fille déjà artiste et rebelle à toute forme d'autorité, et un père colérique, pour qui dire « je t'aime » est un signe de faiblesse, la vie n'a pas été un long fleuve tranquille.
Extrait d'une interview accordée à TELERAMA (14/02/2021)
« J’ai fait cet album par réaction aux manifestations contre le mariage pour tous. Voir tous ces gens, la gueule enfarinée, soutenir un modèle loin d’être performant m’a légèrement agacée. J’ai attendu que ma mère ne soit plus de ce monde pour m’y mettre, cet album ne l’aurait sûrement pas fait rire. Malgré tout ce que son époux lui a fait subir, elle lui est toujours restée attachée. Elle lui trouvait des excuses, disait qu’il avait un caractère spécial, mais qu’il avait bon fond. Après tout, il ne nous avait jamais battus, et nous n’avons jamais manqué de rien, du moins sur un plan matériel. Mon père était un phallocrate XXL. Épouse, famille, enfants : tout devait être ordonné et réglé selon son bon plaisir.. »
Un entretien sur France Inter, le 10/02/2021 (ICI)
Pourquoi lire - 13 bonnes raisons (au moins)

Livre collectif
Pour célébrer ses 70 ans, la maison d'édition allemande Suhrkamp a demandé à ses auteurs ce qui les pousse à lire.
Textes signés Annie Ernaux, Philippe Garnier, Jürgen Habermas, Eva Illouz, Frédéric Joly, Esther Kinsky, Sibylle Lewitscharoff, Nicolas Mahler, Oliver Nachtwey, Katja Petrowskaya, Hartmut Rosa, Clemens J. Setz et Joëlle Zask.
" Joyeuse chasse aux livres ! " Ainsi l'écrivaine Sibylle Lewitscharoff souhaite-t-elle la bienvenue au lecteur de ce volume. Une chasse aux livres, comme un jeu enfantin dont émanerait une joie mêlée d'ivresse. Par un mystérieux sortilège, il suffirait qu'on en trouve un pour que trois autres apparaissent à sa place. On en aurait pour toute une vie.
Ici, la partie de chasse se joue à treize. Treize écrivains – romanciers, philosophes, sociologues, essayistes, mais aussi un auteur de bande dessinée – se lancent à la poursuite des livres pour dire le miracle de la lecture et expliciter le sens qu'elle revêt dans nos sociétés.
À les lire, le geste d'ouvrir un livre semble relever d'une aventure inépuisable, profondément singulière. Car lire, ce n'est pas – du moins pas seulement – cette activité tellement encouragée qu'elle en deviendrait presque suspecte. Elle peut bel et bien engager " la totalité de l'être ", comme l'écrit Annie Ernaux.
C'est cet engagement que décrivent, de manière tour à tour intime et théorique, les contributeurs de ce volume.
Vous tenez ainsi entre vos mains une bibliothèque aux portes dérobées. Chacune mène vers d'autres bibliothèques et d'autres portes dérobées.
Les raisons de lire sont innombrables.
En voici déjà treize.
les siestes du grand-père

Livre de Monia Ben Jémia
« La maison des grands-parents résonnait des musiques des fêtes et du silence de l’inceste. Lumineuse, joyeuse, emplie de musique et des cris de joie des enfants et des you you. Et sombre, effrayante, enfouie dans un épais silence ; on y entrait par une grande porte vitrée, protégée de fer forgé noir, les barreaux de sa prison.»
Dans ce récit, d'une implacable justesse, la victime relate une enfance qui a toutes les apparences d’un temps paisible, joyeux, sans souci. Pourtant, malmenée par les caprices et l'autorité perverse d'un parent faussement aimant, cette enfance a été volée, violée dans le plus grand secret. À l'étage, à mi-ombre, à l'heure de la sieste la pieuvre venait déployer ses tentacules et s'emparer de la victime. Une image d'effroi qui la poursuivra à jamais.
Ce livre, entre réalité et fiction, vient témoigner contre l'oubli et le silence, parce qu'il faut que le crime soit nommé, parce qu'il est illégitime de confisquer la mémoire de l'autre, parce que les grandes blessures tues se referment mal et exigent d'être reconnues et soulagées.
Dictionnaire abrégé du surréalisme

Livre d'André Breton et Paul Éluard (réédition)
Ce document de 80 pages abondamment illustrées (couverture d’Yves Tanguy) offre au lecteur, en même temps qu’un panorama de l’expérience picturale surréaliste à travers le monde, des informations précieuses sur les poètes et plasticiens du mouvement. Mais son apport le plus fascinant consiste dans la moisson de ‘définitions’ pourtant aussi bien sur des concepts que sur des objets ou personnages choisis, définitions empruntées aussi bien aux grands anciens (Swift, Lichtenberg, Duchamp, Vaché) qu’aux surréalistes mêmes, d’Aragon à Scutenaire et Tzara-- ou résultant de l’‘invention collective’ telle qu’elle se révèle par les divers ‘jeux’.[Ce] document demeurent, quarante ans après sa parution, un miroir exemplaire de l’illumination surréaliste à la fin des années trente. A nôtre époque de slogans et d’explications simplistes, son pouvoir éclairant, par contraste, n’a fait que grandir. Il est également significatif que le premier ‘dictionnaire du Surréalisme’ ait été écrit par les surréalistes eux-mêmes.
Avec des textes de Louis Aragon, Jean ou Hans Arp, Antonin Artaud, Hans Bellmer, André Breton, René Crevel, Salvador Dalí, Robert Desnos, Marcel Duchamp, Paul Éluard, Max Ernst, Maurice Heine, Georges Hugnet, Michel Leiris, Gilbert Lély, Jean Lély, Pierre Mabille, Man Ray, Édouard-Léon-Théodore Mesens, Pierre Naville, Vitezslav Nezval, Paul Nougé, Wolfgang Paalen, Henri Pastoureau, Pablo Picasso, Benjamin Péret, Jacques Prévert, Louis Scutenaire, Gui Rosey, Philippe Soupault, Tristan Tzara.
Mémoires d’un aventurier juif - Du Shtetl de Lituanie au Soudan du Mahdi

Livre de Getzel Sélikovitch
Enfant prodige né à Riteve en Lituanie en 1855, Getzel Sélikovitch est envoyé à Paris où il étudie les langues sémitiques et l’égyptologie, et entame un parcours hors du commun qui le conduira en Afrique, en Italie, en Grèce et en Turquie, occasionnant à chaque fois de multiples rencontres. ‘Grand reporter’ avant la lettre, élève d’Ernest Renan et de Gaston Maspero au Collège de France, il part au Caire avec une bourse, participe à une mission militaire au Soudan pour sauver le général anglais ‘Gordon Pacha’, combat les troupes du pseudo-messie musulman Muhammad Abdallah à Khartoum, fait évader une jeune fille du Harem du Sultan à Istanbul et est mêlé à un assassinat politique dont il rend compte dans différents journaux en hébreu et en français au point qu’un de ses articles dans L’intransigeant manque de provoquer une guerre entre la France et la Grande Bretagne. Devenu persona non grata sur le sol français, il émigre finalement aux USA où il meurt en 1926. Ses Mémoires, qui parurent en feuilleton dans la presse yiddish new-yorkaise entre 1919 et 1920, nous font découvrir une personnalité riche en couleurs comme l’intelligentsia du premier XXe siècle pouvait encore en compter, mêlant un goût immodéré de l’aventure à des talents certains de journaliste-voyageur relevés par une belle érudition polyglotte.
L'homme qui tremble

Livre de Lionel Duroy
Je tourne la page, et ça y est, la chose est enfin dite : " Dans un entretien, observe Nathalie Léger, Marguerite Duras s'énerve un peu : "L'autoportrait, je ne comprends pas ce que ça veut dire. Non, je ne comprends pas. Comment voulez-vous que je me décrive ? Qui êtes vous, allez-y, répondez-moi, hein ? " " Qui je suis, moi ? C'est la question à laquelle je dois maintenant répondre. Lionel Duroy aura passé l'essentiel de son temps à écrire. A travers ses nombreux romans, il a tenté de démêler les fils d'une vie, éclairant au passage celles et ceux qui nous aident à grandir ou s'emploient à nous détruire, parfois sans le vouloir : nos parents, nos frères et soeurs, ceux que nous aimons, puis désaimons. Aujourd'hui, avec L'homme qui tremble, il inverse les perspectives et, dans un autoportrait cruel et lumineux, s'interroge sur son propre rôle dans ce destin singulier.