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- Des livres par thèmes
- Les notes de lecture
- La page des vidéos de présentation
- Des livres pour l'été 2019 (liste proposée par les BOUILLONS d'Angers)
- Trois collections chez L'Harmattan : Histoire de vie et formation / Encres de vie / Autobiographie et éducation
- Notre équipe a publié : Catherine Malard / Michèle Cléach / Marie-Pascale Lescot
Fragments de mémoire d'un enfant ordinaire (1935-1947)

Livre de Rémy Landy
"Les grandes personnes ont d'abord été des enfants mais peu d'entre elles s'en souviennent", écrivait un célèbre aviateur poète. Pourtant certaines d'entre elles tentent de s'en souvenir — dont l'auteur de cette brève autobiographie. Le récit commence en Corrèze, région d'abord épargnée par la guerre, puis sévèrement touchée par une répression allemande et pétainiste qui cherche à broyer la Résistance.
Il s'achève en Allemagne, au lendemain de la guerre, dans la zone d'occupation française (Baden-Baden, Constance). Des anecdotes inédites parsèment ce récit. Ici, la vie familiale permet de toucher du doigt l'atmosphère de cette époque troublée. Et c'est le paradoxe d'une vie somme toute presque heureuse d'un enfant ordinaire au milieu de circonstances qui ne l'étaient pas.
STADE NATIONAL 1973 - Le Chili les yeux bandés - Essai autobiographique

Livre de Jorge Montealegre Iturra
À la suite du coup d'État militaire de 1973 au Chili, Jorge Montealegre est emprisonné comme tant d'autres au Stade national de Santiago, puis au camp de concentration de Chacabuco, dans le désert d'Atacama. Il a 19 ans. C'est en prison qu'il découvre sa vocation littéraire. Il ne cessera plus d'écrire. Exilé, il publie son témoignage de détenu au camp de Chacabuco en 1974. Il rentre au Chili définitivement en 1979.
Professeur, essayiste, poète, journaliste, scénariste, ses domaines d’investigation sont la mémoire, la résilience, l’imaginaire et l’humour graphique. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Frazadas del Estadio Nacional (2003), Derecho a fuga, una extraña felicidad compartida (2018) et reçu de nombreuses distinctions pour ses travaux.
Cheville ouvrière : essai de journalisme critique en quartiers populaires

Livre d'Antoine Tricot
Qu’est-ce qu’un quartier populaire en dehors du journal télévisé de 20 h ? Sans sensationnalisme, ni misérabilisme ? Poser cette question, c’est d’abord faire face à toute une série de clichés, de tics et de raccourcis liés à la fabrique médiatique de l’image des banlieues. Peut-on changer ce prisme qui nous fait voir ces espaces hétéroclites au travers uniquement du fait divers, de la violence, de la drogue et de tous les maux (et les mots) auxquels on les associe ?
Antoine Tricot, en tant que journaliste, a expérimenté une autre façon d’aborder les quartiers populaires. Loin de la région parisienne, il a conduit pour cela une résidence d’écriture de deux ans dans le Nord. À Saint-Pol-sur-Mer, 23 000 habitants, dans la communauté urbaine de Dunkerque. Une ville ouvrière et « ouvriée » – taraudée, entre industrie et urbanisation. Il s’est immergé sur place avant la mise en chantier d’un grand projet de rénovation urbaine. Son terrain : d’un côté les cités Guynemer et Jean-Bart, soit deux barres HLM de 900 logements (construites en 1973) et de l’autre une cité-jardin cheminote (datant de 1920). Deux quartiers limitrophes, tout à fait différents, pourtant classés en quartiers prioritaires de la politique de la ville et portant ensemble la même mémoire ouvrière.
Ouvriers, cheminots à la retraite, jeunes au chômage, étudiants, fonctionnaires, allocataires du RSA, éducateurs de rue, ados, jeunes footballeuses, vieux mécanicien, employés des bailleurs sociaux, jeune cadre du FN local, médecin, député-maire… Autant de personnages pour un itinéraire jalonné de récits recueillis, montés comme des pièces radiophoniques, et mis en regard avec des archives et des articles des quotidiens locaux. Au cours de cette enquête mêlant journalisme, sociologie et histoire, une image se tisse, celle d’un territoire avec ses tensions raconté par ses habitants. La fierté ouvrière qui s’effrite à mesure que le chômage monte – mais qui reste chevillée au corps –, les paradoxes de la politique de la ville, la toute-puissance des bailleurs HLM, les traumatismes du trafic de drogue, la progression de l’extrême droite sur les friches du communisme, le découragement et la fatalité. Mais aussi les réussites et l’entraide, la valeur du travail des éducateurs, les engagements associatifs et politiques, la transmission, la richesse des identités diverses et la foi dans l’avenir. Un récit écrit à la première personne, avec subjectivité et tonicité.
Un lieu comme il y en a tant d’autres en France, chez les « invisibles » et les oubliés, « délaissés », caricaturés mais dont l’expérience est pourtant d’une utilité publique et universelle. Ce type d’étude met en lumière une autre façon de voir, d’écouter et de transmettre l’actualité d’un espace très observé mais trop peu compris.
[Entretien sur le site TOUTE LA CULTURE, le 14/11/2020]
[Une tribune d'Antoine Tricot, dans LIBERATION , le 13/10/2020]
Un garçon comme vous et moi

Livre de Ivan Jablonka
De livre en livre, Ivan Jablonka ouvre des voies nouvelles. Avec une audace et une créativité peu communes, il invente ses sujets et ses formes. Après Laëtitia, après En camping-car, il explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980, s’interrogeant sur le « nous-garçons » et les frontières incertaines entre masculin et féminin.
De sa famille au service militaire en passant par l’école, il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent poignante, parfois drôle – toujours passionnante – où beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « autobiographie de genre » dévoile une intimité à la fois individuelle, sociale et politique : l’histoire d’une génération. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le sien, restituant le vif et l’éclat de l’enfance dans ses enthousiasmes, ses émois et ses peines.
Par instants, la vie n’est pas sûre

Livre de Robert Bober
« Si j’ai choisi de t’écrire Pierre, c’est que j’ai préféré m’adresser à toi plutôt que de parler de toi. Il m’a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort. »
Il y eut une rencontre décisive dans la vie de Robert Bober, celle avec Pierre Dumayet (1923 – 2011), journaliste, écrivain, qui a introduit les livres et la littérature à la télévision avec Lecture pour tous, puis Lire c’est vivre, qu’il présentera pendant plus de quinze ans. Robert Bober devenu réalisateur à la télévision collabore étroitement avec Pierre Dumayet. Et c’est à lui, aujourd’hui, que Robert Bober s’adresse dans une longue lettre-récit, accompagnée de nombreuses images (photographies, films, illustrations). Il raconte leur amitié, leurs souvenirs communs sur les tournages des films, leurs lectures, leurs rencontres (le grand rabbin Safran, André Schwarz-Bart, Perec, Duras, le Cardinal Lustiger, Alechinsky, Hartung…). À la façon d’un puzzle jamais fini, Robert Bober revisite sa propre existence, les lieux, les histoires, les images et les textes qui l’ont marqué. Il nous fait partager ses admirations et ses indignations parfois. Le livre épouse les caprices de la mémoire familiale et historique, s’égare, s’interroge et fait des découvertes bouleversantes. C’est un jeu sur le souvenir, qui interprète et raconte les silences, les oublis, qui raccorde des histoires entre elles et avec la vie, s’interroge sur la langue, l’écriture, le yiddish bien sûr, l’art et les mots. Robert Bober, en adressant cette lettre-souvenir en hommage à son ami disparu, fait aussi le récit éclaté, émouvant, de son existence.
La Maison de Bretagne

Livre de Marie Sizun
Décidée à vendre la maison du Finistère, où depuis l’enfance, elle passait ses vacances en famille, parce que restée seule, elle n’en a plus l’usage, et surtout parce que les souvenirs qu’elle garde de ce temps sont loin d’être heureux, Claire prend un congé d’une semaine de son bureau parisien pour régler l’affaire. Elle se rend sur place en voiture un dimanche d’octobre. Arrivée chez elle, une bien mauvaise surprise l’attend. Son projet va en être bouleversé. Cela pourrait être le début d’un roman policier. Il n’en est rien ou presque. L’enquête à laquelle la narratrice se voit soumise n’est que prétexte à une remontée des souvenirs attachés à cette maison autrement dramatique pour elle.
Et si, à près de cinquante ans, elle faisait enfin le point sur elle-même et les siens ?
Dans La Maison de Bretagne, Marie Sizun reprend le fil de sa trajectoire littéraire et retrouve le thème dans lequel elle excelle : les histoires de famille. Il suffit d’une maison, lieu de souvenirs s’il en est, pour que le passé non réglé refasse surface. L’énigme d’une mère, l’absence d’un père, les rapports houleux avec une sœur, voici la manière vivante de ce livre. Mais comme son titre l’indique, c’est aussi une déclaration d’amour à la Bretagne, à ses ciels chahutés et sa lumière grandiose, à l’ambiance hors du temps de ce village du bout des terres, face à l’Océan, où le sentiment de familiarité se mêle à l’étrangeté due à une longue absence.
La putain du Califat

Livre de
Le manuel de l’esclavage, c’est un peu la Convention de Genève du djihadisme, écrite par une génération qui croit vivre dans l’Arabie du viie siècle tout en regardant Game of Thrones, où les scènes de bordels servent d’intermèdes aux décapitations… Esclave de douze maîtres, vendue et revendue de Qaraqosh en Irak à Raqqa en Syrie, l’histoire de Marie dessine la géographie de l’État islamique. Et sa théologie : tous les péchés des hommes se sont incarnés dans son corps de femme… »
Marie nous a confié son histoire : elle a exigé que tout soit raconté, que rien ne soit omis. Son récit bouleversant est celui d’une chrétienne capturée par les djihadistes, qui veut vivre, qui se bat, qui refuse de se laisser briser par la bestialité des hommes. Et celui de la victime, souillée, torturée, violentée, qui découvre finalement comment on est accueilli par les siens quand on revient de l’enfer.
Ce livre montre les exactions commises au nom de la charia. Il oblige à voir comment les fondamentalistes, qui n’ont d’yeux que pour les vierges du Paradis, transforment les femmes en putains.
La familia grande

Livre de Camille Kouchner
" Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. " C.K.
C'est l'histoire d'une grande famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l'été.
C'est le récit incandescent d'une femme qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire la familia grande.
Camille Kouchner, 45 ans, est maître de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre.Camille Kouchner, 45 ans, est maître de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre.
[Une note de EAN du 9 janvier 2021]
[Entretien dans l'émission LA GRANDE LIBRAIRIE - 13/01/2021]
Noeuds de vie

Livre de Julien Gracq
"En 1980, au moment de la parution de En lisant en écrivant, Angelo Rinaldi, dans « L’express », souligna que Julien Gracq figurait parmi les contrebandiers habiles à faire passer les « frontières séparant les époques ». Plus de 40 ans après, ce constat reste d’actualité, comme si le temps avait eu peu de prise sur ses fragments, toujours devant nous.
Ce qui est frappant avec les textes inédits de Julien Gracq, rassemblés ici, par Bernhild Boie, son éditrice en Pléiade, c’est qu’il est aussi étonnant dans le grand angle (ses centres d’intérêt sont aussi bien historiques que géographiques) que dans le plan rapproché (tous ses textes sur des paysages ou des événements) ou le gros plan (certains textes sur des écrivains, des villes ou des phénomènes littéraires).
Gracq est un observateur pénétrant, sensible, perspicace. Aucune nostalgie ou lamentation dans cette vision du monde. Avec une liberté de ton et de regard inimitables, il nous invite à revoir à neuf nos propres jugements sur l’histoire, les écrivains, les paysages, l’accélération du temps, la détérioration de la nature, le passage des saisons, les jardins potagers, la vieillesse, le bonheur de flâner comme celui de lire...."
Là où nous dansions

Livre de Judith Perrignon
Detroit, 2013. Ira, flic d’élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s’est déroulée son enfance. Tant d’espoirs et de talents avaient germé entre ces murs qu’on démolit. Tout n’est plus que silence sous un ciel où planent les rapaces. Il y a quelques jours, on y a découvert un corps – un de plus.
Pour trouver les coupables, on peut traverser la rue ou remonter le cours de l’Histoire. Quand a débuté le démantèlement de la ville, l’abandon de ses habitants ?
La prose puissante de Judith Perrignon croise ici les voix, les époques, les regards, l’histoire d’une ville combative, fière et musicale que le racisme et la violence économique ont brisée.
Entretien sur France Culture
Africville

Livre de Jeffrey Colvin
Explorant les notions d’identité, de transmission, de relations interethniques, Africville retrace sur trois générations l’histoire de la communauté noire américaine et canadienne à travers la saga familiale des Sebolt.
Années 1930. Kath Ella Selbot refuse de suivre son destin tout tracé de fille de couleur et quitte Africville, village fondé par d’anciens esclaves en Nouvelle-Ecosse, afin de poursuivre ses études. Après une histoire d’amour marquée par le deuil, elle donnera naissance à un fils, Omar, qui sera rebaptisé Etienne.
Années 1960. Etienne, dont la pâleur de la peau lui permet de passer pour un blanc, s’est éloigné de ses origines et vit en Alabama. Alors que le mouvement des droits civique fait rage, il n’ose y participer et reste déchiré entre ses racines noires et la peur de perdre la vie qu’il est en train de construire. Ce n’est qu’à sa mort que son fils Walter découvrira son héritage familial. Le jeune homme décide alors de retrouver ses ancêtres et de se réconcilier avec un passé marqué par la peur et la discrimination.
Un roman triptyque vibrant, fruit de plus de vingt ans de recherches, qui n’est pas sans rappeler Underground Railroad, No home ou encore Les Douze tribus d’Hattie. Jeffrey Colvin aborde avec subtilité la question peu explorée du racisme intériorisé et particulièrement le thème du passing, (le fait de passer pour blanc alors que l’on est noir)
Change ton monde

Livre de Cédric Herrou
« J’étais perché sur ma montagne, avec mes poules et mes oliviers, quand le monde est subitement venu à moi. Des ombres remontaient à pied ma vallée de la Roya, entre l’Italie et la France, risquant leur vie. Au début, je détournais le regard. Puis, un jour, j’ai recueilli une famille, et ces ombres sont peu à peu devenues ma lumière. Elles fuyaient la guerre, la misère, la dictature, avaient croisé la mort dans le désert en Libye, échappé à la noyade en Méditerranée. De leur pas si déterminé, elles me questionnaient : faut-il rejeter l’autre parce qu’il est différent ?
À partir de 2016, j’ai accueilli des milliers d’exilés. J’ai aidé ces voyageurs de l’ombre à poursuivre leur chemin et à obtenir des droits, mais je n’avais pas anticipé la violence d’État qui me frapperait en représailles. Notre action ne faisait pourtant que pallier ses renoncements.
J’ai subi des gardes à vue, des procès, des perquisitions, des saisies. Le plus souvent, l’État était en tort et fut condamné. Des centaines de fois. Jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel consacre le principe de fraternité, un progrès capital. Ces années ont changé ma vie. Citoyen lambda éloigné du militantisme, je ne suis pas un héros, juste un Herrou têtu et décidé, sans leçons à donner, à part celle-ci : avant de changer le monde, chaque citoyen a le pouvoir de changer le sien. » Cédric Herrou
Interview sur Radio RCL (21/12/2020)
SORTIR DE L'OMBRE - LES FRÈRES ET LES SŒURS D'UN ENFANT GRAVEMENT MALADE

Livre Muriel Scibilia
Quand une maladie grave ou un handicap frappe un enfant ou un adolescent, la famille se retrouve en plein séisme. Les frères et les soeurs, même s’ils semblent aller bien, sont pris dans la tourmente et sont de facto relégués au second plan. Ils sont traversés par des émotions et des sentiments complexes et ambivalents, et en proie à des souffrances d’autant plus profondes qu’elles ne peuvent être clairement exprimées et sont souvent inaudibles. Difficile de verbaliser son désarroi, ses peurs, sa tristesse, sa colère, sa jalousie, sa culpabilité, ses frustrations, sa solitude, ses espoirs, son amour et son admiration quand l’autre va mal et que les parents sont si accaparés.
Au fil des pages, des frères et des soeurs racontent pour la première fois comment ils ont traversé cette épreuve qui les a profondément transformés. Un exercice difficile, courageux mais salutaire dont ils espèrent qu’il permettra à d’autres de mieux se faire entendre. En complément, des spécialistes proposent des pistes de réflexion et divers outils à la disposition des familles, de l’entourage et des soignants, de sorte à éviter aux fratries nombre d’écueils et mieux faire front.
Au cœur d'un été tout en or

No no boy

Livre de John Okada
Après l’attaque de Pearl Harbour en 1941, le gouvernement américain fait interner les immigrés d’origine japonaise et leurs familles dans des camps. Parmi eux, une partie des jeunes hommes refusent de rejoindre l’armée et de prêter allégeance aux États-Unis – une double objection synonyme de prison. Ces garçons sont surnommés les no no boys.
Unique roman de John Okada, No no boy suit le destin de l’un d’entre eux, Ichiro Yamada, lorsqu’il rentre chez lui, à Seattle, en 1946. Écartelé entre ses origines et son pays de naissance, il va devoir retrouver sa place dans une société qui a fait de lui un ennemi.
Roman majeur sur un épisode oublié de la Seconde Guerre mondiale, No no boy est l’évocation puissante et lucide d’une Amérique où les tensions raciales ne s’apaisent jamais.
Baume du tigre

BD de Lucie Quéméner
Un dîner en bateau

Livre de Akira YOSHIMURA
Enfant pendant la guerre mais de santé fragile, le narrateur-auteur de ce livre échappe à l’armée et poursuit ses études. Devenu adulte, il incarne la chance plus ou moins confortable de ne pas avoir été l’acteur ou le témoin du pire. D’où quelques pointes d’absurde et d’ironie dans ses récits. Contemplatif, il se souvient de Tokyo : les incendies, les déménagements incessants, les expéditions en campagne pour trouver du riz, les usines de ses frères, où il travaillait adolescent en alternance avec l’école, les attirances pour les poissons rouges que chacun élevait en gage de protection face à la mort. Mais les dix nouvelles qui composent ce recueil ne s’inscrivent jamais sous le signe de la terreur, tant le narrateur lui préfère l’événement furtif du souvenir, telle l’image de ce bimoteur de combat par le hublot duquel, enfant, il a aperçu les visages de deux jeunes soldats américains…
Histoire de la phrase française : ....

Titre complet : Histoire de la phrase française : des Serments de Strasbourg aux écritures numériques
Livre de Gilles SIOUFFI, Bernard COMBETTES, Antoine GAUTIER, Christiane MARCHELLO-NIZIA, Jacques DÜRRENMATT & Marie-Albane WATINE
La phrase française n’avait jusqu’à ce jour jamais été racontée. Or depuis le premier texte qui nous soit parvenu dans une langue distincte du latin (les Serments de Strasbourg en 842) jusqu’aux écritures numériques devenues notre quotidien, l’objet mouvant qu’est la phrase résiste à toute définition. Les linguistes eux-mêmes peinent à en proposer une description stable tant elle a évolué au fil des siècles. Et la notion elle-même n’est apparue qu’au XVIIIe siècle.
Afin de dévoiler tous les usages de la phrase, comme ses virtualités, cette histoire convoque de nombreuses pratiques culturelles où entrent en jeu l’oral et l’écrit : domaines religieux, éducatifs, politiques, juridiques, administratifs, journalistiques, commerciaux, et bien sûr la littérature. Elle explore ses aspects aussi divers que :
– le contact du français avec les autres langues (le latin d’abord, puis bien d’autres, comme l’anglais) et ses variations (patois, créoles, etc.) ;
– les rapports entre l’oral et l’écrit ;
– les fonctions du souffle, du rythme, de la prosodie, de la rhétorique ;
– la fonction littéraire de la phrase (quel rôle joue-t-elle pour l’écrivain ? quelles normes impose-t-elle ? qu’est-ce qu’un style personnel ou un style d’époque ?) ;
– le rapport de la phrase à la poésie (le vers la perturbe-t-il la phrase ?) et à la musique (chante-t-on une phrase comme on la dit ?) ;
– les fonctions sociales de l’écriture et de l’oralité (qui écrit et comment ? qu’est-ce qu’un peu-lettré ? quels sont les lieux des discours ?) ;
– l’importance des représentations savantes et normatives (grammaires, ouvrages de rhétorique, etc.) et des pratiques pédagogiques ;
– les mutations apportées par les révolutions technologiques successives (imprimerie, numérique).
Ainsi, au-delà de la phrase elle-même, ce livre fait-il découvrir au plus grand nombre l’étonnante « fabrique » de notre langue.
Cette entreprise inédite propose au lecteur un récit chronologique conduit par des spécialistes de chaque période et fondé sur l’exploitation directe de sources littéraires et non littéraires. Les nombreux textes observés sont toujours cités dans leur physionomie d’origine et parfois montrés en images (manuscrits, imprimés, cahiers d’écolier, SMS, etc.)
Vidéo de présentation de Gilles SIOUFFI
Le bonheur, sa dent douce à la mort - autobigraphie philosophique

Livre de Barbara Cassin
Vous avez les plus belles jambes du monde, vous serez ma femme ou ma maîtresse. Voilà ce qu’est devenu l’amour de ma vie. Moi, épouser un Juif, jamais ! Barbara juive ? Tais-toi donc mon garçon, elle est si gentille. Avec un instinct sûr, vous choisirez votre siège. Vous prenez votre petit déjeuner à la table de ce nazi ! Comme c’est gentil de me reconnaître, Jacques Lacan. It’s no greek ! Madame, Madame, j’ai compris l’étymologie de con-cierge. À partir de combien de livres est-on cultivé ? Que pensez-vous de ce que vous voyez ? J’aime quand tu as le corps gai. Arrêtez de le regarder, laissez-le partir…
Ces phrases font passer de l’anecdote à l’idée. Elles sont comme des noms propres qui titrent les souvenirs. Elles fabriquent une autobiographie philosophique, racontée à mon fils Victor et écrite avec lui. En les disant, je comprends pourquoi et comment elles m’ont fait vivre-et-penser. Si dures soient-elles parfois, elles donnent accès à la tonalité du bonheur.
MARTINE À L'ÉPREUVE DE L'UNIVERSITÉ

Livre de Pierre Chambon & Martine Lani-Bayle
La façon dont nous vivons nos parcours professionnels est de plus en plus étudiée, entre souffrance au travail versus plaisirs, choix imposé ou vocation, diversification ou spécialisation. Mais certains métiers sont peu exposés, notamment ceux des enseignants-chercheurs universitaires. L'une d'entre eux s'est prêtée à une telle exploration, qui a pris la forme de onze entretiens construits selon une démarche menée par Pierre Chambon et se situant au cœur de ses propres travaux de recherche: les histoires de vie en formation.
Des prêtres rappelés en Algérie témoignent (1956-1957)

Mise en ligne de l'étude de Yves Gourhand sur le site de l'association 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre)
Un important travail de recherche a été fait en 2017/2018 dans le cadre de l’atelier de recherches historiques de l’Université Permanente de Nantes (UPN) par Y. Gourhand
Ce travail s’est fait principalement à partir des témoignages de Paul Templier, un adhérent de la 4ACG aujourd’hui décédé. Les témoignages de quelques-uns d’entre nous et ceux de notre livre « Guerre d’Algérie. Guerre d’indépendance » ont aidé l’auteur dans son travail de recherche.
L’un des intérêts de cette publication est le rappel de la position (ou son absence) de l’Église par rapport à la violence, à la torture et à l’indépendance de l’Algérie.
Du Morne-des-Esses au Djebel

Livre de Raphaël Confiant
La guerre d’Algérie, aujourd’hui lointaine, a laissé des traces dans l’imaginaire antillais, largement occultées aujourd’hui par l’immense figure de Frantz Fanon. Ce dernier, en effet, a eu une trajectoire de vie fulgurante marquée à la fois pas un engagement aux côtés des Algériens qui réclamaient leur liberté et par des livres tels que Les damnés de la terre (1961) qui ont rayonné à travers le monde entier. De la Palestine au Québec, des ghettos noirs américains aux Républicains irlandais ou aux Tamouls du Sri-Lanka, la parole fanonienne a ensemencé durablement nombre de luttes pour la dignité. Cependant, tous les Antillais qui ont eu affaire à la guerre d’Algérie n’étaient pas des Fanon, loin de là ! Des milliers d’appelés et de soldats de métier originaires de la Martinique et de la Guadeloupe ont participé à cette véritable tragédie qui a duré huit ans (1954-62) et fait plus d’un million de morts, tous camps confondus. Du Morne-des-Esses au Djebel retrace le parcours de trois d’entre eux, parcours emblématique s’il en est puisque marqué par des positionnements et des destins différents, voire diamétralement opposés. Il y a, ainsi Ludovic Cabont, rejeton d’une Négresse des champs de canne à sucre devenu officier de Saint-Cyr, affecté à la célèbre 10è Division parachutiste d’Alger (commandée par le général Massu), qui désertera, ne supportant plus les exactions de l’armée française alors que son compatriote martiniquais Juvénal Martineau, d’extraction petite bourgeoise et mulâtre, diplômé de la même école prestigieuse, fera le choix exactement inverse. Autre destin : celui de Dany Béraud, jeune sorbonnard martiniquais féru de théâtre qui refusera l’appel sous les drapeaux et rejoindra le FLN (Front de Libération Nationale) à la frontière algéro-marocaine sans pour autant faire montre de la moindre appétence pour les armes. Dans ce roman, Raphaël Confiant dresse aussi les portraits de célèbres chefs du FLN comme Youssef Saadi, Ali Lapointe ou encore le redoutable colonel Amirouche qui, dans les grandes villes algériennes, mais surtout dans le djebel, la montagne algérienne, vont mener la lutte contre l’occupant français et ses troupes au sein desquelles on trouve des Bourguignons, des Normands, des Alsaciens, des Marseillais, des Corses mais aussi des Sénégalais et des Antillais. De cet affrontement sanglant qui continue jusqu’à aujourd’hui à marquer les relations entre la France et l’Algérie, la mémoire antillaise n’a conservé, outre l’image de Fanon, que celles des soldats revenus éclopés ou de cercueils rapatriant les corps d’hommes jeunes, originaires pour beaucoup des campagnes, qui sont tombés au champ d’honneur ou du déshonneur (selon le point de vue duquel on se place). C’est à ces victimes anonymes de la grande histoire et aujourd’hui presque oubliées que Raphaël Confiant a voulu rendre hommage à travers ce roman.
La RDA après la RDA : Des Allemands de l'Est racontent

Livre d'
Trente ans après la réunification officielle des deux Allemagne le 3 octobre 1990, ce livre propose une histoire de la transition entre deux sociétés. Avec le recul du temps – qui permet de dépasser le seul symbole de liberté qu’a pu représenter la chute du Mur –, les auteures dressent un état des lieux de la situation sociale, culturelle et économique de l’Allemagne de l’Est basé sur les recherches les plus récentes et, surtout, sur les témoignages de celles et ceux qui ont vécu en RDA.
Elles explorent les traces de la RDA perceptibles dans le quotidien des Allemands de l’Est aujourd’hui, dans les types de solidarité, dans la conception du travail, de la famille, dans la place donnée à l’art ou encore dans le vote, toujours très différent entre l’Est et l’Ouest.
Cette histoire vivante, incarnée et différente de l'image de la RDA diffusée dans les manuels d’histoire ou dans les médias, montre que la RDA continue de vivre dans les mémoires. Elle reste dans certains domaines une référence pour ceux qui l’ont connue – sans pour autant être un objet de nostalgie.
Ce livre offre une perspective inédite et apporte une pierre majeure à la connaissance de la société est-allemande contemporaine. À travers la mémoire de la RDA, c’est un autre modèle d’organisation sociale qui est présenté ici, dont l’actualité est de plus en plus frappante.
Ces excellents français - Une famille juive sous l'Occupation

Livre d'Anne Wachsmann
À partir d’une enquête semée d'embûches et de fausses pistes, Anne Wachsmann retrace le quotidien de sa famille pendant l’Occupation. Devenue prospère, cette famille juive d’origine allemande et polonaise s’imaginait faire partie de ces « excellents Français » chantés par Maurice Chevalier en 1939. À l’origine, une boîte. Retrouvée dans un tiroir familial, elle contient une centaine de cartes postales enfantines datées de la Seconde Guerre mondiale d’apparence guillerettes, mais qui laissent entrevoir pour le petit Jean-Paul et ses parents, Poldi et Lise, des déménagements, des séparations, la nourriture qui fait défaut, la peur, le bruit des armes. Cette recherche quasi-obsessionnelle porte Anne Wachsmann, avocate comme son père et son grand-père, héros de cette histoire, de Strasbourg à Agen, de la Suisse à l’Allier, en passant par Auschwitz, Marseille ou Grenoble. Elle convoque les écrits de nombreux historiens et les témoignages d’écrivains sur la vie des juifs sous l’Occupation (Georges Perec, Patrick Modiano, Anne Sinclair,), compulse les archives. D’une écriture fluide, l’auteure fait revivre avec sa rigueur de juriste la vie quotidienne de sa famille durant ces années noires, une famille en état d’alerte permanent mais qui sera préservée du pire grâce au soutien de quelques héros anonymes et à l’amour sans faille qui l'unit.
Ruines bien rangées

Livre d'Hélène Cixous
Dans le plus beau et le plus riche quartier d'Osnabrück, en Basse-Saxe, au centre-ville, rue de la Vieille-Synagogue, il y a un espace rasé entre deux élégantes demeures, on passe devant sans les voir. Les Ruines. C'est ici. La réserve de la mémoire et de l'oubli déposée derrière des grillages. Sur le grillage à hauteur de nos yeux quatre panneaux de cuivre poli font le même récit chiffré daté du 9 novembre 1938, panneaux étincelants, tablettes d'une nuit épouvante, qui a pris sa place d'horreur dans la longue et riche chronique de la fameuse ville fondée en 780 par Karl der Große, dit Charlemagne de l'autre côté. Ici on entretient les cendres. Ici tous les royaumes de l'Europe ont signé en 1648 le traité de Westphalie, la fin de cette guerre de trente ans qui a laissé traîner dans les rues des millions de fantômes d'assassinés, ici en 1928 sans perdre un instant notre belle ville est nazie, en 1938 elle a mis le feu à ses juifs, comme hier elle mettait le feu à ses sorcières, ici notre phénix tout de suite après la haine s'est réveillé dévoué à la Paix et l'hospitalité pour une petite éternité. Ruines, élégantes, soignées, bien rangées, êtes-vous dedans, êtes-vous dehors, êtes-vous libres ?
Derrière le grillage, une haute collection de grosses pierres, des moellons toilettés. Ce sont les os de la Vieille Synagogue (en vérité elle était jeune et belle, dans sa trentième année) qui restent après l'incinération. Os bien rangés. La morte fait son possible pour être aussi bien tenue que ses voisines de la haute. Ce quartier, chambre secrète, coffre d'Osnabrück, je ne l'avais jamais vu. Pas envie, jusqu'à ce jour, d'aller aux ruines. Suivons la rue. On arrive rapidement à la Bockturm, la tour est fraîche comme au temps où on y torturait savamment les prisonniers, elle servait de greffe aux aveux. Prison embaumée. Ma mère aussi, la sage-femme, a été jetée en prison. Mais voilà la surprise : ce n'est pas à Osnabrück qu'elle a accompli ce destin, mais à Alger, dans la célèbre prison de Barberousse, inoubliable théâtre de tant d'exécutions capitales. Finalement il y a toujours une saison en prison dans nos histoires, finalement c'est toujours la prison ou la valise. (H. C.)
Mille vies de plus

BD de Pepe Gàlvez & Alfonso Lopez
Miguel Nunez fut un résistant au franquisme, il connut de longues années de détention, la torture et la clandestinité. Il a su comme peu témoigner et raconter cette vie et cette histoire. Le scénariste Pepe Galvez, lui aussi rescapé des geôles franquistes et le dessinateur Alfonso Lopez (Terrain vague chez Hachette comics et Une vie de saint chez Fluide glacial) ont initialement conçu cette oeuvre comme un présent à leur ami Miguel alors qu'il vivait ses derniers jours.
L'enthousiasme qu'il manifesta, les a conduits à publier une version alternant texte et bande dessinées. Contre toute attente, le livre obtiendra le prix national de la culture en Catalogne. Cette nouvelle version comporte 38 planches inédites pour l'édition française.
La vie joue avec moi

Livre de David Grossman
Elles sont trois : Véra, sa fille Nina, sa petite-fille Guili, soudées par les liens du sang et déchirées depuis des décennies par un terrible secret. Le jour du quatre-vingt-dixième anniversaire de Véra, célébré avec faste au kibboutz, Guili, brûlant de mettre au jour l’histoire de sa famille, décide de tourner un film sur sa grand-mère. Et voici les trois femmes embarquées pour un long voyage vers la Croatie natale de Véra et ses lieux de souffrance. Pendant leur périple, celle-ci livre pour la première fois le récit de son existence. Que s’est-il réellement passé, lorsqu’elle a été condamnée à trois ans de travaux forcés sur l’île-goulag de Goli Otok par la police secrète de Tito ? Et pourquoi, refusant de trahir la mémoire de son mari Milosz, exécuté comme espion stalinien, a-t-elle dû abandonner sa fille Nina, alors âgée de six ans, laquelle, jamais remise de la blessure, a abandonné plus tard sa propre fille, Guili ? C’est par la voix de cette dernière et l’écho de quelques autres que nous cheminons à rebours, sur les traces d’un destin tragique, à la croisée de ces moments de l’Histoire qui forcent les individus à faire des choix impossibles.
Le douzième roman de David Grossman explore de façon magistrale les rapports mère-fille, la question du silence et de la transmission. Au fil des révélations, le livre nous emporte dans un crescendo qui culmine avec une rare intensité émotionnelle et s’achève avec grâce sur le pardon, dans un élan d’amour et de compassion.
La famille du tigre ailé

Livre de Paula Fürstenberg
Née en RDA en 1987, Johanna n’a pour ainsi dire jamais connu son père, parti à l’Ouest juste avant la chute du Mur, alors qu’elle n’avait que deux ans. Désormais majeure, elle vient de s’installer à Berlin, qu’elle arpente en tous sens à bord des tramways dont elle sera bientôt l’une des conductrices, quand un message laissé sur le répondeur de sa mère fait ressurgir Jens.
L’heure est enfin venue d’éclaircir les raisons qui l’ont poussé à fuir. Est-il passé à l’Ouest pour y devenir une rock star ? S’est-il enfui pour échapper à la Stasi qui le surveillait en raison du contenu subversif de ses chansons ? Pourquoi n’a-t-il pas repris contact avec elle plus tôt ? Mais l’homme qu’elle retrouve quelques jours plus tard, cet homme qui, telles les créatures fantastiques des cartes médiévales qu’elle collectionne depuis l’enfance, reste pour elle une terra incognita, est gravement malade. Bientôt il ne pourra plus rien lui dire.
Comment vivre et se construire quand on ne connaît pas son passé et que le pays dans lequel on a grandi a disparu ? Et comment y remédier si “dans une famille, il n’y a pas de vérité, il n’y a que des histoires” ? Émouvante quête d’une jeune femme à travers les zones blanches de son enfance, bercée de la douce et lancinante nostalgie de l’origine, La Famille du tigre ailé est un bel hommage au pouvoir consolateur de la fiction.
MYTHOLOGIE PERSONNELLE ET PROCESSUS DE BIOGRAPHISATION ...

Titre complet : MYTHOLOGIE PERSONNELLE ET PROCESSUS DE BIOGRAPHISATION - La reconversion professionnelle comme espace de production de soi
Livre de Richard Solti
Qui suis-je et comment me définir ? Cette question constitue le point de départ de cet ouvrage qui a pour ambition de mettre en lumière les enjeux de la reconversion professionnelle sur la construction du sujet, dans le contexte de la modernité avancée. Issu d'une recherche menée à partir de l'étude de six parcours de reconversion, ce livre s'inscrit dans la perspective anthropologique et herméneutique de la recherche biographique en éducation, et s'intéresse aux modalités de subjectivation du parcours de reconversion professionnelle tout en interrogeant les liens entre narration et processus de biographisation.
Longtemps je me suis couché de bonheur

Livre de Daniel Picouly
« "Longtemps je me suis couché à plusieurs. Chez nous on est au moins deux par lit. Pas étonnant ma mère a eu treize enfants." Proust serait fier de moi. Sa première phrase "Longtemps je me suis couché de bonne heure" n’est pas à la hauteur.»
Orly, Cité Million, 1964. Un adolescent de quinze ans, pour l’amour d’une Albertine, plonge dans l’œuvre de Marcel Proust. Jusqu’à l’obsession. Autour de lui, se bousculent un Charlus égoutier, une Odette infirmière à domicile, une duchesse de Guermantes battant ses tapis à la fenêtre…. Rêve ou réalité, peu importe, quand il sera grand, il sera Proust.
Avec la verve et l’imagination qui ont fait le succès du Champ de personne, Daniel Picouly transpose l’univers de Marcel Proust dans sa banlieue d’Orly. Le récit profond et drôle d’une éducation sentimentale, hommage à l’école, à sa famille et à l’auteur de La Recherche. À tout ce qui a fait de lui l’écrivain qu’il est aujourd’hui.
[Entretien evec l'auteur dans L'ORIENT LITTERAIRE - 3/12/2020]
Un crime sans importance

Livre d'Irène Frain [Prix Interallié 2020]
« Les faits. Le peu qu’on en a su pendant des mois. Ce qu’on a cru savoir. Les rumeurs, les récits. Sur ce meurtre, longtemps, l’unique certitude fut la météo. Ce samedi-là, il a fait beau. Dans les commerces et sur les parkings des hypermarchés, on pointait le ciel, on parlait d’été indien. Certains avaient ressorti leur bermuda et leurs tongs. Ils projetaient d’organiser des barbecues dans leur jardin.
L’agresseur, a-t-on assuré, s’est introduit dans la maison de l’impasse en plein jour. On ignore à quelle heure. Pour trancher, il faudrait disposer du rapport du policier qui a dirigé les investigations. Malheureusement, quatorze mois après les faits, il ne l’a toujours pas rendu. »
Face à l’opacité de ce fait divers qui l’a touchée de près – peut-être l’œuvre d’un serial killer –, Irène Frain a reconstitué l’envers d’une ville de la banlieue ordinaire. Pour conjurer le silence de sa famille, mais aussi réparer ce que la justice a ignoré. Un crime sans importance est un récit taillé comme du cristal, qui mêle l’intime et le social dans des pages tour à tour éblouissantes, drôles ou poignantes.
Les impatientes

Livre de Djaïli Amadou Amal [Le livre a reçu le prix Goncourt des Lycéens 2020]
Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?
Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
[Note de lecture parue dans LA PROVENCE et reprise du Facebook de l'éditeur]
Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora

Livre de
Proche de Buchenwald auquel il était d'abord rattaché, Mittelbau-Dora fut l'un des camps de concentration et d'extermination par le travail les plus meurtriers du IIIe Reich. D'août 1943 à avril 1945, près de 9 000 déportés de France ont creusé des tunnels pour installer un site industriel et assembler les pièces de fusées V2 censées anéantir l'Angleterre depuis le Pas-de-Calais. Plus de la moitié sont morts dans l'enfer du camp.
Qui étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Pour quelles raisons ont-ils été arrêtés ? Que sont devenus les survivants ? Ces parcours ici relatés témoignent de l'engagement, du courage dont ont fait preuve ces déportés, résistants pour la plupart, mais aussi des souffrances terribles qu'ils ont endurées.
Tous nous semblent familiers tant, jusqu'à la guerre, leur destin semblait se fondre dans celui des hommes de leur époque : ouvriers, fonctionnaires, ingénieurs, artisans, étudiants ou vétérans de 1914-1918... Au fil des pages, nous découvrons Pierre Walter, jeune militaire de 22 ans, qui tentait de rejoindre les Forces française libres ; Émile Fabre, 50 ans, arrêté pour résistance communiste dans les Bouches-du-Rhône ; Robert Bailly, 20 ans, Jurassien, réfractaire au STO ; Isidore Haggai, 32 ans, tailleur à Paris, arrêté au motif qu'il ne portait pas l'étoile jaune.
Depuis Roger Abada jusqu'à Benjamin Zyman, en passant Stéphane Hessel et Simone Veil, ces notices biographiques, enrichies d'un index par département, retracent l'histoire d'un pan entier de la déportation dans toutes ses composantes et sa complexité.
Fruit de près de deux décennies de recherches, du recoupement de milliers d'archives, de la mobilisation sans précédent d'historiens, de professeurs, d'archivistes, de bénévoles, Le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora rend enfin justice à l'engagement et au combat mené par les déportés contre le nazisme.
Désir d'Ouessant

Livre de Monique Bauer
Des photos prises à Ouessant en 1993, des mots écrits peu après, une exposition « Chambre avec vue sur la mer. Promenades ouessantines » créée en août 2010, lors du 12e Salon du livre insulaire, un texte poétique publié dans l’Archipel des Lettres N° 7, et un récit publié en octobre 2016 dans La Faute à Rousseau, la revue de l’autobiographie.
Tant de choses éparses…
Alors, désir d’embrasser, de rassembler ces îles dérivantes et de les faire miennes, au-delà des décennies écoulées.
Désir d’un livre.
Trois anneaux - Un conte d'exils

Livre de Daniel Mendelsohn
Dans ce récit aux mille tours, Daniel Mendelsohn explore les correspondances mystérieuses entre le hasard qui régit nos existences et l'art des récits que nous en formons.
Trois anneaux commence par raconter l'histoire de trois écrivains en exil qui se sont tournés vers les classiques du passé pour créer leurs propres chef-d'oeuvres. Erich Auerbach, le philologue juif qui fuit l'Allemagne nazie pour écrire sa grande étude de la littérature européenne, Mimésis, à Istanbul. François Fénelon, l'évêque du XVIIe siècle, auteur d une merveilleuse suite de l'Odyssée, Les Aventures de Télémaque, best-seller de son époque, qui lui valut le bannissement. Et l'écrivain allemand W.G. Sebald, qui s'exila en Angleterre, et dont les récits si singuliers explorent les thèmes du déplacement et de la nostalgie.
A ce conte d'exils, Daniel Mendelsohn ajoute sa propre voix, entrelaçant l'histoire de la crise qu'il traversa entre l'écriture de la grande fresque mémorielle des Disparus et celle du récit intimiste d Une Odyssée. L'"art poétique" qui en résulte est un hommage aux mondes grecs et juifs, un trait d'union entre Orient et Occident et une ode à la littérature française.
Mardi 1er décembre 2020 à 19h en ligne (proposition du MAHJ)
En direct vidéo depuis New-York, il dialoguera avec Francesca Isidori, à l’occasion de la parution de Trois anneaux. Histoires d’exils (traduit par Isabelle D. Taudière, Flammarion, 2020).
L'Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France

Livre de Nabil Wakim
Pourquoi Nabil Wakim était rouge de honte, enfant, quand sa mère lui parlait arabe dans la rue ? Pourquoi l'auteur ne sait-il plus rien dire dans ce qui fut sa langue maternelle ? Est-ce la République qui empêche de parler l'arabe comme elle empêcha autrefois de parler le breton ?
Voici une langue qui fait figure d'épouvantail. Si Jean-Michel Blanquer évoque l'idée de l'apprendre un peu plus en classe : tollé contre les risques de " communautarisme ". Quand Najat Vallaud-Belkacem propose de réformer son enseignement, elle est accusée de vouloir imposer la langue du Coran à tous les petits Français.
Ce livre fait entendre une parole souvent tue sur le malaise intime à parler sa propre langue quand il s'agit de l'arabe ; c'est aussi une enquête sur les raisons de ce désamour. Alors que l'arabe est la deuxième langue la plus parlée du pays, elle n'est enseignée que dans 3 % des collèges et des lycées à environ 14 000 élèves. Soit deux fois moins qu'il y a trente ans ! En parallèle, l'enseignement dans des mosquées ou associations cultuelles se multiplie – une estimation porte à 80 000 le nombre d'élèves y recevant des cours. N'est-il pas temps de se convaincre que l'enseignement de l'arabe pourrait être une chance pour notre pays ?
L'Arabe pour tous est un plaidoyer pour que la langue arabe trouve enfin sa juste place dans l'histoire de France.
Octobre noir

BD : Daeninckx Didier (Auteur), Lionel Makowski (Illustrations)
A l'occasion du 50ème anniversaire de la manifestation pacifique du FLN à Paris le 17 octobre 1961, Didier Daeninckx et son complice Mako nous plongent au coeur du Paris du début des années 1960. Ils nous livrent le récit de cette journée terrible et de la répression sanglante orchestrée par la police française, sur ordre du Préfet Papon, qui se solda par des centaines de morts et de disparus. Octobre Noir raconte ces événements tragiques et longtemps passés sous silence à travers l'histoire du jeune Mohand, qui ce soir-là doit se produire avec son groupe de rock à l'Olympia.
[Entretien avec Didier Daeninckx autour de son ouvrage Octobre noir]
Dans l'ombre de charonne

Roman graphique : Désirée Frappier & Alain Frappier
Après 8 ans de guerre, l'indépendance de l'Algérie devient inéluctable. L'OAS, regroupant dans ses rangs les fervents défenseurs du dernier bastion d'un empire colonial agonisant, multiplie les attentats à la bombe sur la capitale. Le 8 février, après 14 attentats, dont un blessant grièvement une petite fille de quatre ans, des manifestants se regroupent dans Paris aux cris de « OAS assassins », « Paix en Algérie ». La manifestation organisée par les syndicats est interdite par le préfet Maurice Papon. La répression est terrible. La police charge avec une violence extrême. Prise de panique, Maryse se retrouve projetée dans les marches du métro Charonne, ensevelie sous un magma humain, tandis que des policiers enragés frappent et jettent des grilles de fonte sur cet amoncellement de corps réduits à l'impuissance. Bilan de la manifestation : 9 morts, dont un jeune apprenti, et 250 blessés.
50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. C'est une véritable histoire dans l'Histoire à laquelle nous invite l'auteur, restituant ce témoignage intime dans son contexte historique et tragique, tout en nous immergeant dans l'ambiance des années soixante : flippers, pick-ups, surboums, Nouvelle Vague, irruption de la société de consommation.